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association militante française de lutte contre le sida De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Act Up-Paris (AUP) est une association militante de lutte contre le sida, issue de la communauté homosexuelle, créée le [3] par Didier Lestrade, Pascal Loubet et Luc Coulavin, suivant le modèle américain, né deux ans plus tôt. Ce modèle a essaimé essentiellement dans le monde occidental (New York[4], Philadelphie[5], Bâle[6],[7] , etc., en France : Paris et Toulouse[8]), chaque association bénéficiant d'une totale autonomie ; il se caractérise par un certain nombre de techniques activistes relatives tant à la visibilité de la lutte engagée qu'au mode de fonctionnement interne du collectif (prise de décision à partir d'un consensus par exemple[9]).
Forme juridique | Association loi de 1901 |
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But | Lutte contre le VIH/sida |
Zone d’influence | France, internationale |
Fondation |
(35 ans, 7 mois et 10 jours) |
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Fondateur | Didier Lestrade, Pascal Loubet et Luc Coulavin |
Siège | 8 rue des Dunes (19e arrondissement de Paris) |
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Personnages clés | Cleews Vellay, Philippe Mangeot, Christophe Martet, Emmanuelle Cosse, Jérôme Martin, Emmanuel Château, Victoire Patouillard |
Président | Arlindo Constantino[1],[2] |
Secrétaire général | Corinne Lakhdari et Chech Lhuillier[2] |
Trésoriers | Julien Bruneau et Bernard Oïffer[2] |
Publication | reactup |
Site web | actupparis.org |
Les objectifs d'Act Up consistent :
Act Up est, en outre, un groupe avec une forte identité collective « homosexuel-séropositif » et ouverte à des identités multiples[12] ; ses militants viennent de toutes les catégories de la population touchées par l'épidémie[13], ce qui fait de ce groupe un mouvement politique que l'on peut vraiment désigner comme queer, dans la mesure où il se définit seulement par son caractère oppositionnel[14] :
« Au-delà de ce qui fait la colère d'Act Up, il y a toujours eu aussi une dénonciation de la norme, de ce qui devrait décider de ce qui est bien, de ce qui est mal, de si nos vies sont correctes ou pas. »
— Emmanuelle Cosse, présidente d'Act Up de 1999 à 2001, témoignage pour Yagg de 2009
« L’idée que la communauté est formée de minorités plus ou moins majoritaires occulte une certaine hiérarchie des douleurs vécues par le plus grand nombre. Ma génération affrontait le problème en changeant d’échelle et en adoptant une attitude plus pragmatique. Nous nous attaquions d’abord aux problèmes qui touchaient le maximum de personnes. Les réussites politiques servent de moteur pour résoudre les problèmes des petites minorités. De nos jours, c’est l’inverse qui se passe. La personne qui crie dans le Berry écrase toutes les autres parce que nous sommes dans une hiérarchie de la victime ! »
— Didier Lestrade, cofondateur d'Act Up, entretien de 2008
La lutte contre le sida lie — pour Act Up-Paris — la résistance gay et la politique sexuelle à une mobilisation sociale autour de questions multiples : la « race », le genre (pour l'égalité des droits des personnes LGBT), l’homophobie, la pauvreté, la prison, la toxicomanie, les représentations journalistiques, la réforme du système de santé, les lois sur l'immigration, la recherche médicale, le pouvoir et la responsabilité des experts ou/et de l'industrie pharmaceutique[15].
Pour Act Up-Paris, l’épidémie de VIH est une épidémie profondément politique puisque les discriminations, les politiques de prohibition sur les drogues, la pénalisation des clients de travailleurs du sexe, les difficultés d’accès à la santé, la précarité et les tabous sur la sexualité font le nid de l’épidémie.
Entre 1989 et 1996, Act Up-Paris travaille essentiellement dans l'urgence, pour le développement et la mise sur le marché de traitements contre le VIH en France, ainsi que sur la prévention et les droits des minorités.
Après l'arrivée des premières trithérapies, l'association doit adapter son travail aux nouveaux enjeux que cette arrivée permet désormais : si les traitements sont désormais disponibles en France, l'accès aux soins n'est pas équitable et effectif partout. Quant à la prévention, les minorités continuent à faire les frais du peu de campagnes ciblées, notamment pour les migrants, les prisonniers, les personnes prostituées, les usagers de drogue, etc. Le travail autour des enjeux de prévention s'intensifie.
