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peintre français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Enguerrand Quarton (diocèse de Laon, vers 1410/1415 - documenté à Avignon entre 1444 et 1466) est un peintre, verrier et enlumineur français du Moyen Âge tardif, dont quelques œuvres sont parmi les premiers chefs-d'œuvre du XVe siècle et tranchent avec la peinture italienne ou flamande. Il est à ce titre l'un des plus représentatifs de la seconde école de peinture d'Avignon.
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Enguerrand Quarton, appelé aussi à tort Charroton[1], est originaire du diocèse de Laon. Il y est né peut-être vers 1410, 1412 ou 1415[2], dans la partie ouest du diocèse, peut-être dans la région de Saint-Quentin, d'après certaines expressions picardes figurant dans ses contrats. Cette proximité avec le Nord de la France explique sans doute sa connaissance des peintres flamands et particulièrement de Tournai, dont Robert Campin ou Rogier van der Weyden. Il est peut-être formé à Laon, la capitale du diocèse, car à cette époque, au début du XIVe siècle, y résident de nombreux peintres[3].
On trouve pour la première fois sa trace en Provence dès 1444. À cette date, il est à Aix-en-Provence pour réaliser une sainte Marthe destinée à être placée au-dessus du maître-autel de l'église de Tarascon. Le prix-fait indiquait qu'elle devait être entourée de son frère Lazare et de sa sœur Marie Madeleine tandis que sur la prédelle, il devait peindre cinq scènes de sa vie[4]. Il est dès lors qualifié de « maître ». La même année, il est mentionné dans un acte notarié en compagnie de Barthélemy d'Eyck, le peintre de René d'Anjou, ce qui fait dire aux historiens de l'art que les deux peintres auraient collaboré. Il réside par la suite à Arles en 1446 puis à Avignon où la légation pontificale lui passe des commandes à partir du printemps 1447[3].
À cette date, il s'était installé dans une maison de la place Saint-Pierre. C'est cette adresse qui est indiquée sur les contrats de deux tableaux qui nous sont parvenus, la Vierge de Miséricorde et le Couronnement de la Vierge[5],[6].
C'est vers 1450 que pourrait se situer son voyage (hypothèse controversée), en Italie ; peut-être à l'occasion du grand Jubilé organisé par le pape Nicolas V, à Rome[7]. Certains spécialistes avancent aussi l'hypothèse de l'influence de Quarton sur des artistes italiens, comme Antonello de Messine[8].
Plus tard, en 1461, ce fut l'abbesse du couvent Sainte-Claire d'Avignon qui lui fit commander un second Couronnement de la Vierge où devaient figurer, outre la patronne de son couvent, François d'Assise, Antoine de Padoue et Louis de Toulouse[5]. En parallèle, il réalise un certain nombre de bannières pour des corporations dont l'une pour une confrérie de la ville d'Aix. Il recrute pour honorer ses nombreuses commandes, un peintre d'origine alsacienne appelé Jean de la Cort[3].
Enfin, il est aussi peintre d'enluminures, dès les années 1440-1450, travaillant là encore en collaboration avec d'autres peintres dont un autre artiste originaire du nord, Barthélemy d'Eyck, ou encore avec un certain Pierre Villate (actif à Avignon de 1451 à 1495)[3]. La dernière trace d'activité de l'artiste date de juillet 1466, moment d'une épidémie de peste, ce qui fait dire qu'il serait mort à cette date de cette même maladie[9]. Dans son travail, les visages, individualisés, et les paysages évoquent l'influence de l'art flamand. On parle aussi d'une école d'Avignon et d'un style original pour tout un courant d'artistes ayant exercé en Provence comme Enguerrand Quarton[10]. Maître de la seconde école d'Avignon, par ses œuvres, alors que le Grand Schisme était fini, il rendit tout son lustre à la cour d'Avignon, dirigée alors par des légats pontificaux[11].
Les historiens de l'art s'accordent de nos jours pour lui attribuer quatre tableaux issus de quatre retables[12] :
Depuis d'autres tableaux lui sont parfois attribués[20] :
D'autres attributions ont été avancées (Pierre de Luxembourg en extase (musée du Petit Palais d'Avignon), Saint Siffrein (musée du Petit Palais d'Avignon)[7], sans pour autant remporter l'adhésion des conservateurs du musée[21].
Un certain nombre de miniatures dans des manuscrits enluminés ont été attribuées à Quarton, sur la base de son style caractéristique mais aussi de documents d'archives[22]. Véritable chef de file de l'école d'Avignon, Enguerrand Quarton a fortement influencé le style local. Nous trouvons plusieurs autres manuscrits enluminés par d'autres artistes contemporains qui dénotent une connaissance de l'art de Quarton. Ces manuscrits ont été triés par les historiens de l'art, qui ont proposé plusieurs noms pour les suiveurs d'Enguerrand Quarton[23].
Selon Charles Sterling, Quarton aurait réalisé la peinture murale du plafond de la chapelle familiale des Rolin à l'église des Célestins à Avignon. Cette fresque n'est connue que par un relevé effectué avant sa destruction en 1859. Elle représentait La Communion de Marie Madeleine dans le désert de la Sainte-Baume. Il a par ailleurs été retrouvé une commande datant de 1466 auprès de « mestre enguibrand pintre davinhon » pour des vitraux installés dans la salle de l'hôtel de ville d'Arles[28]. S'y ajouterait le vitrail représentant Saint Siffrein, entre saint Michel et sainte Catherine d'Alexandrie, dans la chapelle de Michel Anglici de l'ancienne cathédrale Saint-Siffrein de Carpentras[7].
Aucune de ses œuvres n'étant signée, ses tableaux les plus célèbres ont fait l'objet au XIXe siècle de multiples interprétations. On a longtemps vu dans Le Couronnement de la vierge une œuvre de René d'Anjou lui-même. Prosper Mérimée lors de sa visite à Villeneuve-lès-Avignon, y voyait une peinture d'Albrecht Dürer. Il faut attendre 1889 pour que le chanoine Requin, à la suite de recherches dans les archives des notaires d'Avignon, retrouve la trace de quatre prix-faits ou contrats entre des commanditaires et un peintre dont il transcrit de manière erronée le nom sous la forme de « Charonton ». L'un d'entre eux, très précis dans la description du tableau, permet immédiatement au chanoine de l'associer au Couronnement de la Vierge. En 1904, c'est La Vierge de Miséricorde du musée Condé qui est identifiée dans un autre prix-fait, alors même qu'une grande exposition se déroule à Paris sur le thème des primitifs français. Enguerrand Quarton devient alors l'un des peintres français les plus célèbres et ses tableaux parmi les plus commentés par les historiens de l'art[29].
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