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technique et art graphique utilisant la lumière ou d'autres radiations électromagnétiques pour produire des images De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La photographie est un art visuel, qui consiste à enregistrer un sujet en image fixe, avec un ensemble de techniques, de procédés et de matériels[1].
Par extension, le terme « photographie », ainsi que son apocope « photo », désignent aussi le phototype c'est-à-dire « tout support photographique, négatif ou positif, visible et stable, obtenu après exposition et traitement d'une couche sensible (qui s'oppose à l'image latente), ou le fichier numérique obtenu par appareil de prise de vue numérique. Ainsi, lorsqu'une photographie en noir et blanc est doublée en couleurs, le négatif noir et blanc et le positif (ou négatif) couleurs constituent deux phototypes distincts »[2],[3].
La prise de photographies repose sur deux composantes essentielles.
D'une part, par la présence d'un dispositif optique permettant de capter la lumière ambiante pour la création de l'image, d'autre part d’un support argentique ou numérique afin de fixer cette image.
Les usages de cette technique ont évolué, et sa dimension professionnelle et artistique a notamment été reconnue.
Le substantif féminin[4],[5],[6],[7] « photographie » (photography) a été proposé par John Herschel dès et provient de deux racines d'origine grecque :
« Photographie » signifie ainsi littéralement « peindre avec la lumière ». Le terme plus court « photo » est très fréquemment utilisé. Dans le cas où l'on parle d'une image photographique, on emploie aussi souvent les termes « image » ou « vue », les termes « tirage » et « agrandissement », étant de moins en moins usité depuis l'avènement de la photographie numérique.
En français, « photographie » est attesté dès 1832 dans le Dictionnaire général de la langue française de François Raymond, mais comme « description de l'histoire naturelle qui traite de la lumière »[5],[8]. Le premier emploi connu de photographie comme « technique de représentation de la réalité et de reproduction d'images à l'aide de procédés fondés sur des réactions chimiques à la lumière et de moyens optiques » figure dans les Carnets d'Hercule Florence, à la date du [5],[9].
En allemand, le terme est attesté dès le dans le Vossische Zeitung[5].
Le terme de photographie résulte d'une série de nombreuses innovations technologiques et techniques dans les domaines de l'optique, de la chimie, de la mécanique, de l'électricité, de l'électronique et de l'informatique. Elle se base sur le mécanisme biologique de l'œil humain.
Les deux phénomènes nécessaires à l'obtention d'images photographiques étaient pour certains connus depuis longtemps et explicités dans le Traité d'optique du mathématicien, philosophe et physicien arabe Alhazen au début du XIe siècle. Les réflexions d'Aristote et les travaux du père de l'optique moderne Ibn al-Haytham, ont permis de mettre la réalité en boîte ; il suffit de percer un « petit trou » (sténopé) dans une chambre noire (en latin : camera obscura) pour voir apparaître une image inversée dans le fond blanc de la boîte. D'autre part, les alchimistes savaient que la lumière noircissait le chlorure d'argent. Vers 1780, Jacques Charles, plus connu pour son invention de l'aérostat gonflé à l'hydrogène, parvint à figer, mais de façon fugitive, une silhouette obtenue par le procédé de la chambre noire sur du papier imbibé de chlorure d'argent. Thomas Wedgwood (1771-1805) fit des expériences analogues avec le nitrate d'argent ; il en publia un mémoire en 1802. De son côté, John Herschel en 1819 décrit les propriétés de l'hyposulfite de sodium qui deviendra le fixateur[10].
Nicéphore Niépce, un inventeur de Chalon-sur-Saône, en 1822-1824, associe ces trois procédés pour fixer l'image sur des plaques d'étain recouvertes de bitume de Judée, sorte de goudron naturel soluble dans l'essence de lavande et qui possède la propriété de durcir à la lumière. Il suffit alors d'éliminer le bitume excédentaire en le dissolvant. L'image obtenue est de qualité moyenne et nécessite plusieurs jours de pose. La première héliographie (c'est ainsi qu'il nommait un tel cliché photographique) qui nous est connue est Point de vue du Gras (1826-1827) représentant une aile de sa propriété à Saint-Loup-de-Varennes en Saône-et-Loire. À partir de 1828 Niépce s'associe avec Louis Daguerre mais il meurt subitement en 1833 et Daguerre poursuit seul l'amélioration du procédé, notamment en découvrant le principe du développement de l'image latente, moyen de raccourcir le temps de pose à quelques dizaines de minutes.
