Lugdunum Convenarum
De Wikipédia, l'encyclopédie libre
De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Lugdunum Convenarum, littéralement « colline du dieu Lug des Convènes » est le nom habituellement donné aujourd'hui à une importante cité urbaine antique aquitano-romaine du sud-ouest de la Gaule romaine, correspondant à l'actuel village de Saint-Bertrand-de-Comminges.
Lugdunum Convenarum | ||
Saint-Bertrand-de-Comminges : les ruines antiques (thermes du forum) et la cathédrale médiévale | ||
Localisation | ||
---|---|---|
Pays | France | |
Coordonnées | 43° 01′ 50″ nord, 0° 34′ 25″ est | |
Géolocalisation sur la carte : France
| ||
Histoire | ||
Époque | Ier siècle av. J.-C. - Ve siècle | |
modifier |
En 72 av. J.-C., Pompée revient d'Espagne pour aider Metellus à combattre un autre ancien général romain, Sertorius, félon qui voulait prendre son indépendance. Sertorius meurt assassiné par un de ses lieutenants, M. Perperna (ou Perpenna) Vento. Pour fixer ses troupes devenues inutiles, Pompée aurait fondé à Lugdunum Convenarum, (Saint-Bertrand-de-Comminges) un fort sur cet oppidum naturel. Cependant, plus récemment, les archéologues [1] considèrent que la ville aurait été fondée plus tard, à l'époque augustéenne. La ville devait devenir un foyer de romanisation de toute cette région (Montmaurin, Valcabrère, Valentine, Thermes de Luchon et du val d'Aran...) et contribuer à y fixer les populations aquitano-romaines.
Le centre de la ville romaine de Lugdunum s'est fixé à un carrefour de routes où se tenait un marché important. Le monument à enceinte circulaire fut édifié dans les années 10 ap. J.-C. à l'emplacement de ce carrefour primitif. La ville elle-même est mentionnée sur plusieurs itinéraires antiques, l'itinéraire d'Antonin et la table de Peutinger[2].
Autour de ce centre symbolique furent construits en l'espace de deux générations une ville dotée de ses principaux monuments publics : temple au culte de l'empereur, thermes publics (thermes du forum et thermes du nord), marché (macellum), théâtre ; puis dans les siècles suivants et vers la périphérie : amphithéâtre, camp militaire, port au bord de la Garonne, etc.
L'empereur romain Caligula destitue l’ethnarque Hérode Antipas et l’exile, suivi de son épouse Hérodiade à Lugdunum Convenarum en 39[3].
La tradition veut que, dans sa plus grande extension, la ville ait couvert toute la superficie de la vallée et ait été plus étendue que Lutèce à la même époque. Un dicton latin précise « qu'un chat aurait pu aller de toiture en toiture depuis Lugdunum jusqu'à Valentine », soit 12 km. Cette ville rassemblait 10 000 habitants au moment où, d'après Pomponius Mela[réf. souhaitée], Toulouse, principale ville de la région, en comptait 20 000.
Au Ve siècle, malgré l'édification du rempart qui fortifiait la ville haute, la vie persistait dans la plaine autour de centres nouveaux comme la basilique chrétienne. Mais de nombreux édifices furent pillés pour leurs pierres et leur décoration de marbre, réutilisées ailleurs (comme pour la basilique Saint-Just de Valcabrère) ou transformées en chaux. En outre, il faut imaginer la permanence d'une occupation humaine qui retrouva un nouvel éclat à la fin du XIIe siècle avec l'édification de la cathédrale fondée par saint Bertrand : la cité devient alors Saint-Bertrand-de-Comminges.
Lug est un dieu celte, dont le nom semble apparenté au mot latin lux, "lumière". Le suffixe -dunum est un élément celte signifiant "colline", présent dans de nombreux toponymes en France (Augustodunum, "colline d'Auguste" : Autun, par exemple).
