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goélette d'exploration scientifique De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Tara, originellement nommé Antarctica puis Seamaster, est un voilier français de type goélette destiné à la recherche scientifique et à la défense de l'environnement.
Tara | |
La goélette Tara dans le port de Brest. | |
Autres noms | Antarctica (1989-1996) Seamaster (1996-2003) |
---|---|
Type | Goélette |
Gréement | goélette à deux mâts |
Histoire | |
Architecte | Bouvet - Petit |
Chantier naval | SFCN Villeneuve-la-Garenne |
Lancement | 1989 |
Équipage | |
Équipage | 12 |
Caractéristiques techniques | |
Longueur | 36 m |
Maître-bau | 10 m |
Tirant d'eau | 1,50 à 3,50 m |
Déplacement | 130 tonnes |
Voilure | 400 m2 |
Carrière | |
Pavillon | France |
Port d'attache | Lorient, France |
Indicatif | FVNM |
MMSI | 226070000 |
IMO | 8817552 |
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De son lancement en 1989 jusqu'en 1996, Jean-Louis Étienne mène avec Antarctica des expéditions en Antarctique.
En 2003, Étienne Bourgois acquiert le bateau et le rebaptise Tara. Pour faire prendre conscience de la fragilité de l’environnement et de l'océan, il lance conjointement le projet Tara Expéditions qui organise les expéditions : Tara Arctic (2006-2008) sur les changements climatiques en Arctique, Tara Oceans (2009-2013) à la découverte du monde planctonique, Tara Méditerranée (2014) sur l'impact des micro-plastiques. En 2016, le projet Tara Expéditions devient la Fondation Tara Océan qui poursuit les expéditions avec : Tara Pacific (2016-2018) sur l'état des récifs coralliens, Mission microplastiques (2019) sur dix fleuves d'Europe, Tara Microbiomes (2020-2022) sur le microbiome de l'ensemble des océans, Tara Trec (2023-2025) sur l'impact humain envers l'écosystème le long des côtes européennes.
Construite en France à l’initiative de Jean-Louis Étienne, médecin explorateur, en 1989, dessinée par les architectes navals Luc Bouvet et Olivier Petit et baptisée initialement Antarctica, cette goélette a effectué des expéditions en Antarctique — au volcan Erebus —, puis au Spitzberg, et a parcouru toutes les mers du globe jusqu’en 1996 sous ce nom.
Elle fut reprise par Sir Peter Blake sous le nom de Seamaster, pour en faire l’instrument principal de son programme de défense de l’environnement soutenu par le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). Tragiquement, l’aventure s’arrêta en 2001 sur le fleuve Amazone au Brésil à la suite du meurtre de Peter Blake par des pirates et le bateau fut alors laissé à quai pendant deux ans.
En 2003, le directeur général d’agnès b., Étienne Bourgois, acquiert le bateau et le rebaptise Tara. Il lance conjointement le projet Tara Expéditions pour faire prendre conscience de la fragilité de l’environnement et développer une connaissance de haut niveau sur l'océan. Depuis, Tara a réalisé de nombreuses expéditions scientifiques dont Tara Arctic, Tara Oceans, Tara Méditerranée et enfin Tara Pacific.
En 2016, le projet acquiert le statut de Fondation et devient la Fondation Tara Océan – ex Fondation Tara Expéditions – à laquelle Étienne Bourgois confie la goélette Tara.
De septembre 2006 à février 2008, dans le cadre de l'Année polaire internationale, Tara fut au cœur de l’océan Arctique, pour étudier et comprendre les phénomènes de changements climatiques des hautes latitudes. Il servit de base aux acteurs du programme scientifique de l’Union européenne baptisé Damocles (Developping Arctic Modelling and Observing Capabillities for Long-term Environmental Studies).
Pour cela l'équipage de Tara s’est laissé enserrer par la banquise le (par 79° 53′ N, 143° 17′ E), puis s'est laissé dériver et s'en est libéré le (par 74° 08′ N, 10° 04′ O), après 505 jours de dérive sur environ 1 800 kilomètres. Il a ensuite regagné le port de Longyearbyen au Svalbard puis est revenu à Lorient le .
Avec sa coque en forme de « noyau d'olive », le bateau peut se laisser bloquer par les glaces car il a été conçu pour résister aux pressions extrêmes que la banquise exerce. Analogue dans sa mission au Fram de Nansen, qui en 1892 pesait 800 tonnes, la goélette Tara a bénéficié de la technologie moderne du soudage de l'aluminium, et ne pèse que 130 tonnes. Sa coque en aluminium permet de mieux résister aux températures polaires, contrairement à l'acier qui perd de sa souplesse et devient cassant par grand froid.
