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Le comté de Sponheim (en allemand : Grafschaft Sponheim) est un ancien État du Saint-Empire romain, située dans la région du Hunsrück, aujourd'hui en Rhénanie-Palatinat, Allemagne.
v. 1125 – 1798
Échiquetté d'argent et de gueules |
Statut |
Comté - État du Saint-Empire |
---|---|
Capitale | Sponheim, Traben-Trarbach, Kreuznach |
Langue(s) | allemand |
Entités précédentes :
Entités suivantes :
Fondé au début du XIIe siècle, ce territoire immédiat a existé jusqu'à l'annexion française en 1798, après la guerre de la Première Coalition.
Le comté s'étendait dans la région frontalière de la Rhénanie avec le Palatinat et la Hesse rhénane au sud-est, le Rhin à l'est, la Moselle puis le Bedgau (Bitburg, amorce l'Eifel et le comté d'Ardenne, à l'ouest ; le Hunsrück au nord (chaîne qui commence à l'orient de la Moselle et se prolonge au sud de Trarbach et Zelle, et qui confine au nord-est avec le Trachgau, ce dernier occupant l'angle sud entre Rhin et Moselle inférieure : région de Trechtingshausen et Kastellaun) ; et au sud l'ancien district de Nahegau.
Ses bornes étaient autrefois beaucoup plus reculées qu'elles ne le sont devenues ensuite, puisque ses anciens comtes étendaient leur domination ou du moins leur influence depuis la Moselle, par la Westrich et le Nahegau, jusque dans le Speiergau (Spire), le Wormsgau (Worms), et même dans la Basse-Alsace ou l'Alsace bossue. Les principautés voisines étaient les archevêchés de Trèves et de Mayence, le Palatinat du Rhin, le Nahegau et le Rheingau des Wild-, Rau- et Rhingraves.
Ce comté est traditionnellement divisé « depuis un temps immémorial » en deux parties :
Ces deux parties sont séparées par la forêt appelée Saau-Wald (Soon-Wald, au sud du Trachgau et de Simmern, dans le prolongement nord-est du Hunsrück), qui leur sert de lisière. Mais les limites n'étaient pas nettes, une branche de la famille pouvant posséder des biens situés chez l'autre : ainsi le comté ultérieur détenait le bailliage de Winterburg, qui est placé vers Kreuznach et qui doit donc appartenir originellement au comté antérieur ; et ce dernier possédait le bailliage de Kirchberg qui appartient proprement au comté ultérieur.
Les comtes de la Maison de Sponheim (ou Spanheim, Spanheym, Spœnhein, Spanhem, &c.)[1] apparaissent au XIe siècle avec Siegfried Ier († 1065), qui participa à l'expédition punitive de l'empereur Conrad II le Salique contre le duc Adalbéron de Carinthie en 1035. Son père Eberhard († vers 1044) est possiblement lié aux descendants d'Aribo Ier, comtes palatins de Bavière.
Une fois arrivé dans le sud-est de l'Empire, Siegfried épousa Richarde/Richgard, la fille héritière d'un Sieghardinger (de) : Engelbert IV († 1040), comte bavarois de Pustertal (cf. le val Pusteria) en Tyrol, avoué des évêques de Brixen – et de Lavanttal en Carinthie. Par son père, Richarde était apparentée aux Eppenstein de Styrie, ducs de Carinthie depuis 1012. La mère de Richarde, Liutgart, était probablement une fille de Werigand (de), comte de Frioul et d'Istrie.
Siegfried de Sponheim est nommé margrave à la frontière hongroise par l'empereur Henri III vers 1045, il fut également comte en Pustertal et en Lavanttal. Son fils, le comte Engelbert/Engelbrecht Ier († 1096), lui succède : il est le père d'Henri IV († 1123) qui a finalement été inféodé avec le duché de Carinthie et la marche de Vérone en 1122, suivi par son frère cadet Engelbert II, marquis d'Istrie et de Carniole (et père, entre autres enfants, d'Ida de Sponheim, l'épouse de Guillaume III de Nevers).
