Loading AI tools
compositrice française De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Germaine Tailleferre, de son vrai nom Germaine Taillefesse[1], née le à Saint-Maur-des-Fossés et morte le à Paris 13e, est une compositrice française.
Naissance | |
---|---|
Décès | |
Sépulture | |
Nom de naissance |
Marcelle Germaine Taillefesse |
Nationalité | |
Domicile | |
Formation | |
Activités | |
Conjoints |
Ralph Barton (à partir de ) Jean Lageat (d) |
Membre de | |
---|---|
Mouvement | |
Instrument | |
Maîtres |
Henri Dallier, Georges Caussade, Abel Estyle (d) |
Genre artistique | |
Distinction |
Elle est principalement connue comme membre du groupe des Six. Sa vie et son œuvre restent méconnues des amateurs[2].
Germaine Tailleferre est née le à Saint-Maur-des-Fossés sous le nom de Marcelle Germaine Taillefesse[3],[4],[5]. Sa mère, née sous le nom Marie-Désirée Taillefesse, avait été contrainte de rompre ses fiançailles pour épouser le jeune Arthur Taillefesse que son père lui avait choisi pour la simple raison qu'ils avaient le même patronyme. Ce mariage arrangé fut des plus malheureux, la seule joie de Marie-Désirée étant ses enfants.
Dernière de cinq enfants[6], la jeune Germaine commence l'étude du piano avec sa mère dès ses deux ans[7] et commence à composer de courtes œuvres dès cinq ans[8]. Pour autant, dans la petite bourgeoisie d'où elle vient, s'il est bien vu qu'une femme ait un loisir artistique, il n'est pas envisageable d'en faire carrière[2]. Malgré l'opposition de son père qui s'exprime en ces termes « Pour ma fille, faire le Conservatoire ou le trottoir Saint-Michel, c’est la même chose. Jamais je ne donnerai mon autorisation » [2], et à l'insu de celui-ci, elle entre en cachette au Conservatoire de Paris et intègre les classes de piano et de solfège en 1904[8]. Le peintre Louis Payret-Dortail ayant convaincu la mère de Germaine[9] de la laisser suivre cette orientation. Après une première médaille de solfège en 1906[7], son père se voit contraint de l'autoriser (par la force des choses) à continuer ses études, tout en refusant d'en assurer le financement. Tailleferre commence donc à donner des leçons[2]. Elle rencontre au Conservatoire Darius Milhaud, Georges Auric et Arthur Honegger en 1912. Elle remporte le premier prix de contrepoint (1913), d'harmonie (1914) et d'accompagnement (1915)[10].
Également au Conservatoire, elle devient l'amie de la harpiste Caroline Luigini-Tardieu, fille du compositeur et chef d'orchestre Alexandre Luigini, qui était alors l'assistante d'Alphonse Hasselmans, professeur de harpe, et pour laquelle elle écrivit Le Petit Livre de harpe de Mme Tardieu (1913-1917), un recueil de dix-huit pièces brèves.
Elle commence à fréquenter les milieux artistiques de Montmartre et de Montparnasse, Guillaume Apollinaire, Marie Laurencin, Paul Fort, Fernand Léger[2] et le sculpteur Emmanuel Centore, qui épousera Jeanne, la sœur de Germaine.
Son cercle d'amis s'agrandit en 1917 de Picasso et de Modigliani, et c'est dans l'atelier de l'un de ces peintres amis qu'a lieu le le premier concert des « Nouveaux Jeunes » dont font partie Francis Poulenc et Louis Durey. Au programme, Jeux de plein air et sa Sonatine pour quatuor à cordes, qui allait devenir plus tard par l'addition d'un troisième mouvement, le Quatuor à cordes. Erik Satie est enthousiasmé par ses Jeux de plein air[8].
C'est au critique musical Henri Collet que l'on doit l'invention du groupe des Six, en souvenir du groupe des Cinq. Deux articles publiés en 1920, dans le journal Comœdia, sont les écrits fondateurs du désormais célèbre groupe des Six. Même si leurs activités de groupe sont très peu nombreuses, ils resteront amis jusqu'à la fin de leurs jours.
Elle écrit un Hommage à Debussy en 1920. La Première Sonate pour violon et piano est composée par Germaine Tailleferre pour Jacques Thibaud, le célèbre violoniste dont elle est l'amie. Elle est créée à Paris en 1922 par Thibaud lui-même et Alfred Cortot. La même année, Tailleferre compose sa Ballade pour piano et orchestre.
L'année 1923 voit son ballet néo-classique Le Marchand d'oiseaux connaître le succès avec les Ballets suédois. La princesse de Polignac lui passe commande d'un Concerto pour piano dans le même style, créé par Alfred Cortot en 1925 à Philadelphie.
