Abbaye d'Hérivaux
abbaye située dans le Val-d'Oise, en France De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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Hérivaux est un écart de la commune de Luzarches, dans le département du Val-d'Oise, situé à l'orée de la forêt de Chantilly et à environ 30 kilomètres au nord de Paris. Ce site classé abrite les ruines de l'ancienne abbaye d'Hérivaux, fondée au XIIe siècle, et pour l'essentiel détruite sur ordre de Benjamin Constant, qui acquiert le domaine comme bien national durant la Révolution française.
Abbaye d'Hérivaux | ||||
Vue des ruines de l'ancienne abbatiale | ||||
Présentation | ||||
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Culte | Catholique (désaffectée) | |||
Type | Abbaye | |||
Rattachement | Abbaye Saint-Victor de Paris puis Abbaye Sainte-Geneviève de Paris |
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Début de la construction | 1160 | |||
Fin des travaux | Début XIIIe siècle | |||
Autres campagnes de travaux | XVIIe , XVIIIe siècle, 1934 | |||
Style dominant | Gothique | |||
Protection | Inscrit MH (1926, 1998) | |||
Géographie | ||||
Pays | France | |||
Région | Île-de-France | |||
Département | Val-d'Oise | |||
Ville | Luzarches | |||
Coordonnées | 49° 07′ 02″ nord, 2° 28′ 36″ est[1] | |||
Géolocalisation sur la carte : Val-d'Oise
Géolocalisation sur la carte : Île-de-France
Géolocalisation sur la carte : France
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En 1140, Ascelin, dit « l'Ermite », seigneur de Marly-la-Ville, quitte son château de Marly et se retire en cet endroit alors inhospitalier (locum horroris et vaste solituninis) baptisé Herremivallis, le val de l'ermite. Une partie du terrain lui appartenait déjà, et les comtes de Beaumont et Clermont lui cèdent volontiers les autres terres. Rejoint par d’autres compagnons, ils défrichent le terrain situé dans une dépression boisée formant vallon dans lequel coulent plusieurs sources, et fondent l'abbaye d'Hérivaux. La construction des bâtiments définitifs commence en 1160, et en cette même année l'évêque de Paris demande le rattachement de l'abbaye à l'ordre des Augustins. Il devint effectif en 1188, année de la mort d'Ascelin. L'évêque de Paris Maurice de Sully déclare le lieu institution canonique et rattache la nouvelle abbaye à la juridiction de l'abbaye de St-Victor. Maurice Sully se fit mécène de l'abbaye et finança l'église et le cloître, mais il encouragea aussi les seigneurs des alentours à aider l'abbaye[2]. Son histoire est profondément liée à celle du village voisin de Fosses, dont l'église fut longtemps un prieuré d'Hérivaux.
Au XIIIe siècle, Hérivaux deviendra paroisse. Une Jeanne de Meudon, femme de Guillaume le Bouteiller de Senlis, mourut en 1353 et fut inhumée dans l'église de l'abbaye d'Herivaux. Entre 1470 et 1475, les habitants de la vallée furent affranchis et l'on comptait alors douze ménages, plus quatorze autres ménages au hameau de la Grange au Bois, limitrophe avec le domaine de l'abbaye, soit plus d'une centaine d'habitants. Le dernier abbé régulier, Jean III Ciret, fut nommé le . Tous les abbés suivants furent donc commendataires. L'abbaye prospère, touchant les bénéfices de quatre cures, Saint-Étienne de Marly, Saint-Étienne de Fosses, Saint-Nicolas de Bellefontaine et Saint-Jean de Montepiloi, auxquels s'ajoutaient les revenus de deux prieurés et de très nombreux domaines en Île-de-France, dont la superficie n'a pas encore été évaluée[3]. Une partie de la forêt de Coye appartenait également à l'abbaye avant qu'elle ne fût achetée par le Prince de Condé. Hérivaux fut l'instigateur de cultures de plantes tinctoriales, comme la gaude, destinées à la manufacture de draps du seigneur de Rocourt, à Fosses, et fit introduire d'autres cultures comme la vesce et le pavot[4].
