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tueur en série français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Émile Louis, dit « le boucher de l'Yonne », né le à Auxerre (Yonne) et mort en prison le à Vandœuvre-lès-Nancy (Meurthe-et-Moselle)[1],[2], est un tueur en série français. Il est au centre de l'affaire des disparues de l'Yonne.
Émile Louis | |
Tueur en série | |
---|---|
Information | |
Nom de naissance | Émile Louis |
Naissance | Auxerre (Yonne, France) |
Décès | (à 79 ans) Vandœuvre-lès-Nancy (Meurthe-et-Moselle, France) |
Cause du décès | Mort de vieillesse |
Surnom | Le boucher de l'Yonne |
Condamnation | 17 mars 1983 : Condamné par le tribunal d'Auxerre à 5 ans de prison pour attentat à la pudeur sur mineur de 15 ans par personne ayant autorité.
24 décembre 1983 : Émile Louis voit sa peine réduite en appel à 4 ans de prison. Février 1984 : Concernant le meurtre de Sylviane Lesage, le procès se solde par un non-lieu. 23 novembre 1989 : Émile Louis est condamné à 5 ans d'emprisonnement, dont un avec sursis et 3 ans de mise à l'épreuve, par le tribunal correctionnel de Draguignan pour attentat à la pudeur commis avec violence sur mineurs, les enfants de ses voisins de camping. 18 avril 1992 : Émile Louis est libéré. 25 novembre 2004 : La cour d'assises de l'Yonne le condamne à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 18 ans. 27 juin 2006 : La cour d'assises d'appel de Paris confirme sa peine. 13 septembre 2007 : La Cour de cassation, par un arrêt, confirme définitivement la condamnation d'Émile Louis. |
Sentence | Réclusion criminelle à perpétuité avec peine de sûreté de 18 ans et dédommagement des familles de victimes |
Actions criminelles | Série d'assassinats, viols suivis de meurtre |
Affaires | Affaire des disparues de l'Yonne |
Victimes | + de 8 |
Période | - |
Pays | France |
Régions | Bourgogne |
Arrestation | 28 décembre 1981 : Arrestation du conducteur de car Émile Louis. Il nie le meurtre de Sylviane Durand-Lesage et toutes les disparitions. Il avoue avoir « des troubles du comportement sexuel l'ayant entraîné à commettre des attouchements sur mineurs ».
29 mars 1984 : Émile Louis est libéré. 12 décembre 2000 : Interpellation d'Émile Louis à Draguignan (Var) où il avait pris sa retraite. Il avoue les meurtres de 7 jeunes orphelines handicapées mentales dans la région d'Auxerre à la fin des années 1970. |
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Il est condamné pour atteintes sexuelles sur mineures en (quatre ans de prison) et en (cinq ans de prison).
En , il avoue l'assassinat de sept jeunes filles handicapées disparues dans les années 1970 dans l'Yonne, mais se rétracte un mois plus tard.
En , il est condamné à vingt ans de réclusion criminelle pour viol et torture sur son épouse et sa belle-fille.
En , Émile Louis est condamné par la cour d'assises de l'Yonne à la réclusion criminelle à perpétuité pour « l'affaire des disparues de l'Yonne ». Il décide d'interjeter appel. En , la cour d'assises d'appel de Paris confirme une peine identique à celle prononcée en première instance pour cette affaire : réclusion criminelle à perpétuité avec peine de sûreté de 18 ans et dédommagement des familles des victimes. La chambre criminelle de la Cour de cassation rejette son pourvoi en [3].
Émile Louis né à Auxerre le [4], est abandonné par sa mère dans les premiers jours de sa vie. Il est pris en charge par l'assistance publique, puis adopté par une famille d'accueil. Dans la famille d'accueil, son père adoptif est artisan maçon et fossoyeur, sa mère adoptive est autoritaire et froide. Ce n'est qu'à 15 ans qu'il apprend que ses parents nourriciers ne sont pas ses parents biologiques. Adolescent, il séjourne dans un centre de délinquance en Saône-et-Loire où il est violé. Élève moyen, il obtient son certificat d'études.
En , âgé de 18 ans, il s'engage dans la Légion étrangère et participe à la guerre d'Indochine pendant deux ans. Il est affecté aux transports maritimes, ramenant tués et blessés vers les bases arrière. Il revient d'Indochine française en 1954, à la fin de la guerre, décoré de plusieurs médailles militaires.
En , âgé de 20 ans, il épouse Chantal Delagneau avec qui il a deux filles, Marilyne et Manoèle, et deux fils, Fabrice et Fabien. Ils vivent à Villefargeau à 7 km à l'ouest d'Auxerre.
