Cette famille de Clermont est originaire du Dauphiné, plus précisément du petit village de Clermont-en-Viennois (faisant aujourd'hui partie de la commune de Chirens) situé en haut d'une colline près du lac de Paladru. Non loin de ce village subsistent les ruines d'un château féodal construit vers les XIIeetXIIIesiècles par les premiers Clermont[3], siège de la baronnie puis du comté de Clermont (Antoine, en 1547). La première mention du château date de 1107. Cette terre était le siège de la première des anciennes baronnies du Dauphiné[4], les autres étant Sassenage, Bressieux, Maubec et Montmaur[5]. D'après la légende, ce nom de Clermont viendrait de la situation géographique de leur château, sur un mont, éclairé par le soleil, Clair-mont. Leurs premières armoiries étaient d'ailleurs parlantes: un mont surmonté d'un soleil[6].
Le nom de Tonnerre a commencé à être ajouté à celui de Clermont par Charles-Henri de Clermont (1572-1640), petit-fils d'Antoine III ci-dessus et arrière-petit-fils de Bernardin ci-dessous), puis par ses descendants de la ligne aînée. Charles-Henri avait en effet hérité du comté de Tonnerre à la mort de sa grand-tante Louise de Clermont (comtesse en 1540-† 1596), mais il avait dû refuser la succession grevée de dettes, et il avait racheté le comté par la suite vers 1600. Le comté de Tonnerre était entré dans la famille par le mariage en 1496 de Bernardin de Clermont, vicomte deTallard, et d'Anne de Husson, comtesse de Tonnerre.
Les Clermont, en Dauphiné
Le traité qui réunit le fief de Clermont au domaine delphinal date de l’an 1340. Le baron de Clermont fut créé premier pair, connétable et grand-maître héréditaire de Dauphiné. Il n’y avait en Dauphiné que quatre baronnies d’état ou pairies, celle de Clermont en Viennois, celle de Sassenage, celles de Bressieu et Maubec qui n’en formaient qu’une, et celle de Montmaur (Hautes-Alpes).
Les membres de cette famille ont porté les titres suivants:
Connétable et grand maître héréditaire du Dauphiné
C'est en 1340 que ce titre est accordé aux Clermont et plus particulièrement à Aynard de Clermont, vicomte de Clermont en Trièves, seigneur de Clermont en Viennois, de Paladru, etc. par le dernier dauphin du Viennois, Humbert. Aynard de Clermont se trouvait lié à la maison de Savoie par sa mère, Béatrix de Savoie, et au dauphin par une de ses aïeules, sœur du dauphin. Humbert, pour s'attacher la maison de Clermont, proposa à Aynard de devenir son vassal en échange de tenir la première place dans ses conseils. Par le même accord il créa deux titres, celui de Premier capitaine des armées du Dauphin, et celui de Grand Maître de la Maison du Dauphin et de la Dauphine. Il fut ajouté que si le seigneur de Clermont devait entrer en guerre contre les comtes de Savoie, le Dauphin et ses successeurs se devaient de rembourser les Clermont pour les dépenses qu'ils auraient engagées. Lorsque le Dauphiné fut attaché à la France, en 1349, le nouveau dauphin, Charles, fils aîné de Jean II le Bon, reçut l'hommage de Geoffroy de Clermont, fils d'Aynard, et confirma ce qui avait été accordé en 1340[30].
Ces titres ont, par le temps, pris l'appellation de connétable et grand maître héréditaire du Dauphiné et de 1340 à 1789 il fut l’apanage des aînés de la maison de Clermont.
Branche des seigneurs de Clermont, puis comtes de Clermont et de Tonnerre;
Branche des marquis de Cruzy, puis ducs de Clermont-Tonnerre;
La plupart de ces branches se sont éteintes, seules subsistent aujourd’hui la branche des ducs et celle des marquis. Toutes descendent de Siboud I, baron de Clermont, et d’Adélaïs d’Albon qui vivaient en 1080.
