Une grande école est un établissement de l'enseignement supérieur français hors du système universitaire, public ou privé, qui recrute ses élèves sur concours. Le concept de grande école est créé au XVIIIe siècle pour former les cadres techniques et militaires de l'État.

Faits en bref Lieu, Établissement ...
Grande école
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Portail du Conservatoire national des arts et métiers, Paris.
Lieu France
Établissement Grandes écoles
Sélection
Niveau ou
grade requis
Baccalauréat ou Licence
Diplôme
Durée de la formation 3 ans ou 5 ans
Diplôme délivré
Niveau délivré Bac + 5 (niveau 7)[1]
Grade délivré Master
Débouchés
Professions accessibles Ingénieurs, chercheurs, cadres de l'administration et des entreprises, spécialistes de l'art, des lettres et des sciences humaines[1]
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Il s'agit d'établissements très sélectifs qui recrutent leurs élèves par concours[2]. Les grandes écoles « forment des ingénieurs et managers de haut niveau, mais aussi des spécialistes de l'art, des lettres et des sciences humaines »[1],[3].

Parmi ces établissements figurent les écoles normales supérieures, d'ingénieurs, militaires, de commerce, d'arts (beaux-arts, arts décoratifs, cinéma), d'architecture, de sciences politiques, d'études judiciaires et de journalisme.

Définition

Prestige et élitisme

Le terme renvoie à une dimension élitiste de l'enseignement supérieur en France et à l'idée de prestige par la sélection à l'entrée et les carrières des élèves qui les ont fréquentées. S'y ajoute une dimension historique marquée par la volonté de l'État de former des cadres de haut niveau au service de l'industrie, de l'administration, voire de l'armée.[réf. nécessaire]. Le passage par une grande école devient une marque des élites françaises, notamment dans la deuxième moitié du XIXe siècle[4].

Plus de 60 % des P-DG du CAC 40 étaient issus d'une grande école française en 2018[5]. La plupart des présidents de la République sont, sous la Ve République, diplômés d'au moins une grande école. François Hollande est notamment diplômé de trois d'entre elles. Les diplômés des grandes écoles jouent un rôle majeur au sein des cabinets ministériels sous la Quatrième République et la Cinquième République, qui composent 52 % des membres des cabinets durant les vingt premières années de cette république[6]. Sous la Troisième République, plus de 57 % des membres des cabinets étaient diplômés de la seule École libre des sciences politiques[6].

Reconnaissance et diplômes

Les grandes écoles, qu'elles soient publiques ou privées, permettent généralement d'obtenir un diplôme visé contrôlé par l'État, conférant le grade de master, après cinq ans d'études incluant deux années de formation préliminaire, le plus souvent dans les classes préparatoires aux grandes écoles[7]. Ce système d'enseignement supérieur constitue une particularité française[3].

Liste des grandes écoles

La loi n'établit pas de liste des grandes écoles, ni n'encadre l'utilisation de ce label. Toutefois, le ministère de l'Éducation nationale publie annuellement dans son Bulletin officiel un « Calendrier des concours d'entrée » associé aux grandes écoles, comprenant une liste des établissements auxquels permettent d'entrer chaque concours[8],[9],[10],[11].

Le Système d'information sur le suivi des étudiants (SISE) du ministère de l'Enseignement supérieur comporte une catégorie « grandes écoles », qui inclut l'ensemble des écoles d'ingénieurs et de commerce déclarées, ainsi que les Instituts d’études politiques (IEP), les Écoles normales supérieures (ENS), et quelques écoles spécialisées[12], celui-ci contenait 234 établissements en [13].

Le concept de grande école est distinct des membres de la Conférence des grandes écoles. Cette dernière est une association d'établissements d'enseignement supérieur fondée en 1973 à l'initiative de douze grandes écoles parisiennes après Mai 68[14]. Très vite cette conférence est élargie à l’ensemble des écoles délivrant le titre d’ingénieur en France par son secrétaire général de l'époque, Pierre Laffitte. Cette association comptait 240 écoles supérieures en , dont 13 à l'étranger.

