Rif
Région méditerranéenne du nord du Maroc limitée au sud par la région de l'Atlas De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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Le Rif — en rifain : ⴰⵔⵔⵉⴼ, Arrif ; en arabe : ar-Rif (الريف, « campagne »), est la région septentrionale du Maroc, bordée par la mer Méditerranée au nord, l'Algérie à l'est, les plaines le séparant du Moyen Atlas au sud et l'océan Atlantique à l'ouest. Composé de montagnes et de plaines, le Rif s'étend sur près de 500 km de Tanger jusqu'à la Moulouya.
Rif | |
Carte topographique du Maroc montrant le Rif au nord. | |
Géographie | |
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Altitude | 2 450 m, Djebel Tidirhine |
Massif | Arc de Gibraltar |
Longueur | 360 km |
Largeur | 100 km |
Administration | |
Pays | Maroc |
Régions | Tanger-Tétouan-Al Hoceïma, Fès-Meknès, Oriental |
Géologie | |
Roches | Roches métamorphiques et sédimentaires |
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Dans le cadre de l'organisation territoriale du Maroc, son territoire fait partie de trois régions administratives : Oriental (appartiennent au Rif les provinces de Nador, Driouch et les moitiés nord des provinces de Guercif et Taourirt), Tanger-Tétouan-Al Hoceïma (l'ensemble de la région appartient au Rif), Fès-Meknès (appartiennent au Rif la moitié nord de la province de Taza et la province de Taounate).
Le Rif peut être subdivisé en trois parties :
Le Rif est irrigué par la Moulouya[1], qui traverse dans le sens sud-ouest/nord-est la moitié de la longueur du Maroc depuis Tounfite jusqu'à Kebdana à une dizaine de kilomètres de la frontière algérienne.
La Moulouya porte le barrage Mohamed V, qui alimente une usine hydroélectrique de 85 GWh et retient en principe 650 millions de m3, capacité réduite de moitié à cause de l'envasement. Son principal affluent de rive droite, le Za, porte le barrage Hassan II.
Nées de la collision des plaques continentales d'Afrique et d'Europe, les montagnes rifaines font écho aux sierras andalouses.
L'argile et le schiste dominent, donnant des reliefs progressifs et arrondis. Quelques massifs calcaires abritent de superbes canyons (région de Tahar-Souk notamment).
En 2004, un violent tremblement de terre a dévasté les environs d'Al Hoceima.
Les parties occidentale et centrale, exposées à la fois aux perturbations océaniques et méditerranéennes, sont très arrosées (jusqu'à 2 000 mm d'eau par an vers Ketama), avec un enneigement prolongé au-dessus de 1 800 mètres d'altitude (le djebel Tidirine est généralement enneigé de novembre à mars).
Le cèdre, arbre exigeant en eau et en lumière, forme de vastes forêts au-dessus de 1 500 mètres, le sapin s'étend sur une surface de 3 500 hectares au parc national de Talassemtane, à Tissuka et Tassaout près de Chefchaouen (Chaouen). Plus bas, c'est le domaine du chêne vert, et plus à l'est, résistant à la sècheresse, celui du pin.
La culture du cannabis est intensive dans la partie centrale du Rif, entre Chefchaouen et Temsaman.
Le Rif compte de nombreux sites préhistoriques et protohistoriques, notamment des habitats récemment étudiés par des missions archéologiques[2].
Entre le début du VIIIe siècle et le début du XIe siècle, le royaume de Nekor occupait une partie du Rif, autour de la baie d'Alhoceima.
Dès la chute du royaume de Nekor, le Rif fut sous le contrôle des différentes dynasties qui gouvernèrent le Maroc, et les côtes subissent régulièrement les assauts espagnols et portugais dès le XVe siècle.
En mars 1912, la France place l'Empire chérifien sous « protection », et accorde le Nord du pays, dont une grande partie du Rif, à l'Espagne.
Le Rif, tout comme le reste de l'Afrique du Nord, est habité par des hominidés depuis plus de 500 000 ans.
Les époques moustérienne (120 000-40 000) et atérienne (60 000-40 000) marquent cette région du monde. Plus de 300 sites préhistoriques et protohistoriques ont été mis au jour. Dans une grotte dans la commune d’Afsou, à environ 50 km au sud de la ville de Nador, l’abri d’Ifri n’Ammar livre une chronostratigraphie surprenante, notamment une alternance de « cultures moustériennes et atériennes ». La grotte préhistorique témoigne d’un potentiel archéologique et d’une séquence stratigraphique de plus de six mètres de profondeur. Les vestiges appartiennent aux cultures du Paléolithique moyen et du Paléolithique supérieur.
Autour de 20000 av. J.-C. apparaît l'Ibéromaurusien dont on retrouve énormément de traces.
Abdelkrim al-Khattabi, originaire du petit village d'Ajdir de la tribu d'Aït Ouriaghel, fut enseignant et journaliste à Mritch, ville où il travaillait avec les Espagnols. Il était instruit selon les rites islamiques traditionnels et enseignait aux Espagnols la langue arabe. Il pensait ainsi faire rapprocher les deux peuples culturellement. Mais découvrant les travaux forcés dans les mines rifaines qui alimentaient l'industrie militaire espagnole, et les travaux forcés dans les champs, Abdelkrim retourne dans son village natal pour soulever les tribus rifaines et entamer la Résistance et la rébellion pour un peuple souverain[3].