En 1839, Daguerre promeut son invention auprès du savant et député François Arago, qui lui accorde son soutien. C'est ainsi que la date conventionnelle de l'invention de la photographie est le , jour de la présentation par Arago à l'Académie des sciences de l'« invention » de Daguerre, le daguerréotype[11]. C'est en fait une amélioration de l'invention de Niépce en 1824[12].
En 1861, Thomas Sutton réalise la première photographie couleur. En 1869, Louis Ducos du Hauron et Charles Cros présentent un procédé à l'origine de la trichromie.
Il est possible de catégoriser la photographie selon le sujet traité, les conditions de prises de vue, la technique opératoire, la finalité, etc.
Un mode possible de catégorisation est de distinguer d'une part, les photographies réalisées en extérieur, avec un éclairage naturel ou un éclairage public donné, de celles réalisées en intérieur avec un éclairage artificiel modulable, et d'autre part, les photographies ne comportant pas de présence humaine, de celles en comportant une. Ce mode de classification donne quatre catégories de photographies :
La photographie de paysage inclut le paysage urbain, comme le travail réalisé sur Beyrouth à l'issue de la guerre[13] par Gabriele Basilico, René Burri, Robert Frank, Fouad El-Khoury, Raymond Depardon et Josef Kouldelka[14].
La photographie de paysage inclut également la photographie de montagne, qui a joué un rôle important à la fois dans une meilleure connaissance des hauts reliefs et dans la popularisation de la photographie en extérieur.
— | Pas de présence humaine | Une présence humaine |
---|---|---|
Extérieur | Paysage, architecture, photo animalière macrophotographie… |
Photographie rurale Photographie urbaine Photojournalisme Photographie de guerre… |
Intérieur | Nature morte, photographie culinaire… | Portrait, mode… |
On doit distinguer la lumière naturelle de la lumière artificielle.
Il y a deux sortes de lumière naturelle : celle en intérieur et celle en extérieur.
On peut identifier six sortes de lumière artificielle qui se différencient par la nature de la source, continue (incandescence, tungstène ou LED) ou discontinue (flash électronique) et par la dimension de la source (allant d'une dizaine de cm de diamètre pour les petits projecteurs Fresnel comme les Mizar ou les Magis, à plus de 3 mètres de diamètre comme les 330 cm du modeleur FP de Broncolor en passant par toute la gamme de modeleurs de Profoto et d'Elinchrom).
Comme son nom l'indique, la photographie consiste avant tout à utiliser de la lumière pour enregistrer quelque chose. Ceci suppose d'une part qu'il y ait de la lumière à enregistrer, et d'autre part que cette lumière forme des figures et une image intéressante par ses contrastes : contrastes d'intensités entre noir et blanc, contrastes de couleurs, contrastes de textures, qui par leur disposition restituent le sujet photographié. L'art du photographe consiste avant tout à jouer avec cette lumière, ce qui implique parfois d'organiser l'éclairage pour mieux capturer son sujet.
Il ne suffit pas qu'il y ait de la lumière pour pouvoir faire une bonne photographie, encore faut-il qu'elle soit adaptée au sujet que veut capturer le photographe. Une photo en contre-jour conduit par exemple à un fort contraste entre le sujet et le fond, mais les détails du sujet proprement dit seront souvent peu discernables dans les zones sombres : c'est en cela qu'un portrait pris en contre-jour est souvent considéré comme raté (et nécessite l'usage d'un coup de flash pour déboucher le sujet). Mais ce contre-jour peut constituer par lui-même un effet artistique intéressant, pour mettre en évidence une silhouette abstraite. Inversement, le photographe peut choisir de corriger l'exposition pour saturer le fond, et restituer son sujet dans un halo lumineux.
De même, l'éclairage direct du soleil crée des zones d'ombre et de lumière, qui peuvent former un fond très contrasté, nuisant à la lisibilité du sujet principal. De ce point de vue, il est possible de représenter un sujet dans un éclairage uniforme ou diffus. Pour éviter ce problème, les studios d'artistes sont de préférence éclairés par des baies ouvrant vers le nord[15][source insuffisante].
Par rapport au sujet qu'il veut reproduire, le photographe ajoute un élément essentiel de la photographie : le cadre.
Le cadre établit avant tout une limite entre ce qui sera reproduit sur l'image et ce qui au contraire devra en être exclu. Contrairement au peintre, qui ajoute des éléments à sa composition, le premier souci du photographe est d'éliminer de son cadrage les éléments inutiles, étrangers à l'idée qu'il veut faire passer, ou qui détourneront l'attention du spectateur : personnage passant dans l'arrière-plan, câble électrique, avion dans le ciel… Selon un proverbe de portraitistes, on doit d'abord s'intéresser au décor avant de regarder le modèle.