Typologie

Les grandes écoles se caractérisent généralement par la sélection par concours d'élèves formés dans les classes préparatoires, des effectifs d'étudiants relativement faibles pour un encadrement important, des contacts étroits avec le monde professionnel, une autonomie significativement plus importante que celle du monde universitaire[15]. Parmi les grandes écoles, plusieurs statuts coexistent[16],[17],[15] :

Histoire

Historiquement, les grandes écoles étaient destinées à former les fonctionnaires des différents corps de la fonction publique française. Contrairement à la plupart des autres pays, où les universités dispensent toutes les formations académiques, techniques et professionnelles supérieures (y compris les formations en ingénierie et en commerce), les grandes écoles leur font concurrence pour la formation des personnels ingénieurs et commerciaux. En France la formation universitaire était à l'origine majoritairement destinée à former les juristes, les médecins, les économistes, les chercheurs et les professeurs de la République. Depuis, les universités françaises se sont diversifiées.

Avant la Révolution française

L'une des premières mentions du vocable « grande école » remonte à la Renaissance, notamment à l'université d'Orléans où les « grandes écoles de France »[20] sont des bâtiments de cours universitaires construits à partir de 1498[21] et détruits en 1824[22]. Au XVe siècle, le vocable « grande école » n'est pas corrélé avec les domaines de l'ingénierie et du commerce, tout comme les écoles non-universitaires telles que le Collegium Trilingue créé en 1517 à Louvain et le collège royal créé en 1530 à Paris. C'est à la fin de l'époque moderne qu'est effectuée cette association.

Les premières grandes écoles ont été créées par l'État au milieu du XVIIIe siècle, dans le but de fournir les cadres techniques et militaires des grands corps de l'État : les Forces armées françaises, le corps des Mines, des Télécommunications, des Eaux et des forêts, de l'Administration centrale, des Ponts et chaussées, de l'Agriculture, des Ports et arsenaux, de la Science vétérinaire, de l'Enseignement, etc. Ainsi, seules huit écoles supérieures réorganisées à partir de la Convention et dont les places étaient offertes au concours public étaient traditionnellement appelées grandes écoles : Polytechnique, Ponts et chaussées, Mines, Génie Maritime (actuellement ENSTA Paris), Saint-Cyr, Navale, Normales supérieures, Agro, Vétérinaire[réf. nécessaire]. À cette liste ont été ajoutées au XIXe siècle des écoles publiques comme l'École d'arts et métiers, Télécom Paris, ou privées comme l'École spéciale des travaux publics, du bâtiment et de l'industrie. La difficulté du concours et la qualité de la formation dans les grandes écoles a fait que cette appellation, qui n'est pas réglementée, est devenue très prestigieuse.

Création des premiers concours scientifiques pour l'entrée dans les corps techniques militaires (Génie, Artillerie, Marine) et d'écoles de formation des officiers techniques et des ingénieurs de l'État :

L'École normale, future École normale supérieure, quant à elle, remonte à celle créée au collège de Louis le Grand après la suppression de l'Ordre des Jésuites sous Louis XV en s'inspirant de l'expérience des écoles normales germaniques (Normalschulen), établies à l'époque de Marie-Thérèse et de Joseph II[24].

La Ire République et l'Empire

Certains des grands acteurs de la Révolution française, tels Napoléon Bonaparte (école de Brienne), Condorcet ou Lazare Carnot (école du génie de Mézières), en sont issus. Ce dernier, avec le mathématicien Gaspard Monge, a créé en 1794 l'École polytechnique, presque en même temps qu'était créée l'École normale de l'an III par Lakanal. Dans la même logique, les anciennes facultés de médecine et de droit seront rétablies comme des école de droit et École de médecine, indépendantes de l'université.

