Loading AI tools
archiviste et historienne française De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Régine Pernoud, née le à Château-Chinon (Campagne) (Nièvre) et morte le à Paris, est une archiviste et historienne médiéviste française. Ses recherches ont permis de modifier la vision de la condition féminine au Moyen Âge.
Directrice Centre Jeanne-d'Arc (d) | |
---|---|
- | |
Naissance | |
---|---|
Décès | |
Sépulture | |
Nationalité | |
Formation | |
Activités |
Domaine |
Histoire médiévale, spécialiste de Jeanne d'Arc |
---|---|
Religion | |
Membre de | |
Distinctions |
Régine Pernoud est née le à Château-Chinon[1],[2]. Elle est la quatrième d'une famille relativement modeste de six enfants. Son père était arpenteur-géomètre. Elle passe les 19 premières années de sa vie à Marseille[3],[2], rue Villa Paradis, dont elle reprit le nom comme titre de sa seule œuvre au ton biographique (1992), puis à Aix-en-Provence[3]. Elevée dans un milieu catholique conservateur, elle fréquente l'école Notre-Dame de France[4].
Elle est la sœur de Georges Pernoud (rédacteur en chef de Paris Match) qui épouse l'auteur Laurence Pernoud. Elle est également la tante de Georges Pernoud, présentateur de Thalassa. Elle était également une amie d'Henri Matisse et de Georges Mathieu[3]. Ce dernier apprécie, comme elle, l'art celtique[2].
Elle meurt à Paris le . Elle est inhumée au cimetière du Mesnil-Saint-Denis (Yvelines)[5].
En 1929, Régine Pernoud obtient une licence lettres à l'université d'Aix-en-Provence[3], puis déménage à Paris où elle entre à l'École nationale des Chartes[3]. Elle en sort en 1933 avec un diplôme d'archiviste paléographe. En 1935, elle soutient sa thèse de doctorat, en histoire médiévale en Sorbonne[4]. Le thème de sa thèse, « Essai sur l’histoire du port de Marseille[3], des origines à la fin du XIIIe siècle » sera repris dans une publication subséquente (1949). Pendant les douze années suivantes, elle exerce divers métiers — préceptrice, répétitrice, agent de classement dans des fonds d'archives — parallèlement à ses travaux d'historienne[6].
En effet, elle n’avait pas pu entrer dans l’enseignement supérieur, car avant la guerre de 1939-1945, il y avait très peu de postes disponibles et d’autre part, les femmes, à mérite égal, avaient à l'époque moins de chances d'être recrutées[2]. Elle devait transformer ce handicap en chance, et atteindre un large public grâce à ses ouvrages de vulgarisation.
Elle publie son premier livre, Lumière du Moyen Âge, en 1946.
En 1947, elle est nommée conservatrice du musée des Beaux-Arts de Reims[3] puis, en 1949, chargée du musée de l'Histoire de France aux Archives nationales[3].
La lecture des ouvrages de l'historienne inspire à Michel Debré, alors sénateur d'Indre-et-Loire, l'idée d'une fondation Jeanne-d'Arc. Le , il adresse une première lettre dans ce sens à Régine Pernoud, qui lui répond avec enthousiasme. En 1965, Roger Secrétain, maire d'Orléans, donne un accord de principe, tandis qu'André Malraux, ministre d'État chargé des Affaires culturelles, devient président d'honneur du Centre d'études johanniques. À terme, le Centre Jeanne-d'Arc est inauguré à Orléans le , avant d'être rattaché à la Maison Jeanne-d'Arc. Régine Pernoud dirige l'institution jusqu'en 1985[7],[6].
Le collège privé Collège Anna-Maria (en) de Paxton (Massachusetts) lui a décerné un doctorat Honoris Causa[3].
Les biographes de Régine Pernoud dressent un portrait assez convergent de l'œuvre de cette médiéviste[4],[6],[8]. De leurs observations se dégagent trois traits importants : 1° archiviste-paléographe, Régine Pernoud appartient clairement à la classe des historiographes, qui tirent des sources la matière première de l'historien, des informations significatives sur l'enchaînement des causes et des effets à travers le temps. À propos de ce souci de rigueur, un de ses biographes retiendra que Régine Pernoud aimait à dire : « on cesse d'être historien lorsqu'on néglige ou que l'on tronque un document[9] ». Ses publications sur Jeanne d'Arc, les croisades et Aliénor d'Aquitaine illustrent cet héritage méthodologique.
