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Les familles anciennes de Fès au Maroc sont appelées Ahl Fas (en arabe : أهل فاس) ou plus communément Les Fassis. Proches du pouvoir du Sultan, ces familles musulmanes constituent depuis des siècles l'aristocratie, l'élite politique, et financière du Maroc. Bien que n'habitant plus Fès, les Fassis conservent leurs spécificités culturelles.
Fès est une ville arabe fondée par les Arabes Idrisi et habitée par des tribus arabes andalouses et des tribus arabes Qaysite.
En 788, Idriss ben Abdellah, un chiite d'Arabie, fuit la persécution subie par les Abbasides et étant descendant direct du prophète Mahomet par sa fille Fatima ,fonde la ville de Fès avec les tribus Árabes . Sous le règne de son fils, Idriss II, la ville devient le siège de la nouvelle dynastie jusqu'à la seconde moitié du Xe siècle, le pouvoir Idrisside s'effondre sous l'effet des incursions et des interventions des Omeyyades d'Espagne, des Zirides — vassaux des Fatimides — et des Zénètes ; ils achèvent de perdre leur pouvoir effectif en 972. Les Idrissides quittent alors le Maroc et partent en exil pour l'Égypte. Ils sont définitivement écartés en 985, après l'échec de la restauration du dernier émir en exil, Al-Hasan ben Kannun, dernier descendant de la dynastie, qui est assassiné, marquant la fin des Idrissides au Maghreb[1].
À Fès, le nouveau sultan accueille en 825 quelque 2 000 marchands arabes venant de Kerouan en Tunisie ; ces derniers, de passage, s'installent temporairement à l'ouest de l'oued dans le quartier dit des Kairouanais, en majorite numérique face à la minority de berbères. Des familles (juives et morisques) expulsées de Cordoue d'Al-Andalus (actuelle Espagne) peuplent progressivement les deux rives de la rivière en deux villes séparées[source insuffisante] :
Ce melting pot civilisationnel permet à la cité de devenir en quelques décennies le centre économique, intellectuel et religieux du Maroc, chaque communauté apportant avec elle ses connaissances littéraires, scientifiques et artistiques.
Certains Fassis sont des Juifs qui se sont convertis à l'islam[2].
Il existe quatre groupes d'origine distinctes de familles que l'on dit de Fès (à ne pas confondre avec l'expression populaire « fassi » qui désigne principalement les familles marchandes andalouses ayant émergé financièrement entre la fin du XIXe siècle et l'indépendance du Maroc) :
« Constitués de lignées de Chorfas, d’oulamas, de commerçants ou de haut commis du makhzen, la bourgeoisie urbaine fassie a su accumuler et fusionner différents types capitaux (capital économique, capital culturel, capital social) et ressources locales et internationales et diversifier ses alliances, pour reproduire sa position sociale dominante. Elle a profité à la fois de son ancienne alliance avec le Makhzen, de la politique du protectorat initiée par Lyautey envers les élites marocaines (création d’écoles des fils de notables, préservation des privilèges…) et de son engagement dans le combat nationaliste. »
— Abdellatif Zeroual, Modernisation néolibérale et transformation du profil des dirigeants des entreprises publiques au Maroc.Cas de la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG) : 1959-2009 ; DO - 10.1163/2031356X-02702003; JO - Afrika Focus
Par leur présence dans la capitale et leur éducation, les familles fassies ont toujours joué un rôle politique clé dans l'histoire du Maroc depuis l'époque médiévale.
À l'exception des familles ayant fondé la ville (certains chorfas idrisides, les tribus Lyazhi et Arouaba), toutes les familles de Fès viennent d'ailleurs. Ainsi, les Tazi sont originaires de la ville de Taza, les Slaoui de Salé, les Kabbaj de Alcobaça au Portugal, les Ababou se réclament d'une origine yéménite (peut être Arabes Ansâr , peut-être almoravide via un nassab wattasside ) de Seguia el-Hamra (Sahara occidental)[7] passés par Gzenaya et el Jaï dans le Rif [8], les Mokri de Tlemcen, les Benmoussa du Guich Cherrada (Beni Maquil yéménite), les Mernissi de la tribu Jbala Mernissa, les Filali de Tafilalet, les Squalli de Sicile, les Guebbas du djebel Zerhoun[9] et les el Jaï (dont les Amrani non joutey) de la tribu Jbala du même nom.
