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écrivain, journaliste, réalisateur et scénariste français (1925-2018) De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Claude Lanzmann est un journaliste, écrivain, cinéaste et producteur de cinéma français, né le à Bois-Colombes et mort le dans le 12e arrondissement de Paris[1],[2].
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Journaliste, producteur de cinéma, scénariste de cinéma, documentariste, résistant, réalisateur de cinéma, scénariste, écrivain, réalisateur |
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Judith Magre (de à ) Angelika Schrobsdorff (à partir de ) |
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Distinctions | Liste détaillée Verzetsprijs van de Stichting Kunstenaarsverzet (d) () Docteur honoris causa de l'université hébraïque de Jérusalem () Ours d'or d'honneur () Grand-croix de l'ordre national du Mérite () Grand officier de la Légion d'honneur Médaille de la Résistance Docteur honoris causa de l'université de Lucerne |
Ancien résistant, il est notamment le réalisateur de Shoah, film documentaire monumental consacré à l’extermination des Juifs d'Europe par les nazis, inscrit en mai 2023 au registre de la Mémoire du monde de l'UNESCO. Collaborateur de la revue Les Temps modernes à partir de 1952, il en est le directeur de 1986 à sa mort en 2018.
Alors que sa famille a des origines juives, Claude Lanzmann grandit « [sans] l'ombre d'une quelconque éducation juive que ce soit, ni religieuse, ni culturelle », avant de découvrir Israël en 1952 et d'y être « viscéralement attaché ».
Claude Lanzmann est né dans une famille dont les différentes branches sont originaires des communautés juives ashkénazes, immigrées en France à la fin du XIXe siècle[3].
La famille de son grand-père paternel, Itzhak Lanzmann, vient d'un shtetl près de Minsk en Biélorussie. Prenant le prénom de Léon, il épousa à Paris Anna, venant de Riga et devint marchand en mobilier ancien rue Drouot. De leur union naît en 1900, Armand, père de Claude Lanzmann[4]. Itzhak naturalisé en 1913 sera versé dans l'infanterie de 1re ligne entre 1914 et 1918.
Sa mère, Pauline, dite Paulette, Grobermann (1903-1995) est née sur un navire entre Odessa et Marseille : ses parents, Yankel et Perl Grobermann, sont originaires de Kichinev, en Bessarabie. Établis en région parisienne, ils créent une affaire de brocante, puis deviennent antiquaires pendant la Première Guerre mondiale, fournissant les jeunes studios américains en décors[5]. Ils élèvent leurs enfants « [sans] l’ombre d'une quelconque éducation juive que ce soit, ni religieuse, ni culturelle »[6]. Ce n'est qu'en 1952 que Claude Lanzmann découvre Israël et s'y sent depuis « viscéralement attaché »[7].
En 1934, à la suite du divorce de ses parents, Claude, son frère cadet Jacques (écrivain, scénariste et parolier) et sa sœur Évelyne (Évelyne Rey, actrice de théâtre), emmenés par leur père, vont vivre à Brioude, en Haute-Loire[8]. Ils y restent jusqu'en septembre 1938 ; lorsque la famille retourne à Paris, Claude poursuit ses études au lycée Condorcet[9], où il découvre l’antisémitisme[10].
En , son père, ancien combattant engagé volontaire en 1917, gazé à Ypres fut « affecté spécial » de la défense nationale à Brioude. Là, il entraîne ses enfants à disparaître sans laisser de traces, en simulant des rafles de la Gestapo ou de la Milice. Il enseigne à ses enfants la méfiance et le « pessimisme actif »[11].
À la rentrée 1943, Claude entre en lettres supérieures (hypokhâgne) au lycée Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand comme interne. À 18 ans, il devient membre des Jeunesses communistes (alors clandestines) et l’un des organisateurs de la Résistance de Clermont-Ferrand. Il participe à la lutte clandestine, puis aux combats des maquis d’Auvergne à la Margeride, au mont Mouchet, aux embuscades dans le Cantal et dans la Haute-Loire, pour retarder la remontée des troupes allemandes vers la Normandie, lors de l'été 1944[12]. Il fut homologué FFI pour la période du 2 avril au 22 août 1944 passée au sein des Mouvements unis de la Résistance, FFI d'Auvergne, une des unités combattantes reconnues dans le Puy-de-Dôme[13].
