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La brigade de marche Charles Martel est une unité de la Résistance militaire française pendant la Seconde Guerre mondiale.
Le colonel Raymond Chomel, chef d'état-major de la 9e division militaire[1] de l'Armée d'armistice, est chargé, après la dissolution de cette dernière par les Allemands en , de la liquidation des unités de sa division. Il en profite pour entrainer des officiers et des soldats de la division à constituer avec lui une unité de combat secrète, armée grâce aux dépôts d'armes clandestins de l'ancienne armée française puis aux équipements parachutés par les Alliés. Le colonel Chomel entre dans l'Organisation de résistance de l'armée (ORA) et passe au début de 1944 dans la clandestinité, sous le pseudonyme de Charles Martel. Au débarquement de Normandie, son unité clandestine, constituée en brigade de marche, est prête à passer à l'action.
La brigade, portant le nom de clandestinité de son chef, comprend initialement trois unités :
En , le colonel Chomel obtient le ralliement à l'ORA d'une partie du Premier régiment de France, unique unité militaire vichyste, fortement entraînée et armée : l'escadron monté du 3e bataillon, et le 1er bataillon, stationné au Blanc, rejoignent la brigade Charles Martel, constituant au le :
Les effectifs de la brigade Charles Martel sont alors de 2 350 hommes dont une centaine d'officiers de carrière.
Pendant les opérations menées en août et début contre les colonnes allemandes en repli, la brigade comprend six bataillons : - Bataillon d'Épernon - Bataillon Lenoir - Bataillon Carol - Groupement d'escadrons Calvel - Bataillon Marceau - Bataillon Kerlinion - Bataillon Médard[4].
Suivant les instructions de l'ORA, la brigade Charles Martel effectue à partir du 6 juin 1944 des opérations de sabotage et monte des embuscades contre les forces allemandes d'occupation et les unités combattantes rejoignant le front normand. Initialement, les axes routiers sont systématiquement barrés puis des embuscades sont montées sur les principaux carrefours, avec des moyens motorisés permettant des décrochages rapides. En juin, un combat à Scoury permet au bataillon Moreau de faire ses premiers prisonniers. Les combats se développent en juillet, ainsi le 10 à Lignac et Clavières, les 23 et 24 dans la forêt de Preuilly-sur-Claise (maquis Carol et Épernon). Le , l'état de guérilla généralisée est déclenché par l'ORA. La brigade Charles Martel harcèle quotidiennement la colonne Täglishbeck, forte de 10 000 hommes, partie du Centre-Ouest de la France pour rejoindre la frontière allemande. Au combat du Liège, cinq soldats du maquis d'Épernon, faits prisonniers, sont fusillés. À celui d'Écueillé, le , le 1er escadron du 8e cuirassiers (capitaine Collomb) obtient la reddition d'un groupe d'artillerie ; la brigade a quatre tués, l'ennemi en a 38 et 40 sont faits prisonniers ; cinq canons de 88 mm sont récupérés, qui serviront à Saint-Nazaire. Le 28, un combat de plusieurs heures a lieu à Saint-Hippolyte, un autre le même jour à La Perruche, un autre le 1er septembre à Chaumussay.
Suivant la colonne Täglisbeck, une autre colonne de marche allemande, composée de 25 000 hommes de différentes unités, commandée par le général Elster, part de Libourne le pour se replier sur la frontière allemande. La colonne est fortement armée mais très lente faute de moyens motorisés suffisants. L'absence de soutien aérien l'oblige à se disperser sur de nombreuses petites routes. Elle va être continuellement harcelée par tous les maquis en action sur son parcours. Son avant-garde entre le 1er septembre dans le secteur d'intervention de la brigade Charles Martel qui va désormais l'attaquer en permanence. Des combats ont lieu le à Villejésus, au moulin de Brochand et à Subtray, le 6 à Lignières. Le colonel Chomel dispose à partir du de moyens radio qui lui permettent de coordonner des attaques aériennes américaines et anglaises. La colonne Elster a désormais les plus grandes difficultés à franchir les rivières et ne peut avancer que la nuit. Sa progression se ralentit encore et ses pertes deviennent de plus en plus importantes. Le , la brigade combat de nouveau la tête de la colonne à Lignières.