C'est à cette époque que Tailleferre commence à passer beaucoup de temps avec Maurice Ravel à Montfort-l'Amaury, qu'elle a rencontré à Saint-Jean-de-Luz près de Biarritz en 1919-1920. Ravel, qui s'intéresse aux jeunes compositeurs, lui donne avis et conseils tant en matière d'écriture que d'orchestration[11].
En 1926, Tailleferre épouse le caricaturiste américain Ralph Barton qu'elle vient de rencontrer[7] et s'installe à Manhattan. Elle se lie avec les amis de son mari et en particulier avec Charlie Chaplin[2], mais Barton refuse qu'elle compose pour Chaplin[12]. C'est pendant cette période qu'elle compose son Concertino pour harpe et orchestre (1927), œuvre dédiée à son mari. Mais la cohabitation avec Barton, jaloux du succès de son épouse, est difficile[2],[8]. En 1927, à la demande de Barton, le couple retourne à Paris[7], et Tailleferre reçoit commande de Paul Claudel d'une musique pour son ode en l'honneur du scientifique Marcellin Berthelot, intitulée Sous le rempart d'Athènes[n 1]. Tailleferre complète aussi le ballet La Nouvelle Cythère, programmé pour la saison 1929 des Ballets russes mais dont la représentation fut annulée du fait de la mort soudaine de Diaghilev[n 2].
En 1928, elle compose sa Valse lente.
L'année 1929 voit la fin de son mariage avec Ralph Barton[7], qui se suicide en , quelques mois après son retour en Amérique. Ses Six chansons françaises composées à cette époque utilisent des textes du XVe siècle au XVIIIe siècle qui parlent de la condition féminine. Chaque œuvre est dédiée à une amie femme. Ces mélodies sont l'un des rares exemples de féminisme dans l'œuvre de Tailleferre.
Durant l'année 1931, le principal projet de Tailleferre est son opéra-comique Zoulaina qui n'a jamais été monté et dont il n'existe qu'un manuscrit à l'exception de la fameuse Ouverture qui est l'une de ses œuvres les plus jouées.
Le , âgée de 39 ans, elle donne naissance à son unique enfant, Françoise, née de sa liaison avec le juriste français Jean Lageat, qu'elle épouse l'année suivante[7]. Une fois encore, le mariage devient un obstacle à sa carrière de compositrice, son nouveau mari ne manifestant pas plus de soutien que le précédent à ses activités musicales[2]. Elle se consacre à l'éducation de sa fille, et s'occupe de son mari atteint de tuberculose[7].
Germaine Tailleferre parvient malgré tout à composer la Suite pour orchestre de chambre, le Divertissement dans le style de Louis XV, son Concerto pour violon qui avait été perdu dans sa forme originale (la Deuxième Sonate pour violon et piano est une réduction du concerto, sans la cadence) ainsi que le Concerto grosso pour deux pianos, quatuor de saxophones, huit voix solistes et orchestre (1934). Elle inaugure aussi une longue série de musiques de films.
En 1937, elle collabore avec Paul Valéry pour sa Cantate du Narcisse, pour soprano, baryton, chœur de femmes et cordes. En 1938, c'est Georges Enesco qui dirige la création de son Concerto pour violon aux États-Unis.
L'Occupation allemande l'incite à quitter la France. Avec sa fille Françoise, elle gagne l'Espagne puis le Portugal d'où elles embarquent pour les États-Unis[12]. Elles passent les années de guerre à Philadelphie. Elle compose peu pendant cette période, s'occupant surtout de sa fille. Elle écrit néanmoins un Ave Maria pour voix de femmes a cappella créé au Swarthmore College (perdu). Au début de 1942, Tailleferre complète ses Trois Études pour piano et orchestre dédiées à Marguerite Long.
Tailleferre revient en France en 1946 et se réinstalle à Grasse, près de Nice. Sa relation avec Lageat s'est détériorée mais le couple reste marié. Sa première œuvre importante à son retour en France est le ballet Paris-Magie créé à l'Opéra-Comique en 1949, suivi de Il était un petit navire, opéra-comique sur un livret d’Henri Jeanson. L'œuvre, très mal reçue par les critiques, reste peu de temps à l'affiche et ne sera pas éditée.
Elle écrit son Concerto no 2 pour piano (perdu), sa fameuse Sonate pour harpe, le Concertino pour flûte, piano et orchestre à cordes, la comédie musicale Parfums écrite pour Monte-Carlo en 1951 (également perdue) et le ballet Parisiana créé à Copenhague en 1953.
