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géochimiste, homme politique et personnalité climatosceptique française De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Claude Allègre, né le à Paris, est un géochimiste et un homme politique français. Ses travaux scientifiques et sa carrière de chercheur ont notamment été récompensés par le prix Crafoord en 1986 et la médaille d'or du CNRS en 1994. Il est membre de l'Académie des sciences. Il a publié de nombreux ouvrages de vulgarisation scientifique et pris des positions publiques sur les thèmes de l'université française et de la recherche, notamment lorsqu'il fut ministre de l'Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie dans le gouvernement Lionel Jospin de 1997 à 2000.
Claude Allègre | |
Claude Allègre en 2009. | |
Fonctions | |
---|---|
Ministre de l’Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie | |
– (2 ans, 9 mois et 23 jours) |
|
Président | Jacques Chirac |
Premier ministre | Lionel Jospin |
Gouvernement | Jospin |
Prédécesseur | François Bayrou |
Successeur | Jack Lang (Éducation nationale) Roger-Gérard Schwartzenberg (Recherche) |
Conseiller régional de Languedoc-Roussillon | |
– (5 ans, 2 mois et 8 jours) |
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Élection | 22 mars 1992 |
Président | Jacques Blanc |
Groupe politique | Socialiste (président) |
Député européen | |
– (4 mois et 1 jour) |
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Élection | 15 juin 1989 |
Successeur | Michel Hervé |
Biographie | |
Nom de naissance | Claude Jean Allègre |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Paris |
Nationalité | française |
Parti politique | PS (1973-2008) |
Profession | géochimiste |
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Il s’est aussi distingué par ses prises de position controversées mettant en doute l'origine anthropique et l'importance du réchauffement planétaire, à l'encontre du consensus scientifique sur ces sujets depuis les années 1990, bien qu’il ait défendu la position inverse dans la décennie précédente.
Auparavant membre du Parti socialiste depuis trente ans, il se rallie à Nicolas Sarkozy, alors président de la République, en 2008.
La famille Allègre est originaire du village de Prades-le-Lez dans l'Hérault. Claude Allègre, aîné de quatre enfants, est le fils d'une institutrice puis directrice d'école[n 1], Lucette Hugonencq (1913-2009), et d'un professeur de sciences naturelles, Roger Allègre[1]. À l'adolescence, il se lie avec Lionel Jospin, au côté duquel il réside à la résidence universitaire Jean-Zay d'Antony et dont il restera l'ami fidèle tout en exprimant sa sympathie pour Nicolas Sarkozy quelques décennies plus tard[2].
Après l'obtention de la licence en 1960, Claude Allègre prépare le diplôme d'études supérieures sous la direction de Louis Barrabé, professeur titulaire de la chaire de géologie structurale et géologie appliquée de la faculté des sciences de Paris, qui meurt en février 1961. Nommé assistant de chimie à la faculté des sciences de Reims (puis de Paris), c'est sous la direction du successeur de Louis Barrabé, Pierre Routhier, que Claude Allègre prépare, au sein du laboratoire de géologie appliquée de la faculté des sciences de Paris, sa thèse pour le doctorat ès sciences physiques qu'il soutient en 1967[3]. Il fonde alors, dans les locaux d’une usine de Saint-Maur-des-Fossés, un groupe d’études de géologie isotopique, baptisé « groupe Louis Barrabé », qui est, un an plus tard, rattaché à l'institut de physique du globe de Paris (IPGP) sous le nom de laboratoire de géochimie et cosmochimie, avant d'emménager dans le nouveau campus de Jussieu. Claude Allègre est nommé professeur titulaire à l'université Paris VII en 1970 et devient directeur de l'IPGP.
