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chanteur breton De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Marcel Guilloux, né le à Lanrivain (Côtes-du-Nord) et mort le à Saint-Nicolas-du-Pélem (Côtes-d'Armor)[1], est un chanteur français d'origine bretonne, ancien cultivateur de métier. Il est l'une des figures emblématiques du kan ha diskan (« chant et déchant »), technique utilisée afin de faire danser sur différentes danses et qui trouve dans le fest-noz moderne son lieu d'expression. Il a contribué à la transmission du chant aux nouveaux chanteurs, lors de nombreux stages ou en chantant en couple avec eux.
Nom de naissance | Marcel Le Guilloux |
---|---|
Naissance |
Lanrivain (Côtes-du-Nord) |
Décès |
(à 93 ans) Saint-Nicolas-du-Pélem (Côtes-d'Armor) |
Nationalité | France |
Activité principale | Chanteur, conteur |
Activités annexes | Agriculteur |
Genre musical | Chanson bretonne : kan ha diskan, gwerz |
Années actives | depuis 1957 |
Influences | Musique bretonne, danse bretonne |
Marcel Guilloux est le benjamin d'une famille de huit enfants, élevés dans la ferme familiale de Krec'h Morvan à Lanrivain où il a toujours vécu[2]. Tout jeune, il apprend l’harmonica en autodidacte. Sa mère, qui avait le certificat d'études, faisait le catéchisme en breton. C'est ainsi qu'il apprend la langue oralement, sans savoir la lire, alors qu'il apprend le français à l'école, où il était interdit de parler breton[3]. En effet après la guerre, le français prend la place sur le breton. Son problème de vue l'empêche d'aller à l'école avant ses 10 ans[4]. Contrairement à certains de ses camarades, il ne poursuit pas ses études au collège de Saint-Nicolas-du-Pélem mais reste travailler à la ferme[2]
Dans le monde rural du Centre-Bretagne, le chant et la danse s'expriment après les travaux agricoles, durant plusieurs semaines pour les pommes de terre. Son père, qui parlait bien français, partit à la guerre de 1914-18 et faisait la saison comme ouvrier agricole dans la Beauce. Décédé l'été 1953 en faisant une chute d'un tas de blé, il n'aura pas eu le temps de transmettre à son fils les chansons qu'il connaissait, la mode étant à l'époque aux bals français. Alors qu'il avait encouragé son fils à suivre dans les bals les voisins musiciens après la moisson estivale, Marcel interrompt ses sorties pendant un an, comme en était la coutume par respect pour le défunt[2].
Il recommence à parler breton dans un cercle celtique formé d'une trentaine de jeunes de Lanrivain en octobre 1957. Bien qu'ils se parlent en breton, ils ne connaissent pas les paroles des danses plin et chantent en français pour danser lors des bals musette[5]. Dans le but de monter une pièce de théâtre, Marcel Le Guilloux, âgé de 27 ans, est désigné pour chanter en breton au sein de cet ensemble, avec Job Le Verge. Ils sont demandés ensuite pour animer des fêtes. Ces années d'après guerre sont décisives avec la relance des festoù-noz ; les chanteurs de kan ha diskan montent sur une estrade devant les danseurs, le micro commence à arriver, les concours se multiplient comme ceux qui font gagner du tabac (dañs ar butun)[6]. Deux sonneurs de Bourbriac, Georges Cadoudal et Étienne Rivoallan, font danser le groupe une fois par semaine. En 1959, Marcel Guilloux les accompagne en tant que danseur au championnat des sonneurs à Gourin, où ils décrochent leur premier prix par leur maîtrise du plin[6]. Les festoù-noz dans des salles ou en plein air se multiplient pour eux.