La branche aînée des Sponheim, ducs de Carinthie, va se poursuivre, mais le comté rhénan de Sponheim passe alors à une branche cadette, avec le comte Étienne, un personnage mal connu et aux origines discutées. D'abord, il semble exister deux comtes, Étienne Ier de Sponheim (en) et Étienne II, le père et le fils, mais certains auteurs considèrent qu'ils ne font qu'un. S'ils sont bien deux, Étienne Ier meurt vers 1080 et Étienne II décède vers 1101/1118, et le champ chronologique est vaste : Étienne Ier peut naître entre 1010 et 1050, Étienne II entre 1150 et 1190 ! S'il n'y a qu'un seul Étienne, ce serait Étienne (II). En tout cas, s'ouvrent bien des hypothèses pour la filiation : quel serait donc le père d'Étienne Ier ?
On[Qui ?] a proposé un comte Eberhard (II) (Everard, Evrard) , qualifié de comte de Naumbourg – du nom du château de Neuenbourg ou château de Naumburg (de) sur la Nahe à Bärenbach – et qui vivait encore vers 1063/1065. Il fonda en 1044 une église sur la colline du Feldberg à Sponheim, qu'Étienne II transforma en abbaye bénédictine en 1101 : ce qui persuada qu'Eberhard était le premier comte de Sponheim dont il reste un monument (témoignage) sûr. Mais tout cela est mis en cause, même sa fondation ; surtout, on ne sait trop comment rattacher Eberhard à la branche aînée (ducale). Il est parfois dit fils d'une comtesse Hedwig (la bru du comte Siegfried ci-dessus, épouse d'Engelbert Ier, porte ce nom et c'est peut-être une Billung de Saxe, fille de Bernard II : Eberhard (II) serait-il un frère ou un demi-frère utérin du duc Henri IV de Carinthie ? ; son fils serait alors un seul Étienne ; on ne peut rien affirmer, la mère supposée d'Eberhard (II) reste en fait une inconnue). Ou bien Eberhard (II) serait un frère cadet de Siegfried, et donc un fils d'Eberhard Ier, né vers 1020.
On[Qui ?] a aussi présenté Étienne Ier comme un frère ou un cousin du comte Siegfried – voire son fils ou son gendre ? Les choses se compliquent encore quand on sait qu'un fils cadet du comte Siegfried s'appelait aussi Siegfried, † 1070, ayant peut-être contracté un mariage inégal : pourrait-il lui aussi être en jeu ?
Encore, on l'a identifié à un Étienne vogt (avoué, vidame, défenseur, bailli) de Worms, frère d'un Markwald/Markwart, fl. 1068, ce qui pourrait le rattacher à la famille des comtes de Blieskastel (Castres), comtes palatins de Metz, comtes de Lunéville, souvent vogt von Worms. Mais on[Qui ?] remarque aussi que Markwart est un prénom courant chez les Eppenstein, anciens ducs de Carinthie (cf. le duc Adalbéron), dont la femme du comte Siegfried semble issue...
On[Qui ?] note aussi l'absence de mariages inter-branches, et des prénoms fort différents portés dans les deux branches (sauf, indirectement, Mé(gi)nhard : c'est le fils d'Étienne (II), et c'est aussi un nom fréquent aux XIIe – XIIIe siècles – avec Engelbert – dans la Maison de Goritz/Gorizia issue des Sieghardinges, ancêtres de la femme supposée du comte Siegfried).
