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Henry de Buttet, né le à Amiens, Somme, France, et mort le à Saint-Denis, France, est un officier des services de renseignement français. Il s'est distingué comme résistant pendant la Seconde Guerre mondiale dans le cadre de l'Organisation de résistance de l'armée (O.R.A.). Il est connu comme historien.
Henry de Buttet est le descendant d'une ancienne famille noble savoyarde originaire d'Ugine[1]. Il est né le , à Amiens (Somme) et mort le à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), à l'âge de 97 ans[2]
Son père, Xavier de Buttet (1875-1954), officier de carrière, originaire de Belmont-Tramonet, en Savoie, est grièvement blessé en 1914, dans les Vosges. Sa mère est Marguerite Leroux de Puisieux.
Le lieutenant Henry de Buttet, officier de carrière, épouse à Vebret, Cantal, le , Monique Viénot de Vaublanc (1912-1979), fille du baron Pierre Viénot de Vaublanc et de Marguerite Dupont de Saint-Ouen[3].
Titulaire d'une licence de droit, il effectue son service militaire en 1929 au 28e BCA, comme officier de réserve. Puis, fidèle aux traditions de sa famille, il embrasse la carrière des armes en suivant le cursus de l'École militaire des officiers d'active de Saint-Maixent. Il est muté en 1932 au 29e BCP à Gérardmer, en qualité de lieutenant, comme chef de peloton d'éclaireurs skieurs dans une unité de chasseurs alpins[4].
Après une courte période dans l'armée de forteresse de la Ligne Maginot, maîtrisant parfaitement la langue allemande, il est admis en 1937 dans les services de Renseignement de l'Armée comme chef d'antenne à Thionville. Le poste de Thionville relève du BREM de Metz. Il anime un réseau en Luxembourg, contre les Nazis infiltrés dans ce pays allié.C'est ce poste de Metz qui fournit le compte-rendu d'activité le plus détaillé. Il entretenait un réseau de dix-neuf agents réguliers (Français) et de cinq agents doubles (Franco-Luxembourgeois). Les historiens militaires soulignent « l'activité souvent couronnée de succès du B.A.T de Thionville (capitaine de Buttet) »[5]. Le poste de Metz avait mené de nombreuses missions et entretenait à cet effet des agents luxembourgeois[6]. De nombreux honorables correspondants luxembourgeois des services secrets français seront victimes des nazis :ils seront arrêtés par la Gestapo après l'invasion allemande[7]. Lily Unden, (1908-1989), figure emblématique de la Résistance luxembourgeoise, sera déportée au camp de Ravensbrück dont elle reviendra miraculeusement. Elle restera liée d'amitié avec Henry de Buttet jusqu'à la fin de sa vie. Le capitaine de Buttet, lui-même, avait réussi à échapper avant l'invasion allemande, à une embuscade tendue à la frontière luxembourgeoise par des agents de la Gestapo, dans une affaire connue sous le nom de « Caroline »[8].
Après l'Armistice du 22 juin 1940, le capitaine de Buttet est muté en Zone Libre. Il rend une courte visite à sa famille réfugiée en Auvergne, dans le département du Cantal[9]. Il y rencontre le lieutenant-colonel Jean Touzet du Vigier, oncle de son épouse, tout droit sorti de la Bataille de Belgique et de la Défense de la Loire, à la tête d'une Brigade de blindés, contre les troupes allemandes. Les deux officiers se concertent et décident de s'orienter vers une action souterraine de résistance contre l'ennemi, chacun dans son domaine de compétence.
Il participe à Pau, Pyrénées Atlantiques, au combat contre les nazis, dans le cadre de l'Organisation de résistance de l'Armée (O.R.A)[10]. Outre sa mission sur l'Espagne, il avait la mission de contrôler la zone côtière atlantique d'Hendaye à Arcachon et d'y suivre l'Ordre de Bataille (OdB) et les activités des troupes d'occupation. Dans le réseau Kléber-Vénus, l'antenne de Pau étendit son action sur les régions de Bordeaux et de Dax. Il disposait notamment d'un agent de premier ordre en la personne d'un gros négociant de Biarritz relevant de l'antenne de Pau. Par lui furent recueillis des renseignements de valeur sur la collaboration politique et économique de l'Espagne avec le Reich, ainsi que sur les bases navales de la Kriegsmarine.