Le cadre définit ensuite l'espace dans lequel le sujet sera mis en scène. La photographie doit présenter les différentes parties de son sujet d'une manière qui en rende la perception plaisante et aisée. Les lignes de force de l'image se définissent par rapport au cadre : diagonales, règle des tiers, etc. Pour une scène donnée, c'est par le cadrage que le photographe peut harmoniser ou non sa composition. Le soin à apporter au cadrage est particulièrement critique dans le cas des diapositives, qui ne peuvent pas être recadrées par la suite.
Le « sujet » d'une photographie est tout ce qu'il y a dans le cadre. En dehors de cadrages particulièrement « serrés », l'élément principal n'occupe souvent qu'une fraction minime de l'image. Le reste forme le décor, souvent en avant plan ou arrière-plan, parfois dans le même plan que l'élément principal. Une bonne composition doit assurer que le décor met en valeur le sujet d'une manière suffisamment contrastée, et ne distrait pas l’œil par des détails inutiles.
Le premier plan, le second plan, et l'arrière-plan définissent souvent des zones dans une photographie. Selon la profondeur de champ, un de ces plan peut être mis en valeur.
Le cadrage pour le portrait se décline du plus lointain au plus rapproché en plan large, plan serré, plan italien, plan américain, plan taille, plan buste, gros plan et détail (très gros plan).
L'orientation permet d'accentuer les plans, comme un point de vue en contre-plongée ou en plongée.
Les fonctions essentielles d'un appareil photographique n'ont pas changé depuis les origines, même si le matériel s'est grandement perfectionné.
L'élément central de l'appareil est son objectif. Il joue le rôle d'une lentille optique convergente, qui forme derrière elle l'image des objets situés devant elle. L'objectif est caractérisé par sa distance focale, qui est la distance à laquelle se forme l'image des points situés à l'infini. Comme l'indiquent les lois de l'optique géométrique, cette image est d'autant plus grande que la distance focale est grande : toutes choses égales par ailleurs, un objectif de 300 mm produira donc une image d'un diamètre six fois plus grand qu'un autre de 50 mm. Héritier de la lentille simple, l'objectif moderne a une conception élaborée conduisant à une formule optique généralement complexe.
Derrière l'objectif se trouve une surface sensible, qui a pour fonction d'enregistrer l'image formée. Avec la photographie argentique, cette surface était initialement formée par une plaque de verre portant une émulsion photographique, puis par une pellicule photographique. Cette surface est à présent le plus souvent un capteur photographique, avec la généralisation de la photographie numérique.
Une caractéristique essentielle de cette surface est sa sensibilité, c'est-à-dire la quantité de lumière nécessaire pour enregistrer un niveau d'intensité lumineuse donné, typiquement un gris moyen. Plus le capteur est sensible et plus il est possible de prendre des photographies dans des ambiances obscures, ou bien, à condition d'éclairage identique, d'acquérir l'image rapidement. L'autre caractéristique essentielle est la granularité, qui donne la définition à laquelle cette image peut être enregistrée : plus cette définition est grande, plus l'image sera riche en détails et pourra notamment faire l'objet d'un agrandissement.
Pour ne recevoir que la lumière qui passe à travers l'objectif, la surface sensible est placée au fond d'une Chambre noire dont l'unique ouverture est occupée par l'objectif. Bien évidemment, avant que la scène ne soit réglée, l'objectif est obturé et ne transmet pas la lumière ; et après la prise de vue il se referme pour ne pas enregistrer d'élément supplémentaire : la prise de vue ne porte que sur un instant défini. C'est le rôle de l'obturateur que de ne permettre l'arrivée de la lumière qu'à un moment donné et pendant une durée déterminée.
La lumière émise par l'objet photographié sera focalisée quelque part par l'objectif, c'est-à-dire que toute la lumière émise par un point donné de l'objet se rassemblera sur un même point de l'image, son point conjugué, dont la distance à l'objectif est donnée par la relation de conjugaison. C'est donc à cette distance de focalisation que la surface sensible doit être placée : si elle est située plus près ou plus loin, les rayons lumineux issu du même point de l'objet ne seront plus focalisés, et seront enregistrés sous la forme d'une tache, d'autant plus large que l'on s'éloigne du point focal.