Le colonel Chomel, informé que le général Elster craint d'être désormais acculé à se rendre, lui envoie deux officiers, qu'il accepte de recevoir à son poste de commandement au château du duc de Maillé à Châteauneuf-sur-Cher. Un protocole est préparé. Le , le commandant de l'avant-garde de la colonne est tué et le chef d'état-major du général est fait prisonnier. Dans la nuit du 9 au , la colonne lance un violent combat de plusieurs heures pour forcer le passage de la Loire au pont de Decize mais n'y parvient pas. Au matin du 10, des officiers de la brigade Charles Martel conduisent le général Elster à la sous-préfecture d'Issoudun où les négociations reprennent. Le général signe en fin d'après-midi, en présence du colonel Chomel, sa reddition devant l'armée américaine, seule reconnue par les Allemands comme armée régulière. Le lendemain 11, la reddition est confirmée devant la Résistance à la mairie d'Arçay. Le 16, les honneurs militaires sont rendus à la colonne au pont de Beaugency puis le général Elster remet son pistolet et est fait prisonnier avec les 19 000 hommes qui lui restent.
Pendant ces combats du Berry, la brigade Charles Martel a eu 74 morts et 68 blessés, l'ennemi 800 tués, 1 500 blessés et 200 prisonniers, 110 camions et 14 canons pris ou détruits[5].
La brigade Charles Martel est regroupée et mise au repos. Elle est ensuite envoyée sur le front de la poche de Saint-Nazaire. Le colonel Chomel, 49 ans, est nommé[6] commandant des Forces françaises de Loire-Inférieure (FFLI) qui regroupent, outre la brigade Charles Martel, les bataillons FFI de Loire-Inférieure, du Loiret, de Maine-et-Loire et d'Ille-et-Vilaine. Il est promu général de brigade en décembre[7].
La brigade Charles Martel, qui compte 2 552 hommes au , arrive sur le front de Saint-Nazaire à partir du , sous le commandement du colonel Ghislain. Son organisation reste assez proche de celle qu'elle avait dans les maquis du Berry :
La brigade Charles Martel est transformée en 25e division d'infanterie, dont elle va constituer le noyau.
Lorsque le général de Gaulle, président du Gouvernement provisoire de la République, entouré du général Chomel et du commissaire de la République Michel Debré, remet le la croix de la Libération à la ville de Nantes, les honneurs sont rendus par le 32e RI, commandé par le lieutenant-colonel Costantini. Le , les bataillons FFI des départements de l'Ouest sont dissous et leurs personnels progressivement versés dans la 25e DI, qui regroupe 16 383 hommes début avril.
Lorsque la brigade Charles Martel arrive au front, les forces allemandes n'ont plus les moyens de lancer des offensives ni de tenter une sortie en masse. Du côté français, les équipements ne permettent pas d'attaquer en force les fortifications considérables mises en place par l'armée allemande. Les combats, qui sont quotidiens, se poursuivent sous forme de part et d'autre de tirs d'artillerie, d'embuscades, d'escarmouches et de commandos d'infiltration, souvent couteux en hommes[8].
La reddition de la poche de Saint-Nazaire, inévitable avec la capitulation générale des armées allemandes, est signée le à Cordemais, le colonel Chomel étant représenté aux négociations par le capitaine Delpèche. La cérémonie de reddition a lieu le à Bouvron, devant le général américain Kramer, avec à ses côtés le général Chomel et ses officiers. Les honneurs militaires sont rendus du côté français par un escadron du 8e cuir commandé par le capitaine Trastour.
Après la guerre, la brigade Charles Martel n'a plus de raison d'être spécifique et ses éléments sont intégrés définitivement dans la 25e DI ; ainsi, le détachement de transmissions de la brigade, créé en , devient la 80e compagnie de transmissions de la 25e DI[9].
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