En 1921, la tribu berbère des Aït Ouriaghel, sous la conduite du jeune Abd El Krim, suivie par le reste des tribus du Rif, se soulève contre les Espagnols. Le général Manuel Fernández Silvestre dispose alors d'une puissante armée, forte de 60 000 soldats espagnols, pour contrer la guérilla rifaine. En juillet, l'armée de Fernández Silvestre est écrasée lors de la bataille d'Anoual (12 000 morts)[4]. Face à cette défaite, le général se suicide.
En juillet 1921, Abd El Krim proclame la République confédérée des Tribus du Rif. Les Rifains espèrent alors rallier les tribus de la zone sous protectorat français. L'Espagne mène une guerre intensive contre les tribus du Rif sans succès décisif[4].
En 1925, Moulay Moh'and lance une offensive vers le sud contre les forces françaises du général Lyautey, qui sont battues et doivent se replier sur Fès et Taza. Paris envoie alors Philippe Pétain en lui accordant les moyens qui avaient été refusés à Lyautey. Le vainqueur de Verdun, allié au général Primo de Rivera, lance une vaste offensive. Le conflit, extrêmement dur, pousse les hommes d'Abd El Krim à demander à leur chef d'engager des négociations.
Des pourparlers s'engagent à Oujda mais, face à l'intransigeance des Français et des Espagnols, Abd El Krim est contraint à la reddition et est exilé à La Réunion pendant 20 ans. Autorisé à se rendre en France, il rejoint Marseille d'où il parviendra à s'échapper et à rejoindre Le Caire en Égypte, où il meurt en 1963.
La promotion 1924-1926 de l'École spéciale militaire de Saint-Cyr porte le nom de « promotion du Rif ».
Profitant de la proximité de la zone espagnole et de la protection de Cheikh Messaoud Ababou, l’ALN est en mesure de s’entrainer en plein territoire des Asht Assem des Igzennayen de 1954 à son premier coup d’éclat, l’attaque simultanée de trois bureaux indigènes (Boured, Tizi Ouasli, Imouzzer Marmoucha) dont la principale à Boured le . C'est le commencement de la guerre d'indépendance aussi appelée « deuxième guerre du Rif »[5],[6].
L’ALN a été fondée politiquement par des gens de tout le Maroc (Abbas, Khatib, etc.) ; le chef des opérations était Hassan Zkriti (Igzennayen), le chef militaire Mohamed Ghabouchi (Igzennayen) et le coordinateur front nord (principalement depuis Nador) était Abbas Messaâdi. Cependant l’immense majorité de ses troupes combattantes et ses commandants (Mohamed Ghabbouchi, Hassan Zkriti, Massoud Akjoud, Akoudad, etc.) étaient issus du Rif central, Ait Ammart et dans une moindre mesure Ait Ouriaghel[7],[8],[9],[10]. À son plus fort, elle est composée de près de 5 000 hommes[11].
Le 29 mars 1956, l'ALN annonce, sur demande du sultan Mohammed V, seule autorité qu'elle reconnaît et au nom de laquelle elle se bat, la fin des combats pour l'indépendance[12].
En 1958-1959 a lieu la révolte du Rif, une série d'événements qui conduisent à une intervention d'un bataillon des FAR en territoire Beni Ouriaghel à partir du 2 janvier 1959[13].
Après l'indépendance de nombreux Rifains s'engagent au sein des Forces armées royales. Ainsi, en 2023, le plus haut grade octroyé dans l'histoire des FAR est celui de maréchal, son seul détenteur étant le maréchal Meziane, originaire de Beni Ensar dans le Rif oriental. Quant au plus jeune officier supérieur, hors famille royale, de l'histoire des FAR il s'agit du lieutenant-colonel M'hamed Ababou[14] originaire de Boured dans le Rif central.
Ce coup d'État est mené par le général Mohamed Medbouh (fils du caïd Mebouh), instigateur devant dégarnir la garde du palais, les lieutenants-colonels Mohamed et M'hamed Ababou (fils de Cheikh Mohand ben Messaoud Ababou), tous issus de la tribu rifaine des Igzennayen, chargés d'investir avec leurs troupes le palais et de s’emparer des points stratégiques de Rabat. L'opération mobilise 1 400 cadets de l'École militaire des sous-officiers d'Ahermoumou[15].
La pauvreté de la région contraint des dizaines de milliers de Rifains à se rendre chaque année en Oranie française pour y travailler la vigne. La guerre d'Algérie ralentit puis interdit cette source de revenus, augmentant la misère de la région[4].
Cette même pauvreté contraint la population à une émigration massive vers des pays européens pour travailler tout d'abord dans les houillères du Nord de la France et dans celles de Belgique, puis aux Pays-Bas et plus récemment en Espagne[4]. Cette émigration permet, en dépit de l'isolement de cette région, une amélioration relative des conditions de vie des populations locales. Ainsi, les quelque 1,5 million de Marocains installés au Benelux et dans le Nord-Pas-de-Calais en 2015 sont en majorité rifains[4].
La crise sociale que connaît la région engendre un mouvement de contestation populaire à Al Hoceïma d'octobre 2016 à août 2017.
L'économie de la région du Rif est basée essentiellement sur :
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