Cette formule n'est valable que pour une transition de phase d'ordre 1 selon la classification d'Ehrenfest des transitions, c'est-à-dire, selon la classification actuelle, pour une transition de phase impliquant une enthalpie de changement d'état. Si tel n'est pas le cas, la transition est d'ordre supérieur et il faut se rapporter aux formules d'Ehrenfest. La formule de Clapeyron est donc principalement valable pour les transitions liquide-gaz, solide-liquide et solide-gaz.
La formule de Clausius-Clapeyron (ou relation de Clausius-Clapeyron, équation de Clausius-Clapeyron) est une forme simplifiée de la formule de Clapeyron permettant son intégration dans le cas d'un équilibre liquide-vapeur. Elle fut établie par Clapeyron dès 1834 et retrouvée par Rudolf Clausius en 1850[3].
La formule de Clapeyron donne la pente des diagrammes de phase tels que la figure 1 et permet, entre autres, la détermination expérimentale de l'enthalpie de changement d'état.
La formule de Clapeyron peut être étendue aux mélanges.
Diagramme de Phase
Les principales transitions de phase impliquant une enthalpie de changement d'état sont les transitions liquide-gaz, solide-liquide et solide-gaz, voir la figure 2. Ces transitions sont appelées changements d'état. Les changements d'état se faisant à pression constante pour une température donnée, on peut reporter dans un diagramme P-T les domaines d'existence des diverses phases, voir la figure 1. La formule de Clapeyron représente la pente des courbes délimitant ces domaines dans ce diagramme.
Les trois courbes de transition se rejoignent au point triple qui est le seul point où coexistent les trois états physiques liquide, solide et gaz du corps pur. La branche de vaporisation se termine au point critique, point au-delà duquel le liquide et le gaz ne peuvent plus être différenciés.
Énoncé
À température donnée, un changement d'état d'un corps pur d'une phase notée à une autre notée s'effectue à pression constante , ce que l'on représente sur un diagramme de phase. Pour une transition de phase d'ordre 1 selon la classification d'Ehrenfest des transitions de phase, la pression de changement d'état varie en fonction de la température selon la formule de Clapeyron[4],[5],[6]:
Formule de Clapeyron:
que l'on peut également écrire:
Formule de Clapeyron:
avec:
la température de changement d'état (en kelvins, K);
la pression de changement d'état à la température (en pascals, Pa);
Note 1 - Unité de l'enthalpie de changement d'état.
L'enthalpie de changement d'état peut être exprimée par unité de masse (en joules par kilogramme, J kg−1), auquel cas il faut considérer des volumes massiques (en mètres cubes par kilogramme, m3 kg−1) au dénominateur.
Note 2 - Transition inverse.
Pour une transition de la phase à la phase on considère et . Par conséquent:
Les transitions de l'état vers l'état et de l'état vers l'état ayant pour point commun le point triple, ceci implique qu'il ne peut y avoir d'hystérésis dans les changements d'état d'un corps pur: pour une température donnée , autrement dit, que la transition se fasse dans un sens ou dans l'autre, la pression de changement d'état d'un corps pur est la même.
«Une transition de phase est d'ordre n si la fonction enthalpie libre et ses dérivées jusqu'à l'ordre n-1 sont continues, tandis qu'une de ses dérivées d'ordre n au moins est discontinue.»
Pour une transition d'ordre 1, la dérivée d'ordre 0 de l'enthalpie libre est continue lors du changement d'état. Autrement dit, l'enthalpie libre est invariante lors du changement d'état à pression et température constantes. Ainsi, dans les conditions d'équilibre (mêmes pression et température), l'enthalpie libre d'une quantité de corps pur dans l'état est égale à l'enthalpie libre de cette même quantité de corps pur dans l'état [6]:
Étant donné l'identité de l'enthalpie libre molaire d'un corps pur et de son potentiel chimique, ceci implique que[6]:
En revanche, pour cette même transition d'ordre 1, les dérivées partielles d'ordre 1 de l'enthalpie libre[6]:
ne sont pas continues:
avec:
et les volumes de la quantité du corps pur respectivement dans les phases et , à la température et sous la pression ;
et les entropies de la quantité du corps pur respectivement dans les phases et , à la température et sous la pression .
