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Odalisque

esclave vierge, qui pouvait monter jusqu'au statut de concubine ou de femme dans les sérails ottomans De Wikipédia, l'encyclopédie libre

Odalisque
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Une odalisque (en turc ottoman : اوطه‌لق, en turc : odalık) était une femme de chambre dans un sérail turc, au service des dames de la cour de la maison du sultan ottoman. Dans l'usage occidental, le terme en est arrivé à désigner une concubine dans un harem et fait référence au genre artistique érotisé dans lequel une femme est représentée principalement ou complètement nue dans une position allongée, souvent dans le cadre d'un harem[1]. Cette représentation est celle d'un fantasme, les artistes qui l'ont diffusée n'ayant pas été autorisés à entrer dans un harem.

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La Grande Odalisque de Jean-Auguste-Dominique Ingres, (1814), au musée du Louvre.
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Étymologie

Le mot vient du turc odalık[2] ou odalk, qui signifie « ce qui appartient à la chambre » et par extension « concubine », d'oda, « chambre »[3].

Il peut également être translittéré odahlic, odalisk et odaliq[réf. nécessaire]. Il a changé de sens en passant dans la langue française[1].

Dans l'usage turc du terme

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Émile Friant - Les Odalisques au Sultan.

Une odalisque n'était pas une concubine du harem, mais il était possible qu'elle en devînt une.

Les odalisques étaient rangées au bas de l'échelle sociale dans un harem, car elles ne servaient pas le maître de maison, mais seulement ses concubines et ses épouses, comme femmes de chambre privées. Les odalisques étaient généralement des esclaves données en cadeaux au sultan. Normalement, une odalisque n'était jamais vue par le sultan, mais restait plutôt sous les ordres de la mère de celui-ci.

Si une odalisque était d'une beauté extraordinaire ou possédait des talents exceptionnels pour la danse ou pour le chant, on l'entraînait pour devenir une concubine éventuelle. Si elle était retenue, l'odalisque servait au plaisir sexuel du sultan et c'est seulement ensuite qu'elle changeait de statut, devenant à partir de ce moment une concubine. Certaines familles caucasiennes conseillaient à leurs filles d'entrer dans un harem comme odalisques, en espérant qu'elles pourraient devenir concubines de palais, esclaves préférées, ou épouses du sultan. Dans l'Empire ottoman, les concubines rencontraient le sultan une seule fois, sauf si leur adresse pour la danse, pour le chant ou pour le lit leur méritaient son attention. Si de la rencontre d'une concubine avec le sultan s'ensuivait la naissance d'un fils, elle devenait une de ses femmes.

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Dans l'usage occidental du terme

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Les auteurs et artistes européens des XVIIe – XIXe siècles qui parlent d'«odalisque» confondent les statuts des femmes qui vivent dans les palais orientaux, et emploient le terme sans rigueur, pour désigner une femme du harem[4]. Ils inventent une figure sensuelle conforme aux stéréotypes occidentaux.

Figure fantasmée

En Europe au XIXe siècle, les odalisques sont des figures fantasmées récurrentes dans un mouvement artistique, l'orientalisme, contemporain de l'expansion coloniale, notamment dans un grand nombre de tableaux érotiques à partir de cette époque. La femme orientale de l'art orientaliste est une créature sexualisée, lascive[5]. Elle prend place parmi les stéréotypes coloniaux du XIXe siècle qui privilégient les images d'un Orient « sensuel », d'une Afrique, « mystérieuse et sauvage à dompter », d'une Océanie, « paradisiaque  » etc[5]. L'odalisque en peinture est souvent analysée aujourd'hui comme «l'objet passif et érotisé du regard masculin européen»[6].

Ingres est «l'inventeur de la figure de l'odalisque», selon Emmanuelle Almiot-Saulnier, spécialiste d'histoire de l'art[7]. Il peint un fantasme : d'une part, il a peu voyagé (sa destination la plus lointaine est l'Italie) ; d'autre part, les hommes peintres ne sont évidemment pas admis dans les harems[7]. Ingres a pu s'inspirer du récit de lady Montagu datant du siècle précédent ; cette épouse d'un ambassadeur britannique avait visité un harem[7].