Son épouse dit de lui qu'il avait une double personnalité, parfois gentil et attentionné, mais parfois méchant et cruel.
Il trouve un emploi à la base militaire de Varennes dans l'Yonne. Il habite à Seignelay à 14 km au nord d'Auxerre, commune dont il se fait élire conseiller municipal.
Il devient chauffeur d'autocar de ramassage scolaire pour la société Les Rapides de Bourgogne où il rencontre ses sept jeunes futures victimes.
Il se sépare de son épouse en après 24 ans d'union, car « elle n'était pas portée sur le sexe », et vit avec Gilberte Binoche Lemérorel qui finit par être portée disparue.
En , alors qu'il vit à Seignelay où il est conseiller municipal, il est arrêté et condamné pour attentats à la pudeur sur des mineures de la direction départementale des affaires sanitaires et sociales (DDASS) de l'Yonne confiées à sa compagne[5].
La même année le , Émile Louis est inculpé pour le meurtre de Sylviane Lesage, 23 ans, élevée par la concubine d'Émile Louis, dont le corps est retrouvé à Rouvray (à 10 km au nord-est d'Auxerre), là où Émile Louis a l'habitude d'aller à la pêche.
Il a nié le meurtre de Sylviane Durand-Lesage et toutes les disparitions, et il a avoué avoir « des troubles du comportement sexuel l'ayant entraîné à commettre des attouchements sur mineurs ».
Le , il a été condamné par le tribunal correctionnel d'Auxerre pour atteinte à la pudeur sur mineure de 15 ans[6] par personne ayant autorité. Il a été condamné à 5 ans de prison.
Le , sa peine de prison a été réduite en appel à 4 ans fermes.
De 1982 à 1984, il est défendu par un ténor du barreau parisien Thierry Lévy[7].
Interrogé pour savoir comment l’un des meilleurs avocats français avait atterri à Auxerre, dans ce dossier somme toute mineur, Me Thierry Lévy ne souhaita pas répondre.
En , le gendarme Christian Jambert a été chargé de l'enquête de « l'affaire des disparues de l'Yonne ».
Sept viols et assassinats ont été commis à Auxerre et aux environs entre et sur des jeunes filles de la DDASS déficientes mentales légères âgées de 16 à 22 ans.
Christian Jambert adresse au parquet d'Auxerre un rapport qui met en cause Émile Louis et des réseaux proxénètes sadomasochistes de l'Yonne qui exploitent les filles de la DDASS. En , l'affaire concernant le meurtre de Sylviane Lesage se solde par un non-lieu, malgré le rapport de Christian Jambert (lui aussi enfant de la DDASS) qui montre les liens intimes qu'elle entretenait avec Émile Louis.
De fait, ce non-lieu entraîne le classement sans suite de l'enquête sur les disparues de l'Yonne, alors que toutes étaient en relation avec le chauffeur de la DDASS.
Le , Émile Louis a été libéré.
En , il s'installe dans un camping à Draguignan, dans le Var, après avoir purgé une peine de quatre ans d'emprisonnement pour attouchements sur mineur.
Il y trouve un emploi dans une entreprise de pompes funèbres.
Jambert n'en démord pas : Émile Louis est lié à ces disparitions. Il n'aura de cesse de le démontrer. Le procureur de la République René Meyer n'ouvre pas d'information pour manque de preuves, mais demande informellement au gendarme de poursuivre l'enquête.
Le rapport a été ”égaré”, il a été retrouvé en .
Mais le , le gendarme Jambert est retrouvé mort. Il se serait « suicidé » de deux balles (pourtant toutes deux mortelles, l'une dans la tête et l'autre dans le cœur) des suites d'une longue dépression, excédé de ne pas être pris au sérieux dans l'affaire Émile Louis et après avoir été contraint à une retraite anticipée. Pourtant, l'autopsie ne permettait pas d'exclure un assassinat.[réf. nécessaire]
En , le parquet ouvre une information judiciaire contre X pour assassinat sur la base d’un premier rapport d’autopsie jugeant les deux impacts de balles peu compatibles avec un suicide[8].
En , un non-lieu est rendu sur la mort du gendarme Christian Jambert. « Contrairement à ce qu’avait affirmé l’expert balistique d’un premier collège d’experts, la carabine retrouvée à proximité du corps, et dont le fonctionnement avait été modifié par Christian Jambert pour que l’arme puisse tirer en rafale, était bien celle qui avait tiré deux balles dont les fragments avaient été retrouvés dans le crâne de l’ancien gendarme », explique le procureur d’Auxerre.