Pour réaliser cette mise au point, qui permet de ramener le point focal sur la surface sensible, l'objectif peut être d'autant plus avancé que l'objet photographié est proche. La mise au point étant faite, tous les objets situés sur le plan conjugué du capteur (c'est-à-dire, situés à la distance de mise au point) apparaîtront nets sur la photographie.
Lorsque l'objet photographié n'est pas plan, certains de ses points verront leur point conjugué situé au-dessus ou au-dessous de la surface sensible. Leur image sera alors une tache, d'autant plus grande qu'ils seront loin du plan focal, et que l'ouverture de l'objectif sera grande. Tant que cette tache sur l'image finale ne dépasse pas le pouvoir de résolution de l’œil (pour la distance d'observation de l'image), cet étalement sera invisible donc sans conséquence. De ce fait, la zone de netteté ne se limite pas aux seuls points situés à la distance de mise au point, mais autorise une certaine profondeur de champ. S'il est nécessaire d'augmenter cette profondeur de champ, pour un sujet donné, il faudra diminuer le diamètre des taches, donc diminuer l'ouverture de l'objectif en fermant son diaphragme.
L'effet du diaphragme étant de réduire les taches en éliminant la lumière qui traverse la périphérie de l'objectif, le flux lumineux qui atteint la surface sensible est d'autant plus faible que le diaphragme sera réduit. Pour obtenir une image correcte, il faudra en conséquence ajuster le temps de pose, qui devra être d'autant plus long que la sensibilité du film est faible, que le diaphragme est fermé, et que le sujet est lui-même faiblement éclairé. Ce dernier réglage est celui de la vitesse d'obturation, qui définit l'intervalle de temps entre le moment où la surface sensible est soumise à la lumière et celui où cette exposition cesse. Ce temps d'exposition peut être corrigé soit en augmentant l'éclairage (par des projecteurs ou des lampes flash), soit (plus rarement) par un filtre à densité neutre s'il faut augmenter le temps de pose.
Plusieurs réglages sont nécessaires à la réalisation d'une photographie. La justesse de ces réglages conditionne la qualité technique de l'image, notamment sa netteté et son exposition. Les appareils photographiques modernes prennent en charge tous ces réglages à l'aide d'automatismes qui sont souvent débrayables.
Contrôle | Description |
---|---|
Sensibilité ISO | La sensibilité ISO est la mesure de la sensibilité à la lumière du capteur de l'appareil : plus la sensibilité est élevée, moins il faudra de lumière pour réaliser l'image. Les films photographiques ont souvent des sensibilités comprises entre 100 et 400 ISO, mais on trouve des films de 50 et jusqu'à 3 200 ISO. La sensibilité des capteurs numériques est réglable, car il s'agit de l'amplification du signal du capteur, en général en amont de la conversion analogique/numérique. Sur un réflex numérique, elle varie typiquement entre 100 et plus de 10 000 ISO. Une sensibilité élevée facilite la prise de vue en basse lumière, mais ceci se paye par une forte présence du bruit électronique (en numérique) ou du grain (en argentique). |
Mise au point | La mise au point consiste en un mouvement des lentilles de l'objectif qui permet d'avoir la meilleure netteté à une certaine distance de l'appareil. Il existe, de part et d'autre du plan de netteté optimale, une zone dans laquelle le sujet est rendu avec une netteté acceptable. L'étendue de cette zone, qu'on appelle profondeur de champ, augmente quand on augmente la distance de mise au point, quand on raccourcit la focale et quand on ferme le diaphragme. On cherche parfois à « isoler » le sujet par une faible profondeur de champ qui plonge l'arrière plan dans le flou. La qualité de ce flou d'arrière-plan est appelée bokeh. |
Ouverture | L'ouverture est le réglage du diamètre utile de l'objectif (sa pupille d'entrée) à l'aide d'un diaphragme. Elle s'exprime sous la forme du rapport f/N, où f est la focale et N est un nombre sans dimension appelé « nombre d'ouverture ». Par exemple, un objectif de focale 50 mm ouvert à f/2 a une pupille d'entrée de 25 mm de diamètre. Plus le nombre d'ouverture est petit, plus le diaphragme est ouvert. L'ouverture permet de contrôler la quantité de lumière qui atteint le capteur ainsi que la profondeur de champ. En effet, la profondeur de champ est plus importante lorsque l'on ferme le diaphragme, et elle est réduite lorsque l'on ouvre le diaphragme. Elle a aussi un effet sur les défauts optiques de l'objectif (aberrations et manque de contraste, plus prononcés quand le diaphragme est très ouvert) et sur la diffraction (diaphragme très fermé). |
