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événement de la Passion du Christ selon les évangiles De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La Mise au tombeau est le dernier épisode de la Passion du Christ, devenu un sujet de l'iconographie chrétienne. Les représentations de cet événement se fondent sur les récits de la mort du Christ dans les évangiles de Jean (19, 38-42), Luc (23, 50-55), Marc (15, 43.49) et Matthieu (27, 55-61), ainsi que dans les évangiles apocryphes. La Mise au tombeau est particulièrement populaire dans les Mystères de la Passion du Christ et la sculpture religieuse européenne des XVe et XVIe siècles. On trouve également de nombreux exemples de ce thème artistique dans l'art de la Contre-Réforme ; elle est présente dans l'art populaire avec les représentations du Chemin de croix.
C'est également un des éléments de certaines Passions mises en musique[1].
La péricope de la mise au tombeau dans le sépulcre de Joseph d'Arimathie est pourtant un récit à l'historicité fort douteuse et probablement un embellissement théologique, mais la portée symbolique et apologétique l'emportent sur la véracité de l'histoire racontée[2].
Selon l'historien Martin Hengel, Jésus est enterré comme tout supplicié dans une fosse simple ou dans une fosse commune. Les évangélistes ont probablement remplacé cette inhumation vulgaire en amalgamant des traditions primitives par interpolation du rôle de Joseph d'Arimathie. La majorité des historiens considèrent comme Hengel que les évangélistes ont repris des traditions qui, refusant l'idée d'un Jésus abandonné par les siens et placé dans une fosse anonyme[Note 1], privilégiaient une sépulture rituelle puis une sépulture d'hommage par l'intermédiaire opportun de Joseph d'Arimathie. Ils penchent pour la création littéraire d'un récit de légitimation théologique et apologétique qui attribue au Messie royal une sépulture d'hommage prise en charge par ses disciples[4].
Rudolf Bultmann « démythologise » cet épisode évangélique et le range parmi les théologoumènes, c'est-à-dire des affirmations théologiques présentées dans les récits bibliques comme des faits historiques[5].
Les premières représentations de la Mise au tombeau se font sur le mode symbolique à travers les illustrations de l'histoire de Jonas avalé par la baleine (Mise au tombeau), puis sortant de la bouche du Léviathan (Résurrection). C'est une iconographie populaire de l'art paléochrétien. « Car Jonas est resté dans le ventre du monstre marin trois jours et trois nuits ; de même le Fils de l'homme restera au cœur de la terre trois jours et trois nuits. » (Matthieu 12, 38–42 ; voir aussi Matthieu 16, 1–4, Luc 11, 29–32).
Selon Duchet-Suchaux et Pastoureau, il ne reste aucun exemple de représentation littérale de la mise au tombeau avant le Xe siècle. Une formule iconographique se met en place à partir du XIIIe siècle[6], basée sur les passages pertinents des évangiles, montrant Joseph d'Arimathie et Nicodème déposant le Christ posé ou enveloppé dans son suaire au sépulcre et trois femmes qui sont Marie de Magdala, Marie-Salomé et Marie Jacobé et qui ont participé à l'embaumement du corps[7]. La Biblia pauperum illustrée offre à partir du XIVe siècle une représentation de la Mise au tombeau inspirée par la typologie biblique qui met en vis-à-vis le saint Sépulcre, Joseph jeté par ses frères dans le puits et Jonas avalé par la baleine. La mise au tombeau du Christ reprend la formule stéréotypée : Joseph d'Arimathie à la tête et Nicodème soutenant les pieds du Christ sous les regards de trois saintes femmes en prières[8]. La Vierge Marie et saint Jean, présents dans la Crucifixion et la Déploration du Christ sont également présents dans la scène.