Ingres peint une beauté féminine dans un style qui lui est propre ; le dos féminin est rendu sensuel ; il est plus allongé que d'ordinaire[7]. La Grande Odalisque est un de ses tableaux les plus connus. Théodore Chassériau a peint une odalisque qui sort du bain, semblable à Vénus qui naît des flots ; cette odalisque-là est aussi totalement imaginaire[7]. Matisse aussi a représenté dans certaines de ses œuvres des odalisques, qui sont chez lui à la fois « thème, motif, emblème, vedette et marchandise de luxe »[8] ; la figure de l'odalisque - qui prend chez lui un caractère abstrait - lui permet de revendiquer une appartenance à une «grande tradition française» en peinture[8].

Dans l'usage populaire, le mot odalisque peut aussi faire allusion, à la maîtresse, la concubine, ou la petite amie d'un homme riche, ce qui est inexact étant donné que ces esclaves étaient vierges.

Femme musulmane et orientale

La figure de l'odalisque prend place entre le XVIIe et le XIXe siècle dans des textes et des images orientalistes où l'Orient musulman est représenté autrement qu'aujourd'hui, avec une insistance particulière sur deux types de personnages fondamentaux :

  • Les personnages d'odalisques, situés dans un décor luxueux, qui contenait des objets considérés comme orientaux, tels que le brûle-parfum ou des pipes à tabac[9]. L'odalisque est représentée comme une femme blanche aux yeux noirs[9]. Les "sémites", catégorie anthropologique en vogue au XIXe siècle dans laquelle étaient rangés les musulmans (ainsi que les juifs) étaient considérés comme des Blancs, même s'ils étaient vus comme des Blancs d'un genre particulier et n'incarnaient pas le Blanc "protypique" - le Blanc européen chrétien[9].
  • Les personnages bibliques, car l'Orient était très souvent associé à la Bible ; ainsi les personnages juifs de la Bible portaient dans les images du XVIIe au XIXe siècle des turbans, des keffiyyeh, et d'autres pièces des vêtements turcs ou bédouins[9].

Effacement de l'odalisque au cours du XXe siècle

La représentation de l'odalisque musulmane désirable suppose que les musulmans ne soient pas considérés uniquement comme des ennemis[9]. De fait, l'orientalisme classique perçoit une proximité entre les traditions musulmane et chrétienne, tout en affirmant la supériorité du christianisme, qui serait un "dépassement" des religions monothéistes antérieures[9]. Par la suite, la montée de l'islamophobie a chassé l'image de l'odalisque : les représentations islamophobes occidentales du XXIe siècle désignent le musulman comme l'Autre absolu ; l'idée d'un "choc des civilisations" entre "Occident chrétien" et "Orient musulman" a supplanté l'idée d'un "dépassement"[9].

Ainsi la figure de l'odalisque s'est progressivement effacée, de même que celle du juif orientalisé, très répandue à la même époque et dans le même type d'oeuvres[9]. L'orientalisme classique percevait une proximité entre les musulmans et les juifs, tous "orientaux" et "sémites" ; l'islam était vu comme « une forme inférieure, mais apparentée du judaïsme »[9]. Cette association disparaîtra dans les discours au fil du XXe siècle, particulièrement dans les discours hostiles aux musulmans ; les musulmans et les juifs n'appartiendront plus à la même sphère de représentation en Occident[9].

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Les odalisques dans l'art

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Tableaux

Parmi les artistes les plus célèbres ayant représenté des odalisques, on peut citer :

En musique

  • Tristesse de l'Odalisque, mélodie de Félicien David (1810-1879) compositeur français.
  • Danse des odalisques, musique de Sholom Secunda, édition BMI, 1945.
  • Mes Petites Odalisques, texte et musique de Serge Gainsbourg, 1957.
  • L'Odalisque, Claire Diterzi, 2008.
  • Odalisque, musique de Jugurtha et Stéphane Salerno, Souq Records, 2018.

En littérature

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Notes et références

Voir aussi

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