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Fronton historique de l'École Polytechnique, rue Descartes à Paris.

An III (1794) : création de quatre écoles[25] :

Antoine-François Fourcroy, dans son Rapport fait à la Convention sur l’organisation des écoles destinées aux divers services publics du 30 vendémiaire an IV, définit la doctrine de l’École spéciale qui pour Thuillier[26] vaudra aussi pour tous les projets d’ENA jusqu’en 1945 : « il est nécessaire que les sujets admis dans ces écoles y soient dans un nombre correspondant au besoin du service, qu’ils se consacrent dès leur entrée dans cette carrière à servir l’État ».

La loi du 30 vendémiaire an IV () qui organise les écoles de services publics[27], fixe la liste suivante de onze écoles :

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Le Borda, un des navires à bord duquel l'École navale était installée de 1840 à 1913.

La loi Daunou sur l'organisation de l'instruction publique du 3 brumaire de l'an IV () établit, outre les écoles primaires et les écoles centrales, une liste des écoles spéciales :

  • écoles spéciales d'astronomie
  • écoles spéciales de géométrie et de mécanique
  • écoles spéciales d'histoire naturelle
  • écoles spéciales de médecine
  • écoles spéciales de sciences vétérinaires
  • écoles spéciales d'économie rurale
  • écoles spéciales d'antiquités
  • école spéciale de sciences politiques
  • écoles spéciales de peinture, la sculpture et l'architecture
  • écoles spéciales de musique

ainsi que des écoles pour les sourds-muets et pour les aveugles-nés. Mais seules les écoles de santé et les écoles d'économie rurale vétérinaire seront créées. L'École polytechnique organise le recrutement par concours et la formation préalable des ingénieurs de l'État, en amont des écoles d'applications (École des ponts et chaussées, École des mines, École du génie et de l'artillerie de Metz, École de la marine, École du génie maritime, École spéciale de géographie et de topographie).

La loi générale sur l'instruction publique du 11 floréal de l'an X crée les lycées, maintient les écoles spéciales existantes et institue :

  • dix écoles de droit,
  • trois nouvelles écoles de médecine,
  • quatre écoles d'histoire naturelle, de physique et de chimie,
  • deux écoles spéciales pour les arts mécaniques et chimiques,
  • une école de mathématiques transcendantes,
  • une école spéciale de géographie, d'histoire et d'économie publique,
  • une quatrième école des arts du dessin.

Elle crée également :

  • l'école spéciale militaire, implantée en premier lieu dans le château de Fontainebleau, sous la protection directe de l'Empereur qui tenait à garder un œil particulier sur les futurs officiers de l'Empire. Cette école prestigieuse sera ensuite déplacée à Saint-Cyr, dans les bâtiments construits pour l'ancien collège de filles créé par Madame de Maintenon.

« Lorsque les élèves auront fini leurs six années d'études dans les lycées, leur application et leurs progrès trouveront, au premier terme de leurs travaux, une nouvelle carrière d'espérance et de succès. Deux dixièmes d'entre eux seront placés dans les diverses écoles spéciales, où ils continueront d'être instruits et entretenus aux frais du trésor public, de manière à acquérir avec gloire un état et une existence assurés dans la république. Jamais avantage plus grand n'a été offert à la jeunesse studieuse. La bonne conduite, l'attachement à leurs devoirs, les études fructueuses, conduiront ceux des élèves qui se seront le plus distingués, à puiser dans les sciences ou dans les arts libéraux les moyens de parvenir à une profession honorable. Jurisprudence, médecine, mathématiques, physique, art militaire, manufacture, diplomatie, administration, astronomie, commerce, peinture, architecture, toutes les routes du savoir et des talens qui rendent les hommes chers et utiles à leurs semblables, leur seront ouvertes. Ceux qui ne passeront pas par ce genre de concours dans les écoles spéciales, pourront se destiner, par une étude particulière des mathématiques, aux écoles de services publics, et s'ouvrir ainsi une autre carrière non moins glorieuse et non moins avantageuse dans le génie, l'artillerie, la marine, les ponts et chaussées, les mines et la géographie. » (Extrait du discours prononcé au corps législatif par Antoine-François Fourcroy, orateur du gouvernement, sur le projet de loi).