On[Qui ?] peut conclure que les comtes Étienne Ier et Eberhard II ne sont pas vraiment comtes de Sponheim, en tout cas pas comtes principaux, puisqu'ils sont contemporains des comtes Siegfried et Engelbert : mais ils peuvent être comtes secondaires en tant que cadets ou cousins. Ils peuvent d'ailleurs simplement porter le nom de Sponheim en tant que nobles attachés à la branche aînée et à la familia castrale (l'entourage, le compagnonnage comtal) du château de Burgsponheim, ou exerçant une fonction très importante à Sponheim, et décorés personnellement du titre de comtes parce que membres ou proches de la dynastie, ou issus d'une autre famille comtale alliée. En effet, il n'est pas prouvé qu'Étienne Ier ou Eberhard (II) soient des Sponheim par les mâles : ils peuvent très bien être des gendres ou des cousins, neveux et autres petits-fils se rattachant à la dynastie par les femmes. En tout cas, leurs liens avec la branche aînée sont suffisamment étroits pour leur permettre de succéder à cette dernière à Sponheim au XIIe siècle, avec Étienne (Il) et Méginhard, comtes de Spanheim.
Le comte Jean V-de la ligne de Starkenbourg qui dès lors se vit en 1417 maître de tous les États de Sponheim, à l'exception du cinquième du comté antérieur tenu par le prince électeur Palatin du Rhin (Louis (1378-1436), puis ses successeurs). N'ayant point d'enfant, il signa en 1425 à Bainheim avec : Bernard Ier, margrave de Bade (de la Maison de Bade) ; et le comte Frédéric III de Veldenz — ses cousins germains, tous deux fils des deux sœurs de son père Jean IV : Mathilde et Laurette de Spanheim — un règlement de succession, où l'on stipula, que si l'un ou l'autre venait à mourir avant lui, ce comté passerait :
En effet à la mort du testateur Jean V, arrivée en 1437, Jacques, fils du margrave Bernard, et le comte Frédéric III de Veldenz, établirent entr'eux une communauté perpétuelle pour le comté ultérieur-Starkenbourg, et une autre avec l'électeur Palatin pour l'antérieur.
L'électeur Frédéric IV, fils de Louis VI et petit-fils de Frédéric III, possesseur des 3/5 du comté antérieur, laissa à sa mort en 1610 l'électorat à son fils aîné Frédéric V († 1632), proclamé roi de Bohême en 1619 ; il donna à son autre fils Louis-Philippe les principautés de Simmern et de Lautern avec les trois cinquièmes du comté antérieur de Sponheim ; mais Charles-Louis († 1680), fils et successeur de Frédéric V, ayant réclamé contre ce partage, obtint, d'après un accommodement conclu à Ratisbonne en 1653 un cinquième de tous les revenus ecclésiastiques et séculiers de la ville de Creutzenach avec le bailliage de son nom, et quelques années après la co-seigneurie du comté antérieur de Sponheim à raison du cinquième, dont on l'avait reconnu propriétaire ; le traité de Creutzenach confirma ces dispositions.
Son sol produit du colza, du lin, des vins, du froment et d'autres grains. On y trouve aussi quelques pâturages, auxquels on supplée par des prairies artificielles. Le commerce qui s'y fait consiste en huile, vin et diverses productions du pays, dont la proximité du Rhin facilite l'exportation. La plupart de ses habitants professent la religion réformée, quoique les catholiques romains aient le droit d'exercer leur culte dans presque toutes les églises. Il appartient pour trois cinquièmes à la Maison palatine, pour le reste à celle de Bade ; toutes deux le gouvernaient ci-devant en commun ; mais elles partagèrent son administration en 1707, à la réserve des affaires féodales, dont le plus ancien des princes régnants est toujours chargé. L'électeur palatin n'a jamais payé de taxe spéciale pour le cinquième qu'il a hérité de la comtesse Elisabeth († 1417) ; mais il fournit pour les deux cinquièmes réunis par la branche de Simmern, trois hommes de cheval, et dix fantassins ou soixante-seize florins par mois, outre 108 écus, vingt et demi kr par terme pour l'entretien de la Chambre impériale. La Maison de Bade en qualité de souveraine, des deux cinquièmes du comté antérieur, et de la moitié de l'ultérieur, qui lui donnent la voix de Sponheim, aux assemblées du cercle du haut Rhin est taxée à quatre-vingt-dix florins par mois romain. La portion de l'électeur palatin, au comté antérieur, offre :
La portion des margraves de Bade au comté antérieur, offre plusieurs bailliages, savoir :
Le sol du comte ultérieur de Sponheim est assez généralement montueux, il fournit à tous les besoins et aux commodités même de la vie. Ses coteaux le long de la Moselle et de la Nahe sont couverts de beaux vignobles ; le reste produit des céréales et sur-tout des chênes, que les Hollandais achètent pour la construction des vaisseaux.
