Liste des épidémies De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La peste sous ses deux formes (bubonique et pulmonaire) est une maladie grave, le plus souvent mortelle, provoquée par la bactérie Yersinia pestis et responsable de plusieurs dizaines (voire centaines) de millions de morts depuis l'Antiquité lors de grandes épidémies. La peste pulmonaire, hautement contagieuse, est propagée par expectoration (l'individu infecté tousse).
Jusqu'au XIXesiècle, d'autres grandes épidémies comme celles de choléra, de dysenterie, de charbon ou de fièvre hémorragique virale, ont parfois été désignées à tort comme des épidémies de peste par ceux qui les ont subies; on parlait éventuellement de maladies pestilentielles. De nouvelles recherches en paléobiochimie moléculaire[1] ont permis de confirmer la présence du bacille Yersinia pestis pour la peste noire et pour la peste de Justinien[note 1]. La bactérie a été identifiée formellement dans un charnier de peste de 1722 à Marseille (France).
La peste, la dysenterie et le typhus ont tour à tour été évoqués pour la mort de Louis IX, mais des analyses publiées en 2019 montrent que le roi était gravement atteint de scorbut, et peut-être de bilharziose qui ont fort probablement causé sa mort le lors de la huitième croisade.
Les épidémies de pestes sont regroupées en trois pandémies d'importance mondiale:
Un génome de bactérie Yersinia Pestis a pu être reconstitué à partir d'un prélèvement sur un squelette âgé d'environ 5000 ans, celui d'un chasseur-cueilleur de l'époque néolithique retrouvé à Riņņukalns en Lettonie. Grâce à l'analyse phylogénétique on estime que Yersinia Pestis s'est distinguée de Yersinia pseudotuberculosis il y a environ 7400 ans[2]. La découverte de Rinnukalns doit toutefois moins correspondre à une épidémie qu'à une contamination individuelle, peut-être depuis un castor. D'autres découvertes attestent de la présence d'un lignage de Yersinia Pestis en Grande-Bretagne il y a 4000 ans et en Asie il y a 3200 ans. La gravité de la maladie causée par ce lignage reste difficile à juger mais sa transmissibilité semble bien attestée[3].
Si les origines de la peste sont souvent situées en Asie centrale, Eva Panagiotakopulu a proposé d'en chercher les origines dans l'Égypte pharaonique[4] sur la base de descriptions médicales datant de cette époque et d'indices archéozoologiques (présence de rats noirs et de puces à Amarna).
-430: la peste d'Athènes Des doutes subsistent encore sur la véritable nature de cette épidémie qui sévit de -430 à -426. L'hypothèse la plus probable est que la ville fut frappée par le typhus ou fièvre typhoïde et qu'elle perdit le tiers de sa population. À propos de la grande peste d'Athènes, la formule de La Fontaine«Ils n'en mouraient pas tous, mais tous étaient frappés» convient parfaitement pour résumer les effets délétères de la peste: elle ne tue pas toute la population, mais affecte, très gravement, toute une communauté, lorsqu'elle s'abat sur elle. Périclès fut une de ses victimes.
Cinquante ans plus tard (-395) la peste parut en Sicile parmi les Carthaginois qui faisaient le siège de Syracuse mais ses ravages furent limités. Diodore de Sicile en fait état[5].
En l'an 125 av. J.-C., la peste dite d'Orose ravage les côtes septentrionales de l'Afrique à la suite d'une invasion de criquets[6],[7],[8],[9],[10].
En 81, l'empereur romain Titus meurt de la peste. Il participait lui-même aux secours, et approchait donc les malades. La forme de peste à laquelle il a succombé est très peu documentée, car les sources historiques de cette période sont rares.
À partir de 165 l'empire romain, alors dirigé par Marc Aurèle, connaît une épidémie de grande ampleur qui semble s'être répandue sur la plus grande partie de l'empire depuis les provinces orientales. Cette épidémie, souvent appelée «peste antonine» ou «peste galénique[11]», est le plus souvent assimilée à la variole. Elle fit des ravages jusque dans les années 170, et semble avoir frappé à nouveau Rome durant le règne de l'empereur Commode. Le célèbre médecin Galien est le témoin de cette épidémie, qui est aussi décrite par des auteurs plus tardifs. Les conséquences de cette épidémie et l'ampleur de son impact sur l'économie et la démographie de l'empire sont assez discutées. Les pertes humaines sont estimées à 5 000 000, soit 10% de la population de l'Empire romain d'alors.
