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art du spectacle qui consiste à créer des illusions De Wikipédia, l'encyclopédie libre
L'illusionnisme, ou la prestidigitation, est un art du spectacle qui consiste à créer des illusions. De manière abusive, on parle aussi de magie dans le langage courant.
L'illusionnisme est pratiqué le plus souvent par des artistes dans le cadre du monde du spectacle. Le magicien s’est entraîné pour créer les illusions qui leurrent nos sens : il fait apparaître et disparaître diverses choses, il défie la gravité, transforme la matière, lit dans les pensées, voit dans l’avenir. Avec ses astuces et son habileté, son adresse et son boniment, une mise en scène théâtrale, un éclairage subtil ou un fond musical, le prestidigitateur crée un contexte grâce auquel son trucage – au demeurant parfois fort simple mais astucieux – devient stupéfiant au point de créer l’illusion qu’un mystère vient de se produire sous nos yeux.
Avant d'être appelée illusionnisme ou prestidigitation, cette discipline était appelée tantôt physique amusante, tantôt escamotage.
Distinction entre prestidigitation et magie
Le langage commun, le marketing et la facilité d'utilisation du mot magie conduisent à un amalgame entre la prestidigitation qui est un art mêlant agilité, ingéniosité et psychologie, et la magie au sens premier du terme qui est un « phénomène surnaturel » ou inexpliqué. La prestidigitation est donc l'art de créer l'illusion d'un phénomène impossible mais qui repose sur des règles on ne peut plus rationnelles, logiques. Le mot magie a un sens étymologique religieux, ce que le mot prestidigitation n'a pas.
Le papyrus Westcar (vers 1700 av. J.C.) est l'un des plus anciens témoignages sur l'illusionnisme[7].
Les pratiques magiques remonteraient à la Préhistoire. Bien que les spécialistes ne soient pas tous d'accord sur leur signification[8], les gravures rupestres de sorciers et d'animaux mythiques semblent bien en attester.
L'Ancien Testament décrit le « combat » que livrèrent Moïse et Aaron contre les magiciens de Pharaon[9]. « Moïse jeta devant Pharaon son bâton qui se transforma en serpent. Pharaon à son tour, convoqua les sages et les enchanteurs. Et les magiciens d'Égypte, eux-aussi, accomplirent par leurs sortilèges le même prodige. Ils jetèrent chacun son bâton qui se changea en serpent, mais le bâton d'Aaron engloutit ceux des magiciens[10]. »
Les premiers objets magiques retrouvés intacts sont des vases grecs truqués datant du VIe siècle av. J.-C.[11]. L'un d'eux, conservé et exposé au musée du Louvre, comporte un siphon permettant de le vider et de le remplir à plusieurs reprises. Un autre vase conservé au musée Allard Piierson D’Amsterdam daté du IVe siècle av. J.-C. permettait de verser à volonté deux liquides différents. Les écrits grecs et romains relatent leur intérêt pour les « faiseurs de prestiges ».
De la plus haute Antiquité à nos jours l’art de manipuler les objets, comme l’utilisation des marionnettes, et de prétendre que cette manipulation est le fruit d’un phénomène surnaturel, existe. On en trouve un témoignage remarquable, en ce qui concerne le IIe siècle de notre ère, chez Lucien de Samosate, qui, dans son Alexandron è pseudomantis[12], décrit et explique les pratiques et les tours de passe-passe d'Alexandre d'Abonotique.
La prestidigitation suscite l'intérêt des savants au Siècle des Lumières. L'Encyclopédie de Diderot, 1772, détaille plusieurs tours à l'article « Tours de cartes et de mains », et rapporte les efforts faits par les scientifiques de l'Académie royale des sciences, notamment de Denis Dodart, pour expliquer les tours[13].