En 1976, après être devenu directeur de l'IPGP, il préconise, lors du réveil du volcan la Soufrière en Guadeloupe, le maintien de l'évacuation d'urgence de la population décidée par le préfet par crainte d'une éruption avec nuées ardentes. Cette affaire provoque une polémique durable avec le volcanologue Haroun Tazieff qui avait diagnostiqué une éruption phréatique[4]. Une violente polémique oppose Haroun Tazieff à Michel Feuillard, directeur de l'observatoire volcanologique de la Guadeloupe, et à Claude Allègre, alors supérieur hiérarchique de ce dernier à l'IPGP, mais sans expérience volcanologique propre[n 2]. Feuillard et Allègre se fondent sur des analyses de diffraction de rayons X, et démontrent la présence de verre au sein des éjectats recueillis après les explosions sommitales. Ce verre est alors interprété comme indice alarmant de la présence de magma juvénile. Ils conseillent l'évacuation de 70 000 habitants proches, tandis que Tazieff, de retour d'un déplacement en Équateur, et se fondant sur son expérience de terrain après une visite sur le site, affirme qu'il ne s'agit que d'une simple éruption phréatique, par rupture d'aquifères surchauffées ; selon lui, aucun magma « frais » n'est monté au sein du volcan, et il pense que cette fois, la crise va se calmer, sans aucun risque de nuées ardentes. Des mots peu aimables sont échangés, mais dans le doute, et sur les conseils du professeur Brousse[5], les pouvoirs publics préfèrent évacuer les habitants. Finalement, quelques années plus tard, des analyses plus poussées montreront la présence effectivement de verre, mais d'un verre non magmatique, produit par l'altération hydrothermale sous pression des roches magmatiques en place, ce qui était en 1976, une phase encore inconnue ; l'interprétation en tant qu'indice d'une présence de magma juvénile à faible profondeur, est bien erronée. De fait, la Soufrière de Guadeloupe n'explose pas, « confirmant » l'expertise de Tazieff. Les seuls dégâts sur l'île ont été les importantes conséquences économiques de l'évacuation, à savoir la paupérisation totale de la région autour de Basse-Terre, avec le déplacement de la préfecture sur Pointe-à-Pitre[4],[6]. À la suite de cette polémique, Haroun Tazieff est tout de même limogé de son poste de responsable du service volcanologique de l'institut de physique du globe de Paris, sur proposition de Claude Allègre, décision condamnée par le tribunal administratif en 1981[7],[8].
Les travaux de l'équipe de chercheurs dirigée par Claude Allègre ont essentiellement porté sur des questions de géochimie à partir de l'étude des éléments trace et des isotopes. Ses contributions ont facilité par la suite la compréhension de la constitution de la croûte et du manteau terrestres et aussi de l'interaction entre ces deux couches de la Terre. Allègre et son équipe ont également conçu des modèles sophistiqués d'un certain nombre de processus géologiques comme le volcanisme, l'évolution de l'atmosphère terrestre et la formation des nébuleuses protoplanétaires. Parallèlement à l'Américain G. J. Wasserburg, ils ont développé un certain nombre de techniques de datation isotopique, et notamment la méthode de datation par le système samarium-néodyme.
Ces recherches lui ont permis d'obtenir en 1986, en compagnie de Wasserburg, le prix Crafoord dans cette discipline[9]. Claude Allègre a également reçu la médaille d'or du CNRS[10], plus haute distinction scientifique française, en 1994, et la médaille Wollaston en 1987. Il est membre de l'Académie des sciences française[11] et de la National Academy of Sciences, l'académie des sciences américaine. Il est également membre de l'IUF, qu'il a créé pendant son mandat de ministre.
Succédant à son homonyme (sans lien de parenté) Maurice Allègre, Claude Allègre est élu président du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) en 1992. Sa piètre gestion de l'affaire de la mine d'or de Yanacocha en 1994 (les plus grandes réserves d'or d'Amérique du Sud, dont le BRGM possédait 24,7 % d'actifs) et ses dépenses lui auraient coûté cette fonction en 1997[12].
Claude Allègre adhère au Parti socialiste en 1973[13]. Il anime le « groupe des experts » du PS dans les années 1980.
Conseiller spécial de Lionel Jospin au ministère de l'Éducation nationale de 1988 à 1992, il est notamment l'initiateur du plan « Université 2000 »[14]. Il propose une réforme profonde du système des classes préparatoires[15].