Après la Libération, sa famille revient vivre à Paris. Lanzmann, qui a retrouvé sa mère et le compagnon de celle-ci, Monny de Boully, est admis en en première supérieure (khâgne) au lycée Louis-le-Grand. Il y rencontre Jean Cau, avec qui il noue une grande amitié. Ayant échoué au concours d'entrée à l'École normale supérieure, il s'inscrit en licence de philosophie à la Sorbonne. Il choisit les « possibles et les incompossibles » chez Leibniz comme sujet de son diplôme d'études supérieures[14].
En 1947, sur les conseils de son ami Michel Tournier, Claude Lanzmann étudie la philosophie à l'université Eberhard Karl de Tübingen, en Allemagne : il veut voir « les Allemands en civil »[réf. souhaitée]. Puis, en 1948, il obtient un poste de lecteur à l'université libre de Berlin, en secteur américain[15].
Claude Lanzmann se découvre des talents et un goût de pédagogue, comme il le dit, « mêlant en une torsade unique Le Rouge et le Noir et L'Être et le Néant ». La parution des Réflexions sur la question juive de Sartre en 1947 fut pour lui un événement fondateur et devient le fondement d'un séminaire sur l'antisémitisme qu'il organisa à la demande des étudiants. Il se convainc que les thèses de Sartre doivent être dépassées, ce qui sera l'une des raisons de son premier voyage en Israël en 1952. Voulant dénoncer la faiblesse de la dénazification au sein de l'université, il publie en 1949 deux articles dans le Berliner Zeitung, journal de la RDA, ce qui lui vaut de quitter ses fonctions officielles[16].
À son retour en France, il devient pigiste pour France Dimanche, dans le groupe de presse de Pierre Lazareff pendant vingt ans, pour Elle, créé et dirigé par Hélène Lazareff, France-Soir en 1951, pour un reportage sur la vie en Allemagne de l'Est, et n'étant pas retenu, il publie finalement la série d'articles (L'Allemagne derrière le Rideau de fer) dans le journal Le Monde. Cette série est remarquée par Sartre qui lui demande de collaborer à sa revue.
En Lanzmann se rend en Corée du Nord pour son travail de journalisme.
C’est donc en 1952 que Claude Lanzmann rencontre Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre. Diplômé de philosophie, journaliste, il devient leur ami et entre au comité de rédaction de la revue Les Temps modernes qu'ils ont fondée en 1945.
Le , il publie un long article sur la fuite du dalaï-lama du Tibet, dans Elle à la demande de sa fondatrice Hélène Lazareff qui pressentait l'importance de l’événement[17].
Claude Lanzmann succède à Simone de Beauvoir comme directeur de la revue en 1986.
En 1987, il présente dans Les Temps Modernes l'attribution du massacre de Katyń aux Soviétiques comme de la « propagande nazie »[18].
Son engagement anticolonialiste le confronte à la peine capitale. Il fait partie des dix inculpés, parmi les signataires du manifeste des 121 titré « Déclaration sur le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie », qui dénoncent la répression en Algérie en 1960. En 1967, il prend une grande part à l'élaboration du fameux numéro des Temps modernes intitulé Le conflit israëlo-arabe.
Jusqu’en 1970, Claude Lanzmann partage ses activités entre Les Temps Modernes, et le journalisme. Il écrit de nombreux articles et reportages. En 1986, après la mort de Simone de Beauvoir, il deviendra responsable de la revue Les Temps Modernes.
À partir de 1970, Claude Lanzmann se consacre au cinéma. Son premier film, Pourquoi Israël, sort en 1973 et détaille déjà la méthode Lanzmann : film mosaïque avec des entretiens originaux, où l'interviewer, Lanzmann lui-même, est autant acteur que metteur en scène.
Dès qu'il a fini ce film, Lanzmann se plonge dans ce qui va devenir Shoah : il y consacre 12 ans de travail (recherche documentaire, recherche des survivants, des bourreaux, des témoins, une dizaine de campagnes de tournage et presque 6 ans de montage, avec la monteuse Ziva Postec), avant que le film ne sorte en 1985. D'une durée de plus de 9 heures, Shoah est considéré comme un monument du cinéma : sans image d'archives, il parvient à dire l'indicible sur le génocide.
Neuf ans plus tard, en 1994, sort le film Tsahal dont le questionnement est : l’armée israélienne est-elle une armée comme les autres ? Ce documentaire de 5 heures fait l'objet de vives polémiques. Il est jugé tendancieux et apologétique par ses détracteurs, qui lui reprochent notamment son manque de distance vis-à-vis du discours tenu par l'armée israélienne sur elle-même, ainsi que son silence au sujet de la guerre du Liban — un conflit qui a pourtant suscité de vifs débats en Israël même[19],[20]. Pour la sortie en DVD du film en 2008, l'anniversaire des 60 ans de l'État d'Israël, Lanzmann tourne Lights and Shadows, un entretien d'une quarantaine de minutes avec Ehud Barak.