Le capitaine de Buttet, père de famille nombreuse, est chef de groupe chez les scouts du collège L'immaculée Conception à Pau, où deux de ses enfants sont scolarisés. Certains routiers du groupe de scouts participent aux liaisons. Il exerce le métier de garagiste à Pau, spécialisé dans le montage des systèmes d'équipement de gazogène des véhicules automobiles alimentés par les bouteilles de gaz de Saint-Marcet : cet excellent camouflage professionnel autorise les déplacements en voiture ou en dépanneuse. Il est en contact à Saint-Gaudens avec Marcel Loubens, agent de liaison de la Résistance, passeur de frontière entre la France et l'Espagne des résistants en partance pour rejoindre le général de Gaulle à Londres, via Gibraltar. Il rencontre à Pau Marie-Madeleine Fourcade, responsable du Réseau Alliance, mais préserve soigneusement le cloisonnement indispensable à la sécurité de ses propres agents.
Il échappe aux arrestations massives opérées par la Gestapo[11]. Le général Frère, fondateur de l'Organisation de résistance de l'Armée, arrêté à Royat par l'Abwehr, le , est mort au Camp de concentration de Natzweiler-Struthof[12]. Son successeur, le général Verneau, arrêté à son tour, est mort à Buchenwald. Le dernier chef de l'O.R.A, le général Georges Revers, échappe aux arrestations massives de la Gestapo et vient à Pau en inspection pour appuyer la réorganisation du réseau de résistance animé par le capitaine de Buttet[13]. Henry de Buttet rallie les agents du réseau Vénus-Kleber et transmet à Alger des messages sur les mouvements des troupes allemandes, qui serviront aux alliés pour l'organisation des débarquements de 1944 en Normandie et en Provence. Les messages sont transmis par un poste radio clandestin, sous la protection des cyclistes, membres du réseau Vénus-Kléber, très attentifs aux mouvements de la radiogoniométrie allemande[14].
À la Libération, le commandant de Buttet est affecté à la DGER comme chef de bureau des missions parachutées sur l'Allemagne. Il participe en 1946 aux recherches du Haut Commissariat Français en Autriche, sous les ordres du général Béthouart, au service de la DRA à Seefeld[15]. En 1948, il est muté dans la demi-brigade de chasseurs de Vincennes. En 1949, il commande le 2e bataillon du 93e RI au camp de Frileuse. Après son affectation en 1951 comme chef du 4e Bureau à l'État-major de la subdivision de Versailles, il est muté en 1957 au Maroc, puis en Algérie, et sert, comme chef d'état-major, à la 93e demi-brigade d'Infanterie, stationnée dans les monts de l'Ouarsenis. Il est rapatrié en Métropole en 1959 et obtient son affectation au Service Historique de l'Armée de Vincennes[16].
Le colonel de Buttet a exercé pendant 10 ans les fonctions de chef de la Section ancienne du Service Historique de l'Armée au Château de Vincennes, dirigé par le général Charles de Cossé-Brissac[17].En 1965, il rédige une préface dans le Livre du Souvenir des femmes concentrationnaires luxembourgeoises, à la demande de Lily Unden, ancienne déportée de Ravensbrück, membre du Conseil National de la Résistance en Luxembourg. Mis à la retraite en 1967, il est désigné comme conservateur au Musée de l'Armée à l'Hôtel des Invalides, dirigé par le général Henri d'Avout d'Auertstaedt. À ce titre, il organise en 1971, la première version de l'exposition de la Guerre 1939-1945, qui est inaugurée par Michel Debré, ministre de la Défense nationale[18].
En 1972, il est élu président de la Société Historique de Haute-Picardie à Laon et président de la Fédération des Sociétés Historiques et Archéologiques de l'Aisne. Il est également membre correspondant de l'Académie de Savoie[19].
À l'occasion de nombreux colloques et congrès nationaux et internationaux, Henry de Buttet a publié des articles et ouvrages historiques, enregistrés au catalogue de la Bibliothèque nationale.
Henry de Butttet est récipiendaire des décorations suivantes :
Son épouse, Monique Viénot de Vaublanc (1912-1979), fut décorée de la médaille de la Résistance[24], de la croix du combattant volontaire de la Résistance et de la médaille de la Famille Française.
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