Lors des élections régionales de mars 1992, il fut tête de liste socialiste en Languedoc-Roussillon, espérant devenir président de ce conseil régional. Mais sa liste fut battue par celle de Jacques Blanc, qui devint le président[16]. Claude Allègre fut élu conseiller régional.
Claude Allègre est nommé, le 2 juin 1997, ministre de l'Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie dans le gouvernement Lionel Jospin.
Il entend réformer l'enseignement supérieur. Le 25 mai 1998, les quatre ministres chargés de l'enseignement supérieur d'Allemagne, de France, de Grande-Bretagne et d'Italie se retrouvent lors d'un colloque à la Sorbonne, à l'occasion de la célébration du 800e anniversaire de l'université de Paris, pour lancer un appel à la construction d'un espace européen de l'enseignement supérieur[17].
Lancé à l'initiative du ministre français de l'Éducation nationale, le processus a pour objectif de favoriser les échanges universitaires (étudiants, enseignants et chercheurs) et de faire converger les systèmes universitaires vers des niveaux de référence communs. L'initiative est progressivement reprise et développée par la plupart des gouvernements et des universités européens.
Toutefois, sa gestion et ses annonces à la télévision et à la radio suscitent une opposition croissante des syndicats enseignants (comme le SNES dont Monique Vuaillat est la secrétaire générale[18]). C'est dans ce contexte que le 24 juin 1997, il prononce la phrase devenue célèbre (« Il faut dégraisser le mammouth »), qui devient l'emblème du conflit avec les enseignants[19].
Selon L'Humanité, les chiffres qu'il annonce en septembre 1997 sur le taux d'absentéisme des enseignants (12 %) sont nettement supérieurs à la réalité (entre 5 et 8 %[20]). En plus de leurs revendications, les syndicats dénoncent de manière récurrente les paroles prononcées et le choix des termes[21]. Il déclare par exemple : « les enseignants ont quatre mois de vacances et, en plus, ils prennent leurs congés formation sur la scolarité[22] ». De plus, un certain nombre de ses décisions passent pour autoritaires[23].
Cela ne l'empêche pas de réformer la gestion du personnel enseignant et de réduire la rémunération des heures supplémentaires des professeurs[24]. En 1999, il commence la mise en place de la réforme LMD, en conformité avec le processus de Bologne décidé par l'Union européenne[25]. La même année, la loi sur l'innovation et la recherche, dite « loi Allègre », permet dorénavant aux universitaires et aux chercheurs de créer une entreprise de type startup et de déposer des brevets.
À l'encontre de l'idée que l'école doit préparer à tout et offrir une culture générale commune à tous, il défend la nécessité d'un rapprochement entre l'école et les entreprises en « décloisonnant les systèmes »[26]. À cet effet, il rencontre des chefs d'entreprise. Ces réformes suscitent, dès octobre 1998, des protestations et des manifestations lycéennes qui dureront quelques mois.
Il se retrouve par ailleurs isolé avec Pierre-Gilles de Gennes, en opposition à la majorité des physiciens français, lorsqu'il renonce à mettre en œuvre en France un projet de synchrotron de nouvelle génération[27],[28]. Il préfère une participation au Diamond Light Source (le synchrotron britannique) pour des raisons budgétaires. Roger-Gérard Schwartzenberg, son successeur au ministère de la Recherche, reviendra sur ce choix et lancera la construction du synchrotron Soleil.
Le conflit avec les enseignants conduit à des manifestations en mars 2000 qui contraignent finalement Lionel Jospin à demander à Claude Allègre le 25 mars 2000 de remettre sa démission[29]. Ce départ forcé intervient une semaine après la perte par le Parti socialiste de la deuxième circonscription de la Sarthe à l'issue d'une législative partielle provoquée par la démission du député socialiste Raymond Douyère[n 3], deuxième circonscription pourtant réputée imperdable par le Parti socialiste à l'époque. Jack Lang lui succède au ministère[30].
