Église Notre-Dame de Vitré
église située en Ille-et-Vilaine, en France De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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Notre-Dame de Vitré est une ancienne collégiale située à Vitré affectée au culte catholique. Paroisse des riches marchands d'Outre-Mer, l'édifice, gothique flamboyant, a été érigé pour l'essentiel aux XVe et XVIe siècles.
Église Notre-Dame de Vitré | |||
L'église Notre-Dame vue de la tour Saint-Laurent du château de Vitré | |||
Présentation | |||
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Culte | Catholique | ||
Type | Église | ||
Rattachement | Archidiocèse de Rennes, Dol et Saint-Malo | ||
Début de la construction | 1440 | ||
Fin des travaux | 1580 | ||
Architecte | Charles Langlois et Raffray (XIXe siècle) | ||
Style dominant | Gothique et Renaissance | ||
Protection | Classé MH (1840) | ||
Site web | Paroisse Saint-Martin de Vitré | ||
Géographie | |||
Pays | France | ||
Région | Bretagne | ||
Département | Ille-et-Vilaine | ||
Ville | Vitré | ||
Coordonnées | 48° 07′ 30″ nord, 1° 12′ 43″ ouest[1] | ||
Géolocalisation sur la carte : Ille-et-Vilaine
Géolocalisation sur la carte : France
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L’église Notre-Dame, unique église paroissiale conservée de l'ancienne ville close, est située au cœur du secteur sauvegardé de Vitré dont la mise en place, initiée par la municipalité dès 1977, n'a été véritablement formalisée qu'à compter du [2]. Ouvrant à l'ouest sur la place Notre-Dame, longée au sud par la rue éponyme, elle occupe le point le plus élevé de la vieille ville, butant contre le front nord de l'enceinte médiévale qui surplombe la Vilaine.
Seules ses façades nord, ouest et sud sont visibles, le chœur étant enserré au nord dans les bâtiments de l'ancien prieuré des bénédictins, et masqué au levant et au midi par un îlot urbain et la sacristie.
L'appréhension de l'histoire religieuse naissante de Vitré aura longtemps été altérée par le nationalisme exacerbé d'Arthur de La Borderie, désireux de faire de la ville une création féodale, et par la même bretonne[3]. Relayé par le chanoine Amédée Guillotin de Corson et Paul Banéat, il faisait de Robert Ier de Vitré le fondateur, vers 1060, d'une collégiale placée sous l'invocation de Sainte-Marie[4]. La densité remarquable d'édifices religieux aux vocables anciens (chapelles Saint-Julien et Saint-Michel, églises Saint-Pierre, Saint-Martin, Sainte-Marie) laisse à penser que Vitré était déjà une entité démographique importante et cohérente aux époques mérovingienne et carolingienne. Si la collégiale Notre-Dame pourrait remonter au Xe siècle, si elle est assurément attestée comme paroissiale en 1070-1075, elle ne constitue cependant pas la paroisse-mère de la ville, ce rôle ayant été dévolu à Saint-Pierre, sanctuaire aujourd'hui disparu qui était situé près de la poterne éponyme[5]. Ces deux derniers édifices, distants d'une centaine de mètres, furent donnés ainsi que l'église Saint-Martin à l'abbaye Saint-Melaine de Rennes en 1116 par Marbode, évêque de Rennes.
Il s'agissait de réformer une institution canoniale à la discipline relâchée, la cohabitation entre séculiers et réguliers ne devant prendre fin qu'en 1158[6]. Le prieuré bénédictin prospéra rapidement tandis que l'église Saint-Pierre, tombant de caducité, vit son culte paroissial réuni à celui de Notre-Dame. Jusqu'à la fin de l'Ancien Régime, la paroisse, dédiée à saint Pierre, devait occuper la nef du sanctuaire, le chœur étant dévolu aux moines dont le prieuré était placé sous l'invocation de la Vierge[7]. La Révolution saccagea l'intérieur de l'édifice que les curés concordataires s'attachèrent par la suite à doter d'un mobilier néogothique de qualité. L'intérêt architectural et historique de l'édifice fut promptement reconnu, Notre-Dame de Vitré ayant fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1840[8],[9].