L'arrêté des consuls de la République du 12 vendémiaire de l'an XI réunit les écoles d'artillerie et du génie pour former une école commune aux deux armes nommé École d'artillerie et du génie et établie à Metz. L'admission se fait sur examen parmi les élèves de l'École polytechnique. La loi du 21 germinal de l'an XI établit six écoles de pharmacie. La loi du , relative à la formation d'une Université impériale et le décret du fixant son organisation remettent en cause le développement des écoles spéciales au profit de la mise en place d'un système universitaire centralisé organisé selon les trois grades des anciennes universités (baccalauréat, licence, doctorat), déjà rétabli dans les écoles de droit. Les écoles de droit et de médecine sont transformées en facultés alors que les écoles de services publics restent en dehors de l'Université.

Restauration

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L'École supérieure de commerce de Paris, fondée en 1819, historiquement la première grande école de commerce française, ici au début du XXe siècle.

Monarchie de Juillet

Seconde République

Second Empire

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École polytechnique : petite et grande tenue, sous la monarchie de Juillet et le Second Empire.

En 1888, selon l'ouvrage collectif de Louis Rousselet, Nos grandes écoles militaires et civiles, publié chez Hachette en 1888, il y avait à cette époque neuf grandes écoles: l'École navale, l'École spéciale militaire de Saint-Cyr, l'École polytechnique, l'École centrale des arts et manufactures, l'École des Beaux-Arts, l'École de médecine, l'École de droit, l'École normale supérieure et l'École forestière.

En 1894, selon Georges Paulet[30], le nombre d'élèves dans les six écoles françaises décernant des diplômes d'ingénieurs est le suivant : École supérieure des mines, 187 ; École des mines de Saint-Étienne, 75 ; École des ponts et chaussées, moins de 100 ; École centrale des arts et manufactures, 692 ; Institut industriel du Nord, 235 ; École centrale Lyonnaise, 60.

Troisième République

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Une des premières promotions de l'Essec, en 1909.

Quatrième République

Cinquième République

La liste des établissements supérieurs désignés comme grandes écoles a commencé à augmenter à la fin du XXe siècle sous l'influence d'une association, appelée Conférence des grandes écoles, créée en 1973 avec la participation de onze écoles supérieures d'ingénieur, auxquelles s'étaient jointes l'École des hautes études commerciales, qui va étendre ce titre aux écoles supérieures de commerce (ESCAE), puis à tous les établissements qui deviennent membres (actuellement 226). Il s'agit maintenant d'établissements d'enseignement supérieurs de toutes sortes, de commerce, d'enseignement, d'art, de techniques, de communication, publics ou privés, français ou étrangers, qui viennent chercher dans cette appellation une notoriété prestigieuse.

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Accélérateur d’électrons SIRIUS au Laboratoire des solides irradiés de l’École polytechnique.

De nos jours

Les grandes écoles recouvrent de nombreux domaines, militaires ou civils, scientifiques, administratifs ou commerciaux. Elles peuvent être catégorisées de la façon suivante[9],[31],[32],[33],[34]:

Écoles normales supérieures

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Entrée du bâtiment historique de l'École normale supérieure de Paris, au 45 rue d'Ulm.