Le projet Tara Polar Station doit prendre la suite de cette méthode d'exploration à partir de 2025 en s'appuyant sur l'expérience acquise par Tara Arctic avec un navire dédié.
Ce projet de l'Union européenne, coordonné par Jean-Claude Gascard, vise à observer, comprendre et quantifier les changements climatiques en Arctique afin d’aider à la prise de décision face au réchauffement de la planète. Il regroupe 45 laboratoires, issus de 10 pays européens, des États-Unis et de Russie.
La mission consistait à faire des mesures scientifiques concernant l'ensemble « atmosphère-banquise-océan » :
Quelques résultats :
Du à , Tara s'est engagé dans une nouvelle expédition : traverser les océans pour étudier le monde encore très peu connu du plancton[1] et à travers ces micro-organismes (zooplancton, phytoplancton, bactéries, virus), le piégeage des molécules de gaz carbonique (CO2) , mais aussi le génome de l'océan, les interactions, répartitions, fonctions.
En 2009, la goélette prévoyait de partir de Lorient et de se diriger d'abord vers la Méditerranée, puis la mer Rouge, avant de longer les côtés jusqu'à l'Inde (arrivée prévue à Bombay en ), de redescendre vers les Mascareignes[2] et Madagascar, passer Le Cap (en ), faire le tour de l'Amérique du Sud jusqu'à la pointe australe de la Terre de Feu avec un détour vers la péninsule Antarctique, atteindre l'île de Pâques () puis sillonner le Pacifique jusqu'à Auckland () et l'Australie, remonter vers le Kamtchatka via l'Indonésie et Tokyo (), retraverser le Pacifique en direction des États-Unis puis vers le détroit de Béring pour contourner le Canada par l'Arctique afin d'atteindre New York en et revenir à Lorient[3].
Tara est finalement revenu à Lorient en . L'itinéraire de la dernière année avait été grandement modifié : l'expédition abandonna sa visite de l'Asie-Pacifique et de l'Arctique pour se rendre à New York plus tôt () en passant par le canal de Panama. Sa traversée de l'Arctique est reportée à [4].
L'équipage comprenait quatorze personnes dont cinq marins et quatre reporters qui devaient se relever tous les trois mois et en permanence cinq scientifiques relevés quant à eux environ toutes les trois semaines, en liaison et en collaboration avec une équipe de cent chercheurs restés à terre[1],[3]. Parmi les équipements scientifiques, dont le montant est de 1,5 million d'euros, l'expédition a embarqué une rosette, un cytomètre en flux, un microscope 3D entre autres. Le coût de fonctionnement de l'expédition était prévu à 3 millions d'euros par an, entièrement financé par des fonds privés dont un tiers par Agnès Troublé[1].
Le , la prestigieuse revue scientifique Science publie les cinq premiers grands résultats scientifiques de l'expédition Tara Oceans.
L'expédition Tara Oceans se poursuit en 2013 par le tour du cercle polaire. Elle consiste en une circumnavigation autour de la banquise arctique, en empruntant les passages du Nord-Est et du Nord-Ouest[5].
L'objectif est un état des lieux, d'un point de vue biologique et climatique, de l'océan Arctique. Les équipes scientifiques de l'expédition précédente participent également à cette nouvelle campagne, complétant les études sur le plancton faites sur les autres océans[6].
Entamée le à Lorient, cette expédition s'est achevée le après avoir parcouru 25 000 km[7].
L’expédition Tara Méditerranée a pour objectifs de sensibiliser aux enjeux environnementaux en Méditerranée et d'effectuer une étude scientifique sur la présence de micro-plastiques pour comprendre l'impact de cette pollution sur l'écosystème marin. La goélette Tara sillonne la mer Méditerranée de mai à [8] afin de promouvoir les efforts d’associations locales et régionales sur les nombreux enjeux environnementaux liés à cette mer : la multiplication des difficultés liées à la pollution, notamment de la pollution plastique et sa probable incorporation dans la chaine alimentaire.
En 2016, l'expédition Tara Pacific permet d'étudier la biodiversité complète des récifs coralliens – du gène à l’écosystème – pour mieux comprendre leur capacité d’adaptation aux changements environnementaux globaux liés aux facteurs humains et climatiques[9] et enquêter sur l'avenir du corail marin[10], de plus en plus menacé par le réchauffement climatique et le phénomène d'urbanisation[11]. L'expédition, embarquant à son bord soixante-dix scientifiques, parcourt près de 100 000 km, visite trente pays, analyse quarante archipels et recueille plus de 40 000 échantillons[12]. Le départ a eu lieu le à Lorient[13]. Jusqu'au mois de , Tara traverse sept mers et océans : océan Atlantique, mer des Caraïbes, océan Pacifique sud, mers de Chine orientale et méridionale, mer des Salomon, mer de Corail. La traversée la plus longue sans escale durera 31 jours, entre Taïwan et les îles Fidji en [14].