On a donc, en termes de volume molaire et d'entropie molaire:
Dans une transition de phase d'ordre 1 le corps pur change de volume (par exemple dans la vaporisation d'un liquide le volume résultant de gaz est supérieur au volume initial de liquide), contrairement à une transition de phase d'ordre 2 (par exemple la transition conducteur-supraconducteur) où le volume du corps pur ne change pas. De plus, une transition de phase d'ordre 1 induit un changement d'entropie du corps pur, et donc implique une enthalpie de changement d'état (la vaporisation d'un liquide nécessite l'apport de chaleur), contrairement à une transition d'ordre 2 où il n'y a pas d'entropie de changement d'état. Dans une transition d'ordre 1 le corps pur passe par une série d'états intermédiaires où les deux phases coexistent (dans une vaporisation le liquide et la vapeur coexistent depuis l'état de liquide seul jusqu'à l'état de vapeur seule tant que la chaleur totale nécessaire à son évaporation complète n'a pas été apportée au liquide); au contraire les deux phases ne coexistent pas dans une transition d'ordre 2, celle-ci étant immédiate.
Démonstration
Considérons le changement d'état d'un corps pur défini par l'équation suivante, mettant en jeu les phases et à pression et température constantes:
Si l'on modifie la température initiale de l'équilibre pour une autre température , tout en restant à l'équilibre des deux phases, alors la pression d'équilibre passe de à et les potentiels chimiques passent respectivement de à et de à . Les potentiels chimiques des deux phases sont toujours égaux lorsque le système atteint son nouvel équilibre. On peut écrire pour le nouvel équilibre:
d'où l'égalité des variations des deux potentiels chimiques:
Selon la relation de Gibbs-Duhem appliquée à moles de corps pur, la variation du potentiel chimique vaut[6]:
On intègre entre deux états d'équilibre impliquant les deux mêmes phases: un état de référence et un état .
L'enthalpie de changement d'état ne dépend que de la température. On peut par approximation considérer l'enthalpie de changement d'état comme constante sur des intervalles de température de l'ordre de quelques dizaines voire centaines de degrés.
Les volumes molaires dépendent de la température et de la pression. Dans le cas des phases condensées (liquide et solide) cette dépendance est faible et peut être considérée comme négligeable pour des intervalles de température peu importants. Les volumes molaires des phases condensées sont en outre négligeables devant celui d'une phase gaz, à condition toutefois d'être suffisamment éloigné du point critique pour un liquide.
Transition liquide-gaz, formule de Clausius-Clapeyron
L'enthalpie de changement d'état mise en jeu est l'enthalpie de vaporisation. L'écart des volumes molaires vaut .
Si l'on est suffisamment loin du point critique du corps pur, le volume molaire du liquide est négligeable devant celui du gaz[9]:
D'autre part, à des pressions de l'ordre de la pression atmosphérique le gaz peut être considéré comme parfait, aussi son volume molaire peut-il être calculé selon la loi des gaz parfaits:
Contrairement à la formule de Clapeyron qui est valable quelles que soient les conditions de pression et température, c'est-à-dire du point triple au point critique dans le diagramme de phase du corps pur, cette relation n'est donc valable que:
si le volume molaire du liquide est négligeable devant celui du gaz, c'est-à-dire pour un équilibre loin du point critique,
si le gaz se comporte comme un gaz parfait, c'est-à-dire pour un équilibre aux basses pressions.
On intègre (pour mémoire, une enthalpie de changement d'état ne dépend que de la température):
Si l'on considère l'enthalpie de vaporisation comme une constante, on obtient la formule de Rankine[12],[13]:
Formule de Rankine:
ou, de façon plus générale:
Formule de Rankine:
En introduisant une troisième constante pour ajuster plus précisément la corrélation à des données expérimentales[14],[15], on obtient l'équation d'Antoine:
Équation d'Antoine:
L'enthalpie de vaporisation est une grandeur positive, en conséquence la pression de vapeur saturante d'un corps augmente avec la température; réciproquement, sa température de vaporisation (ébullition) augmente avec la pression. Par exemple l'eau bout à 100°C sous la pression de 1atm, mais au sommet du Mont Blanc, où la pression n'est que de 0,5atm, l'eau bout à 85°C. Au sommet de l'Everest, elle bout à 72°C. Au contraire, au fond des océans la pression est telle que l'eau peut se maintenir liquide à plus de 300°C près de sources chaudes[16].