Le flanc sud de l'église Notre-Dame n'est que partiellement visible, un îlot de maisons et la grande sacristie construite perpendiculairement à la costale sud du chœur empêchant toute vision du chevet par ailleurs masqué au septentrion par les bâtiments de l'ancien prieuré bénédictin. Nonobstant cette configuration spatiale particulière, l'enfilade des sept pignons visibles de la rue Notre-Dame constitue la partie extérieure de l'édifice la plus intéressante architecturalement, sans conteste l'un des exemples les plus aboutis des églises à pignons multiples fort répandues en Haute-Bretagne comme à Fougères ou La Guerche-de-Bretagne, zone prospère enrichie par le commerce des toiles. Tournée vers la ville, cette façade est la plus ornée du bâtiment. Édifiée d'est en ouest de 1480 à 1540, son vocabulaire architectural flamboyant initial tend à s'enrichir de détails de la première renaissance à mesure que l'on progresse vers la façade ouest. Ainsi, les quatre pignons les plus à droite furent-ils édifiés entre 1480 et 1500, les trois pignons les plus occidentaux leur étant adjoints de 1530 à 1540[10].
La perception de l'ensemble est quelque peu faussée par la disparition du pourpris qui entourait l’église, l'abaissement du sol vers 1880 et la construction de degrés contribuant à exagérer l'élévation de la façade. Édifiée en pierre de taille, celle-ci, somme toute perçue comme un tout homogène, réussit le tour de force de réunir des éléments aussi divers qu'oratoire privatif, chapelles latérales, sacristie, chaire extérieure, transept et porche d'entrée. La suite de pignons, sensiblement de mêmes hauteurs, les puissants contreforts rythmant la façade, structurent fortement la composition où la variété des remplages des fenêtres et la profusion d'éléments décoratifs permettent d'éviter toute monotonie ou sévérité.
Le dernier pignon correspond au transept méridional. Sensiblement plus large et haut, il est percé d'une vaste baie à quatre meneaux surmontée d'une archivolte à choux frisés. Le rez-de-chaussée renferme une porte dite « du haut » laquelle donne accès au croisillon droit. Précédée d'un degré et désaxée vers la gauche, l'arc en est surbaissé. Elle s'inscrit dans un arc brisé à multiples voussures, délimitant ainsi un tympan timbré des armes de Guy XV de Laval, baron de Vitré de 1486 à 1501[11]. Un bénitier couronné d'un dais parachève à l'est cette décoration.
À l'ouest, le pignon suivant présente également une composition à deux étages mais celle-ci n'est pas uniquement décorative. Elle répond à la distribution interne de la travée, superposant sacristie voûtée en plein-cintre et chapelle seigneuriale. La fenêtre du rez-de-chaussée est ornée d'une grille au dessin remarquable. Le contrefort ouest de cette travée porte l'élément le plus intéressant de la façade. Il s'agit d'une chaire extérieure dont l'accès est possible tant par l'église que par une porte ménagée à droite dans le contrefort. Portée par un pédicule, la cuve polygonale s'orne d'une arcature flamboyante, de sculptures diverses dont la figuration de la Trinité, les symboles des quatre évangélistes et deux des péchés capitaux (luxure et gourmandise). Un dais couronne cette composition en grès en la forme d'un pinacle ceinturé de gables festonnés et orné de crochets et d'un fleuron sommital.
Les deux pignons suivants contiennent des chapelles latérales. Le contrefort qui les sépare présente pas moins de cinq marques de marchands.
Vient ensuite le pignon logeant la porte « du milieu ». Correspondant au porche où se tenaient les réunions de la Fabrique, il est percé d'une porte de style Tudor, surmontée d'une arcature et d'une fenêtre à trois meneaux, le tout logé dans une haute embrasure entourée de trois statues et sommée d'une archivolte. Les vantaux de la porte sont classés. De style résolument renaissance, ils présentent les bustes de quatre apôtres et la scène de l'Annonciation.
Les pignons les plus occidentaux renferment également deux nouvelles chapelles latérales. Le plus à gauche offre une baie aux remplages dessinant des fleurs de lys, le contrefort mitoyen affichant un style plus résolument renaissance, lequel se développe plus largement sur la façade occidentale.
La façade occidentale de Notre-Dame de Vitré remonte à 1550. En grand appareil, elle est moins ouvragée que celle du côté Sud, présentant une décoration plus empreinte du style Renaissance. Longtemps elle fut masquée par la Grande halle aux draps, en bois, convertie en halle aux viandes au cours du XIXe siècle[12]. Disparue dans un incendie en 1886[13], une halle au beurre en fonte et briques lui succéda, ce dernier édifice étant lui-même démoli en 1958[11].