En 1955, Lageat et Tailleferre se séparent[12], tandis que la fille de Germaine, Françoise, donne naissance à sa fille, Elvire. Cette même année, Tailleferre rédige sa série de cinq petits opéras-comiques Petite Histoire lyrique de l’art français : Du style galant au style méchant pour RTF (Radiodiffusion -télévision française et future Radio France). Sur des livrets écrits avec sa nièce Denise Centore, ces cinq opéras, d'environ vingt minutes chacun, présentent l'évolution du style lyrique : Rameau, Rossini, Gustave Charpentier, Offenbach[13].
En 1956, elle écrit le Concerto des vaines paroles sur un texte de Jean Tardieu, dont il ne reste que le premier mouvement, Allegro concertant.
Le , la 1re Chambre du Tribunal civil de la Seine prononce le divorce entre Lageat et Tailleferre, « à leurs torts et griefs réciproques ». Lui a refusé de reprendre la vie commune en répondant notamment à l'huissier venu lui présenter une sommation : « il y a longtemps que j'ai renoncé à vivre avec Madame Germaine Taillefesse […] Je me refuse donc absolument à reprendre la vie commune avec elle ». Il produit également une lettre du où Germaine lui écrit : « il est inutile de faire intervenir des amis pour que je change d'avis. Ma décision est irrévocable. Je ne veux plus entendre parler de toi […] tout est définitivement rompu entre nous. Je me sens libérée, il y a assez longtemps que j'aspirais à la liberté »[14].
En 1957, au cours d'une brève période d'expérimentation dodécaphonique, elle compose son opéra La Petite Sirène ainsi que sa Sonate pour clarinette solo et la Toccata pour deux pianos, dédiée au duo Gold et Fitzdale. Cette période s'achève avec son opéra Le Maître d'après une pièce d'Eugène Ionesco.
Elle est toujours en proie à des soucis financiers, et continue de passer du temps à donner des leçons de piano[2].
Pendant les années 1960, elle compose de nombreuses musiques de film ainsi qu'un Concerto pour deux guitares et un Hommage à Rameau pour deux pianos et deux percussionnistes. Avec le baryton Bernard Lefort (qui allait devenir directeur de l'Opéra de Paris), elle forme un duo qui se produit en tournée dans l'Europe entière[12].
En 1963, elle compose L'Adieu du cavalier, sur un texte de Guillaume Apollinaire à l'occasion d'un hommage à son ami Francis Poulenc, décédé en début d'année.
En 1970, elle devient professeure à la Schola Cantorum[2], mais doit renoncer en raison du manque d'élèves. Elle rencontre alors le chef de l'orchestre des gardiens de la paix Désiré Dondeyne, qui l'encourage à écrire pour orchestre d'harmonie et l'aide à concrétiser certains projets.
Entre 1975 et 1978, elle compose ses Trois sonatines pour piano.
En 1976, elle accepte, à 84 ans, de devenir « en voisine » accompagnatrice pour les enfants à l'École alsacienne, l'une des plus célèbres écoles privées de Paris. Ce poste qui lui apporte un petit complément de retraite, lui permet surtout de garder une activité extérieure et d'achever une dernière série d'œuvres parmi lesquelles la Sonate pour deux pianos, la Sérénade en la mineur pour quatre vents et piano ou clavecin, l'allegro concertant Les Vaines paroles et la Sonate champêtre pour trois vents et piano[2].
Sa dernière œuvre importante est écrite en 1981 à 89 ans, à l'occasion d'une commande du Ministère de la Culture[12] : le Concerto de la fidélité pour voix aiguës et orchestre (orchestration de Désiré Dondeyne), reprise d'une partie d'une œuvre antérieure.
Elle meurt le [1] à l'hôpital Broca, dans le 13e arrondissement de Paris, et est enterrée au cimetière communal de Quincy-Voisins près de Meaux.
Germaine Tailleferre a notamment reçu la Médaille de la Ville de Paris et le Prix Italia[8].
« Je n'ai pas grand-respect pour la tradition. Je fais de la musique parce que ça m'amuse, ce n'est pas de la grande musique je le sais. C'est de la musique gaie, légère, qui fait que, quelquefois, on me compare aux petits maîtres du XVIIIe siècle, ce dont je suis très fière. »
— Germaine Tailleferre[2]
Jean Cocteau disait que Germaine Tailleferre était « une Marie Laurencin pour l'oreille », alors que son ami Darius Milhaud disait en 1923 : « C'est une délicieuse musicienne, qui travaille lentement et sûrement. Sa musique a l'immense mérite d'être sans prétention, cela à cause d'une sincérité des plus attachantes. C'est vraiment de la musique de jeune fille, au sens le plus exquis de ce mot, d'une fraîcheur telle qu'on peut dire que c'est de la musique qui sent bon[2]. »
Tailleferre s'inscrit dans la lignée des impressionnistes[2], et en particulier de Gabriel Fauré et Maurice Ravel[11], avec « une netteté néo-classique qui trahit l’influence de Stravinsky[7] », comme on peut l'entendre dans son ballet Le Marchand d'oiseaux[15]. Elle est aussi admirative de la musique de Couperin, Bach ou Mozart ; on peut entendre des couleurs baroques dans son premier Concerto pour piano et orchestre[15]. En 1954, sa Sonate pour clarinette comporte des éléments de sérialisme[15] ; en 1957, elle expérimente le dodécaphonisme avec entre autres son opéra La Petite Sirène, avant de revenir à un style proche de celui d’avant-guerre[7].