L'enthalpie de changement d'état mise en jeu est l'enthalpie de sublimation. De même que pour l'équilibre liquide-gaz, le volume molaire du solide est négligeable devant celui du gaz, et aux basses pressions le gaz peut être considéré comme parfait. On obtient par conséquent, en intégrant la formule de Clapeyron en considérant l'enthalpie de sublimation constante, une formule similaire à la formule de Rankine obtenue précédemment[13]:
L'enthalpie de sublimation étant supérieure à l'enthalpie de vaporisation, soit , aux alentours du point triple la courbe d'équilibre solide-gaz du corps pur dans un diagramme P-T a une pente supérieure à celle de la courbe d'équilibre liquide-gaz (voir figure 1).
L'enthalpie de changement d'état mise en jeu est l'enthalpie de fusion. L'écart des volumes molaires vaut . Les deux phases condensées ont des volumes molaires ( pour le liquide et pour le solide) dépendant peu de la température et de la pression. On peut ainsi intégrer en considérant l'enthalpie de fusion et les volumes molaires comme constants:
La courbe associée à cette relation correspond à la branche d'équilibre liquide-solide sur le diagramme de phase. Cette branche est presque linéaire aux basses pressions et est pratiquement verticale à cause du faible écart des volumes molaires des phases condensées ( d'où et ).
L'enthalpie de fusion étant une grandeur positive et le volume molaire d'un liquide étant le plus souvent supérieur à celui d'un solide, pour la quasi-totalité des corps purs la pente de la branche liquide-solide du diagramme P-T est positive: . L'eau est une exception (ainsi que l'antimoine, l'argent, le bismuth, le gallium, le germanium, le plutonium et le sodium) car le volume molaire du solide (glace) est supérieur à celui du liquide (, par conséquent la glace flotte), ainsi , la pente de la branche d'équilibre solide-liquide de l'eau est négative: (voir la figure 1).
Détermination de l'enthalpie de vaporisation
La température et la pression d'équilibre associée d'un gaz au contact de son liquide peuvent être mesurées expérimentalement dans un autoclave. On peut ainsi déterminer l'évolution de la pression d'équilibre ou pression de vapeur saturante en fonction de la température. En considérant que l'enthalpie de vaporisation est constante sur l'intervalle de température expérimental, selon la formule de Rankine:
d'où:
Si l'on trace le graphe on obtient une droite de pente négative, voir figure 3:
La détermination graphique de cette pente permet le calcul de l'enthalpie de vaporisation:
Cas particulier de la fusion de l'eau
L'eau est l'un des rares corps dont la masse volumique du solide est inférieure à celle du liquide (d'où le fait que la glace flotte). En conséquence, la température de fusion de l'eau diminue sous l'effet de la pression (pour la grande majorité des corps elle augmente avec la pression).
À pression atmosphérique la température de fusion de la glace est de = 0 °C (273,15 K). La formule de Clapeyron intégrée permet de calculer le changement de pression nécessaire pour faire baisser la température de fusion à = −1 °C (272,15 K):
= 333,5 kJ kg−1 l'enthalpie de fusion massique de l'eau;
= 1,002 × 10−3m3 kg−1 le volume massique de l'eau liquide à 0°C (soit une masse volumique de 998kg m−3);
= 1,090 5 × 10−3m3 kg−1 le volume massique de l'eau solide (glace) à 0°C (soit une masse volumique de 917kg m−3);
la pression relative à appliquer pour faire baisser la température de fusion de l'eau à −1°C est de:
= 13,82MPa = 138,2 bar
soit une pression absolue de 139,2 bar.
Ceci est mis en évidence dans l'expérience de Tyndall (voir figure 4). Un fil lesté d'un poids est posé sur un pain de glace. Sous l'effet de la pression due au fil la température de fusion baisse et la glace fond localement, en conséquence le fil descend dans le bloc de glace. L'eau redevient solide après le passage du fil, lorsque la pression redevient normale. Le fil traverse ainsi le bloc de glace sans le rompre[19].
Cette particularité explique le déplacement des glaciers: le poids de la glace exerce sur la base du glacier une pression telle que l'eau y fond, permettant le glissement de la masse de glace par gravité sur un sol pentu. De même, en patinage sur glace l'augmentation de pression au sol (par rapport à la pression atmosphérique) due au poids du patineur fait baisser la température de fusion de la glace, celle-ci fond en conséquence et il se forme une mince couche d'eau liquide sous le patin, ce qui permet la glisse. Le poids du patineur étant transmis au sol par la surface de contact de la lame du patin, très faible, la pression résultante est très importante.
