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homme d’Église, prédicateur et écrivain français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Jacques-Bénigne Bossuet, surnommé l'« Aigle de Meaux », né le à Dijon et mort le à Paris, est un homme d'Église, évêque, prédicateur et écrivain français.
Jacques-Bénigne Bossuet | ||||||||
Portrait de Bossuet par Hyacinthe Rigaud. Paris, musée du Louvre. | ||||||||
Biographie | ||||||||
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Naissance | Dijon, Royaume de France |
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Ordination sacerdotale | ||||||||
Décès | (à 76 ans) Paris, Royaume de France |
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Évêque de l'Église catholique | ||||||||
Ordination épiscopale | par Charles-Maurice Le Tellier | |||||||
Évêque de Meaux | ||||||||
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Évêque de Condom | ||||||||
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Autres fonctions | ||||||||
Fonction laïque | ||||||||
Membre de l'Académie française précepteur du dauphin, Écrivain. |
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(en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org | ||||||||
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Prédicateur tôt renommé, il prononce des sermons et des oraisons funèbres qui demeurent célèbres. Il est l'auteur d'une abondante œuvre écrite qui porte sur la spiritualité, l'instruction du dauphin, la controverse antiprotestante ou encore diverses polémiques dont celle qui l'oppose à Fénelon à propos du quiétisme. Il est élu à l'Académie française en .
Le cardinal Grente voit en lui « le plus grand [orateur] peut-être que le monde ait connu[1] ».
Jacques-Bénigne Bossuet est le fils de Bénigne Bossuet (-), avocat puis substitut du procureur général du Parlement de Bourgogne, nommé en conseiller au Parlement de Metz[2]. Sa mère est Marguerite Mochet (-), également issue d'une famille de magistrats.
Jacques-Bénigne Bossuet fait ses études secondaires au collège des Jésuites de Dijon, qui lui donnent une éducation classique et un goût pour les langues anciennes (apprentissage du grec et du latin). Son goût pour l'étude lui vaut le surnom de bos suetus[Note 1] aratro (« bœuf accoutumé à la charrue »)[3].
À 15 ans, il vient à Paris pour y poursuivre ses études au collège de Navarre, où il a pour maître Nicolas Cornet. Il y étudie en profondeur la philosophie et la théologie. Bien que destiné au sacerdoce, il côtoie pour quelque temps un milieu mondain : il apprécie Corneille, il s'adonne à l'écriture de vers précieux et fréquente l'hôtel de Rambouillet. Il semble qu'il ait eu accès facilement à ces cercles parisiens grâce à l'appui de son cousin, François Bossuet le riche, alors l'un des plus grands financiers du royaume.
Ordonné sous-diacre à Langres par Sébastien Zamet en , il fait l'expérience d'une conversion religieuse et abandonne sa vie mondaine. C'est l'époque de sa Méditation sur la Brièveté de la Vie, qui porte les traces de ses futurs ouvrages. La même année, il expose l'essentiel de ses idées sur le rôle de la Providence, dans sa Méditation sur la félicité des saints.
En , il est reçu docteur en théologie, puis ordonné prêtre et devient l'archidiacre de Sarrebourg dans le même temps, puis, en , celui de Metz, où il s'installe.
Le , Charles-Maurice Le Tellier devenu archevêque de Reims, consacre, avec l'assentiment du pape, Jacques-Bénigne Bossuet évêque de Condom, en l’église du couvent des Cordeliers à Pontoise ; mais l'année suivante, il renonce à ce poste et devient le précepteur du dauphin, fils de Louis XIV. Le roi lui donne le Prieuré du Plessis-Grimoult[4].
Il devient précepteur du dauphin Louis de France, le fils du roi Louis XIV et de Marie-Thérèse d' Autriche en . Mais l'éloquence du prélat est peu faite pour un enfant de 10 ans et le dauphin avouera plus tard que ses durs et austères éducateurs lui ont donné une aversion extrême « pour toute espèce, non pas de travail et d'étude, mais d'amusement d'esprit[5] ». Bossuet terminera cette mission en , date du mariage de son élève avec Marie-Anne de Bavière.
En , Bossuet écrit son Discours sur l'histoire universelle dans lequel, après avoir exposé sa vision de l'histoire du monde (depuis la Création jusqu'au triomphe de l'Église catholique en passant par la chute des empires antiques), il en cherche la raison dans les desseins de Dieu sur son Église. Il y mêle Providence et références à des sources (aussi bien la Bible et les docteurs de l'Église que les auteurs gréco-latins, comme Hérodote). « On fut étonné, dit Voltaire, de cette force majestueuse avec laquelle il a décrit les mœurs, le gouvernement, l'accroissement et la chute des grands empires, et de ces traits rapides d'une vérité énergique, dont il peint et juge les nations[6] ». Pour le Dauphin, il écrit aussi le Traité de la connaissance de Dieu et de soi-même, dans lequel il suit en général la doctrine de René Descartes, et se montre aussi profond philosophe qu'écrivain.
