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chanteur et ethnomusicologue breton De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Yann-Fañch Kemener, nom de scène de Jean-François Quémener, est un chanteur traditionnel breton et un ethnomusicologue du répertoire breton, né le à Saint-Brieuc et mort le à Tréméven dans le Finistère[1].
Naissance | |
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Décès | |
Sépulture |
Cimetière de Sainte-Tréphine (d) |
Nom de naissance |
Jean-François Louis Quémener |
Nationalité | |
Activités |
Genres artistiques | |
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Site web | |
Distinctions |
Acteur du renouveau du kan ha diskan (chant et contre-chant) dans les années 1970 et 1980, notamment avec Erik Marchand, il a contribué à la pérennisation de la transmission de chants traditionnels par son activité de chanteur traditionnel mais aussi dans ses activités de collecte de la tradition orale locale et de transmission de la langue bretonne. Il est au départ influencé par les enregistrements de gwerzioù de Marie-Josèphe Bertrand (dite Mme Bertrand), réalisés par Claudine Mazéas, pour ensuite développer son style.
Ses collaborations diverses (au sein du groupe Barzaz mais aussi avec Dan Ar Braz, Didier Squiban, Alain Genty, Aldo Ripoche, Anne Auffret, Marcel Guilloux…) et son timbre de voix singulier ont fait de lui une figure emblématique du chant breton.
Il a réalisé de nombreux disques et a chanté dans de nombreux festoù-noz. Il est décoré de l'Ordre de l'Hermine et de l'ordre des Arts et des Lettres.
Yann-Fañch Kemener naît le , issu d'une famille « très pauvre »[2],[3] de Sainte-Tréphine en Haute-Cornouaille. Il naît à Saint-Brieuc, où sa mère s'est déplacée quelques jours afin d'accoucher. Son père est fermier non-propriétaire et sa mère, qui a la maison[4], est lessiveuse[3]. Un frère et une sœur décèdent alors qu'il est petit[4].
Sa famille du côté maternel (famille Joa[4]) est réputée bons chanteurs, sa mère étant chanteuse et danseuse[2]. Sainte-Tréphine est en pays Fañch Plinn aux fortes influences vannetaises. Son père, est du pays Fisel, de Kerstol en Glomel[4]. Le breton est sa langue maternelle : son père ne parle presque pas français, sa mère lui inculque les rimes et les notes de la langue, l'omniprésence du chant dans la vie de ses arrière-grand-mères du côté de sa mère l'inspirent et le font avancer[4].
Les premiers chanteurs qu'il se souvient d'entendre entre trois et cinq ans sont Eugène Grenel et Albert Boloré du groupe Tro Blavez[4].
À quatre ans il « fait » son premier fest-noz[5], chante pour ses proches[4] et il se produit sur scène dès l'âge de 13 ans[6]. Adolescent, Albert Boloré le prend sous son aile, lui apprenant d'autres chansons et l'emmenant dans les fest-noz[4]. Pour Yann-Fañch Kemener, Albert Boloré est à la fois un second père et un mentor, qui l'a fait chanteur[4]. Son premier cachet en tant que chanteur est un paquet de café[3].
Pour étoffer son répertoire, il suit les conseils de Albert Boloré et se rend samedis et dimanches chez Jean-Marie Youdec, de Plounévez-Quintin et Jean Poder, de Plouguernével[4]. Ce dernier lui apprend des chansons de table et des gwerzioù et le fait se produire en fest-noz avec des chants qui lui sont inconnus[4]. Il apprend aussi de Marie-Josèphe Bertrand[7], de Canihuel, qu'il n'a pas rencontrée mais grâce aux collectages de Claudine Mazéas, une influence qui l'a très fortement marqué[8]. Erik Marchand est parfois son compagnon de chant[4].
Yann-Fañch Kemener se lance rapidement dans le collectage, en couchant sur le papier des chants appris, puis en achetant un enregistreur à cassettes[4]. On lui conseille de faire un métier plutôt que chanter en breton : il devient menuisier, un métier qu'il ne pratiquera pas[4].
En 1976, il remporte le premier prix du Kan ar Bobl[4] et rencontre la famille Mazéas, et notamment Claudine Mazéas, qui lui fait découvrir Luzel et La Villemarqué et tous les collectages anciens en breton[4]. Claudine Mazéas lui présente alors Ariane Ségal, qui a déjà enregistré des disques en breton[4].
Il enregistre, en 1977, son premier album Chants profonds de Bretagne, incluant la Gwerz Skolvan (Ballade de Skolvan), Iwan Gamus (Yves Camus) et Ar Basion Vras (La Grande Passion), des chants qui le marquent particulièrement [4]. Il s'agit du premier enregistrement de gwerzioù sur un album qui ne soit pas destiné au collectage[4], à une époque où le folk-rock est à la mode et Alan Stivell fait recette[4].
Il fait son coming-out au début des années 1980 ; son homosexualité n'était pas souvent évoquée[3] mais il ne l'a jamais cachée[9]. Son interview par Yves Châtellier dans le magazine Le Gai pied en 1982[10] lui vaut de faire face à un scandale en Bretagne et d'être interdit pendant sept ans de participer au Festival interceltique de Lorient[3],[9]. Pour Hélène Hazera, Yann-Fañch Kemener a eu une place importante dans l'acceptation des gays dans la Culture bretonne[3] tout en apportant « une certaine profondeur et de l’empathie à son art »[9].
