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poète, romancier, auteur dramatique et linguiste français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Philéas Lebesgue, né le à La Neuville-Vault près de Beauvais (Oise) et mort le dans le même lieu, est un écrivain français à la fois poète, romancier, essayiste, traducteur et critique littéraire au Mercure de France. Fils de cultivateurs, il reprend la direction de la ferme familiale après le décès de son père, en 1908. Dès lors, il exerce parallèlement une carrière littéraire originale qui le fait parfois voyager au Portugal, en Grèce et en Yougoslavie, les trois pays dont il suit l'actualité littéraire au Mercure.
Naissance | |
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Philéas Ernest Lebesgue |
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Membre de |
Académie des provinces françaises (d) |
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Distinctions | Liste détaillée |
François Beauvy, par sa thèse de doctorat Philéas Lebesgue et ses correspondants en France et dans le monde de 1890 à 1958 (université Paris-Nanterre, 2003), a révélé la vie et l’œuvre méconnues de Philéas Lebesgue, épistolier, polyglotte et traducteur.
Dès sa petite enfance, le jeune Philéas peut emprunter librement des ouvrages d'auteurs des XVIIIe et XIXe siècles dans la bibliothèque de son père qui n'est pas un paysan "ordinaire" et aime s'isoler pour lire. Cultivateurs relativement aisés, ses parents le mettent en pension au collège de Beauvais à la rentrée de 1882. Il y étudie le latin, l'anglais et le grec ancien. Il quitte cet établissement à 16 ans pour cause de maladie. Durant sa convalescence, il commence l'apprentissage d'autres langues et écrit des poèmes[1].
À la fin de sa vie, il comprend au minimum 16 langues étrangères. Il ne les parle pas forcément couramment mais peut les lire et en écrit certaines. En 1951, interrogé et enregistré pour des élèves d'une école primaire, sur le nombre de langues qu'il a étudiées, il répond modestement : " Ô ! entre les étudier et les posséder, il y a une rude distance. Enfin, j'arrivais à déchiffrer une lettre qu'on pouvait m'écrire dans la plupart des langues de l'Europe[2]. " Ces langues sont l'allemand, l'anglais, le danois, l'espagnol, le galicien, le gallois, le grec, l'italien, le norvégien, le polonais, le portugais, le roumain, le russe, le serbo-croate, le slovène et le tchèque[3]. On peut le rapprocher en cela d'Armand Robin. Il faut ajouter le sanscrit, l'ancien français et trois langues régionales de France : le breton, le provençal et la langue de son village, le picard[4].
S'impliquant dans la vie locale, il est maire de La Neuville-Vault de 1908 à 1947, commune dans laquelle il est inhumé.
Dès 1896, Philéas Lebesgue devient rédacteur au Mercure de France, prestigieuse revue internationale que dirige Alfred Vallette. Il est alors le chroniqueur des "Lettres portugaises" et le restera jusqu'en 1951. Il tient momentanément, en 1897, les "Lettres norvégiennes". À partir de 1899, il rédige les "Lettres néo-grecques" puis les "Lettres yougoslaves" à partir de 1917[5]. Il est l'un des rares critiques à découvrir et apprécier le grand poète portugais Pessoa, en 1913[6].
Il collabore à des revues de langues étrangères, notamment, Arte (Coimbra, 1895-1896), Ave Azul (Coimbra, 1899-1900), A Águia (Porto, 1910-1932), O Mundo (Lisbonne, 1915), Atlântida (Lisbonne, 1917) ; Panathénées (Athènes, 1910), Periodikon nios (Le Pirée, 1900) ; La Vos (Madrid, 1923). En relation de 1920 à 1950 avec la femme de lettres galicienne Francisca Herrera y Garrido, il publie des poèmes dans la revue galléguiste Nós[7].
Philéas Lebesgue s'est constitué un important réseau d'amis écrivains, artistes et hommes politiques par l'intermédiaire du Mercure de France et des ambassades. Dans les vingt-cinq mille lettres reçues de ses correspondants français et étrangers apparaissent les noms des Français Claude Aveline, Georges Duhamel, Édouard Dujardin, Émile Guillaumin, Pierre Jean Jouve, qui prendra ses distances, Louis Pergaud, Henri Pourrat, René Maran (Martiniquais, prix Goncourt 1921), Émile Verhaeren, le Russe Constantin Balmont, l'Italien F. T. Marinetti, le Lituanien Oscar V. de L.-Milosz, le Grec Ángelos Sikelianós, le Serbe Milan Voukassovitch, les Portugais Theophilo Braga, Bernardino Machado et Manuel Teixeira Gomes (qui furent tous trois présidents de la République du Portugal), ainsi que le journaliste, homme de lettres et grand médiateur culturel, Xavier de Carvalho (1861-1919). Sur l'invitation de plusieurs d'entre eux, Philéas Lebesgue donne des conférences au Portugal, en Yougoslavie, en Grèce, en Belgique. Des confrères français l'invitent en Bretagne, en Alsace et dans le Midi[8].
À partir de 1926, Philéas Lebesgue préside l'Académie des Dix de province et la Société des écrivains de province, avec lesquelles il tente de regrouper les écrivains régionaux, coloniaux et étrangers francophones[9].