Bossuet se réserve l'enseignement de l'histoire, qu'il considère comme fondamental pour la formation du prince[Note 2]. Pendant près de dix ans, il raconte au dauphin l'histoire des rois qui se sont succédé à la tête du royaume, en tirant de ce récit des enseignements politiques, psychologiques et moraux ; le récit est mené jusqu'au règne de Charles IX. Le dauphin doit résumer oralement la leçon, puis la rédiger en français et la mettre en latin[Note 3] sur des cahiers qui ont été conservés[7]. Il écrit lui-même les livres de classe pour son royal élève. Bossuet s'entoure également de nombreux scientifiques durant cette période.
Bossuet a une conception très littéraliste de la vérité de la Bible[8]. En , il fait brûler l'ouvrage de Richard Simon Histoire critique du vieux testament[9].
Il est élu membre de l'Académie française en [10].
En , lorsque l'éducation du dauphin est achevée, il est nommé évêque de Meaux (d'où la périphrase « l'Aigle de Meaux », souvent utilisée pour le désigner), et se livre dès lors aux soins de l'épiscopat, fait de fréquentes prédications, rédige le célèbre Catéchisme de Meaux (1687) et compose pour des religieuses de son diocèse les Méditations sur l'Évangile et les Élévations sur les Mystères.
À cette activité épiscopale, il joint une œuvre de théologien et ne dédaigne pas les controverses avec les protestants. Il publie notamment l'Histoire des variations des Églises protestantes (). Le ministre protestant Pierre Jurieu ayant répondu à cet ouvrage, Bossuet publie les Avertissements aux protestants sur les lettres du ministre Jurieu contre l'Histoire des variations (–). Dans le cinquième de ces Avertissements (1690), il nie la thèse du contrat explicite ou implicite entre le prince et ses sujets, que soutient Jurieu, et formule la phrase célèbre : « De condamner cet état [= l'esclavage], ce serait non seulement condamner le droit des gens, où la servitude est admise, comme il paraît par toutes les lois ; mais ce serait condamner le Saint-Esprit, qui ordonne aux esclaves, par la bouche de saint Paul (1Co 7,24, Ep 6,5), de demeurer en leur état, et n'oblige point leurs maîtres à les affranchir[11] », phrase que Flaubert fera figurer dans son Sottisier[12].
Selon le narrateur des Travailleurs de la mer de Victor Hugo (Partie I, Livre I, Chapitre 8), il est l'auteur de graves persécutions : « Quelques pauvres diocésains de cet aigle, persécutés par lui lors de la révocation de l'édit de Nantes, et abrités à Guernesey, avaient accroché ce cadre à ce mur pour y porter témoignage. On y lisait, si l'on parvenait à y déchiffrer une écriture lourde et encore jaunie, les faits peu connus que voici : — « Le , démolition des temples de Morcef et de Nanteuil, demandée au Roy par M. l'évêque de Meaux ». — « Le , arrestation de Cochard père et fils pour religion, à la prière de M. l'évêque de Meaux. Relâchés ; les Cochard ayant abjuré ». — « Le , M. l'évêque de Meaux envoie à M. de Pontchartrain un mémoire remontrant qu'il serait nécessaire de mettre les demoiselles de Chalandes et de Neuville, qui sont de la religion réformée, dans la maison des Nouvelles-Catholiques de Paris ». — « Le , est exécuté l'ordre demandé au Roy par M. l'évêque de Meaux de faire enfermer à l'hôpital le nommé Baudoin et sa femme, mauvais catholiques de Fublaines ».
Souvent appelé à Paris, il commence à s'y faire une grande réputation pour ses sermons et ses panégyriques de saints. Il prêche un Avent et un Carême devant la reine-mère et devant le roi, et opère parmi les protestants un grand nombre de conversions, parmi lesquelles on cite celles de Turenne et de sa nièce Mademoiselle de Duras, de Dangeau. C'est pour aider ces nouveaux catholiques qu'il rédige son Exposition de la doctrine de l'Église.
Bossuet subit plusieurs influences : celles du jésuite Claude de Lingendes, des jansénistes Saint-Cyran et Singlin, et celle plus remarquable de saint Vincent de Paul. Ce dernier tient, à l'église Saint-Lazare, des conférences sur la prédication, auxquelles Bossuet assiste. Son éloquence en est marquée, elle se fait plus proche et plus simple.
