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peintre genevois (1702–1789) De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Jean-Étienne Liotard, né le à Genève où il est mort 1789, est un peintre, dessinateur, pastelliste et graveur genevois.
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(à 86 ans) République de Genève |
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Déjà célèbre en son temps, il voyagea et exerça son art partout en Europe et jusqu'au Proche-Orient. Homme libre et cultivé, ce portraitiste peignit les puissants comme les humbles. Son œuvre varié et prolifique est reconsidéré depuis les années 2000 à travers de nombreuses rétrospectives.
Jean-Étienne Liotard est né en république de Genève le , fils d'Antoine Liotard, négociant, originaire de Montélimar d'où il s'était exilé après 1685[1] et d'Anne Sauvage[2]. Jean-Étienne, dernier né d'une fratrie, a un frère jumeau, Jean-Michel (1702-1796), qui sera dessinateur et graveur[3],[4]. Peu de détails semblent nous être parvenus sur son enfance[1]. En 1720, Antoine, son père est en partie ruiné à la suite du krach du système de Law[3]. Malgré tout, Jean-Étienne Liotard reçoit l'enseignement du miniaturiste et professeur de dessin genevois Daniel Gardelle (1673-1753), qu'il surpasse au bout de quelques mois dans l'art de la copie[1]. Puis, il entre au service de Jean-Louis Petitot (1692-1730), dont il copie les émaux et des miniatures avec une remarquable compétence[3].
Vers 1723-1725, les deux frères Liotard vont à Paris. Jean-Michel est l'élève de Benoît Audran le Jeune[4]. Jean-Étienne Liotard, après un bref séjour dans l'atelier de Jean-Baptiste Massé, qui lui permet de faire une première entrée dans la haute société et d'exécuter ses premiers portraits, cependant mal payés[5], effectue des allers et retours entre la capitale française et la région genevoise et lyonnaise, visitant des parents. En moins de dix ans, il commence à se constituer un réseau, une clientèle ; on connaît une lettre datée du , adressée à un collectionneur par Jacob Vernet, dans laquelle ce dernier commissionne le peintre pour un envoi d'ouvrages destinés à la mère de Suzanne Curchod (la grand-mère de Germaine de Staël)[5]. Liotard commence également à graver à l'eau-forte et au burin. C'est aussi à cette époque qu'il se sent suffisamment compétent pour se présenter au concours de l'Académie royale de peinture et de sculpture, mais son tableau d'histoire, David au Temple, est refusé. Le peintre du roi, François Lemoyne, l'a cependant remarqué et lui conseille de « ne jamais peindre que d'après nature, un art dans lequel vous excellez »[5]. Ce dernier le recommande au marquis de Puysieulx, nommé ambassadeur à Naples, qui l'emmène avec lui commencer son Grand Tour[3].
Vers mars- il arrive à Rome où il peint les portraits du pape Clément XII et de plusieurs cardinaux[3]. Trois ans plus tard, il rencontre à Florence le futur lord Duncannon[6]qui le persuade de l'accompagner depuis Naples jusqu'à Constantinople, en passant par les îles de la mer Égée. Ce séjour va profondément marquer le peintre. Dessinant de nombreuses scènes de genre locales, il y rencontre Claude Alexandre de Bonneval, qui a pris le nom de Humbaraci Ahmed Pacha, et a ses entrées à la Cour ottomane. Liotard étudie les coutumes, s'en imprègne, adopte les tenues vestimentaires locales et se laisse pousser la barbe. De Constantinople, il est convoqué à Iași en Moldavie roumaine, puis de là, à Vienne le , où on le surnomme « le peintre turc »[7].