La scène inspire les auteurs de « Mystères » qui l'enrichissent de nouveaux personnages, saintes femmes, soldats, acolytes divers. Dans la liturgie de la Semaine sainte, la mise au tombeau est la dernière scène qui clôt le Chemin de croix. Vers 1420 apparaissent des représentations en ronde-bosse de la scène qui connaissent une immense popularité au XVe siècle[9] en Belgique, en Allemagne, en Suisse et en France (Lorraine et Champagne principalement). L'influence du théâtre sacré se fait parfois sentir avec l'apparition de personnages non mentionnés dans les sources bibliques, comme ce « sarrazain » dans la Chapelle du sépulcre de Tonnerre ou des anges dans la Mise au tombeau de Bayon[9]. La taille des personnages varie, certaines Mises au tombeau étant réalisées en grandeur réelle notamment l'impressionnante mise au tombeau de Ligier Richier. L'iconographie des Mises au tombeau sculptées du XVe siècle témoigne rarement de l'influence de la typologie biblique. Une exception est la Mise au tombeau de la chapelle du château de Biron, qui présente sous forme de deux bas-reliefs le Sacrifice d'Isaac et Jonas délivré[10]. Le XVIe siècle offre des œuvres vigoureuses comme celle de Juan de Juni (Jean de Joigny), mais si l'on trouve des exemples de sépulcres jusqu'au XVIIIe siècle, par exemple celle de la collégiale Saint-Barnard de Romans dans la Drôme, leur formule devient peu à peu stéréotypée et cesse de se renouveler.
En peinture la formule est moins stéréotypée, et les mêmes motifs apparaissent dans la Descente de croix, la Déploration et la Mise au tombeau. Rogier van der Weyden, dans sa Mise au tombeau (1449-1450) conservée au musée des Offices (Florence), ne garde que six personnages : Nicodème et Joseph, La Vierge et Jean de part et d'autre du Christ, Marie de Magdala à genoux sur le sol devant lui.
La peinture de la Renaissance offre de nombreux exemples de Mises au tombeau, notamment celle de Raphaël (1507, Galerie Borghese, Rome), du Pérugin (1523-1525, musée du Louvre), du Titien (1525, musée du Louvre) ou La Mise au tombeau de Michel Ange (National Gallery, Londres).
L'art baroque et classique de la Contre-Réforme témoigne du nouvel élan donné après le concile de Trente par la reconquête catholique par l'art. La Mise au tombeau du Caravage (1602-1603, musée du Vatican) a, comme toute son œuvre, une grande influence sur ses imitateurs. Rubens en fera une copie lors d'un séjour en Italie, avant de donner sa propre interprétation poignante de la scène (1612 Paul Getty museum) ; elle inspire aussi Dirck van Baburen (vers 1617, San Pietro in Montorio, Rome). Influencés par l'art du clair obscur de Caravage, José de Ribera (musée du Louvre) et Simon Vouet (Fitzwilliam Museum, Cambridge et musée André-Malraux Le Havre) donnent également leur version du thème. La dissolution de la Compagnie de Jésus en France en 1764 voit disparaître d'importants mécènes de l'art religieux et les programmes iconographiques religieux de la Contre-réforme ne font plus recette. Tiepolo (1696-1770) signe encore en Espagne une Mise au tombeau (1769 ou 1770), acquise en 2007 par le Museu Nacional de Arte Antiga de Lisbonne.
La Mise au tombeau reste cependant un des éléments des très populaires chemins de croix qui ornent les églises et racontent la Passion à la façon d'une bande dessinée muette. Il s'agit de petits formats, peints, gravés ou de bas-reliefs dont la popularité atteint des sommets au XIXe siècle. Selon Yves-Marie Hilaire, qui a étudié la région d'Arras à cette époque: « dix à quinze chemins de croix seraient établis dans le diocèse chaque année au cours des années soixante » [1860][11].
Pendant l'entre-deux-guerres, lors de la reconstruction d'églises des départements dévastés par la Grande Guerre, des artistes tel Maurice Dhomme ont créé des Mises au tombeau comme celle de l'église Saint-Pierre de Roye (Somme) ou tel autre dans l'église Saint-Vaast de Carnoy (Somme).
Au XXe siècle, Paul Delvaux recourt à l'iconographie du XVe siècle pour une Mise au tombeau (1951) qui s'inspire également des Danses macabres puisque tous ses acteurs sont réduits à l'état de squelettes[12].
