Mogrovejo
localité espagnole De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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Mogrovejo est une localité de la commune de Camaleño dans la communauté autonome de Cantabrie, au cœur des Pics d'Europe en Espagne. Jusqu'au XIIIe siècle, cette localité apparaît dans les documents sous le nom de Luarna, nom qu'elle emprunte à une ancienne famille à laquelle appartenait Saint Toribio de Mogrovejo. Le Dictionnaire Madoz précise que la localité de Mogrovejo comprenait huit quartiers ou bourgades, qui sont actuellement des entités de population indépendantes : Mogrovejo, Redo (es), Los Llanos (es), Bárcena (es), Besoy (es), Sebrango (es), Llaves (es) et Vallejo (es).
Mogrovejo | |
Le village historique de Mogrovejo au pied du massif de Ándara. | |
Administration | |
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Pays | Espagne |
Communauté autonome | Cantabrie |
Comarque | Liébana |
Commune | Camaleño |
Code postal | 39582 |
Démographie | |
Population | 44 hab. (2008) |
Géographie | |
Coordonnées | 43° 08′ 49″ nord, 4° 42′ 34″ ouest |
Altitude | 642 m |
Site(s) touristique(s) | Fuente Dé Monastère de Santo Toribio de Liébana |
Localisation | |
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Située à 460 m d'altitude, elle est perchée sur un plateau au pied du massif d'Ándara (es) ou Massif Oriental et distante de 4 km de la capitale municipale, Camaleño.
Selon Julián Aydillo San Martín, Mogrovejo viendrait de mogro, parfois écrit morgo ou molgor, « au-dessus du moulin », de mol, variante régionale asturienne de molino en castillan, « moulin », et de vejo, « rocher »[1] et signifierait donc « le rocher au-dessus du moulin ».
La tour de Mogrovejo et la demeure qui lui est rattachée, surplombant le village de Mogrovejo, témoignent de la domination seigneuriale exercée au Moyen Âge sur la localité par les Comtes de Mogrovejo, également appelés Seigneurs de Mogrovejo, une des plus anciennes et illustres familles nobles de la Cantabrie.
Le plus ancien membre dont on possède des informations, seulement appelé Seigneur de Mogrovejo, était porte-drapeau de Pélage le Conquérant, Roi des Asturies, et accompagna celui-ci lors de la bataille de Covadonga, gagnée en 722 par les espagnols et considérée comme le point de départ de la Reconquista de la Péninsule ibérique sur les Arabes. L'historien Pinelo assure que l'étandard victorieux de cette bataille avait été conservé dans l'église de Mogrovejo, jusqu'à sa disparition lors d'un incendie[2].
Selon les chroniques anciennes, à proximité de Mogrovejo, près des rives de la rivière Deva, se trouve le Mont Subiedes (es), où un éboulement de terrain aurait écrasé de manière miraculeuse les arabes qui fuyaient de la Bataille de Covadonga, faisant périr des milliers d'entre eux sous les roches[3].
La tour de Mogrovejo conserve quelques inscriptions, dont deux concernant la bataille de Covadonga, qui témoignent de ces événements[3] :
« Soy Mogrovejo el guerrero
Que venció la gran batalla
De Tarif y su canalla,
Según texto verdadero. »
« Je suis Mogrovejo le guerrier
Qui a vaincu dans la grande bataille
De Tarif et sa canaille
Selon un texte véridique »
« Subiedes, peña fragosa,
Sobre los moros cayó.
Y a los cristianos libró :
¡ Ved qué cosa milagrosa »
« Subiedes, rocher accidenté
Sur les Maures s'écroula
Et les chrétiens libéra :
Voyez quelle chose merveilleuse ! »
Un autre récit historique de cet épisode de la guerre arabo-asturienne, tiré de la Chronique d'Albelda de l'an 883, explique en latin[4] :
« Tunc etiam qui remanserunt gladio de ipsa oste Sarracenorum in Libana monte ruente iudicio Dei opprimuntur et Astororum regnum diuina prouidentia exoritur. »
« Alors, ceux de cette armée de Sarrazins qui avaient survécu à l'épée furent anéantis par la montagne de Liébana qui s'écrasa sur eux par la justice de Dieu, et le royaume des Asturiens se leva grâce à la divine providence. »
L'origine de la construction de la tour du château est attribuée à Pedro Ruiz de Mogrovejo. En 1284, le roi Sancho IV de Castille octroie aux enfants de Pedro Ruiz de Mogrovejo le monastère de San Martín de Mogrovejo[5].
