Cathédrale

lieu de culte de la religion chrétienne, siège de l’évêque du diocèse De Wikipédia, l'encyclopédie libre

Cathédrale

Une cathédrale est, à l'origine, une église dans laquelle se trouve le siège de l'évêque (la cathèdre) ayant la charge d'un diocèse. Le mot renvoie donc à une fonction et non à une forme spécifique d'église. La cathédrale est en usage dans l'Église catholique, l'Église orthodoxe, la Communion anglicane et l'Église luthérienne.

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Cathédrale Notre-Dame de Paris.
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Le mot cathédrale évoque dans l'esprit de beaucoup de personnes l'image d'une grande église qui défie le temps et les lois de la pesanteur (à gauche la cathédrale gothique de Chartres). Contrairement à une croyance invétérée, il existe une foule de cathédrales de taille plus que réduite (à droite la cathédrale préromane d'Aleth), s'opposant aux cathédrales géantes caractéristiques de l'époque gothique dont les bâtisseurs se lancent dans une course à l'espace et à la hauteur, témoin du dynamisme urbain, du goût de l'exploit et de l'émulation des cités épiscopales[1].

Étymologie et termes associés

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Contexte
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La cathédrale de São Paulo au Brésil est représentative d'une cathédrale moderne construite dans un Style néogothique.

Le terme cathédrale est d'abord un adjectif dans la locution église cathédrale (yglises cathedraux, « églises épiscopales » dès 1180[2]) avant de devenir un substantif au XVIIe siècle.

En français, le verbe cathédrer et le participe cathédrant ont signifié « présider »[3] et « présidant »[4].

Le mot latin d'origine grecque cathedra, « siège à dossier », par extension « charge épiscopale ou autre » a régulièrement abouti au français chaire, « siège à dossier », « chaire de professeur ». La forme chaise est issue de chaire par assibilation dialectale du r intervocalique.

En Italie et dans une partie de l'Allemagne, notamment dans la province ecclésiastique de Cologne, une cathédrale est souvent appelée dôme (en italien : duomo ; en allemand : Dom), du latin domus, abréviation de domus Dei, c'est-à-dire « maison de Dieu ». Ainsi la cathédrale de Milan est-elle couramment appelée, en italien, le duomo di Milano.

Dans d'autres parties de l'Allemagne et en Alsace (qui est historiquement culturellement allemande), une cathédrale est souvent appelée Münster, du latin monasterium. Ce terme est aussi l'origine du terme anglais minster, utilisé pour désigner notamment les cathédrales d'York (York Minster) et de Southwell (Southwell Minster).

Dans la péninsule Ibérique, une cathédrale est souvent appelée siège (en espagnol : seo ; en aragonais : seo ; en catalan : seu ; en portugais :  ; en galicien : ), du latin sedes. Ainsi la cathédrale Saint-Sauveur de Saragosse est-elle couramment appelée, en aragonais, la seu d'o Salvador de Zaragoza. La cathédrale d'Urgell, couramment appelée, en catalan, seu d'Urgell, a donné son nom à la ville de La Seu d'Urgell, antérieurement appelée Urgell.

Une procathédrale est une cathédrale provisoire : soit une église qui assume provisoirement la fonction de cathédrale sans en avoir le titre canonique, en raison de l'indisponibilité de la cathédrale « titulaire » (en travaux, en construction, démolie, etc.).

Une cocathédrale est un édifice religieux élevé au rang de cathédrale alors qu'il en existe une autre dans le diocèse. La cocathédrale latine de Jérusalem en est un exemple.

Le prêtre qui supervise les offices et la gestion d'une cathédrale est appelé archiprêtre (ou recteur-archiprêtre si celle-ci a le rang de basilique).

Histoire et organisation

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Origine et évolution des cathédrales

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L'implantation intra-muros des cathédrales, telle celle de Quimper, dépend des opportunités locales et des contextes spécifiques de chaque cité, mais elle se fait généralement à la périphérie de la ville fortifiée et à proximité des remparts. Cela tient sans doute à la difficulté d'acquérir des terrains mieux situés, ou cela contribue à renforcer l'enceinte par la masse et la valeur symbolique de cette « citadelle de la foi »[5],[6].

