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La plus grande partie de l'Allemagne actuelle, nommée alors Germanie, n'a pas connu la domination romaine, ce dont témoigne le limes de Germanie.
On peut considérer que les territoires germaniques entrent dans le Moyen Âge avec la domination franque et son corollaire l'évangélisation par le clergé catholique. Avec les Francs le monde germanique passe d'un ensemble de peuples, de tribus, de clans à une mosaïque d'États, de royaumes, de duchés nationaux, de comtés et de marches.
Sous la dynastie des Mérovingiens (VIe – VIIIe siècle) dont le fondateur, Clovis (Ludovicus), un Franc salien, se convertit à la religion chrétienne (catholique romaine) à Reims le d'une année comprise entre 496 et 499 et étend sa domination à l'est du Rhin. En 506, après sa victoire à Tolbiac (aujourd'hui Zülpich, près de Cologne) sur les Alamans, il annexe un territoire compris entre la Meuse et la Weser, hormis le nord qui reste sous la domination des Saxons et des Frisons (voir royaumes francs) .
Les fils de Clovis agrandissent encore le royaume des Francs vers l'Est en faisant la conquête de :
La plus grande partie méridionale de l'ex-RFA est alors sous domination franque.
Au VIIe siècle, l'affaiblissement de la dynastie franque provoque des changements d'ordre territorial :
La région située entre la Meuse, le Rhin et le Main est gouvernée par un roi mérovingien : c'est l'Austrasie. Les maires du palais austrasiens prennent de plus en plus d'ascendant sur le roi et la famille des Pépinides commence à se distinguer par sa richesse et son influence à la tête de cette fonction.
Des régions prennent de plus en plus d'autonomie, à la périphérie du royaume des Francs. On les appelle des principautés territoriales car elles sont gouvernées par des dynasties de princes francs, qui n'appartiennent pas à la famille mérovingienne. Ces principautés ont été formées sur un principe régional et obéissent en théorie au roi mérovingien qui reste malgré tout la seule source de légitimité. Sur l'actuel territoire allemand, ces principautés sont :
Enfin, la période mérovingienne est celle d'une intense activité missionnaire à l'est du Rhin : Willibrord et Boniface de Mayence, s'occupent d'évangéliser la Germanie. Dès 739, Boniface, de son vrai nom Winfrid (Wynfrid), fixe les diocèses de Ratisbonne, Freising, Passau et Salzbourg. En 742, il fonde le premier siège épiscopal de la Thuringe. Il crée également les diocèses de Büraburg, Würzburg et Erfurt[1] ainsi que le monastère de Fulda en 744. Il réorganise les diocèses de Bavière.
Avec les Carolingiens, principalement Charlemagne, l'espace contrôlé par les Francs s'étend considérablement vers l'est. Son grand-père Charles Martel avait réuni les trois royaumes sous son contrôle, en 688, après avoir vaincu l'aristocratie de Bourgogne et de Neustrie, avant de se lancer dans la conquête de nouveaux territoires.
La Bavière est aux mains de la dynastie des Agilolfingues depuis 550. Après la mort du duc Odilon de Bavière, en 748, son épouse Hiltrude, sœur de Pépin le Bref, exerce la régence pour son fils Tassilon. En 757, Tassilon prête serment de fidélité à Pépin le Bref, au plaid de Compiègne. Mais il mène ensuite une dangereuse politique d'autonomie vis-à-vis du roi des Francs. Il conclut notamment une alliance matrimoniale avec la lombarde Liutberge. Il réunit des conciles et le pape Adrien baptise son fils en 772. C'est pourquoi Charlemagne exige un renouvellement de son serment en 787 : Tassilon reçoit alors l'investiture solennelle de son duché de Bavière. Mais à la suite d'un complot avec les Avars, Charlemagne l'enferme à l'abbaye de Jumièges (788), et à sa mort en 794, la Bavière entre dans le patrimoine direct des Carolingiens. Elle est alors confiée au beau-frère de Charlemagne, Gérold. En 798, Arn de Salzbourg devient le premier archevêque de Bavière.