La plupart de ses discours improvisés sont perdus. Quelques heures avant de monter en chaire, il médite son texte, jette sur le papier quelques notes et paroles du Christ, quelques passages des Pères de l'Église pour guider sa marche. Quelquefois, il dicte rapidement de plus longs morceaux, puis se livre à l'inspiration du moment, et s'étonne de l'impression qu'il produit sur ses auditeurs.
Il ne nous est parvenu que deux cents des quelque cinq ou six cents sermons prononcés, car Bossuet ne les considérait pas comme des œuvres littéraires dignes d'être imprimées. C'est à la fin du XVIIIe siècle que certains sermons furent conservés, grâce au travail de Dom Deforis. Ce ne sont toutefois que des brouillons, alourdis par les ratures et les variantes, et qui ne nous offrent qu'une idée approximative de sa prédication.
Il prononce plusieurs Oraisons funèbres dans lesquelles il fait sentir avec ampleur et musicalité le néant des grandeurs humaines. Il prononce en l'oraison funèbre de Henriette-Marie de France, reine d'Angleterre puis le celle de sa fille « Madame », Henriette-Anne d'Angleterre, duchesse d'Orléans, belle-sœur du roi, décédée subitement à l'âge de 26 ans, et dont la phrase[Note 4] « … Madame se meurt, Madame est morte… » est restée fameuse, en celle de la reine Marie-Thérèse d'Autriche et en celle du Grand Condé, Louis II de Bourbon-Condé.
Au nombre de dix, les oraisons funèbres de Bossuet sont réputées comme des chefs-d'œuvre d'éloquence, sans modèle depuis l'Antiquité[13].
Dans l'assemblée du clergé de , à l'occasion des démêlés entre le roi et le pape, il est le moteur principal de la déclaration sur les libertés de l'Église en France en , qui en accord avec la politique gallicane de Louis XIV fixe les limites du pouvoir du pape, et rédige les Quatre articles de 1682 qui sont demeurés une loi de l'État et qui ont donné lieu à de vives discussions. Le pape en est très irrité et les fait brûler.
Cette déclaration du clergé de France, plus communément appelée « Déclaration des Quatre articles », fixe jusqu’à la fin de l’Ancien Régime la doctrine des libertés de l’Église gallicane. Elle aura une énorme influence sur l’histoire de l’Église de France, prédisposant aux futures réformes religieuses des Constituants dans la Constitution civile du clergé de .
François de Caulet est l'un des deux évêques, avec celui d’Alet, qui s'opposent à cette politique gallicane de Louis XIV dont la culmination est atteinte avec la Déclaration des Quatre articles. Ces deux évêques semblent d’obédience janséniste, mais dans ce contexte précis, il y a eu convergence d'intérêt avec Rome, ce qui fait de Caulet et, après la mort de celui-ci en , de son vicaire Antoine Charlas, des « ultramontains » avant la lettre[Note 5].
Bossuet se trouve par là en lutte avec Fénelon, disciple de Madame Guyon accusée de quiétisme. Il poursuit son adversaire à la fois auprès du roi, qui disgracie et exile l'archevêque de Cambrai, et auprès du pape qui, pour faire plaisir à Louis XIV, condamne les Maximes des Saints où Fénelon soutient la doctrine de l'amour de Dieu pour lui-même, sans aucun mélange de cette crainte que les théologiens appellent servile.
Bossuet utilise tous les moyens possibles pour discréditer à la fois Fénelon et Madame Guyon, enfermée à la Bastille pendant cinq années. Il soutient que la dévotion, toujours raisonnable, doit passer par l'autorité temporelle, alors que Madame Guyon enseigne un chemin direct de cœur à cœur. Les accusations de quiétisme étaient sans fondement, Madame Guyon ne connaissant pas Molinos ni son œuvre. Le quiétisme a été un prétexte dont les ressorts étaient bien plutôt des luttes d'influence et le fait que Fénelon était le précepteur du duc de Bourgogne.
Après une lente et douloureuse agonie, Bossuet meurt dans une demeure actuellement située au 46 rue Bossuet à Paris le , de la maladie de la pierre. L'autopsie a lieu le lendemain. « On trouva dans sa vessie qui était toute gâtée, une pierre grosse comme un œuf » écrit l'abbé François Ledieu, son secrétaire[14].