La vision d'ensemble offerte aujourd'hui par la place Notre-Dame n'était donc pas prévue à l'origine, ceci expliquant une réalisation lourde et assez sèche où les trois pignons apparaissent comme plaqués contre l'édifice, en totale contradiction avec son organisation interne. En effet, cette division tripartite s'oppose à la segmentation de l'espace intérieur en cinq modules : nef centrale, deux bas-côtés et files de chapelles latérales.
Les espaces latéraux du massif occidental, cantonnés de puissants contreforts, sont aveugles. Les rampants comme les pinacles portent une profusion de crochets peu gracieux, un troisième contrefort médian coupant au surplus de part et d'autre fâcheusement les deux gables périphériques. Dans l'axe des piles de la nef, ces contreforts n'ont d'autre raison que de contrebuter la poussée générée par la voûte de la nef centrale.
Seule la section médiane témoigne d'un effort de composition architecturale et esthétique. L'élévation présente deux étages. Au sommet d'un important emmarchement, le portail ouest est un parfait exemple de l'art de la seconde Renaissance inspiré des canons de l'antiquité. À la manière d'un arc de triomphe, la porte plein-cintre s'inscrit sous un fronton triangulaire posé sur un entablement alternant triglyphes et métopes. Deux couples de colonnes d'ordre dorique reposant sur de hauts piédestaux supportent cette composition savante. L'ouvrage est abrité sous une arcade cintrée dont l'intrados aurait dû s'orner de caissons partiellement réalisés.
L’imposte de la porte s'orne de représentations de la Crucifixion, des apôtres Pierre, Paul, Jean et André. Une couronne de laurier, le millésime 1586 et deux marques de marchands complètent cette décoration savante.
À l'étage, une maîtresse vitre à quatre meneaux et aux remplages flamboyants est logée sous une archivolte, censée dispenser un éclairage abondant dans les nefs bretonnes généralement aveugles.
Comparé aux façades ouest et sud de l'église, le flanc nord apparaît particulièrement dépouillé. Dépourvu de sculpture, il butait originellement contre le cloître du prieuré des bénédictins avant que ce dernier ne soit rebâti par les Mauristes au XVIIe siècle, au nord-est du chevet de l'église Notre-Dame. Témoignent de cette organisation primitive des corbeaux dans le mur nord des chapelles latérales. Il n'est pas même jusqu'aux pignons, couverts par les pans des toitures, qui ne concourent à la nudité de l'ensemble. Seuls les remplages des fenêtres, dont un garni d'hermines, apportent une touche de fantaisie. Le pignon du transept a été quant à lui repris au XIXe siècle.
Le terre-plein situé à l'emplacement primitif du cloître ménage un point de vue remarquable sur le clocher de l'église. Plantée à la croisée du transept, la tour, de section carrée et aux angles coupés, présente sur chaque face d'étroites fenêtres ogivales géminées, barrées à mi-hauteur par une traverse. Elle porte depuis 1858 une balustrade flamboyante cantonnée de huit pinacles. Une flèche octogonale, œuvre de l'architecte Raffray, coiffe le tout. Chaque pan présente à sa base une lucarne et est ajouré d'hexalobes, quinte-feuilles, quadrilobes et trilobes, des crochets garnissant les arêtes. Cette composition s'est substituée à une toiture basse à quatre pans, édifiée après que le beffroi et la flèche originels furent foudroyés en 1704. Un tableau, conservé à l'intérieur de l'édifice, permet de connaître ce couronnement de charpente et d'ardoises plus conforme à la tradition de Haute-Bretagne. Par ailleurs, chaque face du clocher porte un cadran, rappelant qu'à défaut de beffroi municipal le clocher de Notre-Dame portât jusqu'au XVIIIe siècle l'horloge communale.
Notre-Dame de Vitré offre un plan des plus singuliers pour une église bretonne. La nef s'y déploie sur six travées et se trouve accostée de deux collatéraux desservant six chapelles au nord, cinq au sud ainsi qu'une sacristie. Le développement de la nef est stoppé par les puissants piliers portant la croisée du transept prolongée de part et d'autre par deux bras, chacun doté d'une absidiole orientale. Un chœur profond, de forme rectangulaire et désaxé vers la droite, prolonge l'édifice à l'orient.
