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institutrice et résistante des deux guerres mondiales De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Louise Thuliez, née le à Preux-au-Bois et morte le à Paris, institutrice et licenciée en lettres, est une résistante durant les deux guerres mondiales.
Naissance |
Preux-au-Bois (Nord) |
---|---|
Décès |
(à 84 ans) 14e arrondissement de Paris |
Nationalité | France |
Pays de résidence | France |
Diplôme |
institutrice et licenciée en lettres |
Autres activités | |
Distinctions |
Prix Montyon (1935) |
Pendant la Première Guerre mondiale, avec d'autres complices, notamment Henriette Moriamé, elle participe à l'exfiltration de nombreux soldats britanniques pour qu'ils puissent rejoindre l'armée française. Arrêtée par les Allemands le , Louise Thuliez est condamnée à mort puis aux travaux forcés à perpétuité. Elle passe trois ans de détention à la prison de Siegburg dans des conditions épouvantables.
En 1940, elle organise à Clermont-Ferrand un réseau de passage vers l'Angleterre. Son activité s'étend aux maquis du Puy-de-Dôme et de la Haute-Savoie.
Louise Thuliez naît à Preux-au-Bois le [1]. Ses parents sont Charles Thuliez (1857-1913), instituteur et Ursule Renaud (1859-1894) ; elle a une sœur plus jeune[2]. Elle passe son enfance à Maubeuge.
Elle devient enseignante, dans une école privée de la rue Pigalle à Tourcoing, puis à l’École normale de Lille et à l’école Notre-Dame de Tourcoing[réf. nécessaire].
En 1914, elle est institutrice à Lille et se trouve en vacances à Saint-Waast-la-Vallée lorsqu'elle elle voit passer des soldats qui battent en retraite après la défaite de Charleroi. Le soir même du , elle s'occupe, avec Henriette Moriamé, de mettre à l'abri six soldats anglais blessés[3]. Elle obtient l'autorisation du maire de forcer l'entrée de la boulangerie désertée pour faire du pain, pour les soldats[4].
Après les avoir emmenés d'une cache à l'autre, elle essaie de leur faire gagner les Pays-Bas. Louise Thuliez finit par organiser une filière d’évasion pour les soldats alliés cachés dans le département. Elle leur fait passer la frontière via la forêt de Mormal et la Belgique. Le réseau prend de l'ampleur, fait passer aussi des hommes qui veulent rejoindre l'armée française[3].
À partir de 1915, elle est en contact avec l'infirmière britannique Edith Cavell et conduit régulièrement des soldats à sa clinique à Bruxelles. Edith Cavell prend alors le relais. Ces voyages à Bruxelles se font de nuit, en longeant les haies pour pouvoir s'y cacher si nécessaire[4].
C'est en qu'elle rencontre l'architecte Philippe Baucq, l'un des propagandistes du « Mot du soldat » (organisme de liaison entre les soldats au front et les familles isolées en pays occupé), qui lui permet de donner des nouvelles de leurs fils à des familles de Maroilles, Englefontaine et d'autres villages où elle se rendait[réf. nécessaire].
Durant le premier semestre 1915, elle fait passer la frontière à plus de 170 militaires ou mobilisables avec l'aide d'Herman Capiau (1884-1957), du réseau Edith Cavell (fusillée le ), ingénieur des mines, habitant Wasmes (dans le Borinage)[réf. nécessaire].
Le nombre d'hommes devant passer la frontière devenant de plus en plus important, les voyages à Bruxelles se multiplient. Cela se révèle vite être très compliqué et dangereux car ces hommes sont parfois imprudents, c'est donc sous les noms de guerre de « Jeanne Martin », « Marie Mouton » ou encore « Madame Lejeune » qu'elle voyage. C'est sous ce nom qu'elle est arrêtée le à Bruxelles dans l'appartement de Philippe Baucq et internée à la prison de Saint-Gilles. Lors de la perquisition de l'appartement, des papiers compromettants sont trouvés, ce qui entraîne une cascade d'arrestations dont celles d'Edith Cavell, Georges Hostelet, Louise de Bettignies et Marie de Croÿ. 34 personnes comparaissent devant la Cour militaire en [5],[4].
Louise Thuliez, Philippe Baucq, Edith Cavell, Louis Séverin et Louise de Bettignies sont condamnés à mort le . Les autres accusés sont condamnés à des peines de travaux forcés, seuls huit sont acquittés. Philippe Baucq et Edith Cavell sont fusillés le au Tir national, à Schaerbeek. Cette exécution crée une vive émotion et des protestations à travers le monde. Grâce aux interventions du pape Benoît XV, du roi d'Espagne Alphonse XIII et du président des États-Unis Woodrow Wilson, les trois autres condamnés à mort voient leur peine commuée en travaux forcés à perpétuité[5].
Louise Thuliez est transférée à Cambrai le , où elle comparaît devant le conseil de guerre de la ville et où elle est jugée pour les crimes commis du côté français. Elle est jugée coupable mais la grâce de l'empereur s'applique aussi à cette condamnation[4]. Elle regagne la prison de Saint-Gilles le et est déportée en Allemagne le . Internée à Siegburg près de Bonn, elle proteste contre la fabrication des grenades par les prisonniers[3].
La prison de Siegburg est libérée le . Louise Thuliez arrive, avec Jeanne de Belleville à Louvain deux jours plus tard et regagne Saint-Waast-la-Vallée[5]. Elle intervient auprès de Georges Clemenceau pour demander une décoration pour ses compagnes de lutte. Il accède à sa demande et, de plus, lui attribue, à elle, la Croix de guerre avec palme et la Légion d'honneur. En 1919, elle crée une Association des prisonniers politiques français pour venir en aide aux nombreux rescapés des prisons allemandes qui rencontrent des difficultés[5].
Louise Thuliez reprend des études et passe une licence de science. En 1924, elle prend la direction d'une institution de jeunes filles à Saint-Maurice (Val-de-Marne)[5].
Bien qu'appartenant à un milieu catholique conservateur, Louise Thuliez s'engage en faveur du droit de vote des femmes au sein de l'Union française pour le suffrage des femmes et participe à des réunions dans toute la France[5].
Elle publie ses souvenirs en 1933 sous le titre Condamnée à mort, préfacés par le général Weygand.
En , au début de la Seconde Guerre mondiale, elle crée les « Foyers du soldat » et dès 1940, rejoint une nouvelle fois la résistance en faisant passer en Afrique du Nord et en Angleterre plusieurs milliers de soldats français et alliés. Elle ravitaille aussi en médicaments le maquis des Glières et aide les maquis du Puy-de-Dôme et de la Savoie[5].
Louise Thuliez meurt le à Paris et est enterrée à Saint-Waast-la-Vallée, où ses funérailles sont célébrées le .
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