Avec l'évolution de la place que prend le christianisme dans l'Empire romain de Constantin (en gros, le bassin méditerranéen), les premières cathédrales sont construites au IVe siècle. En effet, alors que les premiers chrétiens pratiquent leur culte dans des maisons privées, la liberté religieuse, puis le monopole chrétien se traduisent après l'édit de Milan en 313 par la construction d'églises et par la réalisation de projets architecturaux plus ambitieux, les églises épiscopales. Dans ces églises primitives des premières communautés chrétiennes essentiellement urbaines, le trône de l'évêque, la cathèdre (cathedra en latin) est placée au fond de l'abside, dans l'axe, comme le siège du juge de la basilique antique, tandis que l'autel s'élève en avant de la tribune[7]. Les données archéologiques et les sources écrites sur ces cathédrales paléochrétiennes montrent des édifices de tailles très diverses mais qui ont généralement en commun une implantation intra-muros[8], dans des agglomérations occupées depuis l'Antiquité (le plus souvent des chefs-lieux de cités) et une intégration dans de vastes ensembles monumentaux, les groupes épiscopaux, dont l'édifice principal (appelé à cette époque Ecclesia mater, « église mère » ou Ecclesia senior, « église doyenne ou ancienne ») est celui qu'on remarque en premier (il est d'ailleurs le plus valorisé par les réfections patrimonialisantes)[9].

Dans les églises cathédrales, les évêques procèdent aux ordinations. Lorsqu'un évêque est invité par l'abbé d'un monastère, une cathèdre est disposée au fond du sanctuaire, l'église abbatiale devenant temporairement une cathédrale. L'évêque exerce aussi son autorité sur les autres églises de son diocèse (églises rurales, églises urbaines, et église suburbaines où peuvent être aménagées les tombes des martyrs ou des saints locaux, souvent d'anciens évêques)[10].

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Basilique Saint-Jean de Latran, cathédrale de Rome.

Le siège épiscopal est considéré comme le signe et le symbole de la juridiction des évêques. La cathédrale n'est pas seulement une église dédiée au service du culte, elle conserve, surtout durant les premiers siècles du christianisme, le caractère d'un tribunal sacré, analogue à celui de la basilique antique. Ainsi, les cathédrales demeurent jusqu'au XIVe siècle, des édifices à la fois religieux et civils. Si la cathédrale est, comme toute église, d'abord la maison de Dieu, on ne s'y réunit pas seulement pour assister aux offices religieux, on y tient aussi des assemblées de nature politique ou commerciale, les considérations religieuses n'étant cependant pas dépourvues d'influence sur ces réunions civiles ou militaires. Marchés, foires ou fêtes se tiennent aux portes de la cathédrale mais aussi dans sa nef ou ses bas-côtés qui accueillent la vie grouillante du peuple, des quêteurs, mendiants, auxquels se mêlent mauvais garçons et prostituées, où traînent chiens et cochons les jours de foire[11].

Contrairement aux idées reçues, la cathédrale de Rome n'est pas la basilique Saint-Pierre du Vatican mais la basilique Saint-Jean de Latran, « tête et mère des églises de la Ville et du monde ». Autre idée reçue, la construction des cathédrales romanes fait bien partie du « blanc manteau d'églises » qui, selon la formule de Raoul Glaber, est l'œuvre des évêchés ou des monastères. Mais les cathédrales gothiques du Moyen Âge classique issues de l'essor urbain lié aux progrès de l'agriculture ne sont généralement pas construites par les princes, les rois ou les évêques (selon la légende romantique, ils y verraient un moyen d'affirmer la puissance de la foi au cœur de leurs diocèses), mais par les villes (avec leurs riches nobles et bourgeois) et par les chanoines (en général membres de familles aristocratiques et fortunées), le clergé bourgeois[12]. Ainsi de nombreux historiens qualifient les grandes cathédrales de « filles des moissons » ou de « filles des villes »[13].

Les maîtres d'œuvre qui supervisent le chantier de la cathédrale ne sont pas des architectes ou des techniciens. Ils sont responsables vis-à-vis de la fabrique et se bornent à surveiller les travaux exécutés par des ouvriers spécialisés (maçons, sculpteurs, tailleurs de pierre), appelés compagnons, réunis en confréries ou fraternités. Ces derniers, payés à la tâche, laissent parfois sur les pierres des signes gravés, les marques de tâcheron qui sont leurs signatures. La construction est également réalisée par des manœuvres moins bien payés. On ne peut que conjecturer la participation des masses populaires à cette construction, vu le silence des textes à ce sujet, cette participation se faisant soit bénévolement soit par réquisition et corvée[14].

D'après la base de données Gcatholic, au , l'Église catholique compte 320 cocathédrales pour 3 043 cathédrales et 43 procathédrales. 473 anciennes cathédrales ne sont pas des cocathédrales[15].

Financement des chantiers

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Parmi les vitraux de Chartres, la baie 17 présente deux panneaux par registre dont l'un représente un tronc placé placé par le chapitre sur un autel et qui recueille les oboles de pèlerins.

