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L'organe de Haller est une paire d'organe sensoriel possédé par les tiques « dures »[1] (Ixodes ricinus par exemple), décrit pour la première fois[2] par Haller en 1881 (sur un Ixode).
L'organe de Haller est situé dans une protubérance près de l'extrémité du dernier article (le tarse) de la première paire de pattes[3]. Cette protubérance est située sur la zone externe (dorsale) du tarse[4].
Cet organe est un « complexe sensoriel » [5]constitué de :
La forme de l'organe de Haller varie beaucoup selon l'espèce, et aussi parfois entre mâle et femelle de la même espèce. Par exemple l'ouverture en est généralement réduite, mais chez les tiques femelles d'un genre spécialisé dans le parasitage de microchiroptères elle est au contraire très large[9].
L'organe de Haller permet aux tiques de détecter la vapeur d'eau[10] (dont elles ont besoin et que certaines espèces peuvent absorber, selon les travaux de Gaede & Knülle publiés en 1997[11]) et le contact avec l'eau liquide (que les tiques préfèrent éviter, même si elles recherchent généralement une hygrométrie importante[12],[13]) ou la présence d'un animal et notamment des mammifères, par chimiotactisme ou hydrotactisme sur des distances atteignant 10-15m (plus ou moins selon les conditions de circulation de l'air et thermohygrométrique) selon les résultats des travaux de Leonovich publiés en 2004[14].
Cet organe remplirait donc des fonctions comparables à celle des organes olfactifs et gustatifs des mammifères. Et en écartant ses pattes antérieures (à la manière d'un insectes disposant d'antennes), la tique peut probablement détecter des différences entre les flux de molécules analysés par chaque patte, et en déduire la direction d'une source de molécules d'intérêt pour elle.
L'organe de Haller complète les fonctions d'autres organes sensoriels (cellules photosensibles rudimentaires (chez certaines espèces uniquement, les autres étant réputées aveugles au spectre lumineux), pédipalpes, soies distribuées sur les pattes et les téguments du reste du corps).
Outre la vapeur d'eau, et les marques de leurs propres excréments (une expérience simple montre que la tique I. ricinus fait demi-tour quand elle arrive sur une bande de papier « contaminée » par ses propres excréments, mais aussi quand elle s'approche de ces excréments sans même un contact)[15], les tiques seraient ainsi en mesure de détecter le dioxyde de carbone, l'ammoniac, le sulfure d'hydrogène et une variété de composés organiques tels que les benzaldéhydes émis par la respiration, l'haleine ou la sueur d'hôtes potentiels. Différents organes récepteurs ciblent des molécules différentes, avec des sensibilités différentes. Des récepteurs reconnaissent les phénols de composés phénoliques tels que le o-chlorophénol, l'o-bromophénol, l'o-méthylphénol et leurs dérivés ; des récepteurs de lactones reconnaissent la γ-valérolactone[14].
Des sensilles à sensibilité butyrique existeraient mais semblent moins importantes qu'on ne l'a d'abord pensé (avant les années 1950).
On a montré chez Amblyomma variegatum, une tique qui infeste volontiers le bétail, cet organe est aussi le récepteur d'une phéromone d'agrégation (quand les mâles ont trouvé hôte, ils y attirent les femelles ainsi que le ferait un «éclaireur». L'un des composants de cette phéromone est le 2-nitrophénol[14],[16]. L'organe de Haller joue aussi un rôle dans les réponses intraspécifiques d’agrégation et d'accouplement chez d'autres espèces[15].
Alors qu'un grand nombre d'espèces d'insectes sont en régression, le nombre des tiques augmente de manière d'autant plus préoccupante qu'elle est classée comme le second vecteur de maladies infectieuses (derrière le moustique). On cherche donc à développer des répulsifs moins toxiques ou moins écotoxiques que ceux qui sont sur le marché.
Chez la tique, le meilleur répulsif serait celui qui perturberait (uniquement chez les espèces à risque, idéalement), le comportement de recherche des hôtes. Or c'est l’organe de Haller qui a priori permet à la tique (nymphe et adulte) de détecter les hôtes qui lui fourniront son repas de chair et de sang, grâce aux odeurs, au dioxyde de carbone et à la chaleur qu'ils émettent[17],[18],[19],[20],[21]. En 2018, les mécanismes de perturbation du comportement (de recherche de l'hôte) par les répulsifs ne sont pas encore clairement compris[22],[23].
Un autre objectif pourrait être de pouvoir sélectivement piéger les tiques, ou de pouvoir les piéger dans certains environnements (jardins...). C'est par l'organe de Halleur qu'elles détecteraient le cocktail chimique (encore à découvrir) qui les conduit habituellement leurs hôtes.
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