Temps de pose | Le temps de pose est la durée pendant laquelle le capteur est exposé à la lumière. Il est généralement contrôlé à l'aide d'un obturateur mécanique permettant des réglages de 1/4 000 de seconde (plus ou moins suivant les appareils) à plusieurs secondes. Il est typiquement compris entre 1/100 et 1/1 000 de seconde pour des photos en extérieur jour. Le temps de pose contrôle, avec le diaphragme, la quantité de lumière qui impressionne le capteur. Il a aussi un effet sur le flou de bougé : un temps de pose court (dit aussi « vitesse rapide ») est nécessaire pour figer un mouvement rapide, alors qu'une vitesse lente permet un bougé qui peut être utilisé pour suggérer le mouvement. |
Balance des blancs | La balance des blancs est le réglage de la sensibilité relative du capteur à la lumière rouge et bleue, afin de l'adapter à la source d'éclairage. Une lampe halogène, par exemple, a naturellement une teinte jaune orangé qui peut être compensée en augmentant la sensibilité au bleu et en diminuant la sensibilité au rouge. L'image obtenue a une teinte neutre lorsque la balance des blancs est adaptée à l'éclairage. Ce réglage est un traitement numérique qui est généralement fait dans l'appareil, mais qui peut aussi être réalisé en post-traitement si l'image a été enregistrée sous la forme de données brutes de capteur (format « RAW »). |
Exposition | L'exposition est le réglage de la luminosité de l'image par l'effet combiné de l'ouverture, du temps de pose et de la sensibilité. Deux combinaisons qui donnent la même luminosité sont considérées comme étant la même exposition. L'exposition se règle en fonction de la luminosité de la scène mais aussi, dans une certaine mesure, de l'effet recherché. Les appareils disposent souvent d'un réglage dit « correcteur d'exposition » qui permet au photographe de contrôler la luminosité de l'image sans avoir à débrayer les automatismes d'ouverture, temps de pose et sensibilité. Il existe également un mode entièrement manuel pour permettre aux photographes expérimentés d'avoir le contrôle total sur la luminosité de l'image. |
Dès son invention, l'usage de la photographie est intimement lié à l'évolution de sa technique. Elle est devenue le premier art réellement populaire.
Aux origines, la photographie fut utilisée par les peintres comme aide pour leurs travaux. Puis, elle devint rapidement un moyen d'expression à part entière, de nombreux artistes la pratiquant parallèlement à d'autres modes d'expression ou s'y consacrant exclusivement.
Les peintres appliquaient leur art à diverses formes d'expression, et se spécialisaient dans les scènes de genre, la décoration, la peinture d'histoire ou le portrait ; assez vite les photographes explorèrent diverses voies pour mettre à profit les nouvelles techniques qui s'offraient à eux. Et ces applications se multiplièrent avec les progrès et la facilité d'utilisation qui s'ensuivirent. Si le portrait se développa rapidement dès lors que les durées de pose furent limitées à quelques minutes — on s'aidait pour cela de sièges pourvus d'appuie-tête et d'accoudoirs divers — les autres genres photographiques proliférèrent dès que l'on put utiliser un matériel relativement transportable et commode d'emploi.
La nature morte et le portrait s'accommodaient bien des contraintes liées aux premiers procédés utilisés, qui nécessitaient de disposer d'un laboratoire attenant au studio de prise de vue, car les émulsions devaient être préparées juste avant l'exposition à la lumière, et le développement devait suivre immédiatement après.
Avant la photographie, c'est la peinture qui avait pour rôle la représentation de la réalité. Mais l'arrivée de la photographie bouleverse le monde de la peinture. Elle perd son rôle de représentation de la réalité et doit alors se réinventer, se diversifier ou bien disparaître. Le conflit du dessin et de la couleur qui remonte à la Renaissance italienne reprend vigueur et s'affirme à nouveau pour rappeler ce qui distingue la peinture des autres arts :
La peinture deviendra par la suite de plus en plus autonome et questionnera davantage les spécificités de son médium. Les liens entre peinture et photographie seront toujours très étroits, l'une empruntant à l'autre: les genres picturaux en photographie et les qualités visuelles de la photo en peinture, tel l'hyperréalisme qui instituera la photo elle-même comme le sujet de la peinture…
Dans le même temps apparut la possibilité de l'utiliser comme témoignage historique, et se développa la notion de photo reportage. Ainsi, le banquier Albert Kahn tentera de constituer, de 1909 à 1931, les archives de la planète en envoyant des photographes dans cinquante pays du monde.