L'ampleur de la partie occidentale de Notre-Dame de Vitré reste exceptionnelle pour un édifice paroissial breton. Dans l'ancien duché de Bretagne, seules les cathédrales de Nantes et Quimper offrent aujourd'hui le parti de trois vaisseaux occidentaux accostés de chapelles latérales et il n'est guère que l'ancienne église paroissiale Toussaint de Rennes qui présentait pareil déploiement[14]. Cette originalité d'un développement latéral de la nef et de ses annexes résulte sans doute du statut double de l'église, paroissiale et prieurale à la fois[11]. Sous l'Ancien Régime, la nef, dévolue à la paroisse, était séparée du chœur par un mur planté au droit des piliers occidentaux du transept en 1626[15], mur contre lequel s'appuyât à compter de 1642 un retable lavallois[16] commencé par Jean Martinet[17], la partie orientale de l'édifice servant aux bénédictins du prieuré voisin, la chapelle absidiale ayant conservé encore de nos jours le nom de chœur aux moines.
Le transept, bien que gothique flamboyant, trahit une organisation spatiale héritée d'un édifice roman[18]. Outre les forts piliers de la croisée portant un lourd clocher, les chapelles pentagonales percées dans les murs orientaux des bras du transept et jouxtant les costales du sanctuaire pérennisent la formule romane du chœur en hémicycle accosté de deux absidioles, laquelle reste encore visible à Livré-sur-Changeon ou lisible à Antrain et Tremblay dans l'ancien diocèse de Rennes. Le transept sud, dans l'alignement des chapelles latérales n'est pas débordant, à l'inverse du bras droit, les chapelles septentrionales étant sensiblement moins larges que leurs homologues placées au midi.
Cinq portes donnent accès à l'édifice : une, au centre de la façade occidentale, deux côté sud de l'édifice au niveau de la troisième chapelle (porte du milieu) et du transept (porte du haut), une dans le transept nord et la dernière dans la costale septentrionale du chœur des moines. Ces deux dernières desservaient sous l'ancien-régime le prieuré des bénédictins. Jusqu'au dégagement de la place Notre-Dame en 1958, occupée alors par la halle aux draps puis celle au beurre, les accès méridionaux consacrèrent le rôle prééminent de la façade sud de l'édifice, tournée vers la ville et précédée du pourpris. Ce dernier, placître surélevé héritier d'un ancien cimetière, disparu au cours du XIXe siècle. Si ces aménagements urbains tendirent à requalifier la façade occidentale dès lors vouée à être l'entrée principale de l'église, l'organisation interne de l'édifice et la déambulation en découlant n'ont guère été affectées, la nef de Notre-Dame de Vitré restant l'épine dorsale d'un monument où la partie occidentale a toujours été le cœur de la vie paroissiale. Ainsi, de nos jours, l'autel où se célèbrent les offices occupe-t-il encore la dernière travée de nef précédent la croisée du transept.
Totale : 61 m.
Nef : 35 m.
Transept : 7 m.
Chœur : 19 m.
Totale : 22,20 m.
Nef : 7 m.
Bas-côtés : 3,70 m au nord et 4 m au sud.
Chapelles : 3 m au nord et 4,50 m au sud.
Notre-Dame de Vitré fait partie de ces grandes églises urbaines érigées en Bretagne à la fin du Moyen Âge par bourgeois et négociants, édifices restant fidèles au style gothique flamboyant et présentant des vaisseaux principaux aveugles et couverts d'une charpente lambrissée. Cinq paires de piles octogonales juchées sur de hautes bases scandent la nef principale, portant de larges arcades en arcs brisés séparées des sablières par un mur bahut relativement important. Ce dernier crée un effet de tunnel, tendant à privilégier la nef par rapport aux vaisseaux secondaires et récusant de facto le type d'église-halle. Les arcades présentent de fortes moulures prismatiques qui, hormis le premier rouleau, ne reposent pas sur les chapiteaux très sobres mais pénètrent directement dans le prolongement des piles octogonales. Un douvis, porté par des sablières sculptées et contrebuté par six entraits, restauré à l'identique en 1866 et doté d'un décor peint par le rennais Lelay-Dupré[20], coiffe le tout.
Cette élévation à un étage n'était pas originellement prévue. Elle résulte d'un changement de parti aisément observable dans la dernière travée de nef. Celle-ci compte en effet deux étages séparés par un bandeau : grande arcade et fenêtre haute aujourd'hui murée. Le projet initial ne prévoyait qu'une nef accostée de collatéraux, ces derniers devant être couverts d'une voûte lambrissée prenant appui sur des consoles sculptées au droit des piliers, éléments portant réduits aujourd'hui à un rôle décoratif. L'adjonction de chapelles privatives a en effet entraîné l'exhaussement des collatéraux, le vaisseau central devenant quasiment aveugle et le couvrement évoluant vers un type mixte[21]. Ainsi, chapelles et collatéraux présentent-ils aujourd'hui des voûtes d'ogives en pierre, portées par des culots sculptés et ornées de liernes et clefs pendantes, tandis que la nef, simplement lambrissée, affecte un décor peint.