Les écoles normales supérieures forment des chercheurs et des professeurs, dont certains prennent ensuite un rôle dans l'administration publique ou dans le monde des affaires[35]. De nombreux prix Nobel ou lauréats de la médaille Fields sont diplômés des Écoles normales supérieures de Paris, Lyon ou Paris-Saclay[36]. Il y a quatre Écoles normales supérieures :

Écoles d'ingénieurs

Les écoles d'ingénieurs recrutent la plupart de leurs élèves après une formation en classes préparatoires scientifiques (deux ou trois années d'études post-Bac). Beaucoup participent également à des écoles doctorales communes à plusieurs universités régionales, parfois en association avec d'autres réseaux internationaux d'enseignement supérieur. Les meilleures écoles d'ingénieurs dispensent souvent une formation générale et très intensive. Il y a en tout 204 écoles d'ingénieurs[32]. La plupart des écoles des quatre premiers groupes suivants forment les ingénieurs dits «généralistes»[16].

Écoles d'ingénieur généralistes

Écoles de l'Institut polytechnique de Paris

Écoles Centrales d'Ingénieurs

Institut national des sciences appliquées (INSA) Plus grand réseau de formation des ingénieurs en France, comptant plus de 16 700 étudiants, administré par le ministère de l'Éducation. Le réseau est composé de plusieurs écoles à travers la France :

Institut national polytechnique[9] Réseau de formation des ingénieurs. Le réseau est composé de plusieurs écoles à travers la France :

Réseau Polytech[9]

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Bâtiments de Polytech Tours.

Réseau de formation des ingénieurs, consistant en 15 écoles réparties dans des Universités Technologiques. Ces écoles offrent des Masters dans de nombreuses spécialités :

Écoles d'ingénieurs Institut Mines-Télécom[9]

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École nationale supérieure des mines de Saint-Étienne.

Écoles nationales d'ingénieurs (ENI)[9] Réseau de formation des ingénieurs :

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L'École nationale supérieure d'arts et métiers sur le boulevard de l'Hôpital (13e arrondissement de Paris).

Grandes écoles de physique

Grandes écoles des technologies de télécommunication et de l'information

Grandes écoles de physique et techniques appliquées, ou d'ingénierie civile et industrielle

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École nationale de l'aviation civile.

Autres grandes écoles privées avec diverses spécialités

Écoles de commerce et de gestion

La plupart des grandes écoles de commerce, ou « grandes écoles de management »[39], sont soit consulaires (gérées par les Chambres de commerce et d'industrie régionales, des établissements publics), soit associatives à but non lucratif (association loi de 1901), soit privées à but lucratif (Société anonyme, Société à mission, etc.)[16]. Les écoles suivantes, recrutant principalement sur concours après Classes préparatoires aux grandes écoles, sont fortement sélectives et font partie de la Conférence des grandes écoles. Ces établissements ont généralement des frais de scolarité élevés, en particulier du fait du désengagement progressif de l'état dans le financement de Chambres de commerce et d'industrie[40]. Le ministère de l'Éducation nationale n'inclut dans son « Calendrier des concours d'entrée dans les grandes écoles » que les écoles de commerce des concours BCE et Ecricome[9],[10],[16].

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Le campus principal d'ESSEC Business School.
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Hervé Morin en conférence à l'EDHEC Business School.

Écoles du concours BCE ("Banque Commune d'Épreuves")[41],[9],[16]

Écoles du concours Ecricome[51],[9]

Grandes écoles sans classe préparatoire

Certaines grandes écoles sont accessibles directement après le baccalauréat, sur concours. Souvent, les étudiants de ces écoles poursuivent leurs études dans des écoles administratives.

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Palais des études des Beaux-Arts, à Paris.

Universités regroupant des grandes écoles

Écoles de droit, sciences politiques et affaires internationales

Ces écoles forment des étudiants dans des domaines pluridisciplinaires d'études sociales et humaines. Les étudiants se préparent à la fonction publique et à d'autres postes de direction dans le secteur public, mais de plus en plus d'entre eux finissent par travailler dans le secteur privé. Certaines de ces écoles sont réservées aux citoyens français ou de l'Espace économique européen uniquement.

