Issue du marriage de Bertrand d'Anduze et d'Adélaïde de Roquefeuil en 1129, elle constitue la deuxième maison de Roquefeuil, l'une des plus importante famille de la région au XIesiècle.
Les membres de la famille Roquefeuil-Anduze ont pris part aux grands événements de la région entre le XIeet leXIIesiècle. De cette famille sont issus durant le Moyen Âge de nombreux chefs militaires en France et en Espagne ainsi que de nombreux prélats catholiques.
Origines
La famille de Roquefeuil-Anduze est une branche cadette de la maison d'Anduze[2]. Elle est issue de l'union de Bertrand d'Anduze († v./1171), seigneur du Luc, et d'Adélaïde, héritière de la première maison de Roquefeuil[2],[3]. Le contrat de mariage stipule que leurs descendants porteront le surnom maternel de Roquefeuil[4],[5].
Leur fils aîné, Raymond, est ainsi l'héritier du nom et des possessions de sa mère[4] et à l'origine de la seconde famille de Roquefeuil[6].
Avec le mariage de Catherine, fille d'Arnaud III de Roquefeuil, les biens et les titres passent à son époux, Jean (†), seigneur de Blanquefort et de Pujols[8]. Antoine, leur fils et héritier universel, relève le nom de Roquefeuil et donne naissance à la troisième famille de Roquefeuil, dite de Blanquefort[8].
En 1209, la croisade des Albigeois est proclamée par l'église et vise les territoires du Languedoc. Directement menacé Raymond II se range alors aux côtés du comte de Toulouse. Excommunié, il fait amende honorable.
Raymond II a cependant fermement interpellé le pape Innocent III, lors du concile de Latran en 1215, et s'était fait l'avocat du jeune fils de Raimond-Roger Trencavel, prisonnier des croisés de Simon de Montfort, avec ces paroles: «Seigneur, vrai père, aie merci d'un enfant orphelin d'âge tendre et banni. Aie merci pour le fils de l'honorable comte de Béziers, tué par les croisés et par Simon de Montfort quand on le lui livra. Car de tiers ou de moitié ont décliné noblesse et courtoisie, depuis que, sans tort et sans péché un tel baron a été martyrisé. Car il n'y a pas dans la Cour, cardinal ou abbé dont la croyance soit plus chrétienne que la sienne. Mais puisqu'il est mort, à son fils déshérité rends sa terre et sauve ainsi ton honneur… Rends lui tout à jour fixe et prochain, sinon je te demanderai tout: la terre, le droit, et l'héritage au jour du jugement dernier, ce jour où tu seras jugé...»
Pour son soutien envers le comte de Toulouse, Raymond II reçoit les terres de Breissac et de Ganges[4].
Les seigneurs de Roquefeuil battaient monnaie à l'atelier de Sommières vers 1226[9],[10].
La famille Roquefeuil prend part activement à la guerre de Cent Ans par l'intermédiaire d'Arnaud II qui lève une armée de deux chevaliers, 71 écuyers et 190 sergents pour se battre aux cotés des troupes de Pierre Ier de Bourbon.[réf.nécessaire]
Arnaud II et Guillaume de Roquefeuil sont également mentionnés en 1369 dans la défense de leurs terres, le premier avec 28 écuyers sous ses ordres et le second suivi de neuf autres écuyers[13].
En 1361, Arnaud de Roquefeuil est capitaine de la ville de Montpellier et reçoit tout pouvoir sur les habitants de la ville pour fortifier et défendre la ville[13],[14].
Branche des Roquefeuil-Versols
Guilhem/Guillaume (Guillem de Rocafull) serait un fils naturel d'Arnaud Ier de Roquefeuil[15],[1]. L'érudit espagnol Francisco Cascales(en) (c. 1559-1642) considérait qu'il avait, par son père, des liens familiaux étroits avec le roi Jacques Ier d'Aragon, sans autres précisions[16]. L'historien Pierre Guichard (1983), sans mentionner également de filiation, indique que les «Rocafull, [sont] apparentés aux derniers seigneurs de Montpellier et donc, par alliance, à la maison d'Aragon»[17].
En raison de ses actions auprès du Roi Jacques Ier d'Aragon, notamment dans la conquête des royaumes de Valence et de Murcie, il aurait été légitimé, par lettres patentes, en mai 1263[18].
Jean (Joan), qui hérite de ses biens en France, auteur de la branche ainée des Versols;
Raimond/Raymond (Ramón), héritier des biens situés en Aragon, auteur de la branche des Rocafull espagnols.
