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prêtre missionnaire jésuite français en Nouvelle-France De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Joseph-François Lafitau, né et mort à Bordeaux en France (–), est un missionnaire jésuite en Nouvelle-France.
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Prêtre catholique (à partir de ), missionnaire, botaniste, anthropologue |
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Abréviation en botanique |
Lafitau |
On le connaît surtout pour un ouvrage d'ethnographie qui lui a valu d'être considéré comme un pionnier de cette discipline.
Il a également été à l'origine d'un grand intérêt pour le ginseng américain au début du XVIIIe siècle.
Fils d’un riche banquier bordelais, frère de Pierre-François Lafitau, futur évêque de Sisteron, il entre au noviciat des jésuites à Bordeaux le .
Il étudie ensuite la philosophie et la rhétorique à Pau (1698–1701), puis il enseigne la cinquième[1] à Limoges (1701–1702), la quatrième, la troisième et les humanités à Saintes (1702–1705), et la rhétorique à Pau (1705–1706).
De Pau, il est envoyé d’abord à Poitiers, où il fait un an de philosophie et deux ans de théologie (1706–1709), ensuite au collège Louis-le-Grand, à Paris, où il termine son cours de théologie (1709–1711) ; il est ordonné prêtre la même année, à Paris.
En 1711, il part en mission en Nouvelle-France et s’installe au Sault Saint-Louis (aujourd'hui Kahnawake). Aidé par Julien Garnier, un missionnaire jésuite de grande expérience[2], il s’initie à la langue et à la culture des Iroquois. Le il fait profession perpétuelle des quatre vœux à Montréal.
Lafitau est un observateur attentif des coutumes amérindiennes. Il fait paraître en 1724 Mœurs des sauvages américains comparées aux mœurs des premiers temps, où il tente, en les mettant en parallèle avec celles des sociétés de l’Antiquité, de démontrer que les mœurs des Iroquois ne sont pas aberrantes.
Il s’efforce aussi de prouver l’origine commune des Amérindiens et des Occidentaux et d’étayer ainsi le concept d’unité de l'humanité tiré de la Genèse (Adam et Ève, couple initial unique). Il raconte ainsi le mythe amérindien de la création de l'Île de la tortue en y ajoutant des connotations judéo-chrétiennes[3].
Il découvre le système de parenté des Iroquois et l’importance des femmes dans leur société.
Lafitau fait preuve d’une grande minutie et d’une précision inégalée pour l’époque[4]. Il a été, dit William N. Fenton (en), « le premier éclat de lumière sur la route de l'anthropologie scientifique[5] ».
Son ouvrage a été traduit en néerlandais de son vivant même, et d'autres traductions ont suivi.
Contrairement à ce qu'il croit, Lafitau n'est pas le premier Européen à observer le ginseng qu'on appelle aujourd'hui ginseng américain[6].
Toutefois, le fait central ici n'est pas l'antériorité de l'envoi de la plante en France, mais l'identification du ginseng chinois et du ginseng américain et ses conséquences économiques. Lafitau, puis les Amérindiens, puis les botanistes parisiens ont considéré comme identiques les plantes américaine et chinoise.
De plus, Lafitau est certainement à l'origine de ce qu'on appellerait en termes modernes un coup médiatique suivi, en économie, d'une ruée vers l'or.
Dans son mémoire, Lafitau mentionne Vaillant (avec Jussieu) deux fois :
Par contre, Vaillant ne mentionne pas Lafitau dans le chapitre qu'il consacre au ginseng. Il dit que la plante a été reçue de Sarrazin « dès l'année 1700[7] ».
Motsch, spécialiste de Lafitau, conclut ainsi[22] :
« Lafitau fait désormais partie de l’histoire botanique, tout comme Vaillant à qui revient le mérite d’avoir identifié un nouveau genre, appelé araliastrum. Sarrazin et John Ray l’avaient déjà identifié parmi d’autres espèces et le ginseng en devient une sous-catégorie. Enfin, Sarrazin admettait en novembre 1717 dans une lettre que le ginseng avait, avant la découverte de Lafitau, échappé à son attention. Chacun y trouve donc sa part. Laissons donc la découverte de l’aralia à Sarrazin et celle de la classification à Vaillant, mais quant à la découverte du ginseng, celui « de Tartarie, découvert en Canada par le père Joseph François Lafitau, missionnaire des Iroquois au Sault Saint Louis », elle lui revient à juste titre. »
« Le ginseng que les Chinois tiraient à grands frais du nord de l'Asie fut porté des bords du Saint-Laurent à Canton. Il fut trouvé excellent et vendu très cher ; la livre, qui ne valait d'abord à Québec que deux francs, y monta jusqu'à vingt-cinq. Il en fut exporté une année pour cinq cent mille francs. Le haut prix de cette racine excita une aveugle cupidité. On la cueillit en mai au lieu de la cueillir en septembre on la fit sécher au four au lieu de la faire sécher à l'ombre et lentement[23] ; dès lors elle ne valut plus rien aux yeux des Chinois[24]. »
— François-Xavier Garneau, Histoire du Canada
Lafitau revient en France en 1717, principalement pour faire valoir ses arguments (meilleures terres, meilleure situation stratégique) en faveur de la relocalisation du Sault Saint-Louis. Il devait également apporter sa contribution à la longue histoire de la lutte contre la vente d'alcool aux Amérindiens. Lafitau obtient la relocalisation (au site actuel).
Ne pouvant toutefois réaliser son souhait de retourner au Canada, il se consacre à l’écriture et fait paraître une Histoire de Jean de Brienne (1727) et une Histoire des découvertes et des conquêtes des Portugais dans le Nouveau-Monde (1733–1734).
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