En 1982, l'académie Charles-Cros le récompense en lui donnant le grand prix du Patrimoine pour Chants profonds de Bretagne Vol. 2[5].
En 1988, il fonde le groupe Barzaz avec Gilles Le Bigot (guitares), Jean-Michel Veillon (flûtes), Alain Genty (basses) et David Hopkins (percussions) à une époque où la musique bretonne est moins en vogue[4]. Après le groupe Gwerz fondé en 1981 par le chanteur Erik Marchand, l'idée est d'allier chant et musique, plutôt que de faire des musiciens de simples accompagnants[4]. Cela amène Yann-Fañch Kemener, qui avait appris chanter de façon traditionnelle, c'est-à-dire en gamme non tempérée, à retravailler son chant pour travailler avec des instrumentistes jouant en gamme tempérée[4]. Devenu un des groupes important de musique bretonne, Barzaz joue avec les éléments, entre la pureté de la voix, les silences, les bruitages et les cloches d'Hopi Hopkins, donnant l'impression que le vent ou la pluie participent à leur musique.
Il multiplie ensuite les expériences et les spectacles (avec Kristen Noguès, Jean-Louis Le Vallégant, Anne Auffret). En 1991, il enregistre l'album Kerzh'Ba'n Dañs' avec le groupe Skolvan. De la « gwerz de chambre » il passe à la « gwerz de Zénith » avec la grande formation de l'Héritage des Celtes, qu'il rejoint à l'initiative de Dan Ar Braz qui lui fait alors rencontrer Didier Squiban[4]. Une fois l'Héritage des Celtes terminé, Didier Squiban et Yann-Fañch Kemener entregistrent Enez Eusa[4], suivi de trois autres albums.
Au début des années 2000, il se lance dans un nouveau duo avec le violoncelliste Aldo Ripoche, duo qui sera rejoint par de très nombreux invités au fil des albums[4]. Dans un spectacle théâtro-musical, il rend hommage, seul sur scène, au poète breton Armand Robin, avec une mise en scène de Madeleine Louarn. En 2002, il se produit lors des nuits celtiques, notamment au Stade de France[11]. Il interprète Enez Eusa devant 40 000 personnes, dont le très grand silence lors de son interprétation le marque[4].
Il est décoré le de l'ordre de l'Hermine[12].
En 2010, il enseigne le breton aux adultes élèves de Stumdi dans le cadre des stages prévus dans sa formation avec le centre brestois Afpa. Il devient le parrain des promotions 2010 et 2011[13]. Ancien étudiant au Diplôme d’Études Celtiques (D.E.C.), à Rennes 2, il y enseigne ensuite, lors de sa réouverture, de 2012 à 2018[14].
Avec trois musiciens, il effectue un travail sur le thème des saisons, Bientôt l'été (Tuchant e erruo an hañv) en 2008 et Toujours l'hiver (Gouanv bepred) en 2012 : « une rencontre, une réflexion entre la musique baroque, dite savante, et la musique populaire d'expression bretonne »[15]. En 2013, pour les 25 ans du groupe, Barzaz se reforme avec la sortie d’un album triptyque (comprenant la réédition des deux premiers albums) et une tournée[16]. En 2015, il reçoit la médaille de chevalier de l'ordre des Arts et des Lettres[17].
En 2016, il forme son trio avec Erwann Tobie et Heikki Bourgault, avec un répertoire principalement à danser. En , le trio propose le spectacle Ar en deulin d’après l’œuvre de Yann Ber Kalloc’h[18]. En , il écrit le message en breton contenu dans le témoin transmis par les participants de la Redadeg[19], dont la vidéo de sa lecture est diffusée à l'arrivée de la course sur un écran géant[20].
Du fait de la maladie, il indique sur son site Web en mettre en pause ses activités. La maladie l'affecte psychologiquement du fait qu'il ne puisse plus se produire sur scène[4].
En , en parallèle de son combat contre un cancer du pancréas[2], il sort un double album de poésies, Roudennoù / Traces[21],[22]. En raison de sa maladie, il ne participe pas à la rentrée 2019 du diplôme d'études celtiques de Rennes 2 ; les étudiants des D.E.C. et D.S.E.C. prennent alors pour nom de promotion « Jeanne Malivel - Yann-Fañch Kemener »[14].
Il meurt le à son domicile de Trémeven (Finistère)[2],[23]. Son enterrement a lieu le à Sainte-Tréphine devant plus de 1500 personnes[24]. Pascal Jaouen, brodeur et ami de longue date du chanteur, lui dédie sa collection 2019, en nommant chaque pièce d'un nom lié à la vie de l'artiste[25].
CD 2
Yann-Fañch Kemener - Erik Marchand (Suite Fisel)
Valentine Colleter - Yann-Fañch Kemener (Suite de Gavotte)
Yann-Fañch Kemener - Marcel Guilloux - Claudine Floc'Hig (Suite Plinn)
Yann-Fañch Kemener - Ifig Troadeg (Suite Gavotte)
Yann-Fañch Kemener - Annie Ebrel (Suite Plinn)
Yann-Fañch Kemener - Patrick Marie (Suite Gavotte)
CD n°2
CD n°2
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