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L'ENA à Paris, ancienne École nationale de la France d'outre-mer.

Écoles militaires

La liste des grandes écoles militaires est définies réglementairement par le ministère de la Défense[59]. Aujourd'hui, il y a quatre grandes écoles militaires généralistes, représentant chaque arme :

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Saint-Cyriens lors du défilé du 14 juillet de 2008.
  • l'École Spéciale Militaire de Saint-Cyr, anciennement située à Saint-Cyr-l'École mais aujourd'hui à Coëtquidan en Bretagne. C'est l'école militaire de l'Armée française. Surnommé Saint-Cyr, ses diplômés et étudiants sont des « cyrards » mais sont généralement appelés « saint-cyriens ». L'école délivre un diplôme d'ingénieur pour ses élèves recrutés en filière scientifique ;

Il existe également d'autres grandes écoles militaires spécialisées :

Accès

L'admission aux grandes écoles se fait après une classe préparatoire (CPGE), ou parfois directement après le baccalauréat. Les CPGE sont sous la tutelle du ministère de l'Éducation nationale comme les universités, tandis que les grandes écoles relèvent des ministères du secteur concerné[18] (Agriculture, Culture, Défense, Équipement, Armée, Industrie, Justice, Santé, Premier ministre, etc.), lequel peut aussi être celui de l'Éducation nationale (dans le cas de l'École normale supérieure). Les admis proviennent pour 40 % d'écoles post-bac, en 2010-2016. De nombreuses grandes écoles recrutent enfin des étudiants ayant obtenu un bac+2 ou bac+3 dans des universités, STS et IUT[62],[63].

Au contraire, certaines écoles d'ingénieurs sont dites « à prépa intégrée », c'est-à-dire accessibles dès le baccalauréat[64].

Critiques et remise en cause

L'enseignement supérieur français se caractérise par l'existence de structures d'enseignement supérieur en dehors des universités ; cette spécificité est l'objet de critiques multiples de la part de certains universitaires et spécialistes de l'Éducation nationale. Au contraire des universités[note 1], les grandes écoles sont généralement estimées être la formation « naturelle » des élites politiques, administratives et économiques en France[65],[66].

Surreprésentation des élèves issus de classes sociales très privilégiées

La critique la plus fréquente adressée aux grandes écoles est d'être un outil de reproduction sociale[67], dans lequel les étudiants issus de milieux sociaux-économiques favorisés sont surreprésentés[68].

Selon une étude de 2021 de l'Institut des politiques publiques, si les étudiants d'origine sociale « très favorisée » représentent 23 % de leur classe d'âge, ils comptent pour plus de 63 % des étudiants des grandes écoles. A contrario, les étudiants issus de milieux « défavorisés » comptent pour 36 % de leur classe d'âge, mais pour moins de 9 % des étudiants des grandes écoles, accentuant la tendance de l'enseignement supérieur en général[68]. Cette diversité sociale au sein de ces établissements n’a pas progressé entre 2006 et 2016[69]. Sont également notées de fortes inégalités géographiques, favorables aux jeunes originaires d'Île-de-France[70],[71],[72].

La surreprésentation des jeunes issus de la bourgeoisie est déjà présente en amont des grandes écoles, dans les classes préparatoires (CPGE), et est analysée par un rapport du Sénat comme « une forme de délit d'initié »[73].

La plupart des grandes écoles sont publiques et quasiment gratuites, alors qu'elles accueillent un public socialement privilégié ; selon Thomas Lebègue et Emmanuelle Walter, cela constitue une « redistribution à l’envers »[74]. Au contraire, selon le directeur de l'association Observatoire des inégalités en 2008, les grandes écoles sont réservées à ceux dont les parents « financent », du fait que leur emploi du temps chargé est incompatible avec le travail des étudiants[75].