La famille du gendarme fait appel de cette décision qui est confirmée par la chambre d’instruction de la cour d’appel de Paris en février 2012[9].
En , Pierre Charrier, ex-directeur et fondateur de l'Association pour adultes et jeunes handicapés (APAJH)[10] de l'Yonne à Auxerre est pris en flagrant délit à l'arrière d'une voiture en compagnie d'une jeune fille handicapée de 22 ans qu'il agresse sexuellement. Il explique qu'il aurait ainsi permis à la jeune femme de « s'épanouir affectivement ».
Charrier est un proche d'Émile Louis. Il est condamné à six ans de prison ferme. De manière générale toute la vie d'Émile Louis est liée à la DDASS, devenue Aide sociale à l'enfance (ASE) : enfant de la DDASS, famille d'accueil de la DDASS, employé par des établissements sous tutelle de la DDASS, il aura fait de la protection de l'enfance son terrain de chasse[11].
Le , Émile Louis, qui vit à Draguignan dans le Sud de la France, est condamné par le tribunal correctionnel de Draguignan à 5 ans de prison dont 1 an assorti d'un sursis avec mise à l'épreuve pendant trois ans, pour attentat à la pudeur commis avec violence sur mineurs, les enfants de ses voisins de camping.
Il est libéré le . En , il épouse en secondes noces Chantal Paradis à Draguignan.
Le , l'Association de défense des handicapés de l'Yonne, fondée par Pierre Monnoir et Jeannette Beaufumé, par l'intermédiaire de son avocat Me Pierre Gonzalez de Gaspard, dépose une plainte auprès du juge d'instruction Benoît Lewandowski pour enlèvement et séquestration dans « l'affaire des disparues de l'Yonne ».
Les juges d'instruction et procureurs de la République du tribunal d’Auxerre refusent la réouverture du dossier en pour prescription, l'affaire étant ancienne de plus de 15 ans (en droit français, avant 2017, un crime était prescrit au bout de dix ans).
Les familles de victimes décident de médiatiser fortement l'affaire en écrivant à l'émission Perdu de vue de TF1 animée par Jacques Pradel. Ce dernier (lui-même enfant de la DDASS) prend à cœur cette affaire et saisit l'occasion de faire monter son audimat en utilisant son émission pour recueillir des témoignages et jouer les journalistes d'investigation et faire bouger la Justice.
Il publie un livre Disparues de l'Yonne - la 8e victime aux éditions Michel Lafon en 2005[12].
Le , Émile Louis est placé en garde à vue après avoir avoué le meurtre des sept disparues de l'Yonne à des enquêteurs.
Deux corps de victimes identifiées sont retrouvés aux endroits qu'il a indiqués, dont celui de Jacqueline Weis, une jeune fille de la DDASS qui avait vécu chez lui à titre de famille d'accueil, et celui de Madeleine Dejust, une de ses maîtresses. Puis il se rétracte, nie et clame son innocence.
Il explique avoir raconté n'importe quoi en pensant que les faits étaient prescrits.
L'affaire est alors particulièrement complexe car les jeunes femmes sont portées disparues depuis 20 ans[13].
Le 13 décembre, Chantal Paradis, la seconde épouse d'Émile Louis, porte plainte contre lui à Draguignan pour viol et tortures commis sur elle après l'avoir droguée aux médicaments entre et , ainsi que sur sa fille Karine, issue de son premier mariage, alors âgée de 14 ans.
Karine a d'ailleurs déposé plainte en contre son beau-père pour agressions sexuelles.
Émile Louis reconnaît les faits devant les enquêteurs puis nie tout en bloc et clame son innocence[14].
Le , Émile Louis est mis en examen pour viols et acte de barbarie sur sa dernière épouse et la fille de celle-ci.
Le , Émile Louis est entendu au palais de justice d'Auxerre.
Le , Le Journal du Dimanche révèle que l'enquête administrative du procureur général à la Cour d'appel de Paris, Jean-Louis Nadal, confirme la disparition du palais de justice d'Auxerre de la quasi-totalité des dossiers de 1958 à 1982 clos par un non-lieu.
Le , il est condamné en première instance par la cour d'assises du Var siégeant à Draguignan à 20 ans de réclusion, assortie d'une période de sûreté des deux tiers, pour viols avec actes de torture et de barbarie sur sa seconde épouse et viols sur sa belle-fille, commis à Draguignan au début des années 1990.