La prestidigitation semble avoir eu ses maîtres en Italie. C’est en tout cas de là que Jean-Eugène Robert-Houdin écrit avoir identifié l’origine, avec la venue d’Italie à Paris de faiseurs qui appelaient leurs tours des jeux. Il cite les pionniers restés en mémoire : Jonas, Androletti, Antonio Carlotti, puis l’un des fondateurs, Giuseppe Pinetti. En 1908, Harry Houdini publia également ses mémoires : grand collectionneur de magica, il retrace les débuts de cet art du spectacle et cite le Français « Monsieur Phillippe » (né Philippe Talon, 1802-1878), qui employait entre autres des automates dès 1841, sur les scènes de Paris et Londres, précédé de nombreuses célébrités d'alors tels que Haddock, Garnerin, Master Gyngell, Bologna, Henry, Schmidt, Rovère, Charles[14]…
Avant d’être un divertissement, la prestidigitation a servi à matérialiser le divin et s’est assimilée à la magie noire, tandis qu’elle s’est peu à peu affirmée magie blanche pour s’éloigner des bûchers. Sa pratique a longtemps profité aux sorciers mais les a aussi souvent conduits à être poursuivis par l’Inquisition. C’est d’ailleurs dans le but de démystifier les procédés employés par les escamoteurs et autres faiseurs de tours en vue de leur éviter le bûcher, que Reginald Scot (1538-1599) publia en 1584 The Discoverie of Witchcraft[15] (La Sorcellerie dévoilée). Ironiquement, cet ouvrage est rapidement devenu un manuel d'apprentissage pour les prestidigitateurs débutants de l'époque.
L'illusionnisme ne doit pas être confondu avec la tricherie ; de même que le jeu des gobelets ne doit pas être confondu avec le bonneteau à la sauvette.
À son époque, Jean-Eugène Robert-Houdin a effectué un recensement des branches de sa discipline à laquelle il prédisait un bon avenir[16] :
Si les Théâtres magiques du XIXe siècle ont disparu, les spectacles de magie sont aujourd'hui présents à la télévision. En France : Le Plus Grand Cabaret du monde, Les Mandrakes d'Or. Ils ont trouvé un terrain propice dans les salles de spectacles des casinos de Las Vegas, devenue « la capitale mondiale de la Magie ». La magie se trouve aussi présente dans le renouveau des spectacles de cirque.
De nos jours, la magie, en tant qu'art du spectacle, revêt plusieurs formes en fonction du lieu où elle est pratiquée et du type d’illusion déployée :
Le mouvement « magie bizarre » fut créé à la fin des années 1960 à partir des travaux de bizarristes (comme Tony Shiels et Charles Cameron par exemple). Il fut essentiellement développé en réaction contre l’illusionnisme classique, et fut une tentative de retour aux sources de l'art magique qui cherchait à mettre l'accent sur l'expérience émotionnelle des participants. C'est avant tout une manière de présenter, qui met l'accent non plus sur le truc mais sur la présentation du truc, dans une approche théâtrale générale.
La magie bizarre consiste généralement à raconter une histoire fondée sur des faits historiques ou non pour créer une atmosphère (généralement sombre), tout en y incluant des effets magiques destinés à créer des temps forts au cours du récit. Certains tours de ce type peuvent être intercalés dans des représentations apparentées à d'autres formes de magie telles que la magie rapprochée ou la magie de scène. En Europe, Christian Chelman est le principal continuateur de cette forme spécifique.
Depuis le début des années 2000, les prestidigitateurs qui constituent le noyau dur de la magie moderne telle que définie par Jean-Eugène Robert-Houdin doivent affronter la concurrence du courant Magie Nouvelle qui s'attache à dépasser le cadre traditionnel de la magie qui limite la pratique magique au divertissement, considérant le tour de magie comme un simple « casse-tête ». Pour les compagnies de Magie Nouvelle il s'agit au contraire de donner aux arts magiques une portée esthétique, poétique, voire politique, et ainsi d'en faire autre chose que de l'illusionnisme ou de la prestidigitation[17].[source insuffisante]
« Les gens ont tendance à réduire d'emblée la magie à l'illusionnisme et à la prestidigitation. Or, ce qui manquait jusque-là, c'est une démarche qui prenne la magie comme langage artistique à part entière. » Raphaël Navarro, compagnie 14:20[17].