Pour les mélanges on peut, à composition donnée, tracer les courbes de changement d'état dans un diagramme représentant la pression en fonction de la température. La figure 5 montre un ensemble de courbes d'équilibre liquide-vapeur du système méthane-éthane obtenues pour diverses compositions du mélange. Les courbes du méthane et de l'éthane purs y sont également représentées.
Les points critiques sont marqués par des cercles. Le lieu géométrique des points critiques des mélanges commence et finit aux points critiques des corps purs.
Une courbe pleine, pour une composition donnée, présente deux branches qui se rejoignent au point critique. La branche joignant le point critique par la gauche (basses températures) est la courbe d'ébullition du mélange; celle joignant le point critique par la droite (hautes températures) est la courbe de rosée. À gauche de la courbe d'ébullition le mélange est liquide, à droite de la courbe de rosée il est gazeux. Au-delà du point critique il est supercritique.
Pour une composition donnée, entre la courbe d'ébullition et la courbe de rosée le mélange est biphasique. Dans ce domaine, à pression et température données, les compositions de la phase liquide et de la phase gaz en équilibre sont données respectivement par la courbe d'ébullition et la courbe de rosée passant par ce point du diagramme.
Comme pour un corps pur, on peut établir théoriquement l'expression des pentes de ces courbes d'ébullition et de rosée: il s'agit de l'extension de la formule de Clapeyron aux mélanges. Cette formule s'applique à tous les changements de phase entre solide, liquide et gaz.
Énoncé de la formule pour les mélanges
La formule de Clapeyron étendue aux mélanges[21],[22],[23], pour un mélange de constituants notés , pour une phase de composition constante en équilibre avec une phase de composition variable, s'écrit:
et les enthalpies molaires partielles du corps respectivement dans les phases et ;
le volume molaire de la phase ;
et les volumes molaires partiels du corps respectivement dans les phases et .
Note 1 - Grandeurs molaires partielles de la phase .
Dans l'expression de , les grandeurs molaires partielles de la phase , et , sont pondérées par la composition de la phase , les fractions molaires . Néanmoins, elles sont des fonctions de la composition de la phase , les fractions molaires : et .
Les grandeurs molaires de la phase , et , sont des fonctions de la composition de la phase , les fractions molaires : et .
Les écarts et correspondent donc aux variations de propriétés d'un mélange de composition passant d'un état initial ayant les propriétés de l'état à un état final ayant les propriétés de l'état .
Note 2 - Formule du corps pur.
Dans le cas d'un corps pur les fractions molaires . Les grandeurs molaires partielles se confondent avec les grandeurs molaires: et . On retrouve la formule pour les corps purs.
Note 3 - Transition inverse.
Pour la transformation inverse, dans laquelle la phase à composition constante est en équilibre avec la phase de composition variable:
avec:
l'enthalpie molaire de la phase ;
le volume molaire de la phase .
À la température , on considère une phase et une phase de même composition :
la phase est en équilibre avec une phase de composition à la pression ,
la phase est en équilibre avec une phase de composition à la pression .
On a:
Ainsi la variation de la pression de changement d'état d'un mélange n'est-elle pas la même selon le sens de la transformation:
En conséquence, pour un équilibre liquide-vapeur d'un mélange de composition donnée à température donnée, la pression de rosée (pression à laquelle apparait la première goutte de liquide dans le gaz) n'est pas identique à la pression de bulle (pression à laquelle apparait la première bulle de gaz dans le liquide).
Note 4 - Azéotropes et points de fusion congruents.
Dans certains cas, les deux phases en équilibre ont la même composition: par exemple si le système présente un azéotrope ou un point de fusion congruent. À la température , les deux phases ont la même composition et la même pression . En application du théorème d'Euler, on a alors:
On obtient:
Dans les cas où les phases en équilibre ont la même composition, les courbes de changement d'état sont tangentes.