Selon plusieurs légendes, les Saxons descendent des Danois, des Normands ou des restes de l'armée d'Alexandre le Grand. Les Saxons occupaient la région actuelle de Basse-Saxe et appartenaient au groupe des Germains du nord. Ils étaient organisés en tribus regroupées en trois peuples principaux : les Ostphaliens dans le Harz, les Angariens et les Westphaliens à l'est du Rhin. Les Saxons étaient païens et les Francs voisins cherchèrent à les évangéliser, sans succès. Au début du VIIIe siècle, les raids saxons menacent le royaume des Francs : les maires du palais pépinides mettent sur pied des expéditions armées, sans conquête (720-738 ; 742-745). Le roi Pépin III Le Bref doit également intervenir.
Mais c'est son fils Charlemagne qui lance une guerre d'environ 30 ans, à partir de 772 : ce dernier détruit le sanctuaire saxon d'Irminsul, faisant disparaître un lieu de sacrifices païens. Selon les Saxons, Irminsul était un arbre soutenant le Ciel, près de la Weser. En représailles, les Saxons s'attaquent au monastère de Fritzlar dans la Hesse et pillent l'évêché de Büraburg. La guerre contre les Saxons est soutenue par un effort d'évangélisation de ce peuple. Le roi chrétien des Francs installe des églises à Eresburg et Syburg. En 777, Charles envoie Sturm (Sturmius), abbé de Fulda et disciple de Boniface en mission en Saxe. L'année suivante, un soulèvement général mené par le chef Saxon Widukind mène à la défaite franque des Süntelgebirge. Charlemagne fait décapiter plusieurs milliers de prisonniers saxons à Verden et ordonne la déportation de plusieurs clans vers le royaume des Francs. Il édicte en 785 un premier capitulaire saxon (De partibus Saxoniae) qui condamne sévèrement (peine de mort) les meurtres de prêtres, les pratiques païennes (incinération). Il met en place le baptême forcé et exige des Saxons qu'ils prêtent serment de fidélité au roi des Francs. En 792-793, une nouvelle révolte agite la Saxe alors que l'évangélisation ne donne aucun résultat.
Le baptême de Widukind au palais royal d'Attigny sous le parrainage de Charlemagne devait convertir les élites saxonnes et ramener la paix. Les déportations se poursuivent en Nordalbingie. En 797, Charlemagne instaure un nouveau capitulaire saxon, plus clément que le précédent. La peine de mort est abolie contre les païens et commuée en amendes. Les troubles cessent progressivement vers 799. Enfin, vers 802-803, la loi des Saxons est mise par écrit et intègre la Saxe dans le nouvel Empire carolingien.
Charlemagne entreprend plusieurs attaques contre les Slaves installés à l'est de l'Elbe. Ces derniers sont divisés en une dizaine de peuples parmi lesquels on compte les Vélètes, les Sorbes (ou Sorabes), les Linons et les Abodrites (ou Obodrites). Ils vivent du commerce, de la pêche et de l'agriculture et se font souvent la guerre entre eux. L'empereur carolingien profite de ces divisions pour étendre son influence. Lui et ses successeurs organisent ce territoire appelé marche des Slaves.
Chronologie des expéditions franques :
Voir aussi Boniface de Mayence ; christianisation ; postérité : croisades baltes (IXe)
L'actuel territoire allemand est soumis aux IXe et Xe siècles à deux menaces : celle des Vikings, arrivant par bateau du nord, et celle des Hongrois, venant de l'est.
Henri l'Oiseleur reprend à son compte la politique des Carolingiens, bien qu'il ne soit pas issu directement de cette dynastie. Il s'occupe de restaurer l'autorité monarchique sur l'ensemble des ducs de Germanie et de repousser les invasions. Il reprend la marche danoise au nord ; il contient les Slaves sur l'Elbe ; il intervient en Bohême. Il fortifie les châteaux du sud de la Germanie et réorganise l'armée. Il est victorieux des Hongrois.
Il inaugure le Drang nach Osten. Il envoie des missions chrétiennes pour évangéliser la Scandinavie. Il fait élire son fils aîné Otton, roi de Germanie, pour éviter le partage de son royaume après sa mort.
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