Dans les faits, le mélange et la socialisation a donné naissance à une communauté de familles unies, parfois rivales, dont sont issus plusieurs riches commerçants, savants, oulémas, artistes et hommes politiques au fil de l'histoire marocaine. Comme en Europe, les aristocrates marient leurs filles à de riches personnes qui recherchent un titre de prestige. Les lettrés se lancent dans le négoce, les marchands deviennent commis de l'État. Apparaît alors une aristocratie bourgeoise sur laquelle le Palais royal va de plus en plus s'appuyer.
Elles ont tour a tour constitué soit le pouvoir du Makhzen ou une force politique dans la défense de leurs intérêts.
Le poids religieux des oulémas fassis permet à la ville de Fès de jouir d'une autonomie de gestion et souvent de participer à la vie politique du royaume selon son soutien ou son opposition au pouvoir des souverains marocains.
[10].
Certaines familles se mettent au service des sultans du Maroc :
À partir de la fin du XIXe siècle, nombre de ces grandes familles de l'élite économique capitaliste émergente abandonnent Fès afin de s'établir à Casablanca qui devient la capitale économique du royaume. Tandis qu'au protectorat, Rabat devient la nouvelle capitale politique.
L'Europe est alors en pleine révolution industrielle. Casablanca attire les acheteurs européens et développe ses activités portuaires. En outre, la conquête de l'Algérie par les Français, en 1830, a coupé Fès de ses débouchés à l'Est. C'est de cette époque que date la puissance de ceux que l'on appelle aujourd'hui encore les « Fassis de Casablanca ».
L'un des principaux bénéficiaires de l'urbanisation de Casablanca est Hassan Benjelloun. Marchand de céréales, commissionnaire de la compagnie de navigation Paquet, il arrive à Casablanca en 1880. Pressentant le futur développement de la ville, il investit dans le foncier et l'immobilier. Aujourd'hui encore, ses héritiers - qui seraient près de 150 - perçoivent les rentes de ses judicieux placements. L'un des plus célèbres est Othman Benjelloun, à la tête de l'un des plus grands groupes du pays, ou encore la grande famille Berrada.
Jusqu'en 1927, il n'existe au Maroc que deux collèges musulmans : les collèges Moulay Idris (en)s (1914) à Fès et Moulay Youssef (1916) de Rabat . Ils accueillent, conformément à la décision du maréchal Lyautey, des élèves choisis parmi les titulaires du certificat d'études musulmanes, un diplôme délivré par les écoles aux fils de l'élite de toute la zone pacifiée du protectorat français.
Au lendemain de l'indépendance, le rôle historique joué par le parti de l'Istiqlal conforte la puissance des grandes familles fassies.
Leurs héritiers fréquentent les meilleurs lycées et les grandes écoles françaises. Diplômés des Mines, de Ponts et chaussées ou de Polytechnique, ils sont ensuite cooptés à la tête des grandes administrations, des banques, des sociétés industrielles ou commerciales et essaiment dans tous les secteurs stratégiques.
En 1966, la prise de contrôle des fédérations des chambres de commerce et d'industrie donne lieu à une véritable révolte de la part de gros commerçants soussis, qui disent vouloir en finir avec la domination unique des Fassis.
En 1972, un article du article du New York Times affirme :
"Fès a perdu son influence, mais pas les fassis. Avec une dextérité acquise au cours de plusieurs siècles dans la navigation du pouvoir politique et du monde économique, les Fassis sont présents la ou il y a de l'action, tout en conservant leur lien avec Fès. (..) Dans la ville de Casablanca, certains des plus grands industriels et hommes d'affaires sont fassis. Ainsi qu'un nombre important de médecins, avocats, ingénieurs "[12]
L'historien Mustapha Bouaziz affirme que le Parti de l'action, fondé par le père de Aziz Akhanouch, était clairement anti-Istiqlal, formation politique accusée de trop favoriser les Fassis.
Selon l'écrivain Jacob Cohen, certaines familles fassies de l'Istiqlal auraient encouragé les juifs marocains à quitter le pays, notamment en lançant une campagne de boycott[13]. Selon Cohen, ils auraient fait ca car les juifs représentaient une trop grande menace commerciale pour les business fassis[13].
Le Palais, qui prend conscience que cette situation devient dangereuse pour le pays, va tenter de diversifier les élites en promouvant des figures berbères ou paysannes. Driss Basri aurait été nommé car il était d'origine populaire[14].
Pour l'intellectuel américain John Waterbury : « Les Fassis sont le modèle de l’élite urbaine, qui a conservé ses traditions, ses alliances et ses acquis, même quand elle a changé de ville »[15].
