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ancienne région historique et géographique s’étendant du Sud-Ouest de l’Ukraine actuelle au Nord-Ouest de la Russie De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le mot français Ruthénie est issu de Ruthenia, terme des textes médiévaux rédigés en latin qui traduisait, à partir du XIIe siècle, le mot Rus' (en alphabet cyrillique : Русь, Rous'). Dans les langues russe, ukrainienne et biélorusse, ce mot désigne l'État puis les États des Slaves orientaux du Xe au XIIIe siècle. Leur territoire, variable au cours du temps, est aujourd'hui réparti entre la Russie, la Biélorussie et l'Ukraine.
Ruthénie | |
Limites géographiques de la Ruthénie, associées à la Rus' de Kiev au XIe siècle. | |
Pays | Russie Biélorussie Ukraine Pologne |
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Cours d'eau | Dniepr |
Ville(s) | Moscou, Kiev, Kharkov, Minsk, Voronej |
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L'ancien État « Rus » était appelé « Руськая Земля » (Rous'kaïa zemlia) par ses habitants, ce qui peut être traduit « Terre Rus », « Pays Rus » ou « Pays des Rus ». Dans certaines langues slaves actuelles, un substantif adjectival est toujours employé : la Pologne est appelée Polska par ses habitants (littéralement : « Polonaise »), de même que la Tchéquie (Česko).
Aussi, pour établir une distinction claire entre l'ancien État « Rus » et les autres États ultérieurs dont le nom dérive de celui-ci, actuellement on l'appelle plutôt « Rus' de Kiev ».
On remarquera qu'en russe moderne, trois adjectifs peuvent être traduits par « russe » : rousskiï (русский), adjectif qui se rapporte au peuple russe et à sa langue, y compris hors de Russie et selon le droit du sang, rossiïsky (российский), qui se rapporte aux habitants et citoyens de la fédération de Russie selon le droit du sol : ceux-ci ne sont pas tous russes du point de vue ethnique ou linguistique, et le troisième rossiïanine (россиянин), habitant de la Russie, quelle que soit son identité ethnique.
Selon la théorie la plus largement acceptée par les historiens, le mot « Rus' » a été adopté par les Slaves à partir de la racine norroise roðr, roþs- (roths-), ou directement à partir du finnois Ruotsi « Suède » (cf. estonien Rootsi, võro Roodsi et same du Nord Ruoŧŧa). Cette racine, qui est la même que celle du vieux norrois róa « ramer » et rœði « gouvernail », aurait été employée par les Varègues qui parcouraient en naviguant aux avirons les fleuves de l'Europe de l'Est entre les mers Baltique et Noire, se livrant au commerce entre la Scandinavie (ambre, fourrures, peaux de phoques, ivoire de narval) et l'Empire byzantin (épices, encens, gemmes, soieries, joyaux, vin). Cette racine se retrouve dans la région de Suède Roslagen, qui signifie « équipes de rameurs », anciennement Roden. De même, la zone qui correspond à l'Uppland, au Södermanland et à l'Östergötland s'appelait Roðer ou Roðin, très proche de roðsmenn ou roðskarlar « rameurs, marins »[1]. Des ethnonymes similaires se trouvent régionalement en norvégien tels que Rossfolk, Rosskar et Rossmann[2].
Pour leur part, les protochronistes qui font remonter l'origine des peuples slaves directement aux premiers Indo-Européens préfèrent les théories (dites « anti-normandistes ») qui donnent une origine autochtone au mot « Rus' ». De telles théories sont soutenues uniquement par les historiens nationalistes russes. Selon eux, l'étymologie de « Rus » tourne autour de l'idée de brillance et de vie ; ils évoquent par exemple :
Des chroniqueurs polonais du Moyen Âge, adeptes de l'une des plus anciennes formes de protochronisme, le sarmatisme, font dériver Rus' du latin rus, ruris (« campagne ») et rusticus (« rustique » ou « rural ») — dans certaines versions, la langue latine elle-même dériverait d'un dialecte indo-européen des actuelles Pologne et Biélorussie, dialecte dont les langues slaves seraient plus proches que les autres langues indo-européennes. Enfin, le nom du fondateur semi-légendaire de l'ancien État Rus, Riourik, serait dérivé du cas génitif de rus : ruris.