Le mode de couvrement du transept affecte la même dualité. Chaque croisillon est coiffé par un douvis de bois tandis que la croisée présente des voûtes en granite dont les ogives reposent sur des consoles sculptées des symboles des quatre évangélistes. Ce dernier espace a été fortement remanié lors de l'érection de la flèche par Raffray de même que le sommet des murs du croisillon nord. La tour clocher est quant à elle portée par de forts massifs octogonaux que joignent des arcs à plusieurs moulures, celles extérieurs pénétrant directement dans l'une des faces des piliers, et la première, à l'intérieur, reposant sur des consoles sculptées de motifs anthropomorphes parfois burlesques.
Dans le transept sud, des départs de voûtes et l'arc formeret plaqué contre le mur méridional témoignent d'un projet avorté de voûtement sur croisée d'ogives tandis qu'un escalier à vis logé dans une tourelle en encorbellement donne accès au clocher[22].
La voûte du chœur aux moines constitue une réalisation néogothique remarquable et savante. Elle allie sablières et lambris de bois, que recouvrent rinceaux, rosaces, étoiles et autres anges à phylactères logés dans des quadrilobes, et une structure métallique formée d'arcs doubleaux et de liernes festonnés, ce dispositif permettant d'éviter l'usage d'entraits disgracieux et contribuant à un effet de légèreté.
L'essentiel des vitraux de l'église Notre-Dame de Vitré date du XIXe siècle. Pour autant, l'ensemble n'en constitue pas moins un corpus intéressant de par la variété des techniques employées, le panel des sujets illustrés (Nouveau Testament, Protévangile de Jacques, dévotions anciennes comme nouvelles), ou encore la pluralité des maîtres-verriers, tant parisiens que provinciaux, ayant œuvré. Si la vitrerie originelle à quasiment disparut, l'édifice conserve une pièce exceptionnelle (l'entrée du Christ à Jérusalem) datant du XVIe siècle et deux fragments plus anciens de la fin du siècle précédent.
Trois fenêtres de l'église Notre-Dame conservent des vitraux datant de la fin du Moyen Âge et de la renaissance.
Dernière chapelle du bas-côté sud, située à l'étage de la vieille sacristie, elle abrite un fragment d'une Annonciation datant de la fin du XVe siècle. L'archange Gabriel est placé dans un édicule flamboyant au sol dallé, devant un fond de damas richement orné. L’œuvre, reflétant un défaut de maîtrise de la perspective, a sans doute été déplacée. Il pourrait s'agir d'un travail en provenance des Flandres et commandé en 1493 par la Confrérie des Marchands d'Outre-Mer qui siégeait dans la chapelle de l'Annonciation (cinquième chapelle septentrionale). Outre les motifs architecturaux ou floraux du damas, la technique du jaune d'argent et l'inscription gothique du phylactère de l'archange plaident pour une datation du troisième quart du XVe siècle[23].
Elle recèle dans son tympan une Crucifixion et deux écus : l'un, à gauche, de Vitré (d'argent au lion rampant de gueules), l'autre, à droite, de la famille des Montmorency-Laval (d'or à la croix de gueules cantonnée de seize alérions d'azur ordonnés 2 et 2), seconde branche de la maison de Laval, qui tint le château de Vitré de 1254 à 1547[24].
La troisième chapelle méridionale de l'église Notre-Dame sert d'écrin à la verrière narrant l'entrée du Christ à Jérusalem. Cette illustration des Rameaux porte la date de 1537. Il s'agit d'un vitrail tableau trouvant place dans un cadre renaissance (entablement, colonnes, chapiteaux, fronton curviligne) où se pressent putti, têtes d'angelots, bucranes, têtes antiques dans des médaillons, le tout orné de guirlandes végétales. Le tympan est en grande partie moderne. L’œuvre pourrait être de la main du fougerais Pierre Symon qui travaillait à la chapelle voisine de Saint-François à la même époque[25]. Elle est conservée in situ, associant pour les paroissiens de Notre-Dame de Vitré l'entrée de la Jérusalem terrestre à la porte dite du milieu, au centre de la façade sud de leur église. Cette verrière, aux tons éclatants, où les habitants de Jérusalem sont figurés par les riches bourgeois vitréens[26], a été classée par liste en 1840[27].