En plus de sa phrase « il faut dégraisser le mammouth » devenue l'emblème du conflit avec les enseignants en 1997, Claude Allègre provoque par ses propos un certain nombre de discussions lors de son passage au ministère de l'Éducation nationale. Des déclarations de 1999 lorsqu'il était ministre de l'Éducation (« Les maths sont en train de se dévaluer de manière quasi inéluctable. Désormais, il y a des machines pour faire les calculs »[31]) ainsi que des propos similaires publiés en 1995 dans son livre La Défaite de Platon[n 4] entraînent un vif émoi chez de nombreux enseignants et chercheurs français[32]. Il en va de même de sa phrase prononcée à La Rochelle le 30 août 1997 : « les Français doivent cesser de considérer l'anglais comme une langue étrangère[33] ».
L'hebdomadaire satirique Le Canard enchaîné crée une polémique à propos de la déclaration suivante d'Allègre, le 21 février 1999, dans l'émission Public de TF1[34] :
« Vous prenez un élève, vous lui demandez une chose simple en physique : vous prenez une boule de pétanque et une balle de tennis, vous les lâchez, laquelle arrive la première ? L'élève, il va vous dire la boule de pétanque. Eh bien non, elles arrivent ensemble, et c'est un problème fondamental, on a mis 2 000 ans pour le comprendre. Ça, c'est des bases, tout le monde doit savoir ça. »
Suivent une série d'articles du Canard enchaîné reprochant à Claude Allègre de confondre « chute dans le vide » et « chute dans l'air », avec des réponses de Claude Allègre, qui s'obstine, jusqu'à ce que l'hebdomadaire sollicite l'avis de Georges Charpak (prix Nobel de physique)[35]. Charpak donnant tort à Allègre, la polémique s'éteint. Ceci lui valut une moquerie appuyée de la part du Canard enchaîné dans son édition du 3 mars 1999 où les journalistes firent des expériences (virtuelles ?) avec des bouteilles d'eau minérale[34].
En 2011, Claude Allègre se préoccupe encore des questions d'éducation et propose ses remèdes pour « sortir l'école de la spirale de l'échec » : la décentralisation de l'administration des établissements scolaires et des enseignants, le rétablissement d'un examen d'entrée en sixième pour la lecture et le calcul, la professionnalisation de la formation des professeurs, la revalorisation de leur éthique, de leur évaluation et de leurs salaires[36].
Au sein du PS, après le retrait de Lionel Jospin, en 2002, il milite pour le retour de ce dernier à des responsabilités nationales. Au printemps 2006, il espère le voir se porter candidat et tente de s'opposer à la montée en puissance de Ségolène Royal pour la candidature aux élections présidentielles de 2007.[réf. nécessaire] Il soutient d'abord Dominique Strauss-Kahn pour l'élection primaire socialiste de novembre 2006, puis Jean-Pierre Chevènement quand Ségolène Royal est investie. Chevènement finit par se désister en faveur de cette dernière.
En septembre 2007, il publie un livre d'entretiens avec Dominique de Montvalon. La Défaite en chantant revient sur l'échec de la gauche aux élections présidentielle et législatives du printemps. Il s'en prend à Ségolène Royal, dont il juge les capacités insuffisantes pour la présidence de la République, à François Hollande (« Il a foutu un bordel noir ») et à Lionel Jospin qu'il épargnait jusque-là[37],[38].
Bien que militant depuis 1973 au PS, il décide de ne pas reprendre sa carte en janvier 2008. Nicolas Sarkozy, chez qui il avait été aperçu entre les deux tours de l'élection présidentielle[39], déclare en février 2008 qu'il aimerait bien travailler avec lui[40]. Le , Sarkozy, président en exercice du Conseil européen, lui confie le soin d'organiser les Assises européennes de l'innovation[41].
Le , Allègre annonce à l'AFP qu'il votera « sans états d'âme » et « sans hésitation » pour la liste UMP aux élections européennes du 7 juin[42].
Le , il annonce qu'il votera pour Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle française de 2012[43].
Le , Claude Allègre est victime d'une crise cardiaque lors d'une conférence scientifique à Santiago du Chili, ce qui l'oblige depuis à réduire ses activités[44].
