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anthropologue britannique De Wikipédia, l'encyclopédie libre
John Rankine Goody dit Jack Goody, né le à Hammersmith (Londres) et mort le à Cambridge, est un anthropologue britannique[1]. Initialement spécialiste de l'Afrique, Jack Goody s'est ensuite intéressé de près à l'histoire de la famille durant le Moyen Âge européen, devenant une figure de proue du renouveau des études historiques sur la famille européenne, en Angleterre à l'école de démographie historique de Cambridge, mais aussi en France où il a exercé une grande influence au sein de l'anthropologie historique. Ses travaux comparatistes entre l'Eurasie et l'Afrique, et sur les transformations de la parenté en Europe dans le Bas-Empire romain sous l'influence grandissante de l'Église chrétienne, ont durablement marqué ces disciplines. Il a publié des travaux importants sur les conséquences sociales du développement de la communication écrite.
Naissance | |
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Décès | |
Nom de naissance |
John Rankine Goody |
Nationalité | |
Formation |
St John's College St Albans School (en) |
Activités | |
Conjoint |
John Rankine Goody est né le dans le quartier d'Hammersmith à Londres. Il est élevé avec son jeune frère Richard dans une famille de classe moyenne qui est très soucieuse de l'éducation de ses enfants.
En 1938, il suit des études de littérature anglaise au collège St John de l'Université de Cambridge. Il y rencontre alors ses amis Ian Watt et Eric Hobsbawm, eux aussi engagés au Club socialiste et grands fans de jazz. Il suit l'engagement des étudiants de sa génération dans les mouvements antifascistes mobilisés pour aider les réfugiés juifs et basques. La guerre d'Espagne est présente dans toutes les têtes et Jack Goody s'engage dans les mouvements de jeunesse socialiste antifasciste.
Il est engagé volontaire en octobre 1939 et intègre le corps d'entraînement des officiers à Cambridge. Après une formation de quatre mois à l'académie militaire de Sandhurst, Jack Goody est affecté en au régiment de Sherwood Foresters et se retrouve bientôt en poste à Nicosie, pendant près de deux ans après un rapide stationnement à Port Said.
Son unité est déployée en Égypte au printemps 1942 et se retrouve très rapidement dépassée par la stratégie et l'efficacité des forces de Rommel. La petite unité de Jack Goody est facilement capturée par les manœuvres des Allemands à la bataille de Tobrouk en juin 1942. L'armée italienne transfère ensuite les soldats britanniques à Benghazi via le port de Cyrène, puis par avion-cargo à Lecce, en Italie, puis finalement au camp de prisonnier de Chieti, réservé aux jeunes officiers britanniques et aux pilotes américains abattus au-dessus du Maghreb. Une détention italienne très peu contraignante qui dure près d'un an, jusqu'en septembre 1943 et l'armistice de Cassibile, qui désorganise totalement l'Italie.
Avec la reprise en main de la péninsule par les troupes allemandes, les prisonniers sont transférés vers le nord, et c'est à cette occasion que Jack Goody et trois compagnons s'échappent d'un train en marche en sautant dans le vide en pleine nuit au milieu des montagnes des Abruzzes, dans la région de Sulmona. Goody raconte lui-même que sa vocation d'anthropologue serait née de la privation de livres durant cette période, puis au contact des bergers des Abruzzes illettrés qui l'ont caché. De là viendrait son questionnement sur la communication parmi les peuples sans écriture[2].
Après avoir rejoint des réseaux de prisonniers échappés et clandestins à Rome, il est finalement capturé par les Allemands et envoyé en Bavière pour être détenu au camp de prisonnier de Moosburg à partir d'avril 1944 jusqu'à sa libération en [3].
En 1946, il retourne à Cambridge et termine en quatre mois son diplôme de Littérature anglaise commencé avant la guerre. Il y rencontre Joan Wright qu'il épouse. Il décide de travailler comme éducateur, car il est passionné par les expérimentations alors en cours dans l'éducation pour adultes. Son travail dans le Hertfordshire est malheureusement peu stimulant et il se retrouve plutôt dans un poste de superviseur avec des programmes peu intéressants.