Dès les débuts de la photographie, le réformateur social Jacob Riis a vu en celle-ci un moyen de diriger l'attention du public sur la pauvreté et la souffrance. En 1880, il a commencé à prendre en photo les quartiers pauvres de New York à la tombée de la nuit. En guise de flash, il utilisait de la poudre de magnésium qu'il faisait brûler dans une poêle à frire. Par deux fois, il a mis le feu à la maison où il travaillait, et une autre fois à ses vêtements. On dit que ses clichés ont motivé certaines réformes entreprises par Théodore Roosevelt à son arrivée à la Maison-Blanche[Lesquelles ?]. D'autre part, la force persuasive d'une série de photographies de paysages prises par William Henry Jackson a amené le congrès américain, en 1872, à faire de Yellowstone le premier parc national du monde.
La photographie est également devenue à la fois un outil et un objet de recherche. Guarrigues[16] souligne un parallèle entre la photographie et les sciences sociales : toutes deux montrent « quelque chose de l’homme » tout en révélant « comment l’homme s’informe sur l’homme ». En tant qu’instrument de recherche, Rongeon[17], en citant Maresca[18], avance que la photographie devient « une pratique d’observation et de visualisation sur le terrain, [et] permet de capter une réalité donnée pour ensuite la révéler ». La photographie peut également devenir une façon d'organiser la pensée et de raconter des faits sans les paroles, moyennant un protocole systématique, ainsi que le rapporte Laplantine[19]. En tant qu'objet de recherche, l'anthropologie visuelle a contribué à alimenter ces réflexions[17].
La photographie inaugure une nouvelle ère dans la représentation ; on est à présent capable d'avoir une représentation du réel « objective ». L'homme ne représente plus le réel tel qu'il le voit et tel qu'il le peut mais c'est le « réel » qui impressionne le support (par l'action directe de la lumière (photon) qui est réfléchie, ou émise, de l'objet à la surface sensible).
Ainsi, la photographie trouve rapidement son usage dans le reportage, dans l'anthropométrie, inventée par Alphonse Bertillon. On a l'ambition de réaliser un « inventaire du monde ».
Toutefois, cette objectivité a ses limites. La photographie argentique permettait déjà de travestir la réalité, d'ajouter ou de retrancher des éléments d'une image par un patient travail de laboratoire (cf : Photomontage). Mais avec l'avènement de la photographie numérique, ces trucages qui n'étaient auparavant accessibles qu'à des connaisseurs, deviennent presque à la portée de tous.
Un autre point de vue sur la photographie est que le réel ne peut simplement pas être représenté de façon objective. La personne qui observe doit aussi choisir un point de vue, la distance à l’objet, le cadrage, etc.[17]. (Régis Durand, in Le Regard Pensif : « Et il y a bien un hors-champ photographique qui est la réserve de toutes les impostures » ; Stanley Cavell : « La présence virtuelle du reste du monde et son éviction explicite sont aussi essentielles à l’expérience d’une photographie que ce qu’elle présente explicitement » ; ou encore Pascal Bonitzer : « […] le mensonge (ou la possibilité du mensonge) est liée à l’existence d’un hors-champ »), mais aussi du développement, du tirage (recadrages), des retouches, etc. La personne qui photographie interprète à sa façon le réel qui s'offre à elle. Ainsi, en noir et blanc, une ambiance peut être rendue dramatique par certaines techniques alors que la réalité ne l'était pas autant (en augmentant la densité des nuages par exemple). Le simple fait d'attirer l'œil sur un élément, en le photographiant, modifie la perception des spectateurs (récepteurs de l'image) face à la globalité de la scène qui se voit de plus réduite à une ou plusieurs images. Dans cette même idée, le ou la photographe, du fait de sa présence dans la scène observée, a une influence plus ou moins grande sur les personnes photographiées selon Piette[20]. L'idée de Conord[21], reprise par Rongeon[17], va dans le même sens : la question de la mise en scène pour une photographie mérite d'être posée, à savoir comme les personnes photographiées cherchent à se faire voir et comment la personne derrière la caméra réagit à cela.
S'ajoutent à cela les limites technologiques pour représenter les couleurs, les perspectives, les sujets en mouvement, etc. Un appareil photo ne retransmet pas exactement ce que l'observateur voit. Il peut déformer les objets et visages, créer des aberrations chromatiques, faire pencher une église en exagérant la perspective, etc.