Branche aînée
Jean est l'héritier de la terre de Versols. Ses descendants rendaient hommage directement au Roi représenté par le sénéchal du Rouergue[19]. En 1658, ce rameau reçoit le titre de marquis. En 1766, s'éteint le dernier représentant en ligne légitime de ce rameau[20].
Rigaud de Roquefeuil, marié en 1411 avec Béatrix de Maffred, dame de Parlatges, fut l'auteur d'une branche puinée qui conserva la terre et le château de Versols[21].
Ce rameau s'éteignit en ligne légitime en 1756, avec Henri de Roquefeuil, seigneur de Saint-Étienne, son dernier représentant légitime. N'ayant pas contracté d'alliance, il fit le donation, contre une rente viagère[21], de tous ses biens en faveur de l'un de ses neveux, Joseph Bessodes (1717-1802), y compris de reprendre son nom, ses titres et les armes des Roquefeuil Versols[22], et il mourut trois ans après, le .
Soixante-dix ans après, son arrière-petit-neveu Louis-François-Hippolyte Bessodes, sera anobli et autorisé à joindre à son nom celui de Roquefeuil, par lettres patentes du roi Louis XVIII datées du [23]. Son fils Louis-Francisque-Hippolyte Bessodes de Roquefeuil, né à Montpellier en 1824, fut un peintre de paysages, aquarelliste et graveur à l'eau. Elève de Jules Laurens, il a participé aux salons de Paris en 1857 et 1863. Connu sous le nom de Francisque de Saint-Étienne, il signait «Saint-Étienne»[24].
On trouve pour la première fois dans les Filiations languedociennes d'Hubert de Vergnette de Lamotte, qu'Henri de Roquefeuil avait laissé de Marthe Rudel un fils naturel, Henry Roquefeuil, dont on ignore la date et le lieu de naissance, et qui mourut en 1775 à Saint-Étienne-de-Gourgas. De son mariage le avec Marie Audibert, sont issues six générations de médecins[21]. Le docteur Bernard Roquefeuil, né le à Lodève, professeur agrégé de Médecine à la faculté de Montpellier, a été le fondateur en 1978 d'un Centre anti-douleur au CHU de Montpellier. Il a publié La douleur chronique, Paris, Masson, 1988.
Branche cadette espagnole des Rocafull
Fils cadet de Guillaume de Roquefeuil, Raimond/Raymond (Ramón), héritier des biens situés en Aragon, Adelantado mayor de Murcia(es) (1284)[25],[26]. Progressivement le nom de Rocafull se substitue à celui de Roquefeuil.
Cette branche établie en Espagne s'est éteinte en ligne masculine en 1728[réf.nécessaire].
Melchor de Navarra y Rocafull (1626-1691), duc de la Palata et vice-roi du Pérou. Investi dans la politique en Espagne, il s'opposa à don Juan José d'Autriche, qui s'appuyait sur les revendications des Aragonais pour pouvoir jouer un rôle politique[29]. Il fut nommé vice-roi du Pérou en 1681. Dès son arrivée dans la vice-royauté, il lança de grands chantiers destinés à recenser les populations indiennes et à les protéger des abus des curés doctrineros, chargés de les évangéliser, mais qui profitaient souvent de leur situation pour s'enrichir illégalement[30]. Ce dernier projet est à l'origine d'une querelle avec Melchor de Liñán y Cisneros, archevêque de Lima et précédent vice-roi[31]. Il est enfin responsable des fortifications des villes de Trujillo et de Lima. Il décéda de la fièvre jaune à Portobelo alors qu'il retournait en Espagne en 1691 et fut qualifié par Ricardo Palma du «plus vice-roi des vice-rois que connut le Pérou».
Raimondo Perellos y Roccafull (1697-1720), grand maître de l'ordre de Saint Jean de Jérusalem. Il entra dès ses 16 ans dans l'ordre et est rapidement envoyé sur l'ile de Malte pour participer à la guerre contre les pirates berbères et la marine turque. Il s'illustre dans différentes batailles et reçoit différents honneurs dont la grand-croix de l'ordre. De 1689 à 1697 il fut commandant de Torrente, fonction lucrative qui lui permet de financer ses batailles. Le 7 novembre 1697, et sous le pontificat d'Innocent XII il fut élu à la tête de l'ordre de Saint Jean de Jérusalem. Avant tout chef militaire, il se distingua en renforçant significativement la puissance de la marine de l'ordre et en introduisant un nouveau système de lois commerciales et navales. Ces travaux furent connus jusqu'à la cour de Russie qui dépêcha différents ambassadeurs[33].