Poète symboliste à ses débuts, Philéas Lebesgue écrit en vers traditionnels et vers libres. Certains poèmes sont en prose. Ses sujets de prédilection sont la Femme, la vie à la campagne, le machinisme agricole, le celtisme et l'ésotérisme, l'histoire, les souvenirs de ses voyages. Il a également écrit sur la Grande Guerre, l'aviation, la ville moderne. Ce sont cependant les poèmes sur la nature et le travail de la terre qui prévalent dans son œuvre poétique (et romanesque), parce qu'il est, précise-t-il, "inspiré par le milieu où [il] a fixé sa vie[10]". Il « écrivait une poésie à la versification traditionnelle ou libérée, évoquant souvent les paysages de son pays de Bray[11]. »
Romancier, nouvelliste, dramaturge, auteur de chansons, tout à la fois parolier et compositeur, il met en musique l'un de ses meilleurs ouvrages, Les Chansons de Margot (1926)[12].
Les romans de Philéas Lebesgue sont moins connus que ses poèmes et ses chansons. Le Sang de l'autre est une histoire d'amour dramatique qui se déroule au XVe siècle dans une atmosphère de légende moyenâgeuse. Destin - Journal d'une femme narre les amours tragiques d'une jeune femme et de son amant auxquels est révélée une proche parenté qu'ils ignoraient. La Nuit rouge montre le dilemme vécu par un séminariste amoureux d'une jeune fille. Le Roman de Ganelon, en réhabilitant celui qui passait pour un traître, s'inspire partiellement de l'affaire Dreyfus mais à une autre époque et dans un contexte différent. Les charbons du foyer - Roman familier, et Kalokori - Roman crétois sont deux autres romans aux amours impossibles. Tous ces romans se déroulent en Beauvaisis, à l'exception de Kalokori dont l'action a lieu sur l'île de Crète. Il faut faire une place à part au roman de science-fiction, très original, Outre-Terre, au sous titre Aventures dans l'invisible, sorte de conte alchimique[13].
Philéas Lebesgue reste toute sa vie en quête de tradition celtique. En 1892, il reçoit le second prix de poésie de langue bretonne au concours de la revue L'Hermine et devient barde breton. Le , sur le dolmen de la Table des Marchands de Locmariaquer, il est proclamé druide d'honneur du Gorsedd des bardes de Bretagne en présence de ses amis grands druides, également poètes, Yves Berthou et François Jaffrennou, devant deux mille spectateurs. En 1933, après intronisation officielle au pays de Galles, il accepte d'être le « Grand Druide des Gaules », autorité spirituelle du "Collège bardique des Gaules" fondé par l'éditeur de musique Jacques Heugel qui l'a sollicité pour remplir cette fonction spirituelle. Ce collège cesse définitivement ses activités en 1939. Par ailleurs, l'ésotérisme, qui rejoint parfois le druidisme, apparaît dans la poésie de Philéas Lebesgue et notamment dans l'un de ses romans, Outre-Terre, avec le sous-titre Aventures dans l'invisible, ouvrage de science-fiction ésotérique et philosophique. L'ésotérisme de Philéas Lebesgue, avant tout poétique, rejoint celui de son ami Oscar Milosz, poète d'origine lituanienne[14].
Elle est fondée en 1930, du vivant de Philéas Lebesgue, par Camille Belliard et Alphonse-Marius Gossez, enseignants. Le but de l'association est alors de faire connaître la vie et l'œuvre de l'écrivain. Depuis 1985, il est aussi de sauvegarder sa maison et son patrimoine littéraire. L'association a un président d'honneur à sa fondation, l'académicien Henri de Régnier, puis l'académicien Georges Duhamel après 1936. La Seconde Guerre mondiale interdit toute activité. En 1949, André Matrat, jeune instituteur, fait la connaissance de Philéas Lebesgue à La Neuville-Vault. Il contribue, après C. Belliard et A.-M. Gossez, à faire connaître Philéas Lebesgue dans le monde scolaire, fait rééditer un choix de huit cents des mille six cents poèmes de Philéas Lebesgue, sous le titre Œuvres poétiques (Méru, Ed. du Thelle, 1950-1952, 1500 p. en 3 tomes). Dans les années 1960-1970, Marcel Caloin dirige l'association. De 1985 à 1996, André Matrat reprend la présidence. François Beauvy, entré dans l'association à l'âge de 21 ans en 1965, après avoir exercé la fonction de vice-président à partir de 1985, est élu président à l'unanimité en 1997 en remplacement d'André Matrat souffrant. André Matrat avait fonde, en 1986, le Bulletin de la Société des Amis de Philéas Lebesgue. En 1997, François Beauvy reprend cette publication avec le titre Bulletin des Amis de Philéas Lebesgue et publie un numéro annuel. Il donne des conférences et ouvre la maison du poète à la visite.
37 recueils de poèmes de 12 à 205 pages, 18 romans, contes et drames, 13 essais ou ouvrages de philologie et d'histoire, 21 traductions (seul ou en collaboration, principalement avec Manoël Gahisto, pseudonyme de Paul Coolen), dont 3 de l'ancien français, 2 du breton, 3 de l'espagnol, 3 du néo-grec, 7 du portugais et 3 du serbo-croate[15].
Une anthologie regroupant 800 poèmes sur 1600, choisis par André Matrat, a été publiée sous le titre Œuvres poétiques en 3 volumes de 450 p. chacun. Méru, Ed. du Thelle, 1950-1952.
Publications d'articles dans des revues et journaux. Contributions dans plus de 200 publications, la principale étant le Mercure de France
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