541: Peste de Justinien - Elle sera suivie de près de quinze épidémies jusqu'en 767. Les pertes humaines sont estimées de 25 à 50 millions d'individus (Pour ce qui concerne l'Europe).
Entre 589 et 590: à Rome; en 589, la peste de Justinien frappe lourdement Rome et lorsque le pape Pélage II, atteint à son tour, meurt le 8 février 590, la terreur des Romains est à son comble.
1347: la peste noire envahit toute l'Europe. Elle arrive dans des navires de commerce en provenance de la péninsule de Crimée sur les rives de la Mer Noire où les Tatars, qui en étaient porteurs, assiégeaient le comptoir marchand génois de Caffa. Les Tatars de la Horde d'Or sont issus des invasions turco-mongoles de 1237-1242, venues d'Asie à la suite de l'expédition guerrière de Gengis Khan. Les bateaux infestés accostent dans les ports de Constantinople et de Messine en Sicile, la maladie gagne l'Italie et Marseille puis se propage très rapidement dans l'Europe entière. En cinq ans, cette pandémie fait 25 millions de victimes humaines sur une population totale d'environ 75 millions d'habitants. Un tiers des Européens[14],[15]. Aussi, de nombreux historiens évoquent au moins 50% d'Européens morts de la peste en cinq ans.
1652: Melun, nombreux décès parmi les membres de la Cour de France[45]. Pierrelatte (Dauphiné), Pont-Saint-Esprit (Languedoc), La Palud (Comtat Venaissin)[46]
1829-1835: Épidémie de peste en Iran. Fin de la deuxième pandémie de peste.
1894: début de la Peste de Chine. Début de la troisième pandémie de peste connue.
C'est à cette époque que le docteur Yersin découvre le bacille de la peste à Hong Kong et expérimenta par la suite son sérum (qui n'est pas un vaccin contre la peste), ce qui constitue le début de l'éradication efficace de cette maladie, sauvant ainsi de nombreuses vies et populations.
1900: 35 cas de peste bubonique à Glasgow; transmise directement d'humain à humain, sans transition par les rats[49].
En 1900-1902, à Marseille, en 18 mois, 10 navires avec cas de peste à bord sont placés en quarantaine au Frioul. 33 cas de peste sont soignés au lazaret de l'île, 6 décès.
En 1919, entre la mi-août et la mi-septembre, mini-épidémie de peste à Marseille, le diagnostic de peste étant confirmé 26 fois, 5 décès étant à déplorer[50]
La même année, à Marseille, dans le même milieu des chiffonniers (quartier Saint-Lazare, puis quartier d'Arenc), 62 cas sont détectés, entraînant 21 décès[52].
En 1931, jusqu'à 1938, 1 200 cas de peste en Égypte.
En 1942, le Japon a utilisé, entre autres, la peste comme arme bactériologique lors de la guerre contre la Chine (voir Unité 731)[53].
En 1988 réémergence de la peste à Madagascar. En 1997 à la date du 30 octobre, 2 158 cas sont déjà déclarés avec 283 cas confirmés par la bactériologie, 121 décès dont 42 confirmés[54].
En 1994 à Surat, en Inde après 30 ans de répit (876 cas dont 54 décès). Et aussi au Mozambique après plus de 15 ans qui s'est propagée au Zimbabwe et au Malawi. Presque au même moment, une épidémie sans lien apparent est survenue au Pérou[55].
En 2013, une épidémie se déclare à Madagascar en novembre, près de la localité de Mandritsara (nord). Le 12 décembre 2013, cinq districts de l'île (sur 112) sont touchés par la peste pulmonaire qui a déjà fait 39 victimes à ce jour[57]. La peste est endémique à Madagascar, qui voit chaque année 200 à 700 cas suspects cliniques, principalement de la peste bubonique, et principalement dans les zones rurales des Hautes Terres centrales à plus de 800 m d’altitude[58].