Act Up-Paris est également très visible en réaction aux manifestations contre le PACS ou contre les droits des personnes LGBT[16],[17],[18],[19]. En 1999, Act Up menace publiquement d'« outing » un député de droite ouvertement hostile au PACS[20]. Dans les années 2000, l'association continue de militer pour le mariage pour tous, ce qui conduira en 2006, le Parti socialiste à s'engager, par l'intermédiaire de François Hollande, pour la première fois et publiquement, en faveur du mariage pour tous et du droit des personnes trans[réf. nécessaire]
En 2010, Act Up est très active sur la question de la mise en place de salles de consommation à moindre risque pour les usagers de drogues, aux côtés des associations d'usagers[21],[22].
De plus, dans le monde, la vie de millions de personnes infectées par le VIH est menacée par le prix des traitements et l'absence de médicaments génériques. Cette question reste d'ailleurs une priorité de l'association pendant de nombreuses années, portée notamment par Marie De Cenival[23], Gaëlle Krikorian, puis Pauline Londeix[24]. Khalil Elouardighi, alors coordinateur de la commission internationale d'Act Up-Paris est nommé administrateur d'Unitaid en 2006[réf. nécessaire].
Act Up-Paris fonctionne essentiellement en opérant la mise en scène d'événements soigneusement choisis et en travaillant à la construction de symboles et à leur communication : le triangle rose[25], la pose d'un préservatif géant sur l'obélisque de la place de la Concorde[26], le patchwork à la mémoire de Cleews Vellay[27], etc. Ces théâtralisations font partie d'un processus continu, visant à forger dans l'action une « identité gay », tout en contestant la façon dont celle-ci a été élaborée, à un moment où les stigmates de la maladie étaient liés à ceux d'une sexualité considérée comme déviante[réf. nécessaire].
Ses interpellations de l'opinion publique consistent en des coups d'éclat, qu'ils appellent « zaps »[28] et dont le but est de dénoncer ce que l'association considère comme une injustice. On y trouve des motifs récurrents, comme l'utilisation de faux sang, symbolisant pour Act Up la dénonciation de la responsabilité d'une organisation ou d'une personnalité « zapée », selon ses termes, dans la mort des malades ou de minorités victimes de discrimination[pas clair]. Act Up utilise aussi le « die-in » (en s'allongeant sur le sol) pour figurer les morts du sida[29].
Son mode d'expression, le recours à l'illégalité et à la désobéissance civile, fait régulièrement l'objet de controverses, notamment lors du Sidaction 1996 où son président Christophe Martet apostrophe frontalement le ministre de la Culture Philippe Douste-Blazy pour s'être opposé aux expulsions de malades étrangers, traitant la France de « pays de merde » ; mais aussi le , lors d'une action suivie d'une vive altercation, quand ses militants investissent la cathédrale Notre-Dame de Paris pour célébrer un simulacre de mariage homosexuel, après la messe du dimanche matin ; ou en 2005, la campagne d'affiches dont Nicolas Sarkozy a été la cible. Act Up-Paris a, par ailleurs, été mise en cause pour avoir dégradé la façade de l'Élysée le .
Après l'incident de Notre-Dame de Paris en 2005, vécu comme une provocation de plus, 115 députés ont adressé une tribune au Premier ministre, Dominique de Villepin, pour interdire le versement de subventions à des associations troublant ostensiblement l'ordre public[réf. nécessaire].
Début , Act Up-Paris jette du faux sang sur la façade abritant les locaux de la Fondation Jérôme-Lejeune, employeur de la présidente de La Manif pour tous (LMPT), fondation engagée dans la recherche sur la trisomie 21, opposée à l'avortement[30]. La Fondation Lejeune et LMPT annoncent leur intention de porter plainte contre Act Up-Paris pour « dégradations de biens »[31] et « injures publiques »[32]. Act Up-Paris sera relaxée[33],[34]. Les Hommen réagissent deux jours plus tard en collant des affiches et en éclaboussant de liquide rose les locaux d'Act Up-Paris[35].
En 2018, Act Up lance une campagne contre la présidente de la région Île-de-France Valérie Pécresse, dénonçant la suppression de l'aide aux transports pour les étrangers en situation irrégulière bénéficiaires de l'Aide médicale d'État, via des affiches avec la mention « avis de recherche » et le mot-dièse « #pecressedélinquante ». En conséquence, Valérie Pécresse porte plainte en diffamation contre l'association. Il s'ensuit un conflit larvé : ainsi, en 2019, Act Up n'est pas invitée aux Solidays[réf. nécessaire]. Une polémique naît également la même année sur la prise en charge par le contribuable des frais judiciaires après un vote sur la « protection fonctionnelle » pour Valérie Pécresse. Le 21 mai 2021, la justice déboute Valérie Pécresse de la plainte en diffamation[36]. La plainte est finalement retirée le 14 mars 2022 pendant la campagne présidentielle de la candidate Les Républicains[37].
