Loading AI tools
film de 1969 De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La Fiancée du pirate est un film français réalisé par Nelly Kaplan et sorti en 1969.
Réalisation | Nelly Kaplan |
---|---|
Scénario | Nelly Kaplan et Claude Makovski |
Acteurs principaux | |
Sociétés de production | Cythère Films |
Pays de production | France |
Genre | comédie dramatique, satire |
Durée | 108 minutes |
Sortie | 1969 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.
L'histoire est celle de la vengeance de Marie, une pauvresse orpheline, contre l'hypocrisie et la médiocrité du village de Tellier, une localité lugubre, plongée dans les brumes et la boue de l'hiver. Le film dénonce dans une veine plus surréaliste que sociale, teintée d'humour noir, la bêtise, la méchanceté et la tartuferie des bien-pensants. Selon les propres termes de Nelly Kaplan,
« [c'est] l'histoire d'une sorcière des temps modernes qui n'est pas brûlée par les inquisiteurs, car c'est elle qui les brûle. »
D'après les médiocres notables du village, quand Marie et sa mère sont arrivées à Tellier, nomades et sans papiers, elles y ont été généreusement accueillies et adoptées. En fait, ceux-ci les exploitent pour les travaux les plus pénibles, allant jusqu'à exercer sur elles un droit de cuissage, y compris la riche fermière lesbienne Irène.
Un jour, la mère de Marie se fait « écrabouiller » par un chauffard. Après avoir porté la morte dans la cabane misérable où elle vivait avec sa fille, l'adjoint M. Le Duc, le pharmacien M. Paul, le garde-champêtre Duvalier, discutent sur son cadavre encore chaud, pour conclure qu'ils déclareront le décès comme « mort naturelle ». Aucun d'eux ne veut d'une enquête de la gendarmerie, qui risquerait de révéler les conditions inhumaines dans lesquelles tout Tellier maintenait les deux femmes. C'en est trop pour Marie, qui pour la première fois se rebelle.
Face au harcèlement des mâles du village et au meurtre de son bouc noir, elle décide de se venger. Dorénavant, elle se prostitue pour 30 francs la passe. Incapables de résister à ses charmes, victimes du chantage de Marie, qui menace de tout révéler à leurs épouses s'ils ne crachent pas au bassinet, les villageois sont contraints de payer… Et elle les humilie en accordant gratuitement ses faveurs au projectionniste ambulant André, ou à l'ouvrier agricole espagnol Jesus, alors qu'elle se refuse à Gaston Duvalier qui lui propose le mariage. Tenant la dragée haute à ceux qui l'avaient opprimée, Marie amasse à leurs dépens une petite fortune, pour s'offrir des objets modernes et frivoles, qui ne lui servent à rien sinon à narguer le village.
Ultime vengeance, elle finit par diffuser en pleine messe les confidences et médisances qu'elle a recueillies sur l'oreiller grâce à un magnétophone : l'hypocrisie et la mesquinerie des respectables paroissiens, et même celles du curé, apparaissent enfin au grand jour. Fous furieux, ils se ruent vers la cabane de Marie, mais arrivent trop tard : elle l'a incendiée avant de s'enfuir. Ils ne peuvent plus que saccager aveuglément son bric-à-brac, payé par leur argent.
Sans bagage et les pieds nus, Marie prend la route de la liberté sur fond de campagne printanière.
« J'ai senti mon film comme un hommage au cinéma, et j'ai voulu que celui-ci joue un rôle capital dans l'histoire. La vision de La Comtesse aux pieds nus aide Marie à se libérer, et le cinéma lui fait découvrir que l'univers ne se limite pas à ce coin de campagne perdu, qu'il existe quelque chose ailleurs. »
— Nelly Kaplan, Les Nouvelles littéraires, 1969[3]
Par sympathie pour Nelly Kaplan, le réalisateur Louis Malle fait une courte apparition dans le rôle d'un ouvrier agricole.
« Tellier », village où est censé se dérouler l'action, n'existe pas : en réalité, le film a été tourné à Hérouville-en-Vexin (Val-d'Oise), en partie dans le château appartenant à Michel Magne. Le nom de Tellier est une allusion à La Maison Tellier, nouvelle de Guy de Maupassant.
Écriture du scénario, post-production, production et tournage, le budget total du film fut de 450 000 francs (soit un peu moins de 70 000 euros). Il se composait d'une avance sur recettes de 400 000 francs et d'un emprunt de 50 000 francs. Aucun distributeur n'en avait voulu, et aucun producteur ne s'était risqué à s'associer au projet. Le film fut finalement distribué par Universal, compagnie américaine.
La moralité du film est complexe et multiple : libertine et libertaire en même temps, politique en filigrane, lorsqu'on y aperçoit par exemple, placardée sur la porte de la cabane de Marie, une affiche revendiquant la contraception expliquée à tous, ou bien lorsque Marie encourage le valet Julien à ne plus se laisser faire par Irène, la fermière pingre et brutale qui l'exploite et le paye à coups de trique ; elle est aussi poétique : tout le bric-à-brac coloré que Marie entasse au fur et à mesure qu'elle gagne de l'argent ne lui sert strictement à rien. Il n'y a ni électricité ni confort dans sa cabane, et les ampoules, casque séchoir-à-cheveux, machine à coudre, téléphone et tutti quanti, arrangés par Marie, complétés de collages et dessins qui tiennent du cadavre exquis, finissent par former de magnifiques sculptures d'art brut[7].
Seamless Wikipedia browsing. On steroids.
Every time you click a link to Wikipedia, Wiktionary or Wikiquote in your browser's search results, it will show the modern Wikiwand interface.
Wikiwand extension is a five stars, simple, with minimum permission required to keep your browsing private, safe and transparent.