Par suite d'une donation faite en 1636, René Nouail, sieur des Briettes, ancien trésorier et prévôt de la Confrérie des Marchands d'Outre-Mer, Notre-Dame de Vitré se vit dotée d'un orgue construit par Paul Maillard de 1636 à 1639. Cet instrument important, reçu le , comptait 29 jeux répartis sur deux claviers et un pédalier. Installé dans la chapelle des fonts baptismaux, il comportait un buffet de grand-orgue en deux corps et un positif dorsal. Doté par la suite d'un clavier d'écho, cet instrument devait être restauré et complété par le frère Florentin Grimont en 1779-1780, avant que de disparaître dans la tourmente révolutionnaire, victime en 1794 du vandalisme[30]. Les tractations pour remplacer les grandes-orgues ne seront entreprises qu'à compter de 1847.
Au nombre des instruments disparus se trouve également l'orgue de chœur construit en 1885 par Jean-Baptiste Claus, facteur d'orgue rennais, ancien contremaître d'Aristide Cavaillé-Coll. Instrument romantique dont la composition fut modifiée en 1957-1958 dans un esprit néo-classique, cet orgue, vendu en 1968 à la paroisse Saint-Michel de Brest, a été remplacé par un petit positif en 1971[31].
Les grandes-orgues, construites en 1851 par Paul-Alexandre Ducroquet pour l'exposition universelle de Londres, remportèrent à cette occasion la grande médaille d'or[29]. Acquis en 1852, l'instrument, juché au revers de la façade occidentale de l'église Notre-Dame sur une tribune renaissance datée de 1639[28] et agrémentée d'une rambarde néogothique, est logé dans un buffet ogival. Ce dernier compte trois plates-faces inscrites dans des arcs en tiers-point, arcs recoupés pour les parties latérales et festonné quant à celui du milieu. Pinacles, gâbles effilés et sommés de statues d'anges couronnent la composition. Le buffet d'orgue est porté par un haut soubassement orné d'une arcature aveugle.
Les grandes-orgues comportent :
La partie instrumentale des grandes-orgues a été classée à titre d'objet le 28 février 1986[33].
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L'instrument a été inauguré le par Félix Danjou.
L'orgue de chœur de Notre-Dame est situé dans la cinquième chapelle donnant sur le collatéral nord de l'église. Il s'agit d'un positif livré en 1971 par le manceau Yves Sévère. Par positif, on entend instrument posé, en l'espèce à même le sol. Cet orgue comporte:
La composition est la suivante:
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L'instrument a été inauguré le par Jean Bonfils.
L'histoire de ce retable, autrefois conservé dans la sacristie de l'église Notre-Dame[34] et aujourd'hui présenté dans l'ancienne chapelle Saint-Michel du château, nous est connue grâce à une inscription figurant au dos de l’œuvre. Réalisé dans les années 1540, il fut donné pour la Noël 1544 à la paroisse par son prêtre-sacriste, Jehan Bricier. Il se présente comme un triptyque composé de 48 plaques émaillées d'origine limougeaude regroupées sur quatre rangs, les volets renfermant chacun douze scènes encadrées et se refermant sur la partie centrale qui en compte 24[35].
Ces émaux, narrant la vie de la Vierge et celle du Christ, trouvant leur source d'inspiration dans les gravures et objets de dévotions rhénans, furent assemblés à Vitré par le menuisier Robert Sarcel, le ferronnier Jehan Beneard Ragotière, Jacques de Loyssonnière se chargeant d'étoffer le revers des volets d'une prédication de Jean-Baptiste au désert, le donateur étant figuré en prière devant son saint patron, au milieu de la foule[36].
Si la facture des plaques est somme-toute assez médiocre, la conservation d'un ensemble cohérent dans sa boiserie originelle avec ferrures d'époque s'avère quant à elle exceptionnelle[37]. Pièce inestimable, le triptyque déployé mesure un mètre de haut pour un mètre soixante-dix de large, chaque plaque d'émail mesurant dix-sept centimètres de haut pour treize de large[38]. Il se lit de haut en bas, et de la gauche vers la droite.
Le clocher de Notre-Dame de Vitré abrite quatre cloches provenant de la fonderie Bollée du Mans. Le bourdon pèse 5 800 kg et sonne en Sol2. Les trois autres cloches donnent Sib2, Do3 et Ré3.
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