Tout au long de son parcours, Claude Allègre s'est fait connaître pour ses opinions tranchées, en particulier au travers de ses controverses avec le volcanologue Haroun Tazieff[4], de son opposition au désamiantage du campus de Jussieu[48],[49], de sa volte-face climatosceptique[50],[51],[52] (cf. infra) et de sa volonté de réduire drastiquement les effectifs de l'Éducation nationale, annoncée par l'expression :
Son parcours politique et professionnel l'a amené à s'opposer de plus en plus aux points de vue écologistes et aux « lanceurs d'alerte »[55], à défendre l'énergie nucléaire[56], à passer de l'aile droite du PS à l'UMP[42] et à trouver légitime de se gratifier lui-même pour l'exercice de ses responsabilités : par exemple, en tant que président du Bureau de recherches géologiques et minières, Claude Allègre se serait fait payer des notes de frais fort élevées, bien que ses pouvoirs soient limités et qu'avec son directeur général Jean-Pierre Hugon, il ait laissé échoir en 1994 le droit de préemption de la France sur les 24,7 % d'actifs possédés par le BRGM dans la mine de Yanacocha au Pérou, ce qui semble lui avoir valu de perdre sa fonction en 1997[12].
Selon le journal d'information en ligne Mediapart, depuis la fin des années 1980, Claude Allègre a petit à petit délaissé la recherche pour s'investir dans la politique[57]. Certains chercheurs lui ont reproché ses prises de position hors de son domaine de compétence[57],[58], tandis que d'autres chercheurs soulignent que :
« [Claude Allègre est] sorti du monde de la recherche depuis les années 1990 », que son « scepticisme » n'est fondé « sur aucun travail scientifique propre » et que « ses livres grand public lui évitent de se confronter à un examen par ses pairs[59]. »
Édouard Brézin, ancien président de l'Académie des sciences, juge par exemple que
« [Claude Allègre se sert] de son prestige pour asseoir son autorité sur des assertions non justifiées dans des domaines qui lui sont étrangers », jugeant que [ses] « déclarations sur les mathématiques ou la relativité générale ont eu pour simple effet de ridiculiser leur auteur aux yeux de la communauté scientifique[60]. »
Il s'est en effet souvent fait remarquer par des prises de position polémiques dans des domaines autres que la géochimie, comme les mathématiques[61] et, dès les années 1970, la volcanologie[62].
En 1987, avant la mise en place du GIEC, Claude Allègre affirme dans un ouvrage d'entretiens (Allègre et Noël 1987) que l'homme perturbe le climat. Il ajoute que l'impact du CO2 entraîne une élévation de la température du globe alors que les paramètres astronomiques (influençant le climat) devraient conduire à un lent refroidissement[63].
Cependant, alors que la campagne mondiale prend de l'ampleur, il change d'avis. En 1995, l'année du deuxième rapport du GIEC, qui mène au traité de Kyoto, il écrit une chronique intitulée « Fausse alerte » pour l'hebdomadaire Le Point[64]. Selon lui, il s'agit d'un danger imaginaire inventé par des lobbies. C'est pourquoi, malgré l'évidence, « on continue à affirmer l’existence de l’effet de serre et ses dangers imminents ».
Onze ans plus tard, le même genre de déclaration fait cette fois polémique. Dans la chronique hebdomadaire qu'il tient dans le magazine L'Express, il met en doute l'origine humaine du réchauffement climatique[65]. Il y écrit que la cause de la modification climatique contemporaine reste incertaine et n'est pas forcément due à l'activité humaine. Il stigmatise simultanément « l’écologie de l'impuissance protestataire [qui] est devenue un business très lucratif pour quelques-uns ! »[66]. Il précise, dans une seconde chronique du 5 octobre 2006, que selon lui, au sein des changements climatiques, la hausse globale des températures n'est pas le phénomène essentiel, en comparaison avec les impacts plus graves liés à l’augmentation de la fréquence des phénomènes extrêmes[67]. Cette prise de position lui vaudra, tout comme à Vincent Courtillot, alors directeur de l'IPGP, des accusations de conflit d'intérêts en raison des financements reçus de la part de Total par l'IPGP, affirmations qui seront démenties par les principaux intéressés[68].