Régine Pernoud s'est illustrée — et principalement fait connaître — par son travail de vulgarisation[3]. Dans plusieurs de ses livres, elle s'adresse explicitement à un public plus large, qu'elle veut intéresser au Moyen Âge et dont elle veut aussi corriger la culture médiévale déficiente. À propos de ses objectifs plus pédagogiques, elle écrit : « en tant qu'historienne, je me suis lancé un défi : transmettre dans un langage simple ce que j'avais découvert par des recherches difficiles[10] ».
Mais c'est surtout par son caractère polémique que l'œuvre de Régine Pernoud va se démarquer ; ne voulant pas simplement rétablir les faits, elle a conscience de transmettre une information sur le Moyen Âge qui va à contre-sens des idées reçues :
« Régine Pernoud défend le Moyen Âge contre les préjugés et les clichés qui le dévalorisent. Son œuvre immense éclaire d'un jour favorable de nombreux aspects de la société et de la culture médiévales[4]. »
Selon Philippe Contamine, la vision qui se dégage de Jeanne d'Arc dans les textes de Régine Pernoud demeure celle d'une personne « qui eut le malheur d'être entourée par des cyniques et des rusés, des médiocres et des pleutres. » De la sorte, « il ne faut pas […] demander [à Pernoud] d'entrer dans la psychologie de Pierre Cauchon ni de Charles VII, ou encore de rendre compte de la complexité du jeu politique. Les recherches de pure érudition n'étaient pas non plus son fait, même si elle se tenait parfaitement au courant. Pour Régine Pernoud, Jeanne d'Arc n'était pas seulement une héroïne française mais une sainte […][11]. » Sa tendance à s’approprier l’héroïne éloignera longtemps les historiens de ce thème de recherche, jusqu’à ce que Colette Beaune, rompe cette tradition en publiant, en 2004, une « Jeanne d’Arc » qui renouvelle profondément la question[En quoi ?].
François Neveux en arrive aux mêmes conclusions :
« Régine Pernoud présente une vision traditionnelle de Jeanne, dans l'optique catholique. Elle accepte, sans guère de restrictions, les témoignages de la réhabilitation. Si elle concède que le second procès est politique, c'est du bout des lèvres, « pour autant que ce terme signifie : lié à des circonstances politiques précises », ce qui revient à priver l’expression de son sens. Cette phrase est extraite d’un livre polémique de Régine Pernoud : Jeanne devant les Cauchons (1970). L’auteur s'y attaque, avec une plume caustique, à tous ceux qui, selon elle, ont déformé l’histoire véritable de Jeanne. Le premier d’entre eux est Pierre Cauchon lui-même. Sont ensuite attaqués un certain nombre d’auteurs contemporains, historiens de métier ou de circonstance. Il faut bien reconnaître que cette attitude, de la part d’une femme désormais célèbre, a quelque peu stérilisé la recherche universitaire dans ce domaine. Gare à ceux qui osaient proférer une opinion divergente ! Tout n'est cependant pas négatif. On doit remercier Régine Pernoud du rôle qu’elle a joué dans la création du Centre Jeanne-d'Arc d'Orléans, dont la direction a été confiée à d'éminents universitaires : Philippe Contamine, puis Françoise Michaud-Fréjaville[12]. »
Philippe Contamine lui rend hommage dans sa nécrologie, la qualifiant d'historienne « féconde et convaincue, douée d'une forte personnalité » observant qu'elle avait suscité, par ses conférences et ses écrits, des « vocations de médiévistes »[7], sans minimiser le fait qu'« elle n'était pas facile à manier, mais avait incontestablement à la fois du talent et de l’énergie. »
Outre ses recherches et publications sur de grandes figures féminines du Moyen Âge, Régine Pernoud a étudié la condition féminine elle-même, et mis en lumière le rôle du christianisme dans l'émancipation des femmes, ainsi que la progression notable de l'influence des femmes dans tous les aspects de la vie politique et sociale[2]. Seule historienne à faire des conférences sur les femmes à Notre-Dame, elle défend la thèse que ce sont les bourgeois de la Renaissance et de l'époque classique qui ont condamné la femme à rester à la maison et que celle-ci était beaucoup plus libre au Moyen Âge : cette évolution date selon elle du Concile de Trente[13],[3],[14].
Seamless Wikipedia browsing. On steroids.
Every time you click a link to Wikipedia, Wiktionary or Wikiquote in your browser's search results, it will show the modern Wikiwand interface.
Wikiwand extension is a five stars, simple, with minimum permission required to keep your browsing private, safe and transparent.