La ville est donc connue dès le Ier siècle, chez les géographes grecs, Strabon, puis Ptolémée, comme Λουγδουνον, la ville des Κονουενοι, (les Convènes). Puisque Hérode Antipas y aurait été exilé, le nom de la ville est cité seul dans les chroniques de l'historien Flavius Josèphe qui, en revanche, ne cite jamais les Convènes. Il en est de même, au IIIe siècle, dans l'Itinéraire d'Antonin (Itinerarium Provinciarum Antonini Augusti).
Au IVe siècle, saint Jérôme n'utilise plus le nom de Lugdunum, mais parle de la ville de Convenae, où les Convènes se rassemblèrent, in unum oppidum congregavit, et où ils prirent leur nom, unde et nomen Convenarum accepit. À partir de cette date et durant tout le Moyen Âge, c'est le nom de Convenae qui est utilisé par Sidoine Apollinaire et Grégoire de Tours.
Les Convènes, ou "peuples rassemblés", con-venit en latin, seraient en effet, le nom donné aux populations qui se seraient trouvées dans cette partie du piémont pyrénéen, qui correspond à peu près au plateau de Lannemezan. En fait, ce nom est donné surtout par opposition avec les Volques Tectosages de Toulouse, aux Auscii d'Auch, et autres Celtibères.
Le nom Convenae et ses différentes variantes, apparaissant notamment dans les écrits de ses évêques, a évolué en Commenae, puis en Comminges.
L'association de la dénomination antique Lugdunum et de celle médiévale de Convenae, serait une création plus moderne, destinée surtout à la différencier de Lugdunum-Lyon, à partir du XIXe siècle. Une traduction épigraphique approximative en 1866 aurait en particulier accrédité cette construction.
La ville aquitano-romaine se révèle à partir de 1913 grâce aux premières investigations archéologiques. Pendant plus d'un demi-siècle, des campagnes de fouilles mettent au jour un temple, un forum, un trophée, un marché, des thermes romains, des habitations privées et une église à plan basilical permettant la reconstitution progressive de l'histoire du site, des origines à la fin du VIe siècle.
Arrêtée en 1970, la recherche archéologique reprend intensément à partir de 1985[4].
Depuis 2015, le site est le lieu d'un chantier-école archéologique de l'Université de Lille 3, sous la direction de William Van Andringa, grâce au programme « Mourir à Lugdunum/Saint-Bertrand-de-Comminges ». Ce programme d'étude porte sur l'étude des ensembles funéraires établis dans la périphérie urbaine de Lugdunum. Il s'intéresse à la fois aux pratiques funéraires (modes inhumatoires, objets du rite, architecture, rituels et gestes), et à l'évolution de l'organisation spatiale des nécropoles de la ville au fil de son développement urbain[5]. Les fouilles de l'année 2016 se sont intéressées au lieu-dit « Herranne », où un mausolée romain avait déjà été découvert au XIXe siècle. Une vaste esplanade funéraire a été mise au jour autour de ce mausolée, mitoyenne d'un établissement agricole[5].
Le site archéologique de Saint-Bertrand-de-Comminges est surtout connu pour son trophée augustéen découvert en 1926. Il était composé de sculptures de marbre en ronde-bosse représentant des trophées d’armes, d’allégories et de captifs. Ce trophée se composait de trois groupes : un trophée naval et deux trophées terrestres. Il fut élevé à la fin du Ier siècle av. J.-C., après les victoires d'Auguste en Gaule du Sud et en Espagne. Seuls 134 fragments ont été découverts mais ce trophée demeure parmi les plus complets connu à ce jour[6].
Seamless Wikipedia browsing. On steroids.
Every time you click a link to Wikipedia, Wiktionary or Wikiquote in your browser's search results, it will show the modern Wikiwand interface.
Wikiwand extension is a five stars, simple, with minimum permission required to keep your browsing private, safe and transparent.