Dans la tradition orthodoxe, la toile brodée de la scène de la mise au tombeau s'appelle un épitaphios. Celui-ci a un rôle essentiel dans l'office spécial du soir du Vendredi saint, appelé Office de l'Ensevelissement du Seigneur. Vers la fin de l'office l'épitaphios est transporté en dehors de l'église, porté par des hommes jusqu'à la porte de l'église, et les participants passent sous l’épitaphe tenu suspendu pour sortir. Puis commence la procession. L’épitaphe est porté par de jeunes gens, suivis par le prêtre et les fidèles.
Dans le récit de la Crucifixion, la scène intervient après que la mort du Christ a été constatée, et que Pilate a autorisé Joseph d'Arimathie à descendre le corps du Christ de la croix pour le déposer dans un sépulcre où il doit être enseveli avant le sabbat. Les artistes ont diversement découpé le récit de telle sorte que l'on peut distinguer des représentations de la Descente de croix, de la Déposition, de la Déploration (parfois réduite à deux personnages, la Vierge et le Christ, dans les Vierges de Pitié, celle d'Enguerrand Quarton, La Piéta d'Avignon (1455), Musée du Louvre, en comportant quatre) et de la Mise au tombeau. Les passages de l'Évangile, notamment de Jean[13] qui ont fourni le récit et les personnages ont été découpés en différents moments selon les artistes, ce qui explique pourquoi on trouve un nombre variable d'acteurs dans les Mise au tombeau et pourquoi il est possible d'hésiter sur le titre à donner à certains tableaux, certaines Mise au tombeau étant en fait très proches d'une Déploration. Une œuvre tardive comme celle de Vassili Grigoriévitch Perov (1833-1882), conservée à Moscou, contient à la fois des éléments qui évoquent une Déposition (l'échelle au pied de la croix), une Déploration (les femmes en pleurs) et une préparation à la Mise au tombeau (Joseph soulevant le linceul). En fonction du moment choisi, la scène se passe en plein air ou dans le sépulcre, ce dernier étant parfois évoqué par un sarcophage. La figure du Christ mort, allongé sur son linceul, apparaît également seule, dans les Christ au tombeau.
Le XVe siècle voit se développer des représentations assez stéréotypées, où le corps du Christ est allongé sur son linceul que tiennent Nicodème (aux pieds) et Joseph d'Arimathie (à la tête du Christ)[14]. La Vierge, saint Jean et une ou plusieurs saintes femmes, parfois des soldats, assistent à la scène ou y participent[15]. Ces nombreuses Mise au tombeau sculptées conservées dans les églises sont souvent désignées par le nom de « Saint-Sépulcre » ou simplement le « Sépulcre »[16].
Jusqu'au XVe siècle, les Mises au tombeau d'Europe du nord, comme les mises en scène des Mystères, habillent les personnages de vêtements contemporains. Même les centurions romains sont en armure médiévale. En Italie d'abord apparaissent des vêtements à l'antique, par exemple dans une Mise au tombeau d’Andrea Mantegna qui date d'environ 1470-1475, au burin et à la pointe sèche, conservée à la National Gallery of Art de Washington. Ce sera bientôt le cas dans toute l'Europe, comme en témoigne la Mise au tombeau de Jean de Joigny qui combine la mise en scène traditionnelle des sépulcres avec les draperies et les lignes sinueuses de l'art maniériste.
À partir de la Renaissance, les représentations peintes ou gravées de cette scène s'émancipent de la mise en scène hiératique des Sépulcres médiévaux mais les personnages restent facilement identifiables grâce à leurs attributs : Jean, jeune homme imberbe[17], vêtu de rouge, dont le rôle reste le même que celui de la Descente de croix où il soutient la Vierge qui défaille ; Marie vêtue de draperies bleues ou noires, la tête couverte ; Madeleine avec le vase de parfums qui devient son attribut depuis le repas chez Simon où elle a lavé les pieds du Christ, et ses cheveux découverts[18], parfois épars ; Joseph d'Arimathie, homme mûr voire âgé, barbu, richement vêtu, tient la tête du Christ tandis que Nicodème, homme mûr et également barbu, soutient ses pieds.
Les Mises au tombeau sculptées sont, en France, plusieurs centaines, parmi lesquelles :
Voir la catégorie : Mise au tombeau du Christ sur des vitraux
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