Vers la fin des années 1880, le coût et la complexité de la photographie dissuadaient encore de nombreuses personnes de s'y essayer davantage. Toutefois, quand en 1888 George Eastman lance le Kodak, un appareil photo portatif très maniable et doté d'une pellicule, la voie s'est dégagée pour le photographe amateur.
Quand un client avait pris ses photos, il retournait l'appareil entier à l'usine. La pellicule y était traitée, et l'appareil rechargé, puis réexpédié avec des photos développées, le tout à un prix relativement bas. Le slogan « Appuyez sur le bouton, nous ferons le reste » n'avait rien d'exagéré.
Mais ce n’est pas pour autant que l’amateurisme s’est développé aussi rapidement. Au début du xxe siècle, la photographie était majoritairement exercée par un professionnel, à l’occasion d’évènements importants dans la vie familiale comme le mariage. Les photos réalisées étaient alors des photos de groupes, des membres de la famille. La Première Guerre mondiale a été un élément déclencheur de la démocratisation de la photographie sous plusieurs angles. C’est le plein essor de la photographie individuelle ; chaque conscrit était photographié. Les photos étaient alors utilisées dans l’administration mais cela permettait aussi aux familles d’avoir une image du soldat alors que la situation politique et militaire était instable. Dans le même temps, des photographies des épouses, enfants et nouveau-nés sont de plus en plus réalisées pour être envoyées au soldat, sur le champ de bataille. On observe alors une circulation d’images, qui est rassurante pour la famille et mémorable, pour les soldats ayant survécu. Cependant, si la Première Guerre mondiale a donné une impulsion à la photographie, ce n’est pas pour autant que l’on observe un accroissement immédiat de la photographie dans la société. La première photo de soi arrivait, dans les classes bourgeoises, durant l’enfance (quelquefois à la naissance pour les familles habituées à cette technique) ; dans les classes paysannes plus pauvres, c’était souvent plus tard que cette photo apparaissait, à l’occasion d’un mariage ou d’une communion, ou encore à l’occasion du service militaire pour les hommes. Le hasard joue aussi un rôle dans la progression des portraits familiaux dans le milieu paysan grâce notamment aux photographes professionnels qui proposaient leurs services dans les campagnes. Pour beaucoup, c’est la photo de classe, mise en place en 1920, qui constitue leur première photo. La photographie a donc inauguré une époque où l'on pouvait disposer de son portrait ou de représentations d'objets ou de lieux qui restaient jusque-là réservés à une élite économique, quand il fallait demander à un peintre de réaliser une image. Cela s'est traduit dans un premier temps par certaines photographies qui s'approchaient beaucoup du portrait peint le plus classique. La photographie a permis d’introduire un nouveau concept dans la société : celui de pouvoir voir une personne (son visage, ses traits, son allure générale) sans la connaître ni ne l’avoir vue. C’est le cas notamment des célébrités, qui paraissent dans des journaux, et des défunts parents, que des membres de la famille n’auraient jamais connu que par un de leurs portraits. La notion de souvenir, et parfois de deuil, peut être associée à ces clichés. À partir des années 1960, de nombreux appareils photos, automatiques et bon marché, font leur apparition, entraînant la mise en place d’une nouvelle pratique amateur de la photographie. Il y a toutefois des avis partagés sur cette pratique. Les bourgeois suivent l’élan en réalisant eux-mêmes leurs photographies, par attrait pour la technique et les connaissances. D’autres, les représentants de la classe paysanne notamment, sont plus réfractaires, préférant avoir recours à un photographe professionnel le cas échéant. Malgré cela, l’appareil photo investit de plus en plus les demeures, à l’occasion de cadeaux par exemple. Les thèmes photographiés évoluent également. On passe des photos quasi exclusivement familiales, à des photos de vacances, que l’on consigne bien volontiers dans un album photos.
Aujourd’hui, la photo apparaît comme un élément incontournable dans la vie de tous. On la trouve partout dans son quotidien, traitant de sujets divers et variés. Les milliards de clichés (quelque mille deux cent milliards de photographies ont été prises en 2017)[22] pris chaque année indiquent que son succès ne s'est jamais démenti et que les individus y ont pris une part active. Sa popularité s'est accrue grâce aux appareils numériques (le nombre d’appareils photos produits dans le monde a dépassé 100 millions en 2010[23]) qui offrent une haute définition de l'image se mesurant en millions de pixels (mégapixels). Ces appareils sont munis de cartes mémoires pouvant contenir des centaines voire des milliers d'images. On peut en tirer chez soi des épreuves à l'aide d'un ordinateur et d'une imprimante.
