La sacra conversazione, traduit de l'italien au français par « conversation sacrée » ou plus rarement, « sainte conversation »[2], est un thème artistique religieux chrétien qui s'épanouit à partir du XVe siècle dans l'Italie du nord et en Flandre, au moment de la Renaissance et qui perdure durant deux siècles avant d'inspirer une peinture de genre à caractère profane.

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Simone Martini, Maestà, Madone en sainte-patronnesse, entourée de saints en assemblée, 1315, fresque du Palazzo Pubblico, Sienne.
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Vierge à l'Enfant avec les saints Jean-Baptiste et Jean, retable attribué à Silvestro dei Gherarducci, vers 1375, Los Angeles County Museum of Art.
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Fra Angelico, l'une des trois conversations du couvent de San Marco, 1439, tempera sur mur, Florence.
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Piero della Francesca, La Vergine con il Bambino e santi, 1472, huile sur panneau, pinacothèque de Brera.
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Carpaccio, Sainte Conversation, vers 1505, tempera sur toile, Petit Palais, Avignon[1].
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Le Corrège, Madonna di San Giorgio, 1530-1532, huile sur toile, Dresde.

Contrairement aux autres thèmes religieux chrétiens comme le baptême ou la circoncision de Jésus, la Cène ou l'Annonciation, il n'est pas relié aux textes bibliques, mais consiste en une extrapolation qui incorpore un thème prévalant, celui de la Vierge en majesté ou de la Vierge à l'Enfant : ici, la Vierge est entourée de plusieurs personnages, généralement des saints, avec parfois, plus bas et de moindre dimension, la représentation des donateurs ou commanditaires de l'œuvre.

La première apparition de ce thème a longtemps été attribuée à Fra Angelico mais on le trouve bien avant les premières décennies du XVe siècle.

Il convient de le distinguer du thème de la Sainte Famille.

Iconographie

Origines

Figure thématique majeure de l'art sacré en Occident, la sacra conversazióne, c'est-à-dire la Madone entourée de personnages absents du canon biblique mais reconnus par l'Église, connaît une expansion sensible à partir du XIVe siècle : ce thème découle du culte fait à Marie dominant, qui s'était construit progressivement face à l'interdit qui consistait à ne pas représenter Dieu, et à l'établissement progressif du dogme de l'Immaculée Conception[3].

Définition et évolution

Sacra conversazione vient de l'italien et peut se traduire par « conversation sacrée ». En histoire de l'art, ce terme relativement récent est appliqué depuis la première moitié du XIXe siècle à un retable dans lequel les saints accompagnateurs sont regroupés dans un espace unifié autour de la figure centrée de la Vierge et l'Enfant, le tout sur un seul panneau. Il a progressivement remplacé la forme du polyptyque au XVe siècle. On l'oppose alors aux représentations de la Sainte Famille[4],[5].

Dans les œuvres du XVe siècle, les saints sont rarement engagés dans une conversation réelle : ils méditent souvent ou lisent et leur présence s'explique par la dévotion mimétique qui s'empare des fidèles depuis le XIIe siècle et le fait qu'ils puissent intercéder auprès de la mère de Jésus parce que leur vies furent exemplaires. L'origine de l'expression prend alors, en latin, tout son sens : la sancta conversatio[6] n'est autre que la conduite, la pratique, le comportement à tenir pour être digne de figurer avec/à-côté de la Vierge et de Jésus, et donc de mériter son amour[3]. Parfois, ces personnages regardent le spectateur, et manifestent un geste vers la Vierge et l'Enfant de façon à diriger l'attention du spectateur sur sa présence en tant que point focal du retable. Le donateur qui a commandé l'œuvre peut parfois figurer dans ce cadre unifié, il manifeste, en retrait, sa dévotion mais aussi sa soumission.

Au cours du XVIe siècle, ce type de représentation devient plus courant et familier, à savoir que tous les personnages représentés tendent à figurer sur un même plan, évacuant peu à peu le trône et les postures de Maestà, d'In Aria (Vierge au-dessus, suspendue dans l'espace), In gloria (Vierge en gloire), etc. La Vierge s'est totalement humanisée et bientôt, ce type de peinture tend à disparaître.

Caractéristiques du thème

Attributs de la composition

Principe du dispositif

  • Figure centrée, assise, prééminente de la Vierge à l'Enfant (Madone) ;
  • Au moins deux personnages l'entourent, non issus du canon biblique (anachronisme) ;
  • Le groupe ainsi formé semble en conversation.

Motifs récurrents, variations

  • Marie est en majesté, en miséricorde, elle tient :
    • Jésus, bébé, à droite ou à gauche, debout, assis ou allongé, affectueux, bénissant ou statique ;
  • Anges majeurs, angelots ;
  • Présence du commanditaire de l'œuvre, en dévotion et plus petit ;
  • Fond du tableau :
    • architecturé,
    • paysagé,
    • présence humaine anecdotique,
    • symbole(s) allégorique(s) ;
  • Dais au-dessus du trône de la Vierge ;
  • Motifs hors cadres mais signifiants.

Supports et médiums principaux

Peintres du thème

Autres type d'œuvre

  • Musicale : Christophe Looten : Sacra Conversazione (1992) pour piano
  • Chorégraphique de David Earle
  • Poésie : Marzanna Bogumila Kielar

Notes

Annexes

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