Il critique l’inscription du principe de précaution sous sa forme actuelle dans la Constitution, car son flou est selon lui une entrave à la recherche ; dans Ma Vérité sur la planète, il écrit :
« Le principe de précaution, c’est l’arme contre le progrès[69]. »
Il prend position contre l'instauration d'une taxe carbone, y voyant
« une initiative catastrophique pour notre pays ». « Elle serait inutile climatiquement, injuste socialement, nuisible économiquement[70],[71]. »
Il s'oppose régulièrement, de manière vive et polémique, à Nicolas Hulot, le qualifie d'« imbécile »[72] et de « nul complet »[73], et dit, dans son livre intitulé L'Imposture climatique, être « effrayé par sa méconnaissance de simples données de base scientifiques et par son inculture littéraire et historique ».
La position qu'il défend dans les controverses sur le réchauffement climatique est très minoritaire, en particulier chez les spécialistes du sujet, et ses prises de position ont suscité de très vives réactions, notamment chez des scientifiques réputés[74]. Le consensus scientifique des experts du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) considère que le réchauffement climatique est causé principalement par les activités humaines. En réaction aux prises de position d'Allègre, certains défenseurs du GIEC ont ainsi critiqué explicitement ses arguments[50].
Le biologiste Pierre-Henri Gouyon parle de « négationnisme écologique »[75]. Pierre Joliot-Curie, biologiste, affirme pour sa part :
« la défense de thèses apparemment révolutionnaires est une manière trop facile de conforter sa popularité. L'attitude de Claude Allègre vis-à-vis du changement climatique me paraît de ce point de vue inadmissible[75]. »
Jean Jouzel considère à propos de la lutte contre le réchauffement climatique qu’« en France, les années 1990 sont une décennie perdue, les socialistes ont été au-dessous de tout, en grande partie sous l’influence d’Allègre[76] ».
D'autres scientifiques éloignés du sujet soutiennent, parfois partiellement, Claude Allègre. Ainsi, lors d'une séance de l'Académie des sciences en mars 2007, ses arguments ont été défendus par ses collègues géophysiciens de l'IPGP Jean-Louis Le Mouël et Vincent Courtillot. Ces derniers ont été vivement critiqués par les deux académiciens des sciences spécialistes du climat, Hervé Le Treut et Édouard Bard (professeur au Collège de France)[77],[78].
L'Académie des sciences, dont Allègre est membre, a examiné la thèse qu'il défendait, selon laquelle le réchauffement climatique ne trouverait pas sa cause principale dans les émissions de CO2 liées aux activités humaines, et a réfuté cette thèse dans un rapport publié le 28 octobre 2010[79],[80].
Dans L'Imposture climatique ou la fausse écologie (2010), ouvrage d'entretiens avec le journaliste Dominique de Montvalon, Claude Allègre formule de graves accusations contre les climatologues, et tout particulièrement le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC)[81]. Il intitule cette institution « Groupement international pour l'étude du climat » et évoque à son sujet un « système mafieux » ayant conspiré pour faire passer aux yeux de l'ensemble du monde un « mythe » pour un fait scientifique.
Pour Claude Allègre, « C’est une imposture de prétendre qu’on peut prévoir le climat du globe dans un siècle et que cette augmentation serait apocalyptique pour le monde. [c’est une imposture] d’affirmer, au nom de la science, qu’il y aurait un lien dominant entre les dégagements d’origine anthropique du CO2 et le climat. [C’est] une imposture de la part des partis politiques verts de s’emparer de cette affirmation pour tenter de désorganiser notre société ». Selon lui, « c’est le seul cas de figure où les Verts évoquent positivement la science » et « l’imposture du groupe des scientifiques qui s’occupent du climat, c’est de profiter de cet appui politique ambigu et intéressé des Verts, pour obtenir, par pur corporatisme, des crédits et un début de reconnaissance scientifique. »
Le livre trouve un large écho dans les médias mais des articles de presse sont critiques, comme celui du journaliste du quotidien Le Monde Stéphane Foucart qui l'accuse de contenir « de nombreuses approximations et erreurs factuelles à même de tromper le public »[81]. Jean-Louis Fellous, ancien responsable des programmes d'observation de la Terre du CNES et ancien directeur des recherches océaniques de l'Ifremer, considère que le livre contient des « mensonges »[82]. Le paléoclimatologue Håkan Grudd accuse également Claude Allègre d'avoir falsifié dans son ouvrage l'une de ses courbes de reconstitution de la température[83] : il aurait utilisé une courbe très locale en la légendant sans précision de lieu, laissant croire qu'il s'agissait d'une courbe globale.
