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écrivain, photographe, iconographe et voyageur suisse (1929-1998) De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Nicolas Bouvier est un écrivain, photographe, iconographe et voyageur suisse, né le au Grand-Lancy et mort le à Genève.
Nicolas Bouvier est le fils et dernier enfant du bibliothécaire Auguste Bouvier, spécialiste de la littérature de la guerre de Trente Ans et universitaire à Genève, et d'Antoinette Maurice, fille du compositeur Pierre Maurice. Il est un enfant rêveur, hypnotisé par les couleurs non seulement de ses atlas de géographie, mais aussi par les paysages exaltants du château de Coinsins, sur la Côte vaudoise, où il passe ses étés. Ce château était alors loué par son grand-père paternel, Bernard Bouvier. Des heures de lecture clandestine finissent de donner à l'enfant le goût d'aller voir ailleurs. Jeune, il lit le journal assidûment, ce qui le mène à s'intéresser à des guerres comme la guerre d'Espagne ou la guerre de Finlande. Le jeune Bouvier fait sa scolarité à l'école Brechbühl de Genève, école privée religieuse renommée puis au Collège de Genève, collège également renommé, fondé en 1559 par Calvin. Encouragé par son père qui voyagera, en quelque sorte, par procuration à travers son fils, Nicolas Bouvier part pour son premier voyage, effectué en solitaire, en Bourgogne[1], à dix-sept ans. Il est chargé de rapporter des timbres à son père, pour sa collection. Il suit des cours d'histoire médiévale, de sanskrit et de droit à l'Université de Genève.
En 1948, il est envoyé en reportage en Finlande par le journal La Tribune de Genève, puis, en 1950, voyage dans le Sahara algérien pour le quotidien Le Courrier.
En 1951, il effectue un premier voyage au long cours, avec Thierry Vernet et Jacques Choisy, de Venise jusqu'à Istanbul. Cette expédition mène à un petit opuscule, Douze gravures de Thierry Vernet. Trois textes de Nicolas Bouvier qui sera édité chez Kunding à une trentaine d'exemplaires. Puis, en , il repart en Fiat Topolino avec Thierry Vernet, de Belgrade à Kaboul, à travers la Yougoslavie, la Turquie, l'Iran et le Pakistan. Cette première partie du voyage est racontée dans L'Usage du monde.
Après un an et six mois de voyage, les deux amis se séparent, Thierry Vernet rejoint son amoureuse à Ceylan, et Nicolas Bouvier continue seul sa route à travers l'Inde afin de gagner la Chine. La route étant fermée pour des raisons politiques, il gagne Ceylan où, malade et déprimé, il reste neuf mois. Il décrira ce séjour dans Le Poisson-scorpion, publié en 1982, près de vingt-cinq ans plus tard. Il finit par embarquer, en , sur Le Vietnam, un paquebot français des Messageries maritimes, qui le conduit au Japon, où il reste une année, rédigeant des articles pour les journaux et magazines japonais. Il rentre par bateau à Marseille, fin 1956. Son expérience du Japon, augmentée d'autres séjours plus tardifs, donneront lieu à Chronique japonaise en 1970.
En 1958, il épouse Éliane Petitpierre (1933-2022[2]), fille du conseiller fédéral Max Petitpierre et nièce de Denis de Rougemont, à Neuchâtel ; puis le couple s'installe à Cologny. De 1958 à 1963 (année de la mort de son père), il effectue des travaux d'iconographie pour l'OMS et la Nouvelle Bibliothèque Illustrée des Sciences et des Inventions des Éditions Rencontre. Au fil de ses travaux, il rassemble d'abondantes archives personnelles constituées notamment de 30 000 documents qui comprennent des estampes populaires et des planches techniques. De 1964 à 1965, ils séjourneront au Japon avec leurs deux enfants. D'autres voyages en Asie (Japon, Corée du Sud, Chine) ou en Europe (Irlande, îles d'Aran) suivront. En 1968, Nicolas Bouvier est lauréat du prix Rambert, qui est le plus ancien prix littéraire de Suisse romande, décerné par un comité d'étudiants. En 1970, Bouvier se rend à Osaka avec la Délégation suisse à l'occasion de l'exposition universelle de 1970. Il présentait à cet événement quatre livres qu'il avait adaptés pour l'occasion. Par la suite, il se rend en Corée du Sud sur l'île de Cheju. Ce voyage mènera au récit nommé Les Chemins du Halla-san, publié dans le Journal d'Aran et d'autres lieux aux éditions Payot en 1990[3].