Le , la meilleure amie de Jacqueline Weis, enfant de la DDASS, l'une des disparues de l'Yonne, affirme que Jacqueline Weis subissait des sévices de la part d'Émile Louis, dont le foyer la recevait à titre de famille d'accueil à Villefargeau. Son corps est retrouvé le à Rouvray à l'endroit indiqué par l'accusé. Immédiatement après ses aveux, celui-ci se rétracte.
Le , Émile Louis reconnaît le viol et la séquestration d'Anne-Marie Ziegler, rencontrée au milieu des années 1980. Ils étaient voisins de mobile-home dans un camping du Var. Elle n'a pas porté plainte de peur qu'il ne s'en prenne à ses trois enfants.
Le , à l'âge de 70 ans, il est condamné en première instance par la cour d'assises de l'Yonne à la réclusion criminelle à perpétuité avec peine de sûreté de 18 ans, après onze ans de procédures judiciaires pour les sept viols et assassinats de l'affaire des disparues de l'Yonne. Il est également condamné à verser 60 000 € de dommages et intérêts au titre du préjudice moral aux enfants de Bernadette Lemoine et Françoise Lemoine, 30 000 € à la mère de Chantal Gras, 15 000 € aux sœurs et frères des sept victimes, et 5 000 € à chacune des quinze parties civiles au titre des frais de procédure.
Comme il ne pouvait pas verser de tels montants, c'est l'État, via la commission d'indemnisation des victimes d'infractions (CIVI), qui a dédommagé les parties civiles.
Les familles des victimes réclament de poursuivre le procès pour savoir ce qui est arrivé aux cinq des sept disparues dont les corps ne furent pas retrouvés. Émile Louis a fait appel.
Le , la fille aînée d'Émile Louis, Marilyne Vinet, entendue comme témoin au procès de Draguignan, déclare avoir été violée par son père alors qu'elle avait 5 ans puis 19 ans.
Elle affirme également avoir assisté à l'âge de 10 ans environ au meurtre d'une jeune fille éventrée par son père dans un bois à Saint-Florentin (à 30 km au nord-est d'Auxerre).
Elle a publié un livre Être la fille d'Émile Louis dans lequel elle le qualifie de prédateur.
Le , il est condamné par la cour d'appel des Bouches-du-Rhône à une peine de 30 ans de réclusion, soit 10 ans de plus qu'en première instance, assortie d'une période de sûreté des deux tiers, pour viols avec actes de torture et de barbarie sur sa seconde épouse et des viols sur sa belle-fille, commis à Draguignan au début des années 1990.
Cette condamnation vient en plus de sa peine de réclusion à perpétuité pour l'affaire des disparues de l'Yonne.
Le , les douze jurés de la cour d'appel de Paris confirment une peine identique à la première instance pour l'affaire des disparues de l'Yonne : réclusion criminelle à perpétuité avec peine de sûreté de 18 ans et dédommagement des familles de victimes[15]. La Cour de cassation confirme cette condamnation le [16].
Emprisonné à la maison centrale d'Ensisheim[17], il est transféré en raison de troubles neurologiques dans une unité sécurisée de l'hôpital de Nancy le . Il y meurt quelques jours plus tard, le , à l'âge de 79 ans[18],[19],[20],[21],[22],[23],[24].
Il a été démontré dès le début de cette interminable affaire une négligence coupable et un défaut de professionnalisme patent de la part du Parquet d'Auxerre, largement repris dans les médias à l'époque[25], mais aucune sanction ne fut prise envers les magistrats concernés, et ce malgré l’intervention de la Garde des Sceaux de l’époque, Marylise Lebranchu.
Émile Louis était en proie à des pulsions sexuelles violentes et il a été diagnostiqué comme une forteresse qui entourait un vide affectif sidéral[27].
Émile Louis portait en lui les caractéristiques de ses victimes. Elles incarnaient ce qu'il haïssait en lui, d'où sa violence sexuelle et prédatrice avec « ses sœurs de misères » selon ses mots. Il exprimait le désir de se retirer du monde.
Il a été marqué par des troubles affectifs profonds et par sa non-relation à ses parents qu'il n'a jamais connus.
Il était menteur. Sa mère adoptive était autoritaire et froide, trait de personnalité dont il s'imprègnait entièrement.
Il se réfugiait dans un moi grandiose et omnipotent.
Il était en même temps décrit comme un homme gentil, serviable, à l'écoute et affectueux, un confident, un père, qui apportait beaucoup à des jeunes en manque d'affection et de reconnaissance.
Émile Louis souffrait d'une cardiopathie coronarienne et d'un diabète qui l'obligeait à recevoir des injections d'insuline quotidiennes.
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