Sous l'impulsion de multiples dérives dans la vie abbatiale, le cardinal François de La Rochefoucauld (1558-1645) imposa une réforme des monastères augustiniens en 1622 et fit transmettre sa décision par l'intermédiaire du chanoine régulier Pierre Baudoin, en date du . En raison de multiples résistances, la décision ne fut pas exécutée et le finalement, le père Faure de Senlis prenait possession de Hérivaux, accompagné par six religieux et aidé par le lieutenant civil et criminel du bailliage de Senlis. Ce même père Faure fut également responsable de la réforme de l'abbaye de la Victoire[5]. Le rattachement à la congrégation de France et plus particulièrement à l'abbaye Sainte-Geneviève ne devint donc effectif qu'à cette date, avec seize ans de retard. Entre-temps, elle faillit disparaître dans un incendie, qui se déclara le vers onze heures du soir. Sans faire de victimes, il endommagea gravement le logis, et manqua de peu de gagner l'église. Les réparations durèrent jusqu'au mois de mars 1634. Il ne nous est pas possible d'établir si ce fut à ce moment qu'Hérivaux perdit son aspect médiéval ou antérieurement.
Dans la période qui suivait, l'abbaye fut victime de la mauvaise gestion de l'abbé François Molé nommé en 1647 et qui resta en fonction jusqu'à son décès le , à l'âge de 87 ans. Molé dépensait largement plus d'argent que l'abbaye ne gagnait et l'archidiacre de Paris constata lors de sa visite en 1673 que la voûte du réfectoire était en ruine et le pavé de l'église délabré, les autres bâtiments menaçant ruine également. À ce moment, les hameaux de Hérivaux et de la Grange-aux-Bois n'étaient plus peuplés ou avaient disparu, car dans l'ensemble de la paroisse de Hérivaux ne vivaient que douze à quinze personnes, l'abbé, ses domestiques et les moines compris. Ceci n'empêche pas des revenus toujours très importants, de l'ordre de 11 750 livres par an, dont 8 000 livres représentant la mense abbatiale. L'abbaye avait donc besoin d'une reconstruction, qui eut lieu en 1735 grâce à une donation du duc Louis IV Henri de Bourbon-Condé[6].
En 1785, les bergeries et porcheries de la ferme furent frappées par un incendie et reconstruits[7]. En 1790, après la Révolution, ne restaient plus que le prieur, Étienne Taibout, et deux moines. L'Assemblée constituante de 1789 vota la suppression des ordres réguliers hors éducation et œuvres de charité, mais Hérivaux fut exempté puisqu'une pension fut accordée au prieur et aux moines. Cependant, au cours de l'année, les officiers municipaux de Coye-la-Forêt et de Luzarches tentèrent tous les deux de dresser un inventaire des biens en vue de leur confiscation et s'affrontèrent par ce fait devant la justice, qui donna raison à Luzarches. L'expertise des biens eut lieu en octobre et novembre, pour une vente aux enchères le . Ne restait à ce moment qu'un dernier moine à l'abbaye, Adrien Delaporte du Castellier.
Aucun acquéreur ne se présenta pour les bâtiments, et leur utilisation pour des fins religieuses fut compromis par la valeur élevée du domaine. Il a fallu organiser une seconde vente, à l'issue de laquelle un M. Gressier acquit l'abbaye proprement dite pour 220 000 livres ; les deux autres lots rapportant quant à eux 154 000 livres. Une partie des 24 stalles trouvèrent un nouveau domicile dans l'église paroissiale de Luzarches, et les boiseries dans celle de Fosses. À la suite de la crise économique, M. Gressier ne put s'acquitter du prix convenu et l'abbaye devint la propriété d'un M. Petit de Paris en août 1792. Mais ce dernier la revendit à Benjamin Constant le 20 thermidor an III ()[8]. Tous les bâtiments étaient restés intacts jusque-là, mais Constant les fit démolir à l'exception de la ferme et du pavillon des hôtes du logis abbatial, où il logea Madame de Staël[9] qu'il avait connue un an auparavant. En 1796, Constant fut élu[10] représentant dans l'assemblée locale du canton de Luzarches[8].
À Hérivaux, Constant rédigea Des réactions politiques et Des effets de la Terreur. Il revendit la propriété d’Hérivaux - trop coûteuse à entretenir - le , et achèta la propriété des Herbages[11](aujourd'hui disparue), près de Saint-Martin-du-Tertre à l'orée de la forêt de Carnelle[12].
Durant l'entre-deux-guerres, elle fut acquise par le grand joailler de la place Vendôme Georges Mauboussin qui la restaura et y fit bâtir par l'architecte Paul Ruaud (1882-1960) deux ailes perpendiculaires. Sous l'occupation à partir de l'été 1940, l'ancienne abbaye devient un lieu de repos pour les officiers supérieurs de l'armée allemande[13].
Aujourd'hui l'ensemble est une propriété privée en lotissements, mais quelques ruines de l'église sont encore visibles de la route[14]
Source : Gallia Christiana
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