Atteint d'un cancer, Nicolas Bouvier meurt le . Il est inhumé à Cologny.
L'œuvre de Nicolas Bouvier, jusqu'à récemment peu connue du public français, et notamment universitaire, est pourtant considérée comme un chef-d'œuvre de la littérature de voyage. L'Usage du monde, publié à compte d'auteur en 1963, a contribué à redéfinir la littérature de voyage au XXe siècle. Il est aujourd'hui une référence pour de nombreux voyageurs et écrivains. Bouvier expérimente aussi d'autres genres littéraires, comme le récit poétique ou le récit illustré (« iconotexte », qui se présente comme un « patchwork », une étroite collaboration entre texte et images avec les dessins de Thierry Vernet). Chez Bouvier, l'écriture naît du voyage et de la contemplation que ce dernier procure. François Laut, dont la biographie de l'écrivain a pour sous-titre L'Œil qui écrit, ne s'y est pas trompé.
L'inscription de L'Usage du monde au programme de la session 2018 de l'agrégation de lettres constitue une consécration pour l’œuvre littéraire de Nicolas Bouvier. Conséquemment à ce choix, de nombreux groupes d'études de Nicolas Bouvier se sont constitués en France métropolitaine et d'outremer, et, tandis que l'on voit se multiplier les publications savantes sur son œuvre, l'écriture de Bouvier, mélange d'ascétisme et d'abondance[4], longtemps restée confidentielle et goûtée seulement par un petit nombre d'amateurs privilégiés, est aujourd'hui reconnue dans le monde et les milieux littéraires[5], notamment grâce à la diffusion en de multiples éditions de L'Usage du Monde, devenu un best-seller, et à la traduction de ses livres.
(Liste non exhaustive, par ordre de parution)
À Saint-Malo, le festival Étonnants voyageurs décerne chaque année le prix Nicolas Bouvier, qui distingue un texte de grande exigence littéraire prolongeant l’esprit de son œuvre[6]. Une rue de la ville, située face à la gare, porte également son nom.
Une rue des Sables-d'Olonne (Vendée) porte son nom depuis le (ancienne rue Alphonse Daudet de Château-d'Olonne).
L'École de commerce Nicolas-Bouvier à Genève porte son nom depuis 1998.
Une promenade arborée porte également son nom à Lancy (canton de Genève), la ville de naissance de l'auteur : la promenade Nicolas Bouvier.
Fonds Nicolas Bouvier (19e-21e siècles) [20,5 mètres linéaires, papiers personnels, photographies, souvenirs, collection d'autographes et correspondances, notes et travaux de cours, œuvres inédites et publiées (poèmes, journaux et récits de voyages, journal photographique, carnets de route et carnets de notes, feuilles murales, dossiers de rédaction et de recension, conférences, émissions radiophoniques et télévisuelles, films, articles, etc.), archives audios et films, archives papier du fonds iconographique]. Cote : CH-000007-9 CH BGE Arch. Bouvier 1-22, 22bis-83, 83bis-137, 138A-B, 139-224. Genève : Bibliothèque de Genève (présentation en ligne).
Sous-fonds : Famille Bouvier et alliées (19e-21e siècles) [c. 1 mètre linéaire, papiers des membres des familles Bouvier et Ott, Maurice, Petitpierre, correspondances, souvenirs, photographies, documents épars]. Fonds : Nicolas Bouvier; Cote : CH-000007-9 CH BGE Arch. Bouvier 1-11. Genève : Bibliothèque de Genève (présentation en ligne).
Sous-fonds : Nicolas Bouvier (19e-21e siècles) [c. 19 mètres linéaires]. Fonds : Nicolas Bouvier; Cote : CH-000007-9 CH BGE Arch. Bouvier 12-24. Genève : Bibliothèque de Genève (présentation en ligne).
Clara Arnaud cite Nicolas Bouvier dans son récit Sur les chemins de Chine (2010) : « Impossible de ne pas évoquer ce qui fut peut-être le plus fin mot de Nicolas Bouvier : Le monde comme une eau vous traverse, et pour un temps vous prête ses couleurs puis se retire, et vous place devant le vide, que l'on porte en soi, cet espace d’insuffisance centrale de l'âme qu'il faut bien apprendre à côtoyer, à combattre et qui paradoxalement est peut-être notre moteur le plus sûr »[7].
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