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château dans le Val-de-Marne, France De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le château de Saint-Mandé ou domaine de Saint-Mandé, ou encore maison de Saint-Mandé, est une propriété détruite, anciennement située sur la commune de Saint-Mandé. Il a appartenu à Nicolas Fouquet, surintendant des Finances de Louis XIV, qui y résida souvent entre 1654 et 1661. Il ne faut pas le confondre avec la tourelle de Saint-Mandé, qui était située non loin, mais plus au nord, sur la grande avenue entre Paris et Vincennes, vers la place du Général-Leclerc.
Château de Saint-Mandé | |
Vue cavalière du château de Saint-Mandé, 1661 | |
Période ou style | Architecture française |
---|---|
Type | château |
Destination initiale | maison de plaisance |
Propriétaire actuel | particuliers (nombreux immeubles) |
Destination actuelle | Château détruit |
Pays | France |
Région | Île-de-France |
Département | Val-de-Marne |
Commune | Saint-Mandé |
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Le château et son parc étaient situés dans un quadrilatère compris approximativement entre l'avenue Daumesnil, la rue Jeanne d'Arc, la rue du Commandant-Mouchotte, le rue de l'Épinette et le boulevard de la Guyane.
En 1654, Fouquet, alors surintendant des finances de Louis XIV depuis une année, achète de Catherine de Beauvais, femme de chambre d'Anne d'Autriche et initiatrice amoureuse du jeune Louis XIV, une propriété à Saint-Mandé, qu'il fait rebâtir et embellir. Cette luxueuse demeure entourée de jardins signés Le Nôtre préfigure déjà le faste que Fouquet déploiera à plus grande échelle et sans contraintes à Vaux-le-Vicomte. Son goût des jardins s'y développe : il les réaménage, les décorant de statues, de serres et d'orangeries.
Le Saint-Mandé de Nicolas Fouquet paraît clairement constituer une réplique de la célèbre Folie Rambouillet, située non loin.
Fouquet réunit à Saint-Mandé une grande collection de livres (27 000 volumes), surpassée seulement par la bibliothèque de Mazarin (50 000).
Il y donne de nombreuses réceptions et y joue gros jeu, la cour résidant alors à Vincennes voisin. En 1656, il reçoit successivement la Cour, Gaston d'Orléans et la reine Christine de Suède. On y voit passer les grands : Mazarin, Henriette de France, Henriette d'Angleterre, le roi Louis XIV, et les artistes comme Molière, La Fontaine, Pierre Corneille, Charles Le Brun, Michel Anguier ...
Lorsque Fouquet est arrêté sur les ordres de Colbert en 1661, son domaine est mis à sac, confisqué puis vendu en 1705 à une communauté religieuse, les Hospitalières, qui agrandissent certains bâtiments et font édifier une grande chapelle.
Aujourd'hui l'ensemble du domaine est occupé par des immeubles résidentiels de Saint-Mandé.
Le portail d'entrée de la propriété était constitué d'une grande porte dont l'élévation nous est inconnue, encadrée de deux pavillons, dont un du portier. On s'attendait ensuite à trouver un château dans l'axe... Mais, en entrant, on découvrait qu'il n'y avait aucun bâtiment dans l'axe principal de la propriété. Les constructions étaient cachées, reportées sur chacun des côtés. Dans l'aile gauche ou sud se trouvait l'appartement de travail de Fouquet, et dans l'aile droite ou nord les appartements de réception pour les invités du Surintendant. Fouquet ne fit construire que des bâtiments d'un seul niveau plus combles, "de crainte que l'élévation déplut au Roi", qui séjournait alors à Vincennes avec Mazarin. A ce titre, Saint-Mandé préfigure et influencera le Grand Trianon de Versailles.
L'aile du sud pouvait s'intituler l'aile de la bibliothèque. Elle comportait un grand cabinet d'accueil de la bibliothèque, la bibliothèque principale en galerie, ainsi que d'autres pièces avec des ouvrages. Du même côté étaient situés les écuries, la Ménagerie, ainsi que l'Orangerie, édifiée après les premières constructions. On ne connaît pas les élévations de ces bâtiments, mais cela devait ressembler assez aux communs de Vaux-le-Vicomte, dans le style brique et pierre.
On entrait dans l'aile de la bibliothèque par un grand cabinet d'accueil et de tris des ouvrages. C'était un grand salon carré, avec trois baies cintrées ouvertes sur le jardin. Il possédait le même type d'architecture que le salon vestibule placé en symétrie, dans l'aile nord. C'est probablement dans cette grande et belle pièce carrée que les beaux esprits échangeaient sur la littérature, l'histoire et tous les sujets liés aux cercles intellectuels de Fouquet. On trouvait également un petit passage également rempli de livres, puis, de manière perpendiculaire, la célèbre bibliothèque en galerie, de 40 mètres de long, contenant 27.000 livres et des manuscrits rares.