La plupart des sujets sont serfs, excepté dans quelques endroits où ils ont été affranchis. Le luthéranisme s'y introduisit en 1546, et il dominait en 1557 dans tout ce comté, excepté dans le Croever - Reich, où l'électeur de Trèves en avait empêché l'établissement. On tenta d'y rétablir le catholicisme ; mais les armes victorieuses de la Suède, l'en avaient exclu de nouveau, avant la paix de Westphalie. La France le réintroduisit en quelques endroits, où il a été protégé depuis par la Maison de Bade-Bade. Les affaires de la communion luthérienne, sont dirigées par un consistoire qui siège à Trarbach, où il y a aussi un inspecteur général des églises. En vertu d'une disposition du comte Jean (V) de l'année 1425, du traité ganerbinal[5] de 1437, et d'autres pactes entre la Maison palatine de Deux-Ponts et celle de Bade, une régence commune établie à Trarbach dès 1671 gouverne ce comté ultérieur : c'est à cette régence que se portent les appels des bailliages et mairies en matières civiles. Quant aux affaires criminelles elles s'instruisent aussi par les baillifs sous les auspices de cette régence ; mais la décision est renvoyée aux deux seigneurs, qui conviennent par lettres, de la sentence, en renvoyant l'affaire à l'arbritage d'un collège de jurisconsultes. Ce domaine a un nombre considérable de vassaux, comtes ou barons et nobles, qui prennent leurs fiefs du plus ancien coseigneur régnant, au lieu que les fiefs passifs, selon le règlement du dernier comte de Sponheim, sont reçus par le coseigneur palatin seul, quoiqu'à frais communs. La taxe matriculaire[6] de ce comté ultérieur, est pour la Maison palatine des Deux-Ponts, de deux et demi-cavaliers[Quoi ?] et huit fantassins, ou de soixante-deux florins ; et pour celle de Bade, telle que nous l'avons dit en parlant du comté antérieur.
Il est divisé en sept bailliages, outre le canton appelé Crœfer-Reich.
Le Crœfer-Reich, ou Crœver-Reich, est un petit canton séparé au-delà de la Moselle, et composé des villages de Crœve, Reihel, Kinheim, Erden, Bengel, Kinderbeuren et Keffenich, qui au treizième siècle faisaient partie des domaines de l'Empire, sous l'inspection d'un préfet, dont la charge était devenue héréditaire dans la famille noble de Dhaun en Eyffel. Mais les comtes de Sponheim l'acquirent en 1274 du roi Rodolphe Ier, tant en son nom qu'en celui de ses successeurs, à titre d'engagement, puis comme fief hypothécaire, dont les deux co-seigneurs reçoivent encore aujourd'hui l'investiture avec celle du reste du pays. La préfecture impériale devait naturellement tomber d'après cette disposition ; mais les seigneurs de Dhaun en rendirent le droit aux archevêques de Trèves, qui n'y avaient d'abord que quelques serfs, appelés encore aujourd'hui Péterlinge ou Manants de St-Pierre. Ces prélats ne tardèrent pas à étendre leur pouvoir, au point d'empêcher déjà en 1561 l'établissement du protestantisme, que les Maisons palatine & de Bade voulaient y introduire, et de le mêler si bien des affaires, qu'ils tirent près du tiers de tous les revenus. Il en est résulté un procès qui est pendant depuis 1594 à la Chambre impériale.
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