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écrivain et homme politique français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Jean de La Hire
Maire de Banyuls-sur-Mer | |
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- |
Comte |
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Naissance | |
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Décès | |
Nom de naissance |
Adolphe Célestin Ferdinand d'Espie |
Surnom |
Jean de La Hire, Edmond Cazal, La Hire d'Espie, Commandant Cazal, Emmanuel Fournier, Arsène Lefort, André Laumière, Philippe Néris, John Vinegrower, Alexandre Zorca |
Pseudonymes |
Commandant Cazal, Commandant Cazal, Edmond Cazal, Alexandre Zorka, John Vinegrower, André Laumière, Arsène Lefort, Jean de La Hire |
Époque | |
Nationalité | |
Formation | |
Activité | |
Période d'activité |
- |
Conjoint | |
Parentèle |
Aristide Maillol (oncle maternel) |
Parti politique | |
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Conflit | |
Genre artistique | |
Condamnation |
Héro et Léandre (d), Le Mystère des XV, Les Mystères de Lyon, La Croisière du Nyctalope, Le Maître de la Vie |
Adolphe d'Espie, connu sous le nom de plume de Jean de La Hire, né le à Banyuls-sur-Mer (Pyrénées-Orientales) et mort le à Nice (Alpes-Maritimes), est un écrivain, éditeur et homme politique français. Romancier très prolifique dans la première moitié du XXe siècle, il est alors l'un des auteurs de littérature populaire les plus appréciés du public français, publié en feuilleton notamment dans le quotidien Le Matin. Mais son passage à la collaboration sous l'occupation allemande vient durablement entacher son image, et son œuvre tombe après-guerre dans l'oubli. Outre son principal pseudonyme, il a également utilisé d'autres noms de plume.
Adolphe Célestin Ferdinand d'Espie est le fils aîné[1] du comte Célestin d'Espie, viticulteur à Banyuls-sur-Mer, et de Marie Maillol, sœur du sculpteur et peintre Aristide Maillol. À la mort de son père, il hérite du titre de comte. Il passe une partie de sa jeunesse dans une pension tenue par des Jésuites où il reçoit une solide éducation en lettres classiques. Après ces « dix ans passés au collège des Jésuites de Béziers, il devient profondément anticlérical et le restera jusqu'à l'âge de 30 ans »[2]. À l'âge de vingt ans, il choisit de venir à Paris et de faire carrière dans les lettres. Il devient d'abord secrétaire et prête-plume du couple Colette-Willy. Il travaille ensuite comme journaliste au Matin, dont il prend un temps la direction littéraire.
Il prend pour nom de plume Jean de La Hire, en signe d'admiration pour les fameuses paroles d'Étienne de Vignolles, dit La Hire, compagnon de Jeanne d'Arc : « Seigneur fais pour La Hire ce que tu voudrais que La Hire fît pour toi, si tu étais La Hire et si La Hire était Dieu. » Le comte Adolphe d'Espie est d'ailleurs « le descendant [de ce] compagnon de Jeanne d'Arc »[2].
En 1898, il publie chez Edmond Girard son premier roman[3], La Chair et l'Esprit, grâce à Pierre Louÿs.
Jusqu'en 1908, il publie plus d'une vingtaine de romans, comme l'introuvable Héro et Léandre publié à Marseille avec un portrait de l'écrivain par Rippl-Ronaï (1900), Le Tombeau des vierges (1900), La Torera (1902), L'Enfer du soldat (1903), et ceux qu'il publie à la maison d'édition Offenstadt. Il se tourne également vers les métiers de l'édition et fonde la Bibliothèque indépendante, le [4], sous son vrai nom, Adolphe-Ferdinand Célestin d’Espie. Il revend cette maison d'édition moins d'un an plus tard, et prend alors la direction de la Librairie Universelle, de à . Après une étude biographique sur Colette en 1905, il fait paraître La Roue fulgurante en 1908. Il y décrit une roue qui aspire les maisons « comme les feuilles mortes sur le passage d'un train rapide ». Ce roman d'anticipation et de science-fiction fait de lui l'un des pionniers français du space opera.
Auteur extrêmement prolifique, il aborde tous les genres littéraires en vogue et publie pendant sa longue carrière plus de 600 textes, dont certains dépassent les 100 000 exemplaires, tirage considérable pour l'époque. Certains romans, tant sentimentaux que policiers, d'aventures, de cape et d'épée ou de science-fiction, sont parus d'abord en feuilletons dans des journaux et en fascicules, forme de publication qui se développe fortement au début du XXe siècle.