Les noms de famille dans leur dénomination arabe sont souvent tronqués, chaque branche gardant ainsi soit :
Famille de souche berbère appartenant à la dynastie Wattassides. Rangés parmi les Berbères Zénata, de la branche des Beni Merine, ils seraient selon une autre version fournie par l'historiographe Adelouahab Benmansour, issus du clan sanhajien des Lemtouna, de la descendance du grand chef Almoravide Youssef Ibn Tachfin. À l'avènement des Almohades, un de leurs ancêtres aurait rejoint les Mérinides dans le Zab (sud algérien et tunisien). Le vizir Yahya ben Yahya Wattassi aurait atteint un tel pouvoir que le sultan mérinide Abd-el-Haqq Merini le fit emprisonné et assassina toute sa famille sauf les deux frères du vizir, Mohamed Lahlou et Mohamed Cheïkh, qui s'enfuirent dans le désert. Lorsque ce dernier fonde la dynastie des Wattasides, il appela son frère pour prendre les fonctions de vizir ; c'est d'ailleurs lui l'ancêtre éponyme de la famille Lahlou. Famille originaire d'Andalousie, de Cordoue, leurs ancêtres de confession juive se sont convertis de force à l'islam durant l'invasion musulmane de l’Espagne ; l'on dénombre par ailleurs deux petites branches de cette famille[Où ?], l'une de confession chrétienne et l'autre juive, vivant principalement en Israël mais il existe cependant des branches de cette famille, Lahlou Mimi, Lahlou Kitane, Lahlou Torrès.... Les Al Lahlou Chorfas Oudghiri et beaucoup d'autres parfois peu connus.
Il ne s'agit que d'une liste plus ou moins exhaustive des principaux noms de famille connus à Fès jusqu'à l'indépendance et avant les migrations vers Casablanca entre autres. Les origines ne donnent, par ailleurs, aucune indication sur l'ancienneté de la famille dans la ville, d'autres familles existent depuis plus de 500 ans.
Par ailleurs, certaines familles se sont également déplacées durant toutes ces années aussi bien au Maroc qu'à l'étranger. Les noms de famille ne sont donc pas forcément représentatifs uniquement de la ville de Fes[16].
Les familles fassis les plus anciennes sont par ailleurs les familles idrissides et Lyazhri (du nom de la tribu berbère où a été fondée Fès[pas clair]) par définition.
Chérifiens non Idrissides :
Chérifs idrissides :
Chérifiens non idrissides
Au Maroc, cette famille assez particulière constitue un phénomène unique en son genre.
Ils seraient proches de l’État depuis le XVIIIe siècle et le règne de Moulay Ismaïl, qui nomme deux frères et leur cousin à des postes clé de la hiérarchie administrative. Plusieurs personnalités issues de cette famille ayant exercé de hautes responsabilités dans l'histoire du pays (vizirs, ministres, patrons d'entreprises publiques, oulémas...).
Grâce à la reproduction sociale, favorisée par l'absence d’impôt sur la fortune ou d’impôt sur l'héritage, leurs descendants continuent jusqu’à aujourd’hui d'exercer des haute fonctions. Ce phénomène est aggravé par le fait que certains membres de cette famille ont comme tradition de se marier entre eux (endogamie).
Ainsi le premier ministre Abbas El Fassi a pour père Abdelmajid El Fassi, petit-fils de Abdellah El Fassi. Ce dernier, nommé grand-vizir du Maroc en 1930 par la France, est l'ancêtre de Allal El Fassi. Son oncle, Abdeslam El Fassi marié à Kenza Ababou fille du puissant chambellan Thami Ababou , a été ministre de l'Éducation nationale. L'épouse de Abbas El Fassi n'est autre qu'Oum El Banine El Fassi, qui est la fille de l'union entre Allal El Fassi et Zahra Fassi Fihri. La fille du premier ministre, Radia El Fassi, est la femme de Nizar Baraka, qui est - lui aussi - un petit fils de Allal El Fassi. Le fils du premier ministre, Abdelmajid El Fassi étant député de l'Istiqlal alors que son autre fils, Fihr El Fassi travaille avec Nadia Fassi-Fihri, PDG de Inwi. Leur père Abbas El Fassi étant cousin de Taieb Fassi Fihri et Ali Fassi Fihri.
La famille El Fassi - Fassi-Fihri a été décrite comme sans doute la famille la plus influente du Maroc[19].
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