Du côté nord, on accédait à l'autre partie du domaine, qui contenait les pièces principales de réception, et à vivre, dont le logement de Fouquet et son cabinet de travail et celui de son épouse. Dans les combles, de nombreux logements étaient également aménagés. Mais on ne connaît pas de plans publiés de la distribution intérieure.
Les principales pièces de réception se composaient d'un grand salon dit aussi le vestibule, d'un petit salon ainsi que d'une galerie de sculptures. Puis un grand salon rectangle devait être aménagé derrière le petit salon, avec trois baies sur le jardin, lequel grand salon rectangle distribuait l'accès à la partie de l'aile des logements, placée au nord.
C'est dans la galerie des sculptures que les visiteurs patientaient avant de pouvoir s'entretenir avec Fouquet. Congédié par le suisse après une heure d'attente vaine dans la galerie des sculptures, La Fontaine rentra chez lui bredouille. Treize grandes sculptures de Michel Anguier trônaient contre les parois de la galerie : le sculpteur résida en effet à Saint-Mandé durant plusieurs années pour les achever. On y trouvait notamment une réplique du Laocoon, la sculpture la plus célèbre de toute l'Antiquité.
On ne connaît que le plan masse de l'aile des logements, mais celle-ci était d'une taille importante, quasi similaire au plan au sol du château central de Vaux (hors communs). Un grand salon rectangle permettait d'accéder à cette partie de la demeure, où se trouvait l'appartement de Nicolas Fouquet ainsi que son cabinet de travail, celui de Mme Fouquet, et de nombreux logements pour le cercle du Surintendant. On aimerait en savoir plus sur la distribution intérieure de cette partie de la demeure. Si un visiteur était invité dans un logement du premier étage, sous les combles, il pouvait admirer depuis cette aile des logements la superbe vue sur Paris, avec la Bastille en évidence, et Montmartre sur la droite. C'est pourquoi André Le Nôtre n'avait placé qu'une petite haie sur le mur de clôture nord de la propriété, du côté du potager : pour pouvoir conserver cette superbe vue, qui devait être une surprise pour les invités.
Elles étaient situées du côté de la rue, dans l'aile nord, et bénéficiaient de la présence d'un puits situé dans un angle de la cour nord. Il y avait les cuisines où travaillait le célèbre Vatel, qui dirigeait la gestion de la vie quotidienne à Saint-Mandé.
Les écuries étaient situés dans l'aile sud, non loin de l'aile de la bibliothèque. Elles accueillaient comme à l'accoutumée des box pour les chevaux et des remises pour les carrosses. Un abreuvoir était situé dans la cour. On accédait aux écuries depuis un porche situé dans la cour sud.
On peut voir l'aile des écuries de Fouquet représentée dans le tableau du château de Bercy, conservé au château de Brissac, sur la droite du château de Bercy. L'aile des écuries était couverte de tuiles simplement.
La Ménagerie était installée dans une aile perpendiculaire à l'Orangerie, tout au sud de la parcelle. On ne connaît que son plan masse, et rien d'autre à ce sujet pour l'instant. Y avait-il une volière ? Probablement. C'était un grand corps de bâtiment recouvert de tuile, par souci d'économie.
A côté de la porte de Saint-Mandé, dépendant du parc royal de Vincennes, du côté de l'entrée se situait une petite maison, de deux niveaux, aujourd'hui disparue, laquelle donnait sur un "petit jardin", orné d'une sculpture en pied d'une "Vénus médicis". Elle pourrait avoir servie pour abriter les "galanteries" du Surintendant, et constituait un lieu retiré de la propriété.
Cette maison de la première moitié du XVIIe siècle a été détruite lors de la reconstruction du pavillon des gardes de la porte de Saint-Mandé, au milieu du XIXe siècle.
Il ne fait aucun doute que les jardins de Saint-Mandé soient bien l'oeuvre d'André Le Nostre, qui travaillait au même moment pour Fouquet à Vaux-le-Vicomte. En effet, le tracé du jardin, sa subtilité, ont tout le vocabulaire du génial jardinier, qui crée des effets de surprise, des sentiments de monumentalité à mesure que l'on s'éloigne du début du jardin.
Les jardins de Saint-Mandé se voulaient certainement les jardins d'un nouveau Mécène du temps d'Auguste, c'est ainsi que devait se voir Fouquet pour son cercle de protégés.
Depuis la cour d'entrée, le visiteur passait une grille et se trouvait dans un espace assez simple, fait de quatre petites pelouses, avec une vue sur les sculptures du jardin. Mais de ce point de vue initial, aucune splendeur visible, comme si le jardin n'existait pas, ou était réduit à son plus simple appareil. C'est un effet voulu par André Le Nôtre pour exciter la curiosité du visiteur des lieux.