Tailleferre a douté toute sa vie de ses qualités de compositrice ; ce à quoi s'ajoute une grande modestie qui l'empêcha de défendre ses œuvres autant qu'elles le méritaient[2]. Peut-être l'humour et l'ironie de certains de ses titres (Jeux de plein air, Pancarte pour une porte d'entrée (en), Suite burlesque…) et son style léger[12] ont-ils contribué à la faire passer pour une compositrice frivole[7].
Cela ne l'a pas empêché de recevoir plusieurs commandes pour des œuvres orchestrales, des ballets, ou de collaborer avec de nombreux artistes et écrivains (Paul Claudel, Paul Valéry[2]).
Beaucoup des œuvres de Tailleferre sont perdues ou peu disponibles[7]. Certaines de ses pièces n'ont jamais été représentées, nombreux considérant pendant la première moitié du xxe siècle que les femmes étaient illégitimes à composer de la musique[6].
Outre de petites pièces pour piano, elle compose des œuvres de musique de chambre, des mélodies, deux concertos pour piano, trois études pour piano et orchestre, un concerto pour violon, un imposant Concerto grosso pour deux pianos, huit voix solistes, quatuor de saxophones et orchestre, quatre ballets, quatre opéras, deux opérettes, sans compter de nombreuses autres œuvres pour petits ensembles ou grand orchestre, la plupart écrites entre 1945 et sa mort en 1983. Jusqu'à un passé récent toutefois, une énorme partie de son œuvre restait inédite, tel le Concerto pour deux guitares et orchestre, retrouvé et enregistré en 2004 par Chris Bilobram et Christina Altmann en Allemagne.
Une partie des partitions des œuvres de Germaine Tailleferre est éditée par les Éditions Billaudot[16].
La liste suivante utilise différentes sources :
Au début des années 2010, les éditions Gérard Billaudot publient les quatre premiers opéras de la Petite Histoire lyrique de l’art français (la cinquième partition est perdue[13]). Déjà joués à Bayonne en 2009, ces quatre opéras sont réunis les 11 et sous le titre L’Affaire Tailleferre à l'Opéra de Limoges. Cette création est mise en scène par Marie-Eve Signeyrole, la direction musicale étant assurée par Christophe Rousset[13].
L'orchestre de chambre de Paris donne un concert intitulé « Germaine Tailleferre, l'oubliée du groupe » le à la Cité de la musique, dans le cadre d'une série de concerts en hommage au Groupe des six, organisé par la Philharmonie de Paris[17].
À Saint-Maur-des-Fossés, sa ville natale, le nom de « Germaine Tailleferre » a été donné à un modeste passage entre des bâtiments d'hébergement collectif à proximité d'une voie ferrée. Une rue d'Arcueil porte son nom depuis 1987, ainsi qu'une autre à Quincy-Voisins depuis . On trouve également des rues « Germaine-Tailleferre » à Vitry-sur-Seine, Bobigny, Bordeaux, Tours, Paris (à proximité de la Cité de la musique, XIXe arrondissement)[18], Caussade (dans un quartier dont les rues portent le nom de plusieurs musiciens du XXe siècle dont Darius Milhaud), Perpignan et Pontivy (dans un quartier dont les rues portent des noms de compositeurs), ainsi qu'une allée Germaine Tailleferre à Mâcon[19].
Une station de la ligne 9 du tramway d'Île-de-France porte son nom depuis avril 2021 dans la ville de Vitry-sur-Seine[20].
La Poste française émet un timbre à son effigie en 1992[21].
Virginia Woolf cite Germaine Tailleferre dans Une chambre à soi parmi les exemples de femmes méjugées du simple fait de leur sexe[22].
En , Germaine Tailleferre est la vedette de l'émission Bon voyage de Jacques Florent, au micro de Max Favalelli sur Paris Inter (durée : 59 min)[23]. Germaine Tailleferre donne en 1975, pour la radio, une dizaine d'entretiens de quinze minutes à Michel Manoll[24].
Seamless Wikipedia browsing. On steroids.
Every time you click a link to Wikipedia, Wiktionary or Wikiquote in your browser's search results, it will show the modern Wikiwand interface.
Wikiwand extension is a five stars, simple, with minimum permission required to keep your browsing private, safe and transparent.