Pour réaliser Shoah, Lanzmann a tourné 350 heures de film entre 1974 et 1981[21]. La quasi-totalité des rushs exploitables (approximativement 220 heures) sont disponibles à l'USHMM. Plus tard, à partir de ces rushs non utilisés dans Shoah et d'images tournées spécifiquement pour les films, Claude Lanzmann a réalisé quatre films autour de quatre personnages : Maurice Rossel (dans Un vivant qui passe en 1997), Yehuda Lerner (dans Sobibor, 14 octobre 1943, 16 heures en 2001), Jan Karski (dans Le Rapport Karski en 2010) et Benjamin Murmelstein (dans Le Dernier des injustes en 2013).
En 2016, lors de la diffusion du documentaire d'Adam Benzine (en) Claude Lanzmann, porte-parole de la Shoah[22], Lanzmann, qui s'insurge contre l'utilisation par d'autres d'images qu'il n'a pas utilisées dans ses films, dit : « Je vais bientôt en sortir quatre autres[23]. » Deux de ces films sont Napalm (qui traite de la Corée du Nord, relatant des événements narrés dans Le Lièvre de Patagonie[24]), sorti en 2017, et Les Quatre Sœurs (sur les horreurs subies par quatre femmes dans les camps, notamment à cause du Dr Mengele[25]), sorti en 2018.
À partir de , il vit une histoire d'amour avec Simone de Beauvoir. Malgré leur rupture en 1959, il demeurera très proche d’elle jusqu'à sa mort en 1986[26].
En 1963, il épouse l'actrice Judith Magre, dont il divorce en 1971. Cette même année, il s'unit à la romancière allemande Angelika Schrobsdorff (1927—2016)[27] puis, en 1995, il épouse Dominique Petithory.
Claude Lanzmann a deux enfants : Angélique Lanzmann et Félix Lanzmann. Ce dernier, fils de Dominique Lanzmann-Petithory, étudiant normalien[28], est mort du cancer en 2017[29]. Une lettre à son chirurgien narrant son combat contre la maladie, suivie de quelques fragments datés, est publiée par Les Temps modernes dans un numéro qui lui est dédié[30]. Il est inhumé au cimetière du Montparnasse[31].
Claude Lanzmann meurt le à l'hôpital Saint-Antoine de Paris, le lendemain de la sortie au cinéma des Quatre Sœurs. Son éditeur déclare qu'il était affaibli les derniers jours, en rajoutant que le cinéaste-journaliste était très affecté depuis la mort de son fils. Il avait fait sa dernière apparition publique à la clôture du festival de Cannes 2018[32],[33]. Le 12 juillet 2018, Claude Lanzmann est inhumé au cimetière du Montparnasse (5e division), dans la même tombe que son fils Félix - et dans le même cimetière que Simone de Beauvoir, dont il fut le compagnon[34].
Intellectuel très engagé, Claude Lanzmann s'est retrouvé au cœur d’innombrables controverses, d'abord comme responsable de la revue Les Temps modernes, dont il a fait partie pendant 66 ans et qu’il a dirigée pendant 32 ans, ensuite comme défenseur d'Israël, de la mémoire de Sartre et des mouvements qu'il avait initiés.
En février 1987, Lanzmann écrit dans le « Rapport du maitre-forestier May », dans le no 487 des Temps modernes, que la grande majorité des historiens s’accordent sur l'absence de responsabilité soviétique au massacre de Katyń. Il fait référence à la découverte de munitions et de revolvers allemands sur et autour des cadavres polonais, qui déclenchèrent une longue polémique autour des responsables du massacre.
En 1988, à la suite de ces écrits, Lanzmann est pris à partie par Jean-François Revel dans La Connaissance inutile qui l’accuse d’avoir des positions pro-soviétiques, dans la ligne de la fameuse apostrophe de Sartre (« il ne faut pas désespérer Billancourt ») : « L'ignorance volontaire du passé entraîne la falsification du présent. »
En 1990, les Allemands seront définitivement innocentés lorsque Mikhaïl Gorbatchev reconnaît publiquement l'implication du NKVD dans les meurtres de masse de Katyń.