Fin , la Fondation Tara Océan lance une mission de six mois sur dix fleuves d'Europe aux origines de la pollution par les plastiques, la Mission microplastiques 2019.
Cette mission Microbiomes étudie le microbiome de l’Océan et les mécanismes qui le lient au changement climatique[15]. Le 31 mars 2021 la goélette se trouve le long des côtes du Chili. En avril 2022, elle est au large des côtes africaines[16] pour analyser l’influence de trois des principaux fleuves africains sur l’océan Atlantique.
La sixième mission qu'effectue le voilier scientifique, débutée en 2020, et qui s'achève le [17]. Vingt-trois escales autour de l'Amérique du Sud, de l'Antarctique et des côtes occidentales du continent africain pour mieux comprendre le monde microscopique de l'océan[18].
Deux ans d'expédition rendus possibles grâce aux soutiens de la Fondation Tara Océan[19]. C'est grâce à ce partenariat, auquel s'ajoutent plusieurs autres comme l'Unesco, l'Union européenne et d'autres institutions françaises, que plusieurs dizaines de milliers de kilomètres ont pu être parcourus par des marins et des scientifiques envoyés par une quarantaine de structures de recherche pour un voyage d'une ampleur et d'une ambition qui rappellent ceux entrepris par le HMS Beagle de Charles Darwin au XIXe siècle[20].
L'expédition baptisée TREC (Traversing European Coastline) effectue à partir d'avril 2023 une mission le long des côtes de 22 pays européens. Placée sous la coordination scientifique de l'EMBL (European Molecular Biology Laboratory – Laboratoire européen de biologie moléculaire), cette mission vise à effectuer des échantillonnages au plus près des côtes, pour étudier comment des écosystèmes différents interagissent et quels sont les effets des impacts humains au niveau moléculaire et cellulaire[21].
Tara est le plus grand dériveur polaire du monde. Il a été conçu pour résister à la compression des glaces en mouvement et aux très basses températures. Voici ses caractéristiques principales[22] :
En 2007, une exposition intitulée Tara, une goélette pour la planète a lieu au Musée national de la Marine à Paris.
L’expédition Tara Oceans a permis d’identifier 40 millions de nouveaux gènes microbiens et 200 000 virus marins grâce à l’étude de 35 000 échantillons collectés dans les océans. Tara Oceans a collecté la grande majorité de la biodiversité du plancton, constituant ainsi la plus grande base de données jamais rassemblée de manière quasi simultanée.
« Les informations issues de Tara Oceans représentent à elles seules 80 % des gènes marins désormais déposés en banques de données. Et plus de 80 % d’entre eux sont totalement inconnus. Si les biologistes marins ne partaient pas de rien, l’apport de Tara Océans va permettre de passer un cap décisif dans l’exploration de cette biodiversité foisonnante[23]. »
Ces données, rendues disponibles aupres de la communauté scientifique mondiale, ont permis de faire évoluer la façon d’appréhender le changement climatique et d’étudier les océans. Les résultats issus de cette expédition ont permis la parution d’une étude dans un numéro spécial de la revue Science en , dont la couverture était consacrée à la goélette, et également dans Nature. Publiés en couverture de Cell Press en avril et , les derniers résultats ont révélé l’importance de l’océan Arctique comme réservoir de virus marins ainsi que la variation de la diversité et des fonctions des espèces planctoniques selon la latitude.
Les expéditions de recherche scientifique Tara Oceans et Malaspina (Espagne) ont découvert une nouvelle zone d’accumulation de débris de plastique flottants en Arctique, issus de leur transport à grande échelle depuis l’océan Atlantique. L’étude, qui a été publiée dans Science Advances, confirme ainsi la gravité de la pollution marine, jusque dans des zones très éloignées des populations humaines et encore vierges[24].
Le est annoncée l'identification d'un nouveau type de virus, Mirusvirus, qui infecte le plancton et possède des similitudes avec les virus de l'herpès et les virus géants[25].
L’étude scientifique menée pendant Tara Méditerranée sur le plastique, durant laquelle près de 2 300 échantillons ont été prélevés, a fait ressortir un constat préoccupant : « cela va de 5 000 plastiques par kilomètre carré jusqu’à 2,5 millions dans la mer Tyrrhénienne »[26] selon la scientifique Maria Luiza Pedrotti (Laboratoire Villefranche) qui a participé à l’expédition.
L’expédition Tara Microbiomes prend le parti d’une approche globale par l'étude du premier acteur présent dans toutes les facettes de l'écosystème marin : le microbiome. Cette expédition a démarré le 12 décembre 2020 et se prolonge jusqu'en 2022.
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