Quelques termes spécifiques à l’illusionnisme sont définis ci-dessous :
Le détournement d'attention consiste à dissimuler une action en simulant une autre action paraissant naturelle aux yeux des spectateurs. Il s'agit d'un des ressorts les plus puissants du prestidigitateur qui dirige ainsi l'attention des spectateurs là où « il n'y a rien d'anormal à voir » ce qui lui permet d'accomplir des actions en secret et à l'insu du spectateur, sans que celui-ci puisse en soupçonner l'existence. Par exemple, le magicien désignera un objet sur sa droite pour opérer une action sur sa gauche, égalisera un jeu de cartes pour effectuer une tout autre action, etc. En résumé, il s'appuie sur les processus cognitifs du spectateur qui associe usuellement certains effets à certaines causes et les détourne à son avantage. Dans certains cas, l'action du magicien pourrait être vue du spectateur si celui-ci n'était sujet à une cécité d'inattention.
Une fioriture est un mouvement esthétique qui n'est pas indispensable à l'exécution d'un tour, mais le rend plus plaisant pour le spectateur. Par exemple, faire tourner une carte sur un doigt au moment de révéler sa face. Indirectement, la fioriture permet au prestidigitateur de démontrer sa dextérité. Un excès de fioritures peut nuire à la qualité d'un tour en rendant l'effet magique moins percutant. Certains exécutants se spécialisent, dans leur pratique de l'illusionnisme, dans l’utilisation de fioritures plus ou moins complexes.
Une passe désigne la méthode de manipulation employée pour réaliser un effet particulier : disparition, substitution, apparition, etc.
Une routine désigne un enchaînement d'effets magiques accompagnés ou non d'un boniment ; une routine pourra par exemple regrouper plusieurs effets, plus ou moins différents, selon le contexte, pour créer un tout.
Ce sont les principaux outils du magicien prestidigitateur.
Il est bon, cependant, de noter qu'aucune discipline magique ne se limite à une liste d'accessoires, si longue soit-elle. Tout objet est propice à la magie, du plus petit au plus grand (disparition d'un hélicoptère, d'une voiture…).
Le secret et le respect des autres magiciens sont à la base de l’éthique des magiciens.
De ne jamais faire le même tour deux fois de suite afin de ne pas risquer de révéler le secret du tour.
Les postulants à la Fédération française des artistes prestidigitateurs (FFAP anciennement AFAP) doivent prêter le serment solennel suivant : « Je jure en tant que membre de la FFAP d’observer fidèlement les règles de cette Association et de me soumettre à toutes décisions prises par le Conseil de l’Ordre. De ne divulguer aucun secret ni de les décrire dans des ouvrages ou des publications pouvant être lus par des profanes. De ne rien dire ou décrire de ce que je verrai ou entendrai aux réunions de la FFAP à moins d’une autorisation expresse du Conseil de l’Ordre. D’être loyal envers mes confrères et de pratiquer l’art de la Prestidigitation avec conscience et honneur. »
Hors des paradoxes mathématiques qui sont véritablement para-doxaux (c'est-à-dire qui vont contre l'opinion) mais énoncent des résultats démontrés, il existe en mathématique un art de l'illusion s'exprimant particulièrement par des figures géométriques et relevant de l'illusion visuelle. On peut énoncer pour exemples le paradoxe du carré manquant[20], le triangle de Penrose ou l'escalier de Penrose, célèbre notamment par son illustration faite par Escher.
Les frontières entre tours de magie et principes mathématiques sont par ailleurs parfois très fines, notamment dans certains tours de cartes. Certains magiciens célèbres entretiennent un lien particulier avec les mathématiques, mais cela reste valable avec la science en général que les illusionnistes n'ont cessé d'utiliser. Citons par exemple le magicien/mathématicien Alfred de Caston.
De nombreux films ont pour thème central la prestidigitation[21]. Parmi les plus récents :
D'autres l'utilisent pour contribuer à créer une ambiance poétique :
La prestidigitation permet la réalisation d'effets spéciaux pour le cinéma, d'autre part, on emploie fréquemment des magiciens pour réaliser des trucages sur scène (comédie musicale, concert, pièce de théâtre…).
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