Ses romans de littérature classique tels que L'Enfer du soldat (1903) ou Les Vipères (1905), côtoient constamment des romans d'aventures et d'espionnage comme la série des Grandes aventures du Nyctalope. En 1911, Jean de La Hire crée en effet le personnage de Léo Saint-Clair, dit le Nyctalope, avec la publication du Mystère des XV. Après une tentative d'assassinat, ce personnage reçoit un cœur artificiel, et devient un héros vengeur doté d'une vision nocturne. Moins connu que Rocambole, Arsène Lupin ou Fantômas, le Nyctalope a connu en son temps un grand succès commercial, à travers une trentaine d'ouvrages. Le fait de posséder un nom de code et un super-pouvoir — en l'occurrence la vision nocturne, à laquelle s'ajoute une quasi-immortalité due à son cœur artificiel — fait qu'il est parfois considéré comme l'un des premiers super-héros de l'histoire de la littérature populaire[5]. Certains des titres de cette série relèvent directement du roman policier, comme Les Mystères de Lyon (1933), L'Assassinat du Nyctalope (1933), La Sorcière nue (1954), ou encore L'Énigme du squelette (1955), le dernier titre où apparaît le héros.
Jean de La Hire mêle parfois plusieurs genres, comme le fantastique et la science-fiction dans Le Roi de la nuit (1943). Il utilise aussi plusieurs autres pseudonymes, à l'instar de la plupart des romanciers populaires de l'époque : Edmond Cazal pour les romans historiques comme Mirabeau et Sainte Thérèse d'Avila ; celui de Commandant Cazal pour ses romans de guerre ; Alexandre Zorka, John Vinegrower et André Laumière pour ses romans d'amour ; et Arsène Lefort pour ses romans de cape et d'épée, comme Le Roi des catacombes (1929), La Fille de Duguesclin (1938), mais également pour des romans policiers, dont Le Mystère de Ker-Gor (1932).
Adolphe d'Espie s'essaie en outre à des ouvrages de littérature d'enfance et de jeunesse qui font sa popularité : s'y retrouvent les genres du roman policier, du roman d'amour, de la science-fiction et des aventures de scouts. Ces derniers romans paraissent sous forme de récits à épisodes en plusieurs livraisons : Les Trois Boy-scouts (édition Ferenczi, publication débutée en 1913), Grandes aventures d’un boy-scout (édition Ferenczi, 1926), L’As des boy-scouts (Ferenczi, 1932), etc. C'est en particulier dans ce genre qu'il développe pleinement sa production littéraire sérielle, recourant à la dictée sténographique pour maintenir le rythme de ses publications. Chaque épisode, qui s'articule autour d'une aventure cohérente, peut être lu indépendamment de la série, au contraire d'autres auteurs dont les épisodes correspondent à la découpe normale en chapitre de l'œuvre finale. Ces mini-récits s'inspirent de situations typiques de divers genres littéraires transposés (policier, espionnage, naufrage sur une île déserte, etc.).
Participant aux combats de la Première Guerre mondiale, il est victime des gaz de combat qui lui laissent des problèmes pulmonaires récurrents.
En dépit de son succès populaire, Jean de La Hire ne renonce pas pour autant à la littérature classique avec Sainte Thérèse d'Avila (Ollendorf 1921) qu'il considère comme son meilleur livre. Il y propose une reconstruction des extases de la Sainte homonyme en termes de délire mystique à forte connotation sexuelle. Traduit en espagnol, ce livre est très attaqué dans le monde catholique. Il est mis à l'Index librorum prohibitorum, et brûlé solennellement à Madrid dans une cour du palais royal en présence de nombreux invités, d'un légat du pape et du roi Alphonse XIII d'Espagne. Une nouvelle mise à l'Index a lieu avec L'Inquisition d'Espagne, publié en 1924 sous le pseudonyme d'Edmond Cazal, dans la collection L'histoire Romanesque de la maison d'édition Paris Bibliothèque des curieux.
Il se positionne en ardent promoteur des valeurs démocratiques avec son roman visionnaire[6], La Guerre… La Guerre, publié en 1939 sous le pseudonyme d'Edmond Cazal. À partir du , il entreprend une série de cinq ouvrages qu'il termine le de la même année : La Guerre ! La guerre !, Maginot-Siegfried, Batailles pour la mer, L'Afrique en Flammes et La fin… par le Pétrole, soit au total plus de 1 200 pages. Le premier tome sort en mars, donc quelques mois avant le début de la Seconde Guerre mondiale. Dans son analyse critique de cette suite, J. Van Herp écrit : « Succès allemands initiaux, revers italiens dans les Balkans, défaite navale en méditerranée, volte-face-italienne, perte de confiance des généraux allemands dans le Führer, celui-ci glissant dans le délire, et volonté d'Hitler d'écraser les généraux… et si le est bien la date de la chute de Mussolini, faire du réel, date du complot contre Hitler, un n'est pas si grave[réf. souhaitée]. »
Sous l'occupation, il se convertit au pétainisme et publie plusieurs essais hostiles au Royaume-Uni ou en faveur de la collaboration[3]. Il écrit en 1940 Le Crime des évacuations — les horreurs que nous avons vues (Tallandier), réquisitoire contre les équipes gouvernementales de Paul Reynaud, Georges Mandel et autres. Il adhère au Rassemblement national populaire (RNP), le parti collaborationniste de Marcel Déat, et au Groupe Collaboration. Le , l'administration allemande de la zone occupée le nomme commissaire-gérant de la maison d'édition Ferenczi, afin de contrer le Commissariat général aux questions juives qui tentait de mettre sous sa compétence l'aryanisation des maisons d'éditions françaises qui appartenaient à des Juifs, en application de l'ordonnance allemande du 18 octobre 1940. Adolphe d'Espie remplace ainsi Raymond Durand-Auzias[7] qui avait été brièvement nommé par le tribunal de commerce de la Seine pour administrer la maison d'édition Ferenczi, qui est rebaptisée Éditions du Livre moderne. Ce poste lui est retiré le de la même année[8]. Ses écrits politiques sont ouvertement pro-allemands : Le Travail, les Travailleurs et la Nouvelle Europe (1941) et Hitler, que nous veut-il donc ? (1942), tous deux aux éditions du Livre Moderne, tout comme Mort aux Anglais! Vive la France (1942).
