Entropie, théorème de Gibbs
Le théorème de Gibbs, s'appuyant sur la loi de Dalton et la loi de Joule et Gay-Lussac, montre que pour un mélange de gaz parfaits :
Ce théorème s'exprime formellement comme suit : dans un mélange de gaz parfaits, l'entropie totale du mélange de gaz parfaits à pression et température se calcule à partir des entropies molaires partielles de chacun de ses constituants , représentés par les quantités et les fractions molaires , selon :
Théorème de Gibbs :
|
D'après la relation de Mayer pour un gaz parfait pur, en introduisant la capacité thermique isochore molaire , nous avons la relation :
d'où :
en considérant et :
d'où :
Entropie molaire partielle : |
avec :
- , capacité thermique isobare molaire du constituant gaz parfait pur ;
- , capacité thermique isochore molaire du constituant gaz parfait pur ;
- , entropie molaire partielle du constituant dans le mélange de gaz parfaits ;
- , entropie molaire du constituant gaz parfait pur à , et ;
- , pression partielle du constituant : ,
- , volume du constituant gaz parfait pur à et , .
Selon le théorème d'Euler sur les fonctions homogènes du premier ordre, l'entropie totale d'un mélange de gaz parfaits de composants vaut :
Entropie : |
avec l'entropie molaire du mélange :
Si l'on note l'entropie molaire du constituant pur à et :
étant donné que , on a la relation :
soit :
Le dernier terme est appelé entropie molaire de mélange, notée :
Entropie molaire de mélange :
Étant donné que pour tout constituant , alors . L'opération de mélange de gaz parfaits à et constantes crée de l'entropie. Pour calculer l'entropie d'un mélange de gaz parfaits à et , il ne suffit pas d'additionner les entropies des constituants purs à et , il faut ajouter une entropie de mélange .
Lorsque plusieurs quantités d'un même gaz sont mélangées, il faut toutefois faire attention au paradoxe de Gibbs.
Enthalpie
Lors de la démonstration du théorème de Gibbs, il est également démontré que l'enthalpie molaire partielle d'un constituant du mélange est égale à l'enthalpie molaire de ce constituant pur à la même température ( est donc indépendante de la pression, comme ) :
Enthalpie molaire partielle : |
avec :
- , capacité thermique isobare molaire du constituant gaz parfait pur ;
- , enthalpie molaire partielle du constituant dans le mélange de gaz parfaits ;
- , enthalpie molaire du constituant gaz parfait pur à et .
Selon le théorème d'Euler sur les fonctions homogènes du premier ordre, l'enthalpie totale d'un mélange de gaz parfaits de composants vaut :
Enthalpie : |
avec l'enthalpie molaire du mélange :
Capacité thermique isobare
Par définition de la capacité thermique isobare, nous pouvons définir :
- , capacité thermique isobare du mélange de gaz parfaits ;
- , capacité thermique isobare molaire du mélange de gaz parfaits ;
- , capacité thermique isobare du constituant gaz parfait pur ;
- , capacité thermique isobare molaire du constituant gaz parfait pur ;
et puisque est une grandeur extensive :
- , capacité thermique isobare molaire partielle du constituant dans le mélange de gaz parfaits.
L'enthalpie totale du mélange de gaz parfaits s'écrit :
Puisque les sont des constantes et que les des gaz parfaits purs ne dépendent que de , on en déduit que :
d'où :
Capacité thermique isobare molaire partielle : |
et :
Capacité thermique isobare : |
Enthalpie libre, solution idéale
Par définition de l'enthalpie libre :
d'où, pour l'enthalpie libre molaire partielle du constituant :
Enthalpie libre molaire partielle : |
avec :
- , capacité thermique isobare molaire du constituant gaz parfait pur ;
- , enthalpie libre molaire partielle du constituant dans le mélange de gaz parfaits ;
- , enthalpie molaire du constituant gaz parfait pur à et ;
- , entropie molaire du constituant gaz parfait pur à et ;
- , pression partielle du constituant : .
Certaines bases de données donnent et , d'autres et . étant l'enthalpie libre molaire du constituant gaz parfait pur à et , avec la relation , les deux derniers termes de l'expression ci-dessus deviennent :
Si l'on note l'enthalpie libre molaire du constituant pur à et :
étant donné que , on a la relation :
Puisque l'on a également les relations suivantes avec les potentiels chimiques :
- , potentiel chimique du constituant en mélange de gaz parfaits ;
- , potentiel chimique du constituant gaz parfait pur ;
on a la relation qui définit une solution idéale :
Selon le théorème d'Euler sur les fonctions homogènes du premier ordre, l'enthalpie libre totale d'un mélange de gaz parfaits de composants vaut :
Enthalpie libre : |
avec l'enthalpie libre molaire du mélange :
Énergie interne
Par définition de l'enthalpie par rapport à l'énergie interne :
d'où, pour l'énergie interne molaire partielle du constituant :
Pour un constituant gaz parfait pur, nous pouvons écrire à et :
- le volume molaire
d'où :
D'après la relation de Mayer pour un gaz parfait pur, en introduisant la capacité thermique isochore molaire , nous avons la relation :
d'où :
Énergie interne molaire partielle : |
avec :
- , capacité thermique isochore molaire du constituant gaz parfait pur ;
- , énergie interne molaire partielle du constituant dans le mélange de gaz parfaits ;
- , énergie interne molaire du constituant gaz parfait pur à et .
