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chanteuse et comédienne française De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Jeannine Saunier, dite Catherine Sauvage, est une chanteuse et comédienne française, née le [1] à Nancy et morte le à Bry-sur-Marne (Val-de-Marne).
Nom de naissance | Jeannine Marcelle Saunier |
---|---|
Naissance |
Nancy, France |
Décès |
(à 68 ans) Bry-sur-Marne, France |
Activité principale | Chanteuse, comédienne |
Genre musical | chanson française |
Années actives | 1946-1994 |
Labels | Philips |
Elle fait notamment partie des interprètes privilégiées de l'auteur-compositeur francophone Léo Ferré.
Jeannine Marcelle Saunier naît le à Nancy. Durant sa jeunesse, Charles Trenet lui donne le goût de la chanson, du théâtre amateur et de la scène. En 1940, la Seconde Guerre mondiale la pousse, elle et sa famille, à rejoindre la zone non-occupée, à Annecy.
Un temps chanteuse et productrice à Radio Genève en 1947, elle vient vivre à Paris alors âgée de dix-huit ans, pour suivre des cours d'art dramatique et adopte dès lors, le patronyme de Sauvage, emprunté à une amie d'enfance :
« J'ai fait mon apprentissage chez Jean-Louis Barrault avec Jean Vilar, Roger Blin, Marcel Marceau. [...] Le hasard de la vie m'a permis d'être présentée à Moyses, qui était le directeur du cabaret le Bœuf sur le toit. Je lui ai chanté quelques « trucs » comme ça, je lui ai dit deux ou trois poèmes. Résultat, Moyses m'a engagée dès le lendemain. J'avais un répertoire d'occasion avec notamment des chansons de Marianne Oswald. Je suis restée deux mois au Bœuf sur le toit, après, j'ai chanté au Quod-libet, une boîte au 3 rue du Pré-aux-Clercs. »
Elle se produit ensuite au cabaret L'Arlequin, situé au 131 bis, boulevard Saint-Germain puis à L'Écluse, au 15, quai des Grands-Augustins, dans le 6e arrondissement de Paris.
Catherine Sauvage travaille également à la radio : « Je ne me souviens plus comment on l'appelait à l'époque. Peut-être était-ce l'ORTF ? En tout cas, je me souviens fort bien de Jean Chouquet. C'était un instigateur. Il m'a mise en relation avec Raymond Queneau, Paul Gilson, Armand Lanoux. »
À cette période, elle rencontre Léo Ferré, dont beaucoup de chansons sont alors interdites de radiodiffusion et qu'elle contribue à faire connaître, en les interprétant elle-même; ainsi, elle enregistre Monsieur William et le titre Paris canaille qui obtient un grand succès commercial. Elle souligne :
« En 1949, avec Léo Ferré, nous partagions la même scène au cabaret Aux Trois Mailletz au 56 rue Galande, dans le quartier latin... J'ai enregistré au moins cent de ses chansons. Nous avons eu des succès communs.... Il représente l'une des grandes rencontres de ma carrière, l'autre étant le pianiste accompagnateur Jacques Loussier, lui aussi je l'ai connu lorsqu'il démarrait dans le métier. Comme un bonheur n'arrive jamais seul, dit-on, Jacques Canetti est venu m'écouter un beau soir. Il était toujours à la recherche d'artistes pour la firme de disques dont il était le directeur artistique ainsi que pour les Trois Baudets qu'il avait créé. »
La producteur et directeur artistique Jacques Canetti l'engage donc en 1953 et 1954 aux Trois Baudets : « J'ai donc fréquenté ce cabaret de la rue Coustou pendant deux ans. ». Après les Trois-Baudets en 1953, elle passe en vedette à l'Olympia, en 1954. Son interprétation de L'Homme de Léo Ferré lui vaut, la même année, un grand prix du disque décerné par l'académie Charles-Cros. En 1955, on la retrouve de nouveau à L'Olympia puis en 1960, à Bobino pour un long tour de chant.
En , elle signe le Manifeste des 121, titré « Déclaration sur le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie ». Durant la vogue des yéyés, elle s'éloigne un peu de la chanson pour renouer avec le théâtre; elle joue dans L'Échange de Paul Claudel, Le Cercle de craie caucasien de Bertolt Brecht, Frank V de Friedrich Dürrenmatt[2].
Catherine Sauvage retrouve le succès en 1968, à Bobino. Lors de ce spectacle, elle interprète autant Léo Ferré, Louis Aragon que Gilles Vigneault, poète alors inconnu en France, rencontré au Québec et dont elle est la première à chanter les textes.
Son dernier grand succès populaire, Avec le temps de Léo Ferré, sort en 1971.