Goody décide d'un commun accord avec sa femme de reprendre ses études en anthropologie. Il étudie à Oxford et suit les séminaires de Sir Evans-Pritchard, qui l'avait passionné pour la discipline. C'est une formation d'une année qui lui permet d'obtenir un certificat en anthropologie en juin 1947. Il se rapproche surtout de Meyer Fortes, nouvellement nommée à Cambridge. Il décide de travailler en Afrique de l'Ouest, terrain exotique le moins lointain pour rentrer voir sa famille grâce à une bourse du Colonial Office. Il retourne à l'Université de Cambridge pour son doctorat. Celui-ci repose sur deux années de terrain d'études dans la colonie britannique de Gold Coast chez les groupes mal identifiés du Nord, spécifiquement les LoDagaa[4].
Il soutient sa thèse The Ethnography of the Northern Territories of the Gold Coast, West of the White Volta devant Max Gluckman and G. I. Jones et obtient son doctorat en 1954 (il y tient plus tard la chaire de William Wyse, de 1973 à 1984, et y devient professeur émérite). Durant les années cinquante et au début des années soixante, sous la direction de Meyer Fortes et Evans-Pritchard, il étudie les sociétés du Nord du Ghana.
Il publie plusieurs ouvrages sur le thème de la Literacy, étudiant les transformations sociales liées au développement de l'écriture et de l'alphabétisation, dont il situe l'apparition dans un contexte historique et socioculturel particulier. Dans The domestication of the savage mind (1977)[5], il montre les conséquences de l'invention de l'écriture sur les processus cognitifs. Il étend ce type d'analyse à des champs très variés des cultures humaines : la famille, les fleurs, la cuisine, les images, etc.
Remarqué pour l'originalité de cette thématique et l'étendue de son érudition[réf. nécessaire], il acquiert à partir de la fin des années 1970 un rôle de premier plan dans le grand renouveau de l'histoire sociale et le rapprochement de l'anthropologie, de l'histoire et de la démographie, tant en Angleterre qu'en France où nombre de ses ouvrages sont traduits[6]. Proche du groupe d'histoire sociale de l'Université de Cambridge (Cambridge Group for the History of Population and Social Structure) dirigé par Peter Laslett, Goody ne participe cependant à l'ouvrage collectif Household and Family in Past Time[7] que pour en prendre le complet contrepied, réfutant la thèse centrale du livre sur le rôle de la famille hypernucléaire anglaise médiévale (le ménage plaçant tôt ses enfants) dans la réussite et la précocité de l'industrialisation, pour affirmer que les recensements utilisés par ses collègues dans la définition du ménage masquent des liens de parenté beaucoup plus denses[8].
S'écartant des concepts clés de l'anthropologie française, très marquée par les travaux de Lévi-Strauss (l'alliance dans les années 1950 et 1960, puis également la filiation à partir des années 1970), Goody travaille sur le « groupe domestique » en tant qu'unité de production économique et de transmission des biens, établissant alors des contrastes majeurs entre les traditions africaines et européennes. Après avoir participé en 1976 à l'ouvrage collectif Family and Inheritance : rural society in Western Europe, 1200-1800[9], il approfondit la même année cette analyse dans Production and Reproduction : A comparative study of the domestic domain[10].
Il publie en 1983 The Development of Family and Marriage in Europe[11], qui porte sur l'influence des préoccupations foncières de l'Église chrétienne à partir du IVe siècle de notre ère dans les transformations familiales et l'étendue considérable des interdits de mariage. Goody y suggère que la transformation du système de parenté au long du Moyen Âge a des répercussions profondes et irréversibles sur l'ensemble de la société européenne, modelant la forme bilinéaire indifférenciée (encore actuelle) de la famille occidentale, par opposition aux systèmes unilinéaires (patrilinéaires ou matrilinéaires) plus courants dans les sociétés africaines[12]. L'ouvrage connaît d'emblée un important retentissement ; préfacé par Georges Duby pour sa première édition française en 1985, il est devenu un classique sur la parenté et a été réédité en 2012[13].
À partir de sa retraite en 1985, Goody s'écarte progressivement de ses préoccupations sur l'Europe. Parcourant le monde, il se met en devoir de dénoncer l'ethnocentrisme occidental[14]. Dans L'Islam en Europe[15], il tente de cerner les rapports complexes et conflictuels entre l'Europe et l'Islam. Plus récemment, dans Le Vol de l'histoire, il montre comment l'Europe a conservé sa mainmise sur la construction de l'histoire mondiale en faisant croire qu'elle avait été le lieu de toutes les inventions de la modernité et, ainsi, négligé l'histoire de tous les pays qu'elle dominait[16]. Il meurt à l'âge de 95 ans, le [1].
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
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