Le mercredi 7 avril 2010, 600 chercheurs en sciences du climat publient un courrier de protestation contre, entre autres, l'ouvrage de Claude Allègre[84], dans lequel ils relèvent de nombreuses erreurs factuelles[85] et des dénigrements[86]. La communauté scientifique française publie un rectificatif relevant plus d'une centaine d'erreurs scientifiques graves[87].
Vincent Courtillot, géologue, proche de Claude Allègre et successeur de ce dernier à la direction de l'IPGP, estime que L'Imposture climatique est « exacte »[88] et, le 20 octobre 2010, le philosophe et ancien ministre Luc Ferry apporte également son soutien à Claude Allègre[89]. Le grand prix de la Société de géographie est attribué à Claude Allègre en 2010 pour L’Imposture climatique[90]. Celui-ci reconnaît que son livre contient des « inexactitudes » et des « exagérations » qu'il justifie par un « choix éditorial » et la volonté d'écrire « un livre politique avant tout »[91].
Dans L'Avenir du climat : enquête sur les climato-sceptiques, le journaliste Stéphane Foucart écrit[92] :
« Jamais il ne m'a été donné de lire un ouvrage aussi ontologiquement trompeur. La quantité de torsions de la réalité, de mensonges directs ou par omission, de calomnies et de méchancetés imprimées par centimètre carré y est étourdissante. Le livre de Claude Allègre est si globalement et si énormément faux que l'on ne sait pas par quel bout le saisir pour le réfuter. Les trois cents pages de l'ouvrage parviennent à forger un édifice intellectuel d'une nature inédite, dans lequel les espaces libres d'erreurs factuelles sont le plus souvent comblés par le dénigrement et la caricature, l'amalgame et le conspirationnisme. Non seulement la trame du livre de Claude Allègre est fondée sur une série d'erreurs ou de contrevérités, mais le raisonnement qu'il entend exposer au terme de tant de torsions des faits est lui-même profondément défectueux : tout et son contraire est écrit à quelques pages de distance, sans le moindre respect de la plus élémentaire logique. »
Chroniqueur au magazine Le Point, il dénonce, le 19 octobre 1996, la décision de désamiantage du campus de Jussieu et qualifie l’affaire de « phénomène de psychose collective ». Cette décision avait été prise à la suite d'une étude menée par quatre bureaux d'études européens dont le rapport avait été remis en 1995[93]. Celui-ci préconisait l'enlèvement, sans cependant écarter complètement les opérations d'encapsulage : celles-ci ont pour avantage un coût immédiat moindre, mais pour inconvénients une pérennité non garantie et des risques pour du personnel des entreprises amenés à intervenir dans les bâtiments[94].
En 2004, dans le livre Quand on sait tout, on ne prévoit rien, il estime encore que le désamiantage, au coût très élevé, n'était pas justifié et que des opérations d'encapsulage de l'amiante auraient suffi.
En 2007, il déclare aussi : « on compte plus de morts par Vélib' qu'en trente ans à Jussieu »[95].
Jusqu'en novembre 2007, la présence d'amiante aurait causé la mort de 22 personnes et porté gravement atteinte à la santé de 130 autres[95].
En juillet 2012, Claude Allègre se déclare favorable à l'exploitation des gaz de schiste sur le sol européen, notamment sur le sol français[96] et accompagne cette prise de position de recommandations écologiques concernant le traitement des eaux utilisées pour la fracturation hydraulique dans l'extraction de ce gaz.
Claude Allègre a collaboré à l'élaboration de scénarios pour la télévision :
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