Dans Politique tirée des propres paroles de l’Écriture sainte, Bossuet rappelle que les rois sont les ministres de Dieu, voire qu’ils « sont des dieux ». Le roi est à l’image de son royaume ce qu’est Dieu à l’égard de la création, aussi « le trône royal n’est pas le trône d’un homme, mais le trône de Dieu même » et vouloir donc y attenter est un crime contre l’ordre divin. L’exigence de maintenir la concorde dans le peuple de Dieu et du roi peut amener ce dernier à la plus grande sévérité, y compris et plus encore envers les grands dont la désobéissance entraîne les plus graves désordres que le royaume puisse connaître[15].
Bossuet a eu dans certains de ses sermons des paroles très dures vis-à-vis des juifs, mais qui sont communes aux personnes de son temps, comme en témoigne ce bref passage, souvent cité :
« C'était le plus grand de tous les crimes : crime jusqu'alors inouï, c'est-à-dire le déicide, qui aussi a donné lieu à une vengeance dont le monde n'avait vu encore aucun exemple... Les ruines de Jérusalem encore toutes fumantes du feu de la colère divine […]. Ô redoutable fureur de Dieu, qui anéantis tout ce que tu frappes ! […] Ce n'était pas seulement les habitants de Jérusalem, c'était tous les Juifs que vous vouliez châtier (au moment où le futur empereur Titus a mis le siège devant la ville, les Juifs s'y trouvaient en foule pour célébrer la Pâque). […] Cependant l'endurcissement des Juifs, voulu par Dieu, les fit tellement opiniâtres, qu'après tant de désastres il fallut encore prendre leur ville de force […]. Il fallait à la justice divine un nombre infini de victimes ; elle voulait voir onze cent mille hommes couchés sur la place […] et après cela encore, poursuivant les restes de cette nation déloyale, il les a dispersés par toute la terre[16] »
Selon Jules Isaac, qui cite cet extrait, « Notons que, par les soins d'Alfred Rébelliau, membre de l'Institut, ces textes ont été choisis pour figurer dans la collection des classiques français la plus répandue dans nos lycées et collèges[17] ». Menahem Macina estime que Jules Isaac fait sans doute allusion au Bossuet d'Alfred Rébelliau (Hachette, Paris, 1919, ouvrage publié dans la collection « Les grands écrivains français »). Ce texte faisait partie des auteurs du programme[18].
Bossuet, comme plusieurs de ses contemporains, s’oppose au théâtre. Une polémique l’oppose en au père Caffaro, qui affirme que l’on peut innocemment, sans conséquences pour la morale, écrire et représenter des œuvres dramatiques. Bossuet reprend les arguments de cette polémique dans les Maximes et réflexions sur la comédie[19].
De nombreuses représentations du visage de Bossuet nous sont conservées, réalisées de son temps, comme après sa mort avec de nombreuses réinterprétations. Pour connaître ses traits véritables, il faut se concentrer sur les représentations de son vivant, au cours du XVIIe siècle. Le musée de Meaux conserve plusieurs portraits de Bossuet, dans l'ancienne bibliothèque du prélat, au palais épiscopal de Meaux.
Les portraits les plus fidèles connus à ce jour sont les deux tableaux de Hyacinthe Rigaud, peints en (que le visage) et (le grand tableau en pied du musée du Louvre), dont le portrait a été peint par l'artiste puis inséré dans le grand format en pied.
On trouve aussi Bossuet dans le tableau de Louis XIV devant Maastricht (musée du Louvre). Bossuet y est représenté à cheval, ce qui constitue une iconographie inédite qui nous montre Bossuet suivre la Cour sur le front militaire du nord. Il est l'un des admoniteurs du tableau, et ses yeux sont grands ouverts, il est calme et sans ambition, paisible, contrairement à la fatuité de tout l'entourage autour. La représentation de Bossuet paraît refléter ses discours : il est hors de son temps, dans un intellect qui dépasse sa génération, et son regard et étonnement sur le monde qui l'entoure est semblable à ce qu'il professe dans ses discours.
Des diverses représentations connues, on peut déduire que Bossuet a plutôt le visage fin dans sa jeunesse. Il a tendance à prendre un peu d'embonpoint au cours des années -. Possédant des cheveux longs noirs et fins dans sa jeunesse, ceux-ci blanchissent vers .
De nombreuses gravures sont aussi intéressantes pour connaître les traits du visage du prédicateur. On retrouve Bossuet notamment dans les Almanachs officiels de la Monarchie, notamment dans ceux de 1671 et de 1696.
Charles Perrault a rédigé un poème au sujet du portrait de Bossuet peint par Rigaud pour Cosme Médicis, le portrait des Offices peint en [20].
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