Après la guerre, il doit faire face à l'épuration à la Libération : il est exclu du Syndicat des Éditeurs le , date à laquelle il est interpellé au château du Breuil (Saint-Paterne-Racan) où il réside[9] et mis en détention préventive le . Il s'échappe de l'hôpital de Château-la-Vallière où il avait été transféré, et il est condamné par contumace à dix ans de réclusion. Le , il est condamné à la dégradation nationale. Il se rend le et n'effectue pas sa peine en raison de la loi d'amnistie. Il entreprend ensuite une nouvelle série d'ouvrages et romans policiers.
Dans la tourmente de l'épuration, Jean de la Hire parvient à aider l'éditeur Henry Jamet à passer en Suisse où celui-ci meurt en 1967, après un séjour chez les pères maristes de Marseille, affublé d'un faux nom et chargé de surveiller des élèves[10].
Il meurt en 1956 à Nice, des suites de ses problèmes chroniques de poumons dus aux gaz de la Première Guerre mondiale. Il est enterré dans le cimetière de Saint-Laurent-de-Cognac, en Charente.
Le , Adolphe d'Espie épouse Marie Weyrich, fille cadette du pasteur Eugène Weyrich et de Julie Poulain. Le couple a une fille qu'ils prénomment Claire[11]. Marie mène une carrière d'écrivaine et surtout d'artiste peintre d'inspiration fauve après avoir été l'élève de Favier, Delacroix et Collin.
Grâce à la maison d'édition la Librairie Universelle qu'il dirige, Jean de la Hire édite La Nièce de l'Abbé Rozan, publié en 1906 sous le nom d'auteur de Marie de La Hire. Sous son nom d'artiste, Marie de la Hire publie le premier ouvrage dédié à son ami Francis Picabia, dont l'atelier de peinture était voisin du sien, et dépose sa signature sur un grand tableau de Picabia exposé à Beaubourg, L'Œil Cacodylate. Dans une perspective dadaïste, Francis Picabia a fait signer ce tableau à ses amis pour remettre en question la valeur de la signature.
Elle publie également sous son nom de jeune fille, Marie Weyrich, le recueil de poèmes Les Jardins du soir.
Son roman Les Mystères de Lyon est réédité pour la dernière fois en 1979, aux éditions Marabout avec une préface d'Hubert Juin. Ce roman narrant une aventure du Nyctalope, « l'homme qui voyait la nuit », rencontre à nouveau un certain succès. Van Herp et A. Leborgne considèrent la trilogie Lucifer (publié une nouvelle fois en feuilleton à la Dépêche quotidienne d'Algérie en 1953), Zattan et Belzébuth comme l'un des sommets de l'œuvre de Jean de La Hire. René Brantonne a réalisé les illustrations de ses livres édités aux éditions Jaeger d'Hauteville.
Une anthologie parue en 2006, Chasseurs de chimères, L'âge d'or de la science-fiction française, de Serge Lehman, inclut le texte intégral de La Roue fulgurante (1908). S. Lehman rappelle par ailleurs que le personnage de Léo Saint-Clair, alias le Nyctalope, a une existence romanesque qui commence en 1908 et se termine en 1944. Même réprouvé, Jean de La Hire demeure, selon S. Lehman, « l’une des grandes figures de l’imaginaire français, chaînon manquant entre les « Gentilshommes-justiciers » de la fin du XIXe siècle et les aventuriers modernes dont Bob Morane est l’emblème. Il est le héros superscientifique par excellence. »
George Fronval écrit dans un numéro spécial du Chasseur d'illustrés consacré à Jean de La Hire :
« Quel est le garçon qui n'a pas lu, au moins une fois dans sa vie, une de ses livraisons des Trois boys-scouts ? Il ne doit pas en exister. »
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