Reconnue et appréciée à l'étranger elle porte la chanson française sur les scènes de Beyrouth, Mexico, Tokyo[3]. Elle fait quelques apparitions à la télévision dans des dramatiques ainsi qu'au cinéma. En 1991, elle enregistre un album entièrement consacré à Jacques Prévert. Sa dernière apparition sur scène est pour les Francofolies de La Rochelle, en .
Après avoir vécu avec le comédien Pierre Brasseur jusqu'à la mort de celui-ci, elle se lie à Gérard Paris, qu'elle épouse en 1997.
Constatant la montée en puissance du Front national, Catherine Sauvage fait partie des 250 personnalités ayant lancé « l'Appel des 250 » qui donne naissance au réseau Ras l'front, le réseau de lutte contre le fascisme.
Elle meurt des suites d'un cancer le à Bry-sur-Marne, à l'âge de 68 ans. Ses obsèques ont lieu le , elle est incinérée au crématorium du Père-Lachaise[4].
Catherine Sauvage, dont la préférence est plutôt la poésie mise en musique, interprète volontiers Louis Aragon, Jacques Audiberti, Charles Baudelaire, Bertolt Brecht, Francis Carco, Colette, Comminges, Robert Desnos, Paul Éluard, Maurice Fombeure, Pierre Frachet, Paul Gilson, Fritz Hoff, Maurice Jacquemont, Alfred Jarry, Lacenaire, Armand Lanoux, Federico García Lorca, Victor Hugo, Pierre MacOrlan, Marie Noël, J. Obe, Jacques Prévert, Raymond Queneau, Pierre Seghers, Philippe Soupault, Charles Trenet, Angèle Vannier, Gilles Vigneault, , etc..
Et tout à coup sa voix, comme un cadeau, chaque mot qui prend sens complet. Ces phrases qui vous font entrer dans un pays singulier, on n'est plus seul, on n'est plus avec les importuns. Il y en a pour une demi-heure. Ce qu'elle dit, tient, mais elle le chante ! C'est tout comme, c'est son choix. Ce choix d'intelligence et nous voici vraiment appelés dans un univers différent, où tout parle à l'âme même. Un pays, je vous dis, où tout, comme les mots, se détache avec cette perfection du dire et ce tact merveilleux de chanter (...). C'est que tout cela est langage de poètes, mais qui passe par une gorge de jour et d'ombre, le prisme de la voix se fait lumière et transparence. Avec qui voulez-vous parler ? Moi, je voulais parler de seize chansons choisies et d'une femme rencontrée avec ce nom déjà de souveraine, comme un beau masque de velours : Catherine Sauvage. (Aragon)
En 1997, lors de la sortie de son double CD Catherine Sauvage chante les poètes, elle déclare : « Je suis une amoureuse des mots, j'adore la musique. Au théâtre, je n'ai joué que les grands auteurs. Pour moi, cela participe à mon bonheur. Les chansons prennent de la valeur les unes confrontées aux autres. Comme dans la peinture, les rapports de couleurs existent. L'essentiel est de ne pas faire de fausses notes. »
Léo Ferré et Gilles Vigneault l'ont considérée comme leur meilleure interprète.
« Il y a eu, parfois, des moments insolites. Ainsi, un jour, Mireille m'a téléphoné en me confiant qu'elle avait mis en musique un texte d'Alfred Jarry, « Les Trois Grenouilles ». Vous êtes la seule à pouvoir chanter cela ! Une autre fois, c'est Michel Emer qui m'a apporté un texte de Colette, Chanson du pied léger, estimant, lui aussi, que sans moi cette composition resterait dans les tiroirs. Quant aux œuvres de Maurice Fombeure, Variations pour une trompette de cavalerie et Prières pour dormir heureux, je les ai reçues en cadeau du poète lui-même. »
Considérée comme exigeante dans le choix de ses textes, elle l'est aussi dans celui de ses musiciens : Michel Legrand, arrangeur de plusieurs de ses enregistrements, ou Jacques Loussier, rencontré à ses débuts, pour l'accompagner au piano. Elle a été accompagnée aussi après Oswald d'Andréa par Daniel Raquillet (décédé en 2012) puis par Didier Hu qui l'accompagne jusqu'à sa fin de carrière.
Chanteuse de scène, elle déploie sur scène une hargne raffinée, qui a fait dire à Georges Brassens (qu'elle a aussi interprété) : « Elle ne chante pas, elle mord. »
Sur scène, Catherine Sauvage d'une grande sobriété avait l'art du geste utilisé à bon escient. Dans sa manière de dire, de chanter, dans sa tenue vestimentaire, il n'y avait rien de superflu :
Une voie publique d'Annecy porte son nom, l'allée Catherine-Sauvage.
Ne sont pas indiqués ici les EP tirés des albums originaux. Il s'agit ici de super 45 tours au contenu original, qui n'a jamais été repris - ou alors partiellement - dans aucun album du vivant de Catherine Sauvage.
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