Selon le théorème d'Euler sur les fonctions homogènes du premier ordre, l'énergie interne totale d'un mélange de gaz parfaits de composants vaut :
Énergie interne : |
avec l'énergie interne molaire du mélange :
Capacité thermique isochore
Par définition de la capacité thermique isochore, nous pouvons définir :
- , capacité thermique isochore du mélange de gaz parfaits ;
- , capacité thermique isochore molaire du mélange de gaz parfaits ;
- , capacité thermique isochore du constituant gaz parfait pur ;
- , capacité thermique isochore molaire du constituant gaz parfait pur ;
et puisque est une grandeur extensive :
- , capacité thermique isochore molaire partielle du constituant dans le mélange de gaz parfaits.
L'énergie interne totale du mélange de gaz parfaits s'écrit :
Puisque les sont des constantes et que les des gaz parfaits purs ne dépendent que de , on en déduit que :
d'où :
Capacité thermique isochore molaire partielle : |
et :
Capacité thermique isochore : |
Énergie libre
Par définition de l'énergie libre :
d'où, pour l'énergie libre molaire partielle du constituant :
Énergie libre molaire partielle : |
avec :
- , capacité thermique isochore molaire du constituant gaz parfait pur ;
- , énergie libre molaire partielle du constituant dans le mélange de gaz parfaits ;
- , énergie interne molaire du constituant gaz parfait pur à et ;
- , entropie molaire du constituant parfait pur à , ;
- , volume du constituant gaz parfait pur à et , .
On peut également définir , l'énergie libre molaire du constituant gaz parfait pur à et . Avec la relation , les deux derniers termes de l'expression ci-dessus deviennent :
Selon le théorème d'Euler sur les fonctions homogènes du premier ordre, l'énergie libre totale d'un mélange de gaz parfaits de composants vaut :
Énergie libre : |
avec l'énergie libre molaire du mélange :
Relation de Mayer
La relation de Mayer pour un gaz parfait pur donne :
en pondérant par les fractions molaires et en sommant sur l'ensemble des constituants du mélange :
puisque nous avons les relations suivantes :
- , capacité thermique isobare molaire d'un mélange de gaz parfaits ;
- , capacité thermique isochore molaire d'un mélange de gaz parfaits ;
avec , nous avons pour le mélange de gaz parfaits :
Relation de Mayer : |
Première loi de Joule
L'énergie interne d'un mélange de gaz parfaits vaut :
or les des gaz parfaits purs ne dépendent que de la température, donc ne dépend que de la température.
Un mélange de gaz parfaits répond donc à la loi de Joule et Gay-Lussac, ou première loi de Joule. Ceci peut être mis en évidence expérimentalement par la détente de Joule-Gay-Lussac.
Loi de Joule et Gay-Lussac : l'énergie interne d'un mélange de gaz parfaits ne dépend que de la température. |
On peut écrire la différentielle de l'énergie interne d'un mélange de gaz parfaits, à composition constante :
Deuxième loi de Joule
L'enthalpie d'un mélange de gaz parfaits vaut :
or les des gaz parfaits purs ne dépendent que de la température, donc ne dépend que de la température.
Un mélange de gaz parfaits répond donc à la loi de Joule-Thomson, ou deuxième loi de Joule. Ceci peut être mis en évidence expérimentalement par la détente de Joule-Thomson.
Loi de Joule et Thomson : l'enthalpie d'un mélange de gaz parfaits ne dépend que de la température. |
On peut écrire la différentielle de l'enthalpie d'un mélange de gaz parfaits, à composition constante :
Loi de Laplace
Lors d'une transformation isentropique, le mélange de gaz parfaits se comporte comme un gaz parfait pur. La transformation étant isentropique, soit , les différentielles des énergie libre et enthalpie s'écrivent respectivement :
d'où les relations :
On pose , le coefficient de Laplace qui ne dépend que de la température et de la composition. On intègre entre un état initial et un état final , en considérant que le coefficient de Laplace est constant au cours de la transformation, malgré le changement de température :
On obtient la loi de Laplace :
Loi de Laplace : |
avec le coefficient de Laplace du mélange :
Si l'on note le coefficient de Laplace de chacun des constituants du mélange considéré pur et la fraction molaire du constituant , on remarquera que :