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La famille de Mathefelon est une famille de noblesse féodale originaire d'Anjou et du Maine. Elle tire son nom du château fort de Mathefelon (ou Matheflon), situé à Seiches-sur-le-Loir, à proximité de Durtal, entre Angers, La Flèche et Sablé. La première famille de Mathefelon s'est éteinte au début du XIIe siècle dans la famille de Champagne-Parcé, qui en a relevé le nom et les armes. Cette seconde famille de Mathefelon s'éteignit en ligne masculine en 1396.
Famille de Mathefelon | |
Armes | |
Blasonnement | De gueules aux six écus d'or posés 3, 2 et 1 |
---|---|
Période | XIe siècle - XIVe siècle |
Pays ou province d’origine | Anjou |
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Ces deux familles successives ont formé au Moyen-Âge une des plus illustres lignées d'Anjou et du Maine.
Au début du XXe siècle, l'abbé Angot a tenté de préciser les origines encore mal cernées de cette famille féodale. Les interprétations, incomplètes, contradictoires, confuses, voire incohérentes (les dates fonctionnent mal, des personnages homonymes se confondent), divergent chez les auteurs précédents pour les XIe siècle et XIIe siècle (cf. Augustin du Paz (1619), repris par le Dictionnaire de la Noblesse de La Chesnaye-Desbois (cf. la note 13 ci-dessous) et le Nobiliaire de France de Saint-Allais[1]). Les sites internet Histogendol, Medieval Lands[2], Racines & Histoire présentent différentes thèses[3]. Les informations ne peuvent donc être données que sous toute réserve.
Célestin Port[4] écrit au XIXe siècle que Foulques (Ier) est le premier connu, et que ce fut lui qui reçut l'investiture du château dont il prit le nom de 1030 à 1040. Il affirme par ailleurs que le même personnage se croisa vers 1100. Cela est inexact.
La charte invoquée dit expressément que le comte d'Anjou (probablement Foulques Nerra, père de Geoffroy II Martel et grand-père de Geoffroy III le Barbu) investit non pas Foulques mais le père de Foulques (Ier) de la terre de Mathefelon (Matheflon de nos jours), à charge pour lui de protéger les possessions des religieuses de l'abbaye du Ronceray.
Ce premier Mathefelon est connu, il se nommait Hugues (Ier), et aussi sa femme Cunégonde de laquelle il eut :
Cette famille constitue probablement la seconde Maison de Mathefelon ; elle est ancienne, illustre… et d'origine fort discutée.
On a voulu voir en elle des descendants d'Eudes II ou d'Eudes Ier de Blois-Champagne, mais c'est improbable, et le nom de Champagne (Campania) vient plutôt ici de campagne/champagne, paysage agraire ouvert opposé au bocage (c'est d'ailleurs l'origine du nom de la province de Champagne), appliqué à la géographie d'une partie du Maine ou du nord de l'Anjou[6] : - cf. Champagné à l'est du Mans ; - en Normandie, les campagnes ou plaines d'Alençon et de Caen ; - la champagne mancelle ou Champagne au Maine, autour de Loué, Conlie et l'abbaye de Champagne, qui offre de nombreux toponymes en Champagne à l'ouest du Mans et du département de la Sarthe et où s'épanouirent les familles de Beaumont-au-Maine, de Laval-Loué, de Tucé… ; - la Champagne-Hommet, qui est la partie méridionale de la Champagne du Maine juste au nord de la Sarthe entre Brûlon, Avoise et Sablé, berceau de la famille des barons puis comtes de Laval[7] ; - enfin la champagne angevine ou de Parcé, celle qui nous intéresse ici.
La famille de Champagne dont nous parlons, dite aussi d'Arnay (Arnaitum), est associée anciennement aux seigneuries de Parcé et de Champigné (dit un peu abusivement -sur-Sarthe, juste à l'ouest de Châteauneuf), Avoise et Pescheseul, Bailleul… La tradition en fait aussi des descendants des anciens comtes du Maine et des vicomtes du Maine/de Beaumont-au-Maine. Deux articles, l'un de Peter Burkholder[8], et l'autre d'Hélène et Thierry Bianco[9], permettent une mise au point récente, même si elle reste fragile et toujours pleine d'hypothèses. Selon l'historien et érudit sarthois du XIXe siècle Julien Rémy Pesche (1780-1847), cité par Peter Burkholder, « En cherchant à débrouiller l’espèce de chaos qui existe sur ce sujet [Campania], si nous n’y réussissons pas parfaitement, du moins aurons-nous fait tous nos efforts pour y parvenir ».
Les premiers membres connus de la famille de Champagne-Parcé / d'Arnay sont des fidèles (et peut-être des parents) du comte d'Anjou :
La famille de Champagne-Parcé, titrée premier baron du Maine, premier baron d'Anjou et prince de Pescheseul, qui régna sur Parcé, Avoise et Pescheseul, Bailleul, etc. et qui assuma la seigneurie de La Suze à partir du XVe siècle (Brandélis III et son fils Baudouin de Champagne), se rattache certainement aux personnages qu'on vient de présenter, mais sans qu'on connaisse précisément le lien : la tradition en fait des descendants de Brandélis Ier, présenté parfois comme † vers 1149 et qui serait un fils d'Hubert IV ; ou un oncle paternel de Thibaut III († vers 1239) ci-dessous ; ou bien un petit-fils d'Hubert IV et un fils d'Hugues de Champagne de Mathefelon ; ou encore un frère, † en 1249, de Thibaut III († vers 1239)[10]. On voit que la confusion règne, avec une approximation chronologique d'un siècle[11],[12] !