Le blason de la famille Mogrovejo représente une tour d'argent parfois sur trois gradins, avec deux lions dressés sur la tour, surmonté de trois lys d'or, bordé de gueules avec huit tau d'or (Croix de Saint-Antoine). En 1395, la famille Mongrovejo se lie avec la famille Lasso de la Vega dont le blason représente un champ sans culture, une bordure et la devise « Ave María Gratia Plena » (« Ave Marie pleine de grâce »). Depuis lors, les deux blasons sont unis[5].
Le blason des Mogrovejo a changé à mesure que la famille se liait avec d'autres lignées nobles, se divisant alors en quatre parties, avec séparations horizontales et verticales (écartelé), ou avec séparations en diagonale (écartelé en sautoir). Demeurent dans trois quartiers la tour d'argent, les trois fleurs de lys d'or et le lion d'or, auxquels s'ajoute un serpent d'argent dans le quatrième quartier[6].
En 2008, Mogrovejo comptait 44 habitants.
La Vierge de Mogrovejo[9] de l'Église Nuestra Señora de la Asunción, datée de 1480-1500 environ, ne se trouvait pas à l'origine dans le retable de l'église mais devait faire partie d'un calvaire. Réalisée en bois de pin, elle répond à une série de caractérístiques propres à l'art flamand[8], comme le front bombé, le nez fin et allongé, les yeux bridés et les paupières marquées[8]. La Vierge est représentée en position debout, ses longs doigts fins entrelacés, dirigeant son regard vers le sol. Elle est vêtue d'amples habits, eux aussi caractéristiques de l'art flamand et sa tête est couverte d'un voile.
Dans cette Vierge, certains éléments (le corsage fermé à base de cordons, le détail du décolleté ou l'entrecroisement des mains) sont à mettre en relation avec une Vierge des Douleurs, datant elle aussi de 1480 environ, réalisée à Utrecht par le maître du retable de la Passion de Pfalzel[8]. C'est pourquoi il est possible que la Vierge de Mogrovejo ait été réalisée par un des ateliers actifs à cette époque à Bruxelles, ou plus probablement à Utrecht. On peut se poser la question de savoir comment cette pièce a pu arriver jusqu'à un lieu aussi reculé que Mogrovejo. Il faut écarter l'idée qu'un artiste flamand soit venu travailler à Mogrovejo, ou que l'œuvre soit arrivée grâce à une relation dynastique ou politique, deux des voies les plus communes qui expliquent la présence d'œuvres flamandes en Espagne[8]. Par conséquent, la Vierge a pu arriver là grâce au commerce, fréquent depuis le Moyen Âge entre les ports flamands de Bruges, Malines, Bruxelles ou Anvers et des villes espagnoles nord péninsulaires comme Laredo, Santander, Bilbao ou Saint-Sébastien, ou a pu être achetée dans une foire castillane[8]. Les marchandises d'art étaient transportées à dos de mule de la côte cantabrique jusqu'à la Castille pour être vendues aux membres de la cour, aux nobles, aux monastères, aux églises[8]. À cette époque, seule une famille fortunée comme les Mogrovejo pouvait acquérir une telle pièce de valeur. Il s'agissait d'une famille cultivée, habituée aux acquisitions d'œuvres d'art et à l'utilisation de l'art comme moyen d'exaltation de la lignée[8]. Ce à quoi il faut ajouter qu'au milieu du XVe siècle, un de ses membres étudiait à l'Université de Salamanque, raison pour laquelle, malgré l'éloignement avec les foyers artistiques de référence, les Mogrovejo eurent l'opportunité d'être en contact avec ceux-ci et, par conséquent, de connaître les principaux courants artistiques du moment[8].
La Vierge a été récemment restaurée par Jesús Mendiola Puig y Emma Zahonero Moreno, qui ont procédé à la suppression de couches de peinture et de vernis qui l'avaient recouvert au XIXe siècle[8].
L'ensemble urbain de Mogrovejo est classé Bien d'intérêt culturel dans la catégorie Ensemble historique depuis le [10] sous la référence RI-53-0000331.
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