En 2024, des membres d'Act Up-Paris se déchirent autour du conflit au Proche-Orient : certains veulent soutenir publiquement les Palestiniens. A contrario, d'autres membres, juifs, dénoncent des « propos antisémites »[38].
Le [39], l'équipe dirigeante d'Act Up-Paris démissionne, déplorant que la « vague de nouvelles arrivées » depuis le succès du film 120 battements par minute, avec notamment des « jeunes militants déjà politisés et expérimentés dans d’autres luttes, notamment antiracistes » (en particulier issus des Indigènes de la République[40]) « détournent et exploitent l’outil d’Act Up, en se servant de son historique, pour mettre en avant d’autres luttes », estimant que le travail d’expertise est « relégué au dernier plan » au profit « du commentaire permanent de la critique spectacle ».
Les nouveaux dénoncent la « complaisance institutionnelle » de l’équipe sortante, veulent renouer avec des méthodes d’actions publiques spécifiques d’Act-Up (méthodes que les sortants jugent dépassées[41]) et revendiquent la dimension politique de leur action en insistant sur la nécessité de la « convergence des luttes »[42].
Les membres de la désormais ex-équipe dirigeante se disent « écœurés au point de démissionner » par les « insultes » et les « dépréciations gratuites »[39] et créent une nouvelle association « Les ActupienNEs » déclarée à la préfecture de Police dès le [43],[44] après avoir élu son bureau le ,[45]. L'association « a pour but d'informer, d'éduquer, d'accompagner, de soutenir et de défendre les droits des personnes atteintes, vivant avec l'infection du VIH/Sida, les virus des hépatites, les pathologies associées et les infections sexuellement transmissibles et de représenter les malades et les usagers du système de santé et médico-social »[46]. Dans la plateforme de revendications publiée à sa création, la nouvelle association acte la rupture avec le projet associatif porté par Act Up-Paris, estimant que les besoins militants ont changé et s'assignant un rôle de « garde-fous des autorités »[47]. Cette nouvelle association se manifeste notamment pendant les Gay Games 2018[48].
Act-up réagit le en étendant à la Polynésie française la marque « ACT UP PARIS » qu'elle avait déposée en métropole auprès de l'Institut national de la propriété industrielle (Inpi)[49], puis poursuit en justice l'association les ActupienNEs pour « atteinte à la dénomination de marque », « parasitisme de marque », et « concurrence déloyale », demandant 350 000 € de dédommagements. Une première audience de procédure aura lieu le [50]. Act Up Paris est déboutée de toutes ses demandes et est condamnée à verser des dommages et intérêts à l'association Les ActupienNEs. Cette dernière, ne voulant pas nuire à Act Up Paris décide de ne pas recouvrer l'argent dû en raison de cette condamnation. Le tribunal considère « qu'il n'y avait pas de contrefaçon de la marque « ACT UP PARIS » » et que la création de nouveaux groupes Act Up est l'essence même de la philosophie d'Act Up et qu'Act Up Paris n'est en rien propriétaire de cette « marque »[51][source insuffisante].
Le budget 2009 indique que l’association reçoit 302 354 euros des ministères[Lesquels ?], 45 000 euros de la région Île-de-France, 11 088 euros du CNASEA, 131 500 euros de laboratoires pharmaceutiques, 100 000 euros de la Fondation Pierre Bergé. Parmi les dons privés, on trouve également Agnès b.
Comme toutes les autres associations de malades, Act Up-Paris a été confrontée, dans la deuxième moitié des années 1990, à une baisse du nombre de ses militants avec l'arrivée des trithérapies. En 2009, les comptes de l’association mentionnaient « environ 127 adhérents » et « 5 salariés ».
À cause de la baisse des subventions et du nombre de grands donateurs, le déficit de l'association oblige à placer Act Up-Paris en redressement judiciaire[52] à l'été 2014. Le tribunal de grande instance de Paris décide de la poursuite de l'activité de l'association, après l'audience du , avec un plan de remboursement des créances sur plusieurs années.
N.B. : Cette liste n'est pas exhaustive.
Et aussi, quelques scènes tournées au local d'Act Up, dans :
Fonds : Act Up-Paris (1989-2014) [125,55 ml]. Cote : 20140474/1-20140474/406. Pierrefitte-sur-Seine : Archives nationales françaises (présentation en ligne).
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