Apparaît donc dans la 1re moitié du XIIe siècle une seconde famille de Mathefelon, issue en ligne agnatique (masculine) de la famille de Champagne-Parcé. Selon la thèse actualisée que nous présentons ici, le schéma généalogique serait :
Elisabeth de Mathefelon ci-dessus, dame de Mathefelon, probable fille de Foulque Ier et de sa deuxième femme Elisabeth, sœur d'Hugues II et tante de Thibaut Ier, naît dans la deuxième moitié du XIe siècle et † avant 1140 ; elle épouse semble-t-il Hugues de Champagne-Parcé, de la famille des châtelains puis seigneurs de Durtal, alias Hugues III de Mathefelon, † vers 1152, fils d'un certain Hubert de Champagne (Hubert III ou Hubert IV ci-dessus ?). Veuf, Hugues se remaria vers 1140 après le décès d'Elisabeth, avec Marquise (sans doute de Vitré, fille d'André Ier ou de Robert II le Vieux : d'où Foulque de Mathefelon, frère utérin de Maurice II de Craon ; Marquise fut d'abord femme d'Hugues Ier de Craon — c. 1100-1138, petit-fils de Renaud Ier le Bourguignon et père de Maurice II — puis épouse en troisièmes noces de Payen de Vaiges). D'où, de père en fils :
[[Thibault Ier de Mathefelon|Thibault Ier de Mathefelon]] (ou Thibaut II) († un peu avant 1200 ?) (certains auteurs ajoutent une génération intermédiaire, et le disent fils d'Hugues (IV) de Mathefelon x Jeanne de Sablé ?) x Mahaut/Mathilde, † après 1194, fille de Geoffroi III de Mayenne, et de Constance, fille de Conan III duc de Bretagne (Mahaut était séparée sans postérité d'André II de Vitré, fils de Robert III le Jeune de Vitré, petit-fils de Robert II le Vieux ci-dessus, et père d'André III de Vitré ci-dessous par sa troisième femme Eustachie de Rays),
Thibaut III (vers 1170-vers 1238/1239) (certains ajoutent une génération en le décomposant en Thibaut II et Thibaut III), seigneur de Chaumont, d'Azé, d'Entrammes, de Ruillé (Ruillé et/ou Ruillé), Loiron, maître du Franc-Alleu de Villiers, premier baron d'Anjou, combattant en Poitou et aux batailles d'Angers, Moncontour et Beauffort ; il est dit avoir épousé 1o vers 1189 Jeanne de Bruyères ; 2o 1191 Agnès de Craon, † vers 1205, fille de Maurice II ; 3o avant 1218 et s.p. (sans postérité) Luc(i)e de Laigle (alias de Quelaines, déformation d'aquila ou aquilana, l'aigle ; veuve de Richard Ier de Beaumont-au-Maine) ; frère de Geoffroi et Foulque de Mathefelon ; père d'Isabelle/Elisabeth et Emma de Mathefelon, et de…
Foulques II (né vers 1200-† vers 1269/1273/1282), fils d'Agnès de Craon, seigneur d'Azé et La Cropte, mari d'Alix/Alicie fille d'André III de Vitré et de Catherine de Thouars-Bretagne (fille de Constance duchesse de Bretagne et de Guy de Thouars) (André de Vitré a aussi été l'époux de Thomasse de La Guerche dame de Pouancé),
Thibaut IV († vers 1297/1300) ; il pourrait avoir pour frères et sœurs (voir ci-dessous) : Foulque († 1323 ; père de l'évêque Foulques (IV)) ; Hubert, seigneur de Lancheneil et Beauvais ?, souche d'une branche cadette courant jusqu'à la mi-XVIe siècle, sgrs. d'Assé[13] ; Catherine († 1317) et Philippe/Philippine († 1325 ; le prénom Philippe est alors épicène), abbesses de St-Georges de Rennes ; et peut-être Jeanne de Mathefelon, épouse vers 1270 du maréchal Foucauld du Merle,
Foulques III († avant 1331), x Elisabeth (de Châteaubriant ?),
Thibaut V (ou IV) (né vers 1315-† vers 1358/1364) x 1o vers 1330/1333 Jeanne, fille de Thomas Ier de Bruyères et d'Isabelle de Melun, fille d'Adam IV vicomte de Melun et de Jeanne de Sully, fille d'Henri II de Sully (le site MedLands donne pour première épouse à Thibaut V : Luce de Goulaine ? ; une confusion avec Luce de Laigle/de Quelaines ci-dessus ?) ; 2o 1339 Béatrix de Dreux-Beu, princesse capétienne ; dont, parmi au moins huit enfants :
La tradition, avec des invraisemblances et des dates incompatibles, proposait l'enchaînement suivant (cf. Racines&Histoire p. 9-12[3]) : c'est Hubert III de Champagne qui aurait épousé Elisabeth de Mathefelon (mais la chronologique s'y opposerait), dont :
L'historien Peter Burkholder, que nous citons plus haut avec un lien internet, donne une généalogie proposant un Hubert V († vers 1190 ; fils de Geoffroi de Clervaux, un neveu d'Hubert IV ci-dessus : cf.[a]), d'où Hugues († vers 1205), père de Thibaut († vers 1260).