Issu du pays plinn, il se rend souvent à l'épicentre du phénomène, près de Carhaix, découvrir les danses gavottes afin d'élargir son répertoire. Il apprend les chants à l'écoute des chanteurs et retient rapidement ton ha son (l'air et les paroles) : « Certains anciens n'avaient pas envie qu'on apprenne, parce que dans les fest-noz il y avait des concours. Ils n'avaient pas envie qu'on rafle les prix. »[3]. Mais en kan ha diskan, Marcel Guilloux « finissait toujours le dernier », en plaisante-t-il à 81 ans[4]. Il participe au Kan ar bobl dès 1978[7] et en 2008 le prix « Marcel Le Guilloux » est attribué pour le concours de kan ha diskan[8]. Depuis les années 1960, il participe activement à perpétuer et à faire revivre la mémoire du Centre-Bretagne, celle de la voix, chantée ou parlée, celle du geste et du corps. Tout de suite, il reprend le kan-ha-diskan mais chante aussi des mélodies et complaintes : « ma première gwerz, je l'avais apprise de ma belle-sœur. Si pour la danse chaque terroir a son style, pour la gwerz c'est chaque chanteur qui a le sien ». Son répertoire provient en partie de ses rencontres avec la grande chanteuse de gwerz, Madame Bertrand. Il améliore son interprétation du style fisel après avoir rencontré le professeur d'Erik Marchand, Emanuel Kerjean, qui lui fait la remarque et lui donne quelques leçons (« Pendant dix ans je l'ai mal chanté, personne ne me disait rien. »)[3]
Dans les années 1960, il multiplie ses passages dans les festoù-noz et créé même quelques nouvelles chansons à danser. Il vit aussi le renouveau culturel des années 1970, avec la multiplication de ces fêtes pour lesquelles il joue du kan-ha-diskan avec ses compères de l'époque, comme Guillaume Jégou[9]. Dès le début des années 1980, en parallèle de sa carrière de chanteur, il anime des stages pour transmettre son savoir à un large public[4]. C'est donc naturellement, s'inscrivant dans la lignée de ces ancêtres en recréant ainsi un lieu social, que sa démarche de chanteur et de conteur trouve sa juste place. Il anime des stages à La Chapelle-Neuve (tous les ans, environ 30 stages pour Mod All)[10], à Paris, au Québec, au Danemark[11]... Il a enseigné aux générations suivantes : Ifig Flatrès, Annie Ebrel[12], Denez Prigent, Marthe Vassallo, Nolùen Le Buhé, Ronan Guéblez, Claudine Le Flohic... Mais pour Yann-Fañch Kemener ou Erik Marchand, il considère qu'ils ont appris autant qu'il a appris[13]. À partir de 1979, Yann-Fañch Kemener a été son nouveau partenaire de fest-noz, jusqu'en studio d'enregistrement, en 1984[14]. Il est administrateur de Radio Kreiz-Breizh depuis sa création en 1983[9].
En 2004, Marcel Le Guilloux enregistre Un Dewezh 'ba Kerc'h Morvan chez Coop Breizh. Cet enregistrement de 15 morceaux est le reflet d'une des nombreuses facettes de ce répertoire. Il montre, pour celui qui est à même d'en saisir l'essence, combien cette langue est subtile et riche en métaphores et en images. Les chanteurs qui l'accompagnent sur ce disque (Annie Ebrel, Erik Marchand, Yann-Fañch Kemener) sont pour lui des compagnons de route avec qui, au fil des années, il aura partagé des grands moments d'intimités. Avec Yann-Fañch Kemener il est allé en Suisse, avec Annie Ebrel au Danemark, en Allemagne, avec Erik Marchand au pays de Galles, en Cornouailles anglaise, en Yougoslavie, au Québec[3]... Il partage donc la scène avec les élèves qu'il a formés depuis 1984. Il est pour une ouverture dans le respect de la tradition.
Le , une grande fête est organisée à l'occasion de ses 80 ans[11]. Chaque année, il participe au concours plin du Danouët à Bourbriac depuis les premières éditions à la fin des années 1970[9]. Il accompagne le bagad Boulvriag sur scène, lors de fest-noz, spectacles ou concours[15].
En 2019, Dastum et les Presses universitaires de Rennes publient un ouvrage (avec CD) qui lui est consacré dans la collection Patrimoine oral de Bretagne : Marcel Le Guilloux. Chanteur, conteur, paysan du Centre-Bretagne[16].
En mai 2022, il quitte Lanrivain pour rejoindre l’Ehpad Ti Kerjean à Saint-Nicolas-du-Pélem, où il décède le 11 juin 2024 à l'âge de 93 ans[17].
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