Pour les journalistes Thomas Lebègue et Emmanuelle Walter, les grandes écoles créent une élite « qui se serre les coudes à la tête des grandes entreprises et ne s’ouvre pas aux talents extérieurs ni ne se remet en cause »[74]. Ils considèrent cette endogamie comme un non-sens économique, qu'ils accusent de constituer une réseaucratie[74]. Raymond Aron, dans les années 1960, déplorait déjà que les grandes écoles fussent l’un des symboles de l’endogamie sociale et de l’homogénéité culturelle qu'il considérait comme caractéristiques des classes dirigeantes françaises[76].

Malgré une prolifération de dispositifs  tutorat, stages d’été, admissions parallèles , Le Monde constate en que les grandes écoles sont toujours aussi fermées socialement[77].

À ces critiques, les grandes écoles répondent qu'elles ont considérablement modifié leur recrutement dans les années 2000, seulement 38,5 % des étudiants les intégrant en 2010-2016 étant issus de classes préparatoires[62],[78] et 19 % de leurs élèves étant boursiers en 2016[79]. Dans le détail, la plus grande part (plus de 45 %) les a intégrées par la voie des admissions parallèles et 17,3 % après le bac. Ainsi, en quelques années, l'admission qui passait systématiquement par une classe préparatoire a ouvert un éventail de possibilités pour intégrer ces dernières, du BTS (5,5 % des entrants) au master universitaire 1 (5,6 %) en passant par le DUT (10,6 %) et la licence 3 (5,6 %)[78].

Inégalités femmes-hommes

Les grandes écoles ouvrent les concours aux étudiantes à partir du début du XXe siècle (les écoles supérieures de commerce, ou ESC à partir de 1915[80], Supélec en 1918), mais la féminisation reste faible jusqu'aux années 1970, moment où les dernières écoles d'ingénieurs ouvrent leurs portes (comme Polytechnique en 1972). Si la parité est atteinte dans les années 1990 pour les écoles de commerce[81], elle reste un objectif lointain pour les écoles d'ingénieur, où la proportion d'étudiantes varie fortement selon les domaines de spécialisation, avec un minimum à 12 % en 2011[82].

Harcèlement sexuel

Parallèlement aux critiques concernant l'élitisme de leur recrutement, une autre critique adressée aux grandes écoles concerne la gestion des cas de harcèlement sexuel. Dans une tribune publiée en 2013, les collectifs féministes de plusieurs grandes écoles ont dénoncé la « complaisance coupable » des administrations face au harcèlement sexuel, notamment lors des soirées organisées par les associations étudiantes[83]. En 2017, une enquête de l’Express révélait que plusieurs organisations étudiantes constituent des fichiers sur les comportements et les préférences des étudiantes en matière sexuelle, ce qui contrevient aux lois en matière de respect de la vie privée[84]. En [85], une commission égalité a été créée à l’École normale supérieure de Lyon. Cet organe, où siège notamment la spécialiste des questions de genre Christine Détrez, mais aussi Jean-François Pinton (président de l'établissement) et les élus étudiants, a pour mission d'« élaborer la procédure à suivre en cas de harcèlement sexuel » et d'« instruire les dossiers concernant les violences sexistes et sexuelles, en comité restreint »[86]. Sa gestion des dossiers a néanmoins été critiquée par des membres du corps étudiant et du personnel, notamment à travers une pétition adressée à Jean-François Pinton qui a rassemblé près de 400 signatures[87]. Le 6 octobre 2021, une enquête interne de l'École CentraleSupélec démontre un grand nombre d’agressions sexuelles et de viols lors de l'année universitaire 2020-2021 marquée par la Pandémie de Covid-19 entraînant l'enseignement à distance, et l'isolement des étudiantes et des étudiants. Une enquête préliminaire pour harcèlement sexuel, agressions sexuelles et viols a alors été ouverte par le parquet d'Évry[88].

Notes et références

Voir aussi

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