En 2014, une épidémie se déclare à Yumen, en Chine, après la mort d'un homme ayant découpé une marmotte pour nourrir son chien, qui mourut juste avant son maître, ce qui entraîna la mise en quarantaine de 151 personnes et la fermeture de la ville le [59],[60].
En 2015, une petite fille se voit infectée dans un camping populaire à Yosemite, Californie. Cependant elle est vite guérie[61].
En 2017, une épidémie se déclare à Madagascar[62].
cf. la description de Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Livre quatrième: de la mort de Théodebert Ier à celle de Sigebert Ier, roi d’Austrasie (547 – 575): … on compta, un dimanche, dans une basilique de saint Pierre (NDLR: ville de Clermont), trois cents corps morts. La mort était subite; il naissait dans l’aine ou dans l’aisselle une plaie semblable à la morsure d’un serpent; et ce venin agissait tellement sur les hommes qu’ils rendaient l’esprit le lendemain ou le troisième jour; et la force du venin leur ôtait entièrement le sens.
Du règne de Trajan Dece, l'Histoire ne retint que l'importante persécution qu'il orchestra contre les chrétiens. Bien que considéré comme un excellent empereur qui tenta de réunifier l'empire, de rétablir les traditions religieuses et de restaurer le prestige de Rome, les auteurs chrétiens comme Lucanus, Eusèbe ou encore Cyprien de Carthage, le décrivent comme «un grand serpent, précurseur de l'Antéchrist» (Cyprien, Lettres, 22, 1). Selon eux, la peste dite de Cyprien qui ravagea l'Empire sous son règne fut le fruit de la vengeance divine.
L'an 1397 il y eut une grande mortalité partout dans le monde. De même, à Arles, elle débuta pour Pâques, qui était le premier jour d'avril et elle dura tout l'an 1398 jusqu'en janvier. De même, les gens mouraient le plus souvent de bosses, certains de charbons. Un grand nombre de gens moururent, plus des enfants et des gens jeunes que d'autres gens (Bertrand Boysset).
J. Susat et alii, «A 5,000-year-old hunter-gatherer already plagued by Yersinia pestis», Cell Reports, Vol. 35, Issue 13, 109278, 29 juin 2021, Lire en ligne
P. Swali, Schulting, R., Gilardet, A. et alii, «Yersinia pestis genomes reveal plague in Britain 4000 years ago», Nature communications 14, 2930 (2023), Lire en ligne
(en) J.D. Tully, The history of plague: as it has lately appeared in the islands of Malta, Gozo, Corfu, Cephalonia, etc. detailing important facts, illustrative of the specific contagion of that disease, with particulars of the means adopted for its eradication, Longman, Hurst, Rees, Orme, and Brown, , 292p. (lire en ligne)
Guillaume Briet, Discours sur les causes de la peste survenue à Bourdeaux, cest an 1599: avec la préservation et curation d'icelle, Bordeaux, S. Millanges, (lire en ligne).
La Costelle, Abbé M.C. Idoux, Les ravages de la guerre de Trente Ans dans les Vosges: extrait de la notice de l’abbé M.C. IDOUX annoté par La Costelle, Annales de la société d'émulation du département des Vosges, , 30p. (lire en ligne), p.4
Archives départementales 50, Saint-Martin-des-Champs, 1594-1675, p. 182/360, morts de Julien PAYEN et la suivante, explicitement décrites comme de la peste les 2 & 4 octobre 1626
A.C. Valréas BB 10 f°257, mention d'un règlement du vice-légat d'Avignon ordonnant de ne laisser entrer personne venant de ces lieux (Lyon et Bourgogne), juillet 1638
J.-N. Biraben, Les hommes et la peste, Paris, Mouton, 1975. Tome 1 La peste dans l'histoire. Annexe IV (p.375 -449) Liste nominative et chronologique des localités touchés chaque année par la peste dans les différentes régions de l'Europe et du bassin méditerranéen de 541 à 775 et de 1346 à 1850.