« Une cathédrale coûtait une fortune, c'était une entreprise financière prodigieuse pour cette époque. »

 Henry Kraus (en), L'argent des cathédrales[16]

De rares documents car souvent mal conservés ou disparus (comptes des fabriques, registres des décisions capitulaires ou plumitifs, registre des donations, obituaires, pouillés…) fournissent de précieuses informations sur les sources de financement des grands chantiers cathédraux, avant celles des restaurations et des constructions de cathédrales de l'époque contemporaine qui voit la contribution financière croissante des États et des collectivités locales, leur financement public devenant largement prédominant. Au cours des siècles depuis le Moyen Âge jusqu'à cette époque contemporaine, la recherche de sources de financement les plus régulières possibles pour faire face aux dépenses quotidiennes aboutit à des montages financiers de plus en plus complexes et une grande diversité de fonds composée de la part des ecclésiastiques et de la part des laïcs qui manifestent par leurs contributions rivalité et émulation entre commanditaires, générosité plus ou moins désintéressée[17] ou culpabilité intégrée dans l'économie du salut[18] alors que l'historiographie a diffusé jusque dans la seconde moitié du XXe siècle le mythe de cathédrales gothiques produits de la piété[19]. La part des clercs est assurée principalement par la fortune personnelle des évêques et de leurs chanoines pratiquement tous membres de l’aristocratie, ainsi que par la mense épiscopale et capitulaire qui alimentent généralement la principale charge du financement jusqu'à la fin du Moyen Âge, mais l'ensemble du clergé du diocèse peut être mis à contribution. La part substantielle procède de leur fortune personnelle mais surtout de leurs revenus casuels (bénéfices vacants, produits d'amendes) ou permanents (les dignitaires tirent de leurs terres agricoles, bois, propriétés urbaines, taxes et de certains de leurs bénéfices ecclésiastiques des revenus importants) affectés à la fabrique, et du mécénat personnel qui porte sur les réalisations artistiques, vitraux et sculptures ainsi que sur le gros œuvre. La part des laïcs devient prépondérante à partir du XIIIe siècle. Elle émane des fidèles de la paroisse ou, pour les grands centres de pèlerinage renommés pour leurs reliques ou leurs statues miraculeuses (notamment de la Vierge), des pèlerins. Leurs contributions prennent la forme de ventes d'indulgences et de dispenses, de dons en espèces et en nature[20], de donations, de legs et d'offrandes recueillies dans des troncs placés dans différents endroits des cathédrales, dans des boutiques, dans les lieux publics, de taxes seigneuriales, entreprises suscitées par le trésor royal ou princier, quêtes fixes ou itinérantes et processions de reliques au cours desquelles les quêteurs en tournée dans le diocèse et à l'extérieur recueillent des oboles dans des boîtes à quêter[21]… Ces contributions sont généralement versées en nature ou sous forme monétaire à la fabrique qui est chargée d'assurer le financement régulier du chantier. De violents conflits apparaissent souvent au sujet du niveau de participation financière et des modalités de répartition des fonds entre la fabrique, les principaux financeurs (évêques, dignitaires du chapitre qui connaissent des affrontements entre la mense épiscopale et la mense capitulaire, autorité municipale, bourgeoisie marchande et aristocratie qui peuvent favoriser la construction de leurs propres fondations ou d'autres établissements importants) mais aussi entre les églises de différentes paroisses qui se trouvent en concurrence. Des préoccupations politiques, des problèmes de compétence et d'autorité ou de choix de tel ou tel parti architectural ou décoratif, peuvent s'ajouter à ces conflits financiers, ce qui explique que certaines affaires sont portées jusque devant le pape[22].

Architecture

Résumé
Contexte

Styles d’Europe

Voir » Architecture occidentale du Moyen Âge au XIXe siècle ». De nombreuses cathédrales ont plusieurs styles (roman et gothique, gothique et classicisme, classicisme et baroque…). Les architectes ont de nombreuses fois eu recours aux anciens styles (réparation d'anciennes cathédrales, fin de chantiers). Ces styles ne se résument évidemment pas seulement aux cathédrales et aux autres édifices religieux[23].

Cathédrales orthodoxes

Cathédrales romanes

Cathédrales gothiques

Bien que différentes, les cathédrales gothiques construites en Europe aux XIIe et XIIIe siècles ont très généralement un plan similaire en forme de croix latine, composé d'une nef, d'un transept d'un chœur et d'espaces collatéraux (bas-côtés, tribunes et déambulatoire…).

Cathédrales classiques ou néo-classiques

Cathédrales baroques

Cathédrales néo-gothiques

Cathédrales contemporaines

Styles d'Amérique

Cathédrales baroques

Cathédrales néoclassiques

Cathédrales néo-gothiques

Cathédrales contemporaines

Cathédrales d'Afrique

Cathédrales d'Asie

Cathédrales d'Océanie

Notes et références

Voir aussi

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