[Cette liste devrait faire l'objet d'un article distinct, conformément à l'usage Wikipédia, où l'on traite dans des articles séparés les porteurs du nom et les titulaires du fief issus d'autres familles.]
François Ier de La Jaille-St-Michel, sire de Durtal et Mathefelon, x Jeanne fille d'Artus de La Chapelle, d'où :
François II, x 1489 s.p. Anne, fille de Jean Bourré, sire du Plessis-Bourré, Jarzé, Corzé, et d'Entrammes en 1482 par achat à Jean III, vicomte de Rochechouart ;
puis sa sœur Marguerite de La Jaille-St-Michel, x 1o René du Mas/du Matz sire de La Vaisousière/La Vézouzière et de Bouère : d'où René et son frère cadet Jean du Mas (abbé de St-Thierry, évêque de Dol en 1556-1557), seigneurs de Durtal et Mathefelon ; et x 2o René de Scépeaux de Vieilleville, d'où François qui suit.
François de Scépeaux de Vieille-Ville (1509-1571), maréchal de France en 1562, sire de Durtal et Mathefelon, 1er comte de Durtal en (comté réunissant les baronnies de Durtal et Mathefelon), x Renée Le Roux de La Roche des Aubiers de Chemans; parents de :
Marguerite de Scépeaux de Vieilleville, comtesse de Durtal et baronne de Mathefelon (1533-† 1603), épouse de Jean II d'Espinay (1528-1591), 1er marquis d'Espinay en 1575, frère aîné de Charles (1531-1591 ; évêque de Dol en 1560-1591) ; d'où :
Claude d'Espinay (né vers 1552-après 1584), x 1578 Françoise de La Rochefoucauld-Barbezieux, arrière-petite-fille de François Ier seigneur de La Rochefoucauld, le parrain du roi François Ier ; parents de :
Charles d'Espinay, † 1609, x 1605 s.p. Marguerite fille de Louis VI de Rohan-Guéméné ;
puis sa sœur Françoise d'Espinay, † 1602, x 1598 le maréchal (1625) Henri de Schomberg (1575-1632), comte de Nanteuil, d'où :
Charles de Schomberg (1601-1656), maréchal de France en 1637, s.p. de ses deux mariages avec Anne, duchesse d'Halluin († 1641) et Marie de Hautefort (1616-91) ;
puis sa sœur Jeanne/Anne de Schomberg (1601-1674), x 1o 1618 François duc de Cossé-Brissac († 1651), fils du maréchal-duc Charles II de Cossé-Brissac, et 2o 1620 Roger du Plessis-Liancourt (1609-1674), 2e duc de La Roche-Guyon, beau-frère du 1er duc François V de La Rochefoucauld (arrière-arrière-petit-fils de François Ier de La Rochefoucauld ci-dessus) et oncle maternel du célèbre moraliste François VI de La Rochefoucauld ; d'où :
leur fils prédécédé Henri-Roger du Plessis, † 1646, x 1643 Anne-Elisabeth de Lannoy, parents de :
François VIII de La Rochefoucauld (1663-1728) et ses descendants les ducs de La Rochefoucauld, qui conservent le comté de Durtal (baronnies de Durtal et Mathefelon) jusqu'à la Révolution (cf. François XII, 1747-1827, arrière-petit-fils maternel de François VIII ; d'où postérité).
On remarquera que les seigneuries de Durtal et Mathefelon se sont transmises par filiation pendant huit siècles environ, sans jamais être vendues !
La Généalogie de Champagne[15] nous apprend que les hérauts d'armes du comté d'Anjou donnaient anciennement, pour cri de guerre, aux seigneurs de Duretal et de Mathefelon : « Passe avant Mathefelon ».
Les membres de cette famille se sont signalés par leurs fondations pieuses et par leurs largesses envers les abbayes et les monastères. Les abbayes d'Evron, au XIIe siècle ; de Bellebranche, en 1152 ; de Saint-Aubin d'Angers, par la fondation du prieuré de La Cropte, dépendant de cette abbaye, vers 1090 ; de Savigny ; de Fontaine-Daniel, ·vers 1205 ; de Chaloché, en Anjou, vers 1127 ; d'Etival-en-Charnie ; de Bonlieu, près de Château-du-Loir ; de Saint-Serge d'Angers ; les couvents de Seiches, et de La Haye-aux-Bonshommes près d'Angers ; du Port-Ringeard, en 1233 ; et de Sainte-Catherine de Laval, en 1224, reçurent de leur part de nombreux dons.
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