La famille de Clermont-Tonnerre a donné plusieurs saints et saintes, 26 abbés, 18 abbesses, 59 religieuses, 12 évêques et archevêques, un cardinal, de nombreux officiers généraux et pairs de France, un maréchal de France, un grand maître des eaux et forêts, Annet de Clermont-Gessan un grand maître de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, un grand maître de l’ordre de Saint-Lazare, lieutenant-général du Roi en Nouvelle-France et amiral des mers du Ponant (Aymar de Chaste), des lieutenants généraux et gouverneurs de provinces, de nombreux chevaliers des ordres du Saint-Esprit, de Saint-Michel, de Saint-Lazare, de Malte, de l’Annonciade, parmi lesquels on trouve de nombreux grands officiers et commandeurs; de nombreux chanoines-comtes, nombre de chevaliers, des capitaines de cent ou cinquante hommes d’armes, des lieutenants-généraux, des capitaines-généraux, d’ordonnances, des généraux, des maréchaux de camp, des mestres de camp, des colonels, des brigadiers des armées du roi, des commissaires des armées du roi, plusieurs chambellans des rois de France, un académicien,etc.
Geoffroy de Clermont (vivant en 1305), seigneur de Clermont. Il a, en 1305[33], la possession du fief et du château d'Aiguebelette-le-Lac;
Aynard de Clermont, reconnaît en 1340 la suzeraineté du dauphin Humbert, lequel le fait connétable héréditaire et grand-maître du Dauphiné[34];
Jeoffrey de Clermont, fils du précédent, premier baron et lieutenant du Dauphiné en 1369[34];
Antoine de Clermont († ), «personnage important dans l'entourage des comtes de Savoie […] receveur des travaux, membre du conseil comtal et […] chef des receveurs généraux»[35];
Gabriel de Clermont (vivant en 1454), ayant pris parti pour la France, en 1454[33], il se voit dépossédé du fief et du château d'Aiguebelette-le-Lac;
Bernardin de Clermont (1440-1522), chambellan de François Ier, trésorier général du Dauphiné;
Antoine III de Clermont (1498-1578), grand maître et général réformateur des eaux et forêts de France, gouverneur du Dauphiné;
De gueules à deux clefs d'argent passées en sautoir.[1]
Commentaires: Les clefs passées en sautoir symbolisent l'autorité papale. Les armes des Clermont auraient été concédées par une bulle pontificale de 1120[36].
Chaix d'Est-Ange précise les pannetons en haut[37]
Couronne: de duc[38], surmontée de la tiare pontificale[1]. Supports: deux lions[1], tenant chacun une bannière, l'une aux armes de France, l'autre à celles de Dauphiné[38]. Cimier (par concession pontificale de 1120 et pour l'ainé seulement) une tiare pontificale surmontée d'un buste de saint Pierre[38]. Devise: Si omnes, ego non[38] (si tous, moi pas)[2].
La branche des Montoison a pu prendre parfois comme brisure un diamant d'argent en chef[38],[2]. Le cri de guerre de cette branche est A la rescousse, Montoison![38].
De gueules, à deux clés d'argent, posées en sautoir, accompagnées en chef d'un croissant du même.[réf.nécessaire]
Commentaires: Branche des Clermont-Chaste
Cette branche porte comme brisure, par concession du roi Henri II, un écusson d'azur en chef chargé d'une fleur de lys d'or.[38],[2]
De gueules, à deux clefs d'argent adossées et passées en sautoir: franc-quartier des barons propriétaires, brochant au neuvième de l'écu; et pour livrées: rouge et blanc.
La branche des Clermont-Mont-Saint-Jean porte les armes des Clermont-Tonnerre, cependant au château de Chilly (Savoie) on peut observer un blason brisé d'une fleur de lys en chef[2].
Liste non exhaustive des possessions tenues en nom propre ou en fief de la famille de Clermont:
château d'Ancy-le-Franc (Yonne): château Renaissance construit entre 1544 et 1550 par Antoine III de Clermont, comte de Clermont, vicomte de Tallart, seigneur d'Ancy-le-Franc, de Husson, de Laignes, gouverneur du Dauphiné, grand-maître et général réformateur des eaux et forêts de France, beau-frère de Diane de Poitiers. Ce château est un des fleurons de l'architecture renaissance en France. Réalisé sur des plans de Sebastiano Serlio, il fut décoré notamment par le Primatice (Cf. liens externes);
château de Bertangles (Somme): château qui n'a jamais été vendu. Hérité de la famille de Glisy par les Clermont en 1611. Son aspect actuel est dû à Louis Joseph de Clermont-Tonnerre, comte de Thoury, baron de Pierrepont, seigneur de Bertangles (?-1760) (Cf. liens externes);
Château de Maulnes (Yonne): château Renaissance construit par Louise de Clermont, comtesse de Tonnerre, et Antoine de Crussol, duc d'Uzès, de 1566 à 1573. Le château de Maulnes est unique au monde par la combinaison de cinq éléments architecturaux: son tracé pentagonal, la présence de trois sources à sa base, d'un puits central, d'un bassin pour partie intérieur et pour partie extérieur, et enfin d'un escalier central, à vis, articulé autour du cylindre d'un puits de lumière avec au fond une vasque. Si on a longtemps prêté sa construction à Sebastiano Serlio (architecte du château d'Ancy le Franc), les archéologues et historiens travaillant sur ce site ont abandonné cette hypothèse. L'architecte reste inconnu mais on évoque Philibert Delorme;
Gustave de Rivoire de La Bâtie, Armorial de Dauphiné contenant les armoiries figurées de toutes les familles nobles et notables de cette province, accompagnées de notices généalogiques complétant les nobiliaires de Chorier et de Guy Allard, Lyon, Imprimerie Louis Perrin (réimpr.1969 (Allier - Grenoble)) (1reéd. 1867), 821p.[réf.incomplète].