Démonstration de la formule étendue
On suppose une phase en équilibre avec une phase . On étudie cet équilibre à composition de la phase constante. En modifiant la pression et la température, seule la composition de la phase est donc modifiée. Les deux phases sont des mélanges de composants repérés par l'indice . On note:
Puisque l'on fait varier la pression, la température et la composition tout en restant à l'équilibre des phases, les potentiels chimiques varient, pour chaque composant, selon:
En substituant cette relation dans la relation (4) et en considérant que la démonstration est faite à composition de la phase constante, on obtient la formule de Clapeyron étendue aux mélanges:
Formule de Clapeyron étendue aux mélanges:
Application aux équilibres de mélanges idéaux
Si les deux phases en équilibre sont des mélanges idéaux, les enthalpies molaires partielles et les volumes molaires partiels se confondent respectivement avec les enthalpies molaires et les volumes molaires des corps purs aux mêmes pression, température et phases, soit:
En conséquence:
Les corps purs n'existent pas nécessairement dans les phases et dans les conditions de pression et de température du mélange. Néanmoins, pour les phases condensées (liquide et solide) il peut être considéré que les propriétés de ces phases sont indépendantes de la pression, elles sont généralement données en fonction de la température seule: elles peuvent en conséquence être utilisées à la température du mélange mais pour des pressions auxquelles les phases condensées n'existent pas. Pour un gaz, le gaz idéal est un gaz parfait qui peut exister à toute pression et toute température; de plus l'enthalpie d'un gaz parfait ne dépend pas de la pression en vertu de la loi de Joule-Thomson. On note, pour tout corps :
La formule de Clapeyron étendue aux mélanges idéaux s'exprime selon:
l'écart des volumes molaires respectifs du corps pur dans les phases et à la température ; pour un gaz parfait .
Pour la pression de bulle d'un mélange liquide idéal, la phase est une phase gaz, la phase la phase liquide. L'enthalpie de changement d'état d'un corps pur est donc son enthalpie de vaporisation:
Au basses pressions, le volume molaire d'une phase condensée est négligeable devant celui d'un gaz en équilibre, aussi puisque la phase est un mélange de gaz parfaits:
De même, pour la pression de rosée d'un mélange gazeux idéal, la phase est une phase liquide, la phase la phase gaz. L'enthalpie de changement d'état d'un corps pur est donc son enthalpie de liquéfaction:
Pour les volumes molaires aux basses pressions, celui du liquide étant négligeable devant celui du gaz: .
On a par conséquent les formules de Clausius-Clapeyron pour les pressions de bulle et de rosée d'un mélange idéal:
et les fractions molaires respectives du corps en phases liquide et gaz.
Puisque les enthalpies de vaporisation des corps purs sont des grandeurs positives, les deux pressions et idéales ont une pente négative en fonction de : elles ne peuvent donc qu'augmenter en fonction de . Or autour du point critique les courbes réelles présentent localement des pentes négatives en fonction de , voir figure 5. Par conséquent les courbes idéales ne peuvent pas représenter un point critique.
Pour un corps pur la formule de Clausius-Clapeyron donne:
Un équilibre liquide-vapeur idéal suit la loi de Raoult. Pour chaque composant on a . En conséquence:
La loi de Raoult donne également et . En introduisant ces expressions dans les deux relations ci-dessus celles-ci deviennent explicites en la pression considérée et ne dépendent plus que de la température et de la composition de phase constante. D'autre part, en dérivant ces expressions on retrouve les relations ci-dessus: la formule de Clausius-Clapeyron étendue aux équilibres liquide-vapeur de mélanges idéaux est cohérente avec la loi de Raoult.
(de) R. Clausius, «Ueber die bewegende Kraft der Wärme und die Gesetze, welche sich daraus für die Wärmelehre selbst ableiten lassen» [«On the motive power of heat and the laws which can be deduced therefrom regarding the theory of heat»], Annalen der Physik, vol.155, , p.500–524 (DOI10.1002/andp.18501550403, Bibcode1850AnP...155..500C, lire en ligne), p.505.
Jean-Noël Jaubert et Louis Schuffenecker, Pressions de vapeur saturantes des composés organiques, vol.K 670, Techniques de l'ingénieur, (lire en ligne).
Hervé Lemarchand, sous la direction de Geneviève M. L. Dumas et Roger I. Ben-Aïm, L'indispensable en thermodynamique chimique: les fondements, Bréal, (ISBN2-7495-0264-0, lire en ligne), p.72-75.
Michel Soustelle, Transformations entre phases, vol.5, ISTE Group, coll.«Génie des procédés / Thermodynamique chimique approfondie», , 240p. (ISBN9781784051235, lire en ligne), p.15-20.
Richard Taillet, Loïc Villain et Pascal Febvre, Dictionnaire de physique: + de 6500 termes, nombreuses références historiques, des milliers de références bibliographiques, Louvain-la-Neuve/impr. aux Pays-Bas, De Boeck supérieur, , 976p. (ISBN978-2-8073-0744-5, lire en ligne).