Dans la Vienne du Saint-Empire, il réalise les portraits du futur empereur François Ier et de la future impératrice Marie-Thérèse qu'on cite parmi ses chefs-d'œuvre, ainsi que d'autres membres de la cour. De là, il se rend à Venise où son frère Michel séjournait. Le comte Francesco Algarotti se porte acquéreur de La Belle Chocolatière (Dresde, Gemäldegalerie Alte Meister), un autre de ses chefs-d'œuvre. Il exécute aussi son autoportrait en Turc pour la galerie des Offices de Florence. Il repart ensuite pour Darmstadt, peint des membres de la cour de Hesse, et finit par revenir à Genève où il est célébré par les membres du conseil de la république[7].
Ensuite commence son second séjour parisien. Rejeté de nouveau par l'Académie royale, il entre à celle de Saint-Luc et expose de 1751 à 1753 plus de 30 portraits, dont ceux de Crébillon et Marivaux. Il est réputé être un peintre cher, et rançon du succès, suscite des jalousies et certains académiciens dénoncent ses abus de privilèges[7].
En 1751-1752, toujours habillé à la mode turque, il passe en Angleterre, où il retrouve ses anciens compagnons de Constantinople et d'Italie, et, grâce à Duncannon, peut peindre la princesse de Galles en 1753. De cette époque datent aussi de nombreuses natures mortes[3].
En 1755, il rejoint les Provinces-Unies où, à Amsterdam, l'année suivante, il épouse Marie Fargues le , fille d'un négociant français installé là. À cette occasion, Liotard finit par tailler sa barbe. Le couple part pour Genève et s'y établit durant près d'une douzaine d'années. Des enfants leur naissent. Liotard fréquente la famille de François Tronchin. Vers 1765, il commence une correspondance avec Jean-Jacques Rousseau et exécutera un portrait du philosophe en 1770. Sa réputation ne s'éteint pas : le 1er novembre, une lettre de l'impératrice Marie-Thérèse à Marie-Antoinette informe cette dernière que Liotard se rend exprès à Paris pour exécuter son portrait[7].
De nouveau en Angleterre en 1772, son nom figure parmi les exposants à la Royal Academy dans les deux années suivantes avant de revenir à sa ville natale à partir d'. Le , l'empereur Joseph II qui voyageait incognito sous le nom de « comte de Falkenstein », rend visite à Liotard à Genève. S'ensuit un long périple vers Vienne durant lequel Liotard et son fils aîné explorent la région du Danube ; il écrit un journal de voyage qui prend fin en 1778[8].
En 1781, Liotard fait paraître à Genève le Traité des principes et des règles de la peinture, somme qui résume plus de 50 ans de pratiques et où l'artiste exprime son idéal, se rapprocher au mieux du vrai[8].
En 1783, installé à Confignon[2], il est encore actif, désireux de faire le portrait de l'impératrice de Russie[8].
Il meurt à Genève le .
Liotard est un artiste très polyvalent et, bien que sa renommée dépende largement de la grâce et de la sensibilité de ses pastels, dont la Liseuse — connu sous le nom de Portrait de Mademoiselle Lavergne ou la Belle Lyonnaise, qui était la nièce du peintre) —, et la Belle Chocolatière, qui sont conservés à la Gemäldegalerie Alte Meister de Dresde, constituent de remarquables exemples, ses peintures sur émail, ses gravures sur cuivre et sa peinture sur verre sont également dignes d'attention critique. Collectionneur, expert de peintures des anciens maîtres, Liotard est également l'auteur d'un Traité des principes et des règles de la peinture (1781)[9]. Il a vendu à des prix très élevés plusieurs des chefs-d'œuvre qu'il avait acquis lors de son deuxième séjour en Angleterre. Les musées d'Amsterdam, de Berne et de Genève sont particulièrement riches en exemples de ses peintures et pastels. À Paris, le musée du Louvre conserve 42 de ses pastels. À Londres, le Victoria and Albert Museum expose le tableau Le Turc assis et le British Museum possède deux de ses pastels. Un portrait de l'artiste se trouve dans la Sala dei pittori de la galerie d'Uffizi de Florence.
Une rue de Genève, située dans quartier de la Servette, porte son nom.
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