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photographe français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Fernand Michaud est un photographe français, né à Levroux le et mort à Tours le .
Naissance | |
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Nom de naissance |
Fernand Marcel Michaud |
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Activité |
Spécialiste du portrait et du nu, il fut aussi photographe attaché au Festival d'Avignon.
Il vivait à Tours avec son épouse.
« Ce que Fernand a voulu dire avec ses nus, il en emportera un jour le secret. Car ses photographies ne sont pas des rébus dont un peu de perspicacité permettrait de découvrir l'irréductible sens. »
L'œuvre de Fernand Michaud s'articule autour de trois grands domaines :
À ces trois domaines s'ajoute son travail ultime de plusieurs décennies sur les pêcheries de la Brenne.
Ces trois thèmes sont étroitement imbriqués et il est difficile de les évoquer de manière séparée. L'œuvre est austère, difficile d'accès, relativement méconnu en regard de celui de ses contemporains et amis comme Willy Ronis, Jean-Pierre Sudre, Denis Brihat. L'homme est secret : peut-être est-il plus facile de définir Fernand Michaud par ce qu'il n'est pas que par ce qu'il est.
Fernand Michaud n'est pas un photographe voyageur comme Bernard Plossu. Son univers : les artistes, le Festival d'Avignon, les Rencontres d'Arles, ses différents domiciles et ateliers. Un triangle Paris-Provence-Poitou, incluant la Touraine et la Brenne. Il n'est pas plus un paysagiste : de la Sicile il ne retient que la lumière entrant à flots dans la chambre d'un ancien palais, pour un travail intimiste sur le nu (La Trilogie).
Dans son travail sur la Brenne, le paysage n'est utilisé seul qu'en introduction et conclusion d'un travail de reportage-portrait quasi ethnographique sur les différentes strates d'une société rurale attachée à sa terre et ses traditions : l'être humain, seul, l'intéresse.
Il n'est pas non plus homme à raconter en images sa vie, son univers intime à la manière de Claude Batho. Homme discret, secret, c'est toujours à travers le visage ou le corps de l'« autre » qu'il se dévoile et se raconte (un peu).
Portraitiste, il a toujours évolué à l'écart des contraintes des commandes, pour ne photographier que les gens qu'il aime et admire[3]. Premières études de visages à la chambre grand format (en bois) et lumière artificielle dans les années cinquante : les habitants de son village. À partir des années 1960 il adopte le Leica et la lumière naturelle, pour photographier les artistes du Festival d'Avignon (André Malraux, Duke Ellington, Antoine Vitez, Vittorio Gassman…), et ses pairs photographes (André Kertész, Gisèle Freund, Robert Doisneau entre autres). « Un photographe qui photographie avec prédilection des photographes ! Décidément non, on n'échappe pas aux vertiges de l'auto-portrait. » (Michel Tournier)[4]
Les séances de pose sont l'occasion d'un dialogue de plusieurs heures avec le modèle, débouchant souvent sur une amitié durable avec les artistes (Pina Bausch, Georges Wilson…)
Ses portraits sont toujours graves, austères, sans complaisance mais sans indifférence ni cruauté non plus. L'humour n'en est pas absent. Gisèle Freund dira de son portrait : « je suis laide sur cette photo, mais quel beau portrait »[5].
Dans le domaine du nu, il a bâti son œuvre avec un nombre très limité de modèles, non professionnels : son épouse, sa fille et sa petite-fille (la Trilogie) ; la comédienne et danseuse Hélène Busnel, et une jeune fille de ses amis.
L'érotisme n'est pas absent, mais pas non plus évident ni recherché dans ses nus. Ce n'est pas la « beauté », ni le désir, qui l'intéressent : mais à travers le grain de la peau, la chair ferme de l'enfant et la jeune fille, ou marquée par la maternité et alourdie par l'âge (la Trilogie), c'est davantage le mystère de la Femme, de la vie, sa transmission, et de la mort qu'il interroge[6].
Son travail sur La chair et la matière, dans lequel une jeune femme (Hélène Busnel) évolue parmi les sculptures du musée Rodin, pose la question de la fugacité de la jeunesse et de la vie humaines, face à la permanence et la matière inerte de l'œuvre d'art.
Si l'on ne voit pas toujours le visage du modèle, dans des images qui vont parfois jusqu'à la complète abstraction (la série des Polarisateurs, les Voyages à la surface d'un corps) on devine une collaboration étroite de celui-ci, qui n'est pas seulement un corps nu anonyme offert à l'objectif, mais plutôt un acteur dirigé par un metteur en scène et collaborant avec lui.
Ses séries sur le théâtre et la danse reflètent également une vision toute personnelle du corps. Plus qu'une captation de spectacle, ses images en sont une relecture, des compositions-reconstructions à partir de fragments. On reconnait Walzer de Pina Bausch[7], ou En attendant Godot[8], mais à chaque fois la vision est différente de celle que peut avoir le spectateur, et typiquement celle du photographe[9]. Parfois, l'image saisie de telle chorégraphie semble extraite d'une série de nus.
Brenne secrète est l'ultime publication et reportage de Fernand Michaud. Il l'avait commencé en 1956.
« […] les autochtones sont plus discrets que les bécasses ou les courlis ; difficiles à observer ils savent à l'occasion montrer les dents si vous empiétez sur leur territoire. »
— Jean-Marie Laclavetine[10]
Ce reportage sur la vidange d'un des nombreux étangs de la Brenne, est l'occasion pour Fernand Michaud de quitter ses modèles artistes pour retrouver ses origines rurales : paysans, petits ou grands propriétaires terriens, tous réunis le temps d'une journée pour une pêche aussi rituelle que quasi-miraculeuse.
Le regard est incisif, souvent ironique mais toujours chaleureux. Dans la lumière hivernale blafarde de « ce Yalta impitoyable où la terre, l'air et l'eau se partagent le monde »[10], des octogénaires entrent dans l'eau jusqu'à la poitrine, tout le monde tire sur les filets et plonge les mains dans la manne de poissons, sous le regard attentif des pisciculteurs et propriétaires de l'étang.
Le photographe est acteur à part entière de la scène, à la fois omniprésent et invisible, car accepté par les modèles comme l'un des leurs, et ayant son rôle à jouer dans la cérémonie. On y retrouve pourtant le portraitiste des années cinquante comme celui de Carolyn Carlson[11]. Michaud photographie les pêcheurs brennous comme une chorégraphie de Pina Bausch. Odette est présente, engoncée dans un ciré, méconnaissable au milieu des hommes.
Cette série sur la Brenne, qui semble à première vue anecdotique, voire folklorique, est peut-être l'aboutissement de sa carrière. Le photographe septuagénaire sait qu'il joue ici sa dernière pièce ; il retrouve le milieu social de ses origines modestes, et peut-être l'enfant qui courait les bois et les étangs en compagnie des petits gitans de passage à Levroux[12]. Et tout l'art de tireuse d'Odette Michaud se met au service de l'une des lumières les plus difficiles qui soit pour le noir et blanc. Le secret de cette Brenne, n'est pas seulement celui de ses autochtones, mais peut-être bien aussi celui des photographes.
Il n'est pas possible d'évoquer le travail de Fernand Michaud sans dire l'importance des tirages de son épouse Odette, qui de son élève est devenue une des spécialistes de sa génération (avec Claudine Sudre, Denis Brihat) du travail en laboratoire, notamment par sa maîtrise des virages aux métaux précieux tels que l'or, le platine et le sélénium. L'œuvre de Fernand Michaud s'est écrit à quatre mains[13].
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