Au service de l’Église
Plusieurs membres de la famille de Roquefeuil-Anduze ont occupé des fonctions importantes au sein de l’Église catholique, en Languedoc, aux XIIIeetXIVesiècles:
Arnaud II de Roquefeuil, ayant quitté ses titres de Comtor de Nant et baron de Roquefeuil, devint franciscain à Montpellier vers 1290, puis supérieur du couvent de Lunel en 1294, puis supérieur du couvent de Castelnaudary;
Delphine II de Roquefeuil, abbesse de Mègemont (1298-1321)[35];
Rause de Roquefeuil, abbesse de Nonenque en 1311, qui fait l'acquisition du château de La Peyre (1320) auprès de Déodat III, seigneur de Caylus[37];
Marquise de Roquefeuil, abbesse de Nonenque (1326)[38];
Elizabeth de Roquefeuil, abbesse de Nonenque (1369)[38].
Baronnie de Roquefeuil et comptoirie de Nant
La baronnie de Roquefeuil était une terre considérable à la frontière du Languedoc et du Rouergue qui comprenait notamment les châteaux, de Paules, de Vallerangue, de Brissac ou encore de Blanquefort[4].
De cette baronnie, dépendait entre-autres la viguerie de Nant (vicaria Nantensis) qui deviendra la comptoirie de Nant au XIIIesiècle. Les Roquefeuil se qualifiaient de comptor de Nant, terre qu'ils tenaient directement du Roi. Cette administration était structurée autour de trois pôles: judiciaire à Nant, militaire à Cantobre et religieux à Saint-Martin du Vican[40].
Ces terres étaient l'apanage de la première famille de Roquefeuil et furent mentionnées dès 988 par Saint Fulcran dans son testament dans lequel il se présente comme co-seigneur de Roquefeuil pour effectuer des donations à l'abbaye de Nant.
Baronnie de Meyrueis
Cette terre appartenait à la maison d'Anduze et à notamment à Almerade à la fin du Xesiècle. Raymond d'Anduze reçut l'entièreté de cette baronnie qu'il transmit à son fils, Bertrand, époux d'Adelais de Roquefeuil. Ces derniers unirent Roquefeuil et Meyrueis pour former une unique baronnie[41].
La terre de Roquefeuil-Meyrueis entra dans la maison de Rodez en 1230.
Chateaux et places fortes
La famille a possédé les châteaux suivants:
d'Algues, de Castelnau et de Beauvoisin à Nant, de Cantobre, du Mona, de Caylus, de Roquelongue, de Peyrelade, de Combret, autre Caylus, de Creissels et de Roquefeuil, dans l'Aveyron;
de Valgarnide, Aumessas, Esparron, Blanquefort, Belfort, Ussonas, Folhaquier, d'Aigremont, Valleraugue, L'Esperoux dans le Gard, ceux de Brissac, Saint-Bauzille de Putois, Montarnaud, Le Pouget, Lestang, Popian, Baillarguet dans l'Héraut;
Les principales alliances de la famille de Roquefeuil-Anduze sont: de Caylus (122x), de Rodez (1230), Jourdain de Creissels (123x et 132x), de Montcade (124x), de Boussagues (1245), du Tournel (branche des Châteauneuf-Randon - 1259), de Mandagout (126x), de Joyeuse (branche des Châteauneuf-Randon - 1283), d'Esparron (1296), de Thézan (1310 et 1318), de Polignac (1331), de Combret (branche des vicomtes d'Albi - 1316), de Narbonne (132x), de Montpezat (134x), d'Apchier (branche des Châteauneuf-Randon - 1348), d'Arpajon (1361), de Gourdon (1362), de Caussade (1380), de Clermont-Lodève (1380), de Pujols de Blanquefort (1380 et 1380), de Castelnau-Brétenoux (branche des Caylus - 1396).
Laurent Macé, Les comtes de Toulouse et leur entourage, XIIe – XIIIesiècles: rivalités, alliances et jeux de pouvoir, Toulouse, Privat, (réimpr.2003), 445p. (ISBN2-7089-5600-0), p.106.
Hippolyte de Barrau, Documens historiques et généalogiques sur les familles et les hommes remarquables du Rouergue dans les temps anciens et modernes, N. Ratery, (lire en ligne), p.676-677. Hippolyte de Barrau, Documens historiques et généalogiques sur les familles et les hommes remarquables du Rouergue dans les temps anciens et modernes, N. Ratery, (lire en ligne), p.271.