Les smartphones ont popularisé la photographie mobile, jusqu'à devenir la principale source de photographie.
La production d'appareils photo a diminué jusqu'à descendre en dessous de la barre des 20 millions en 2017[réf. nécessaire], la production de smartphones a atteint les 1,5 milliard cette même année[24],[25]. Les smartphones sont aujourd’hui le moyen le plus simple et le plus utilisé pour prendre des photos. Les nouvelles technologies de la communication permettent un partage presque instantané des clichés, faisant de la photo un moyen de communication[26].
L'accès à la capacité de « prendre » une photo est maintenant généralisé. La représentation du monde en a été transformée. Les sociologues étudient les pratiques et les résultats de cette photographie populaire.
Le grand public accède à cet « art populaire »[27] et en produit les artefacts.
Dans la classification des arts dérivée de celle d'Hegel, la photographie reçoit la huitième place (en concurrence avec la radiodiffusion et la télévision). Ces trois activités sont parfois regroupées en « arts médiatiques ».
La photographie est un moyen technique et mécanique de conserver une représentation graphique des moments, des objets ou des personnes. Mais c'est aussi un moyen d'expression plus ou moins abstrait, portant la signature de son auteur, le photographe, et dont l'objectivité est équivalente à n'importe quelle œuvre artistique. Longtemps enfermée dans l'imitation de la peinture (pictorialisme, marines, portraits, etc.), la photographie a trouvé sa propre voie artistique avec l'apparition du surréalisme au milieu du XXe siècle. Aujourd'hui, de nombreux artistes exploitent ce medium souvent associé à la « documentation » plus qu'à l'art en tant que tel, les artistes photographes mélangeant parfois de nombreux media différents (peinture, sculpture, maquillage, arts numériques) sur une seule image. La photographie, en tant qu'art, permet ainsi, plus que tout autre medium, d'ancrer la réalité dans une œuvre d'art afin de lui donner une nouvelle dimension[28]. La promotion de la photographie en tant qu'art est souvent difficile en France, des expositions comme celle de Roger Ballen à la Halle Saint Pierre à Paris tendant toutefois à montrer cette facette de la photographie au public du XXIe siècle[29].
En France, pour être qualifiée « d'œuvre d'art », une photographie doit être tirée par l'artiste ou sous son contrôle, signée et numérotée dans la limite de 30 exemplaires, tous formats et supports confondus (article 98A de l’Annexe III du Code Général des Impôts)[30]. En effet, la législation française distingue le statut d' « artisan photographe » et celui d' « auteur photographe », le premier faisant référence au photographe de reportage ou documentaire, et le second à l'artiste photographe, habilité à vendre des œuvres d'art telles que définies précédemment.
La photographie, elle aussi, connaît différents courants artistiques tout comme en peinture, les principaux sont :
La France joue un rôle central dans l'histoire de la photographie, tant sur le plan technique qu'artistique. Dès son invention, au XIXe siècle, la photographie a suscité un vif intérêt parmi les artistes, les scientifiques et le grand public. Les premiers photographes français, tels que Nicéphore Niépce et Louis Daguerre, ont été des pionniers dans le développement de techniques photographiques, notamment le daguerréotype qui a révolutionné la manière de capturer des images[31].
Au fil des décennies, la photographie est devenue un outil essentiel pour documenter la réalité sociale, culturelle et politique de la France. Les photographes ont utilisé ce médium pour explorer des thèmes variés, allant de la vie quotidienne aux événements historiques majeurs. Des mouvements artistiques tels que le surréalisme et le réalisme ont également influencé la pratique photographique, permettant aux artistes d'expérimenter avec la composition et la narration visuelle.
Dans le domaine de l'ethnologie, la photographie a été intégrée comme un moyen de documentation et d'analyse des cultures. Les ethnologues français ont utilisé la photographie pour capturer des images de sociétés et de traditions, contribuant ainsi à la compréhension des diversités culturelles. Ce lien entre photographie et ethnologie a permis de questionner les représentations visuelles et d'explorer les enjeux éthiques liés à la représentation des sujets photographiés.
La France a aussi été le berceau de nombreuses institutions et expositions dévolues à la photographie, favorisant son développement en tant que discipline artistique et scientifique. Des événements tels que les Rencontres d'Arles et des musées comme la maison européenne de la Photographie ont permis de promouvoir le travail de photographes contemporains et historiques, consolidant ainsi la place de la France sur la scène internationale de la photographie.
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