Toutefois, d'autres auteurs ne lui donne pas de nom d'épouse connues, mais tous s'accordent à dire qu'Amédée de Hauterives, fils de Siboud Ier, était parent de l'empereur Henri III.
Cette dernière information mérite d'être approfondie, il semble établi qu'aucune fille de l'empereur Henri n'ait été mariée à un quelconque membre de la maison d'Albon
«Maison de Clermont, p. 1000-1011: Mont-St-Jean, p.1008», sur Histoire généalogique et chronologique de la Maison royale de France, t. IX, par les Pères Anselme, Ange et Simplicien, et Pol Potier de Courcy, chez Firmin-Didot et Cie, à Paris, 1879
«Mont-St-Jean, p. 79 (-98)», sur Généalogie de la Maison de Clermont-Mont-St-Jean en Savoie, branche de la Maison de Clermont en Dauphiné, par le chevalier Jean-Baptiste-Pierre Jullien de Courcelles, chez Plassan, à Paris, 1826
Acquis par François de Clermont-Chaste des créanciers du duc de Ventadour: Charles de Baschi, Pièces fugitives, pour servir à l'histoire de France, tome I, 1759
Seigneurie acquise par Antoine de Clermont-Mont-Saint-Jean en 1328 de Perceval de Barges avec approbation du comte de Savoie. Érigée en marquisat par Victor-Amédée II, en faveur de François de Clermont, elle fut vendue en 1789.
Présent dans le comté de Savoie, ils sont marquis de La Bâtie d'Albanais (1732), comtes de Saint Cassin, de Sacconay, de Villanova Mondovì, barons de Flaxieu et seigneurs d'Aiguebellette, Alby, Candie, Cessens, Challonges, Chanaz, Chaumont, La Colliette, Desingy, Le Fléchet, Gaillard, Grésy, Jarsagne, Martigniat, Mecoras, Montfalcon, Montferrand, Saint Pierre de Soucy, Rubaud, Sainte Hélène du Lac, Truaz, Verel. inPaul Guichonnet, Histoire d'Arthaz-Pont-Notre-Dame: Mémoires et document (t.92-93), Académie salésienne, (lire en ligne), p.90.
Alain Kersuzan, Défendre la Bresse et le Bugey: les châteaux savoyards dans la guerre contre le Dauphiné, 1282-1355, vol.14, Presses universitaires de Lyon, coll.«Collection d'histoire et d'archéologie médiévales», , 433p. (ISBN978-2-7297-0762-0, lire en ligne), p.83.
Gustave Chaix d'Est-Ange, Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXesiècle. t.XI. Cib-Cor., Évreux, impr. de C. Hérissey, (lire en ligne), p.83-91.
Élisabeth de Gramont, La famille des Clermont-Tonnerre depuis l'an 1070, Paris, Grasset, .
J. M. de La Mure (1675 manuscript, 1860) Histoire des ducs de Bourbon et des comtes de Forez (Paris), tome III, Les Clermont dauphin d'Auvergne, Preuves, 114 b, p.157.
Georges Martin, Histoire et généalogie de la maison de Clermont-Tonnerre, La Ricamarie / Lyon, (réimpr.2004) (1reéd. 1985), 249p..
Le père Anselme de Sainte-Marie (1625-1694, augustin déchaussé), Histoire généalogique: Généalogie de la Maison de Clermont en Dauphiné, tome VIII, p.907 et suiv. (Lisible sur le web par Gallica).