Elie Mazel, Monographie sur Nant d'Aveyron et son ancienne abbaye, depuis son origine jusqu'à la Révolution française, Rodez, Carrère, (lire en ligne), p.116-.
Lina Malbos, «Étude sur la famille féodale d'Anduze et Sauve du milieu du Xesiècle au milieu du XIIIesiècle», Mémoires de l'Académie de Nîmes, vol.LX, , p.209 (lire en ligne).
Alphonse Léon de Delley De Blancmesnil, Notice sur quelques anciens titres: suivie de Considérations sur les salles des croisades au musée de Versailles, Delaroque, (lire en ligne)
Vincent Challet, «Une ville face à la guerre: l’entrée de Montpellier dans la guerre de Cent Ans (1352-1364)», Annales du Midi, nos126-286, , p.161-180 (lire en ligne).
Louis Moreri, Le grand dictionnaire historique ou Le mélange curieux de l'histoire sacrée et profane [...], chez les libraires associés, (lire en ligne), p.355 - 360
"par testament reçu le par Maitre Armely, notaire à Florensac, insinué le 3 juillet 1751 à Florensac , Henri de Roquefeuil fait donation entre vifs à toujours valable et irrévocable au profit de Joseph Bessodes, ancien lieutenant de cavalerie au régiment d’Hédicourt, de tous ses biens présents tant en meubles, qu’immeubles, ensemble de ses noms, armes, droits, titres et action et généralement de tout ce qui peut de droit lui appartenir».
Louis Moreri, Le grand dictionnaire historique ou Le mélange curieux de l'histoire sacrée et profane [...], chez les libraires associés, (lire en ligne), p.355 - 360
Bulletin de la Société héraldique et généalogique de France, Volume 1, 1879, page 48 (Ramon Perellos de Rocafull grand maître de Malte en 1697 n’appartenait à ce rameau que par sa mère)
Claude de Vic, Joseph Vaissette, Ernest Roschach et Édouard Dulaurier, Histoire générale de Languedoc avec des notes et les pièces justificatives par Cl. Deciv & J. Vaissete, Toulouse, E. Privat, (lire en ligne), p.541.
Hugues Du Tems, Le Clergé de France, ou tableau historique et chronologique des archevêques, évêques, abbés, abbesses & chefs des chapitres principaux du Royaume, depuis la fondation des églises jusqu'à nos jours; Par M. l'abbé Hugues Du Tems,... Tome premier [- quatrième], Chez Brunet, (lire en ligne)
Sylvain Piron, «Censures et condamnation de Pierre de Jean Olivi: enquête dans les marges du Vatican», Mélanges de l'école française de Rome, vol.118, no2, , p.313–373 (lire en ligne, consulté le )
Claude de Vic, Joseph Vaissette, Ernest Roschach et Édouard Dulaurier, Histoire générale de Languedoc avec des notes et les pièces justificatives par Cl. Deciv & J. Vaissete, Toulouse, E. Privat, (lire en ligne), p.542.
Marc Antoine François Gaujal, Études historiques sur le Rouergue: Ouvrage donné par l'auteur au département de l'Aveyron et publié après sa mort par ordre et sous les auspices du conseil général de l'Aveyron, P. Dupont, (lire en ligne)
Hippolyte de Barrau, Documens historiques et généalogiques sur les familles et les hommes remarquables du Rouergue dans les temps anciens et modernes, N. Ratery, .
Hubert de Vergnette de Lamotte, Filiations languedociennes, tome 3, Mémoires et documents, 2006 (ISBN2-914611-49-8) (branche de Versols)
Annuaire de la noblesse de France, 1898, par Borel d'Hauterive
Roquefeuil Cahuzac, Versols & Peralada, par le Vicomte de Bonald
Roquefeuil en Rouergue par Chérin - Bibliothèque Nationale - Chérin 214 D3552.
Autres sources
M. Poey d'Avant, Monnaies féodales françaises, Tome II
Christian-Pierre Bedel, Nant: La Cavalariá, La Cobertoirada, L'Espitalet, Sauclièras, Sent-Joan-del-Bruèlh/ Nant: La Cavalerie, La Couvertoirade, L'Hospitalet, Sauclières, Saint Jean du Bruel, Mission départementale de la Culture, Rodez, 1994, 239 p. (ISBN2-907279-20-3)