Deux parterres de fleurs étaient placés près des galeries, en symétrie de chacune des deux ailes. Ils étaient chacun ornés d'une petite fontaine. Ce genre de parterre est similaire à ce que l'on trouvait au parterre de l'Orangerie du château de Clagny ou au Trianon de porcelaine.
Au milieu du jardin se trouvait un grand parterre qui se terminait par un bassin circulaire et deux pavillons de treillage. Tout autour des murs végétaux refermait cet espace sur lui-même. Deux sculptures encadraient le bas de la composition, une dame romaine et une déesse Flore. Le tracé du grand parterre est ingénieux, il crée des allées de biais qui dynamise la visite du jardin. On découvrait quatre cadrans solaires, symbole de la bonne gestion du royaume sans doute. Sur le côté sud se trouvait une salle de treillage, appelée les Berceaux, qui renfermait une sculpture d'Atalante.
L'Orangerie était une grande pièce donnant sur le jardin, d'une longueur d'environ 70 à 80 mètres. Elle pouvait accueillir au moins 200 caisses d'orangers et d'autres essences végétales, des grandes caisses comme des petites pour les jeunes arbustes. Le parterre de l'Orangerie était constituée de fines lignes de pelouse qui descendaient fort légèrement en pente douce, sur lesquelles étaient placés les caisses d'arbustes. Dans le fond, des allées d'arbres poursuivaient ce tracé régulier.
Un grand potager était placé au nord de la parcelle, mais il bénéficiait de l'ensoleillement venu depuis le sud. Il s'organisait en symétrie par rapport à l'aile des logements. Dans le fond de ce potager était placé des allées d'arbres. Un ou deux bassins permettaient d'arroser aisément les plantations. C'est depuis le galetas de l'aile des logements, au-dessus du potager que se découvrait une merveilleuse vue sur la ville de Paris.
Quelques petits bosquets, ainsi qu'une salle de treillage égayaient le milieu du jardin où on ne pouvait rien aménager d'autre que des espaces refermés sur eux-mêmes. Le bosquet sud abritait un labyrinthe, avec une grande salle en son centre. Son plan avec des allées de biais rappelle celui plus simple du petit bois fleuri de Mme de Montespan au château de Clagny. Le bosquet nord est composé principalement de trois grandes salles.
En descendant l'allée centrale de cyprés, on arrivait enfin à la deuxième partie du jardin, toute ouverte sur la vue sur la campagne, contrairement à la partie haute du jardin. Deux nouveaux pavillons se découvraient, et rappeler évidemment les deux pavillons du château, du côté du grand parterre. Le pavillon nord avait un accès discret sur l'extérieur, on peut donc supposer qu'il s'agit d'un pavillon de "compagnie", puisque Fouquet collectionnait les maîtresses, et passait pour "galant", c'est-à-dire dans la galanterie.
Après ces deux pavillons - dont un servait probablement pour recevoir discrètement les maîtresses de Fouquet - un simple parapet permettait d'admirer la vue à 180 degrés sur Conflans, Bercy et les environs. Enfin, la visite du parc se terminait par un grand espace vide, la demi-lune, décorée d'une sculpture centrale, d'un empereur romain, le tout étant orné d'une balustrade. On y admirait la vue sur les environs et surtout sur Paris, qui était moins belle que celle visible depuis les combles de l'aile des logements.
De nos jours, il ne reste rien de ces constructions. En effet, après l'occupation au XVIIIe siècle par les Sœurs Hospitalières, le quartier a été complètement loti en immeubles à usage d'habitation, tout au long des XIXe et XXe siècles. Le tracé des rues du sud de la ville de Saint-Mandé est repris du tracé des allées principales de l'ancien jardin du château.
La famille Fouquet est proche des "dévots".
Le cercle littéraire lié au Salon de Mme Fouquet, régenté par Mme du Plessis-Bellière était fort brillant, tandis que de nombreux autres artistes fréquentaient le milieu culturel de Saint-Mandé, en s'appuyant sur la riche bibliothèque du Surintendant, qui couvrait le savoir universel. C'est Paul Pellisson, premier commis du Surintendant, qui était aussi chargé de présider à la vie culturelle et de dispenser les pensions, avec l'épouse du maître des lieux et sa meilleure amie. Ils avaient transposé et épanoui à Saint-Mandé le climat qui régnait dans le salon de Mlle de Scudéry au temps de la Carte du Tendre, essayant également de rivaliser avec la "chambre bleue" de l'incomparable Arthénice, Mme de Rambouillet, qui était plutôt de la génération précédente.
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