Lors des événements ayant conduit à la mort d'un jeune Palestinien, Mohammed Al Durah, Claude Lanzmann réagit dans un article du Monde, en ces termes : « Ce qui me révolte personnellement dans cette histoire, c'est que cette mort a été filmée en direct par le cameraman arabe d'une chaîne française de télévision[35]. »
Dans le quotidien Libération, le , Claude Lanzmann « accuse Raymond Barre d’être antisémite », à la suite d'une entrevue que celui-ci a accordée à France Culture le , interview diffusée le [36]. Raymond Barre déclarait dans cet interview « Un attentat odieux qui voulait frapper des israélites qui se rendaient à la synagogue et qui a frappé des Français innocents qui traversaient la rue Copernic» (SIC).
Raymond Barre répond à ces critiques le même jour, sur RTL : « Il y a une clique qui depuis 1979 me poursuit pour me faire apparaître antisémite[37]. »
En , Claude Lanzmann s'élève vivement contre le roman de Yannick Haenel, Jan Karski, lui reprochant sa lecture biographique et les citations d'entretiens avec Jan Karski pour le film Shoah.
En 2011, il publie un numéro spécial des Temps Modernes sur les anciens harkis[38], où il revient sur des propos tenus en 1961, les appelant « les chiens de l’humaniste Papon »[39],[40],[41].
En 2012, il engage la polémique avec Michel Onfray en faisant publier un véritable réquisitoire de 60 pages dans la revue Les Temps Modernes qu'il dirige. « L'objet du délit n'est ici pas son texte sur Jean Soler, mais sur L'Ordre libertaire, ouvrage paru en janvier tout à la gloire d'Albert Camus… et très critique envers Jean-Paul Sartre, fondateur des Temps Modernes[42]. »
Le , lendemain de la mort d'Elie Wiesel, Claude Lanzmann déclare à France Inter, en se référant de façon erronée[43] au livre Être sans destin d'Imre Kertész, qu'Elie Wiesel (contrairement à ce qu'il dit dans La Nuit) n'a été que quatre jours à Auschwitz — en réalité, à la page 166 d'Être sans destin[44], Kertész parle de lui-même lorsqu'il écrit :
« Quel ne fut pas mon étonnement quand, par la suite, j'ai fait le compte, mais le fait était là : je n'ai passé en tout et pour tout que trois jours entiers à Auschwitz. Au soir du quatrième jour, j'étais de nouveau dans un train, dans l'un de ces wagons à bestiaux que je connaissais déjà. La destination — comme nous l'apprîmes — était “Buchenwald”. »
En outre, Lanzmann fait grief à Wiesel de ne pas l'avoir encouragé quand il lui annonça son projet de réaliser son film Shoah et de ne pas avoir accordé d'éloges à ce film après l'accueil « triomphal » (dixit Lanzmann) qu'il avait reçu[45]. Ces propos valent à Lanzmann, de la part du magazine d'orientation juive communautaire Alliance, le reproche de s'être « livré à un exercice d’ignominie, d’exécution et de petitesse consternante[46] ».
Claude Lanzmann fait l'objet d'accusations publiques dans plusieurs cas d'agression sexuelle[47].
Aucune desdites accusations n'a été avérée ni fait l'objet de poursuite.
En 2012, il a été entendu à l'aéroport, à la suite de la réaction d'une employée de sécurité de l'aéroport de Tel Aviv[48],[49], qui expliquait avoir été embrassée de force par Claude Lanzmann. Claude Lanzmann a répondu sur cet incident le lendemain même dans un article publié dans Le Monde.
Le 18 octobre 2017, au début du mouvement MeToo, la journaliste néerlandaise Joyce Roodnat raconte comment, alors qu’elle était venue interviewer Claude Lanzmann chez lui en 1985 au sujet du film Shoah, le cinéaste lui avait imposé des contacts physiques non consentis. Elle réitère ses accusations sur la chaîne de télévision néerlandaise NPO, en ajoutant que deux autres femmes journalistes lui ont dit avoir subi les mêmes procédés de la part de Lanzmann[50],[51],[52],[53],[54].
En Allemagne, la journaliste Natascha Freundel raconte dans un article que Claude Lanzmann a essayé de l’embrasser de force : « Après une interview, [il] a pressé ses lèvres de 84 ans sur ma bouche. C'était répugnant[55]. »
Lanzmann apparaît (en plus de son rôle d'intervieweur dans ses propres films) dans les documentaires suivants :
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