Le mot Rus' pourrait aussi venir d'origines diverses mais convergentes. L'étendue géographique et la durée historique de l'utilisation du nom rus est un argument pour contester qu'il puisse provenir uniquement d'un terme technique de navigation en norrois. L'étymologie scandinave est dès lors interprétée comme une convergence avec un terme autochtone réinterprété par les Varègues selon une homophonie comparable à la ville de Paris et au héros troyen Pâris, ou encore aux noms propres germaniques, celtiques et latins (Eudon, le roi Edwy, et Octave par exemple). Le même phénomène a pu se produire pour le mot rus au sein de l'élite varègue ou inversement le terme varègue a pu être adopté par les autochtones parce qu'il évoquait quelque chose dans leur langue slave. L'essentiel, dans toute démarche protochroniste, est d'enraciner l'ethnonyme ou choronyme choisi (dans ce cas : rus) le plus loin possible dans le passé du territoire des États modernes qui s'en prévalent (dans ce cas, Russie, Biélorussie et Ukraine), et de relativiser ou écarter une origine exogène[3].
« Ruthénie » est la forme française d'un mot de latin médiéval ayant lui-même plusieurs formes : Rutenia, Ruthenia ou Russenia. Ce mot n'existait pas en latin antique, mais on y trouvait le mot Ruteni, qui désigne le peuple gaulois des Rutènes, dont le nom est à l'origine de la ville de « Rodez » (mentionné notamment dans la Guerre des Gaules de Jules César[4]).
Ce mot est repris au Moyen Âge pour désigner les peuples slaves situés à l'est de la Pologne, sans doute en raison de l'analogie avec des noms locaux dérivés de Rus, qui vient du scandinave roðslagen[5] (« pays du gouvernail »). Les Rus ont aussi été appelés Rugi, nom d'une tribu de Goths, et Rutuli, nom d'une tribu du Latium mentionnée par Virgile dans l’Énéide. L’ancien État de « Rus » n'avait pas d’endonyme, sauf dans l'expression zemlya russkaya (« terre Russe »), et il n'y avait pour le désigner que des exonymes différents selon la langue.
Ainsi, au XIe siècle, les annales d’Augsbourg parlent d'un rex Rutenorum (« roi des Ruthènes ») ; dans un ouvrage géographique du XIIe siècle[réf. nécessaire], on trouve aussi : Polonia in uno sui capite contingit Russiam, quae est Ruthenia, de qua Lucanus : Solvuntur flavi longa statione Rutheni (« Une des frontières de la Pologne est la Russie, c'est-à-dire la Ruthénie, dont Lucain a dit : "Les blonds Ruthènes se libèrent d'une longue occupation" » - Pharsale I,402, à propos des Rutènes de Gaule).
Vers la fin du XIIe siècle, c'est la forme Ruthenia qui est utilisée, avec des formes alternatives Ruscia et Russia, dans des documents en latin d'origine pontificale désignant les terres sous le contrôle de Kiev. Au XIIIe siècle, ce terme devient la référence dans les documents désignant la Rus', en particulier ceux écrits en Hongrie, en Bohême et en Pologne.
En polonais, le mot équivalant à « ruthène » est ruski (comme dans le nom polonais de la ville actuellement ukrainienne de Rawa Ruska, ou dans l'expression języki ruskie « ensemble des langues russe, ukrainienne, biélorusse »[6]) alors que « russe » au sens strict se dit rosyjski.
Il n'y a pas de raison claire qui explique pourquoi les termes de couleurs sont appliqués aux régions de la Ruthénie. Son cas n'est pas unique, car d'autres populations ont été désignées par des couleurs. Il y a eu des Croates blancs, rouges et noirs (Croates blancs et Croatie blanche se trouvaient dans l'actuelle Croatie, dans l'ouest de la Bosnie-Herzégovine et dans le sud-est de la Pologne et dans l'ouest de l'Ukraine, jusqu'aux Carpates ; Croates rouges et Croatie rouge se trouvaient dans le sud-est de l'actuelle Bosnie-Herzégovine et dans le sud du Monténégro, et dans la zone qui s'étend jusqu'au Don ; Croates noirs dans le nord-est de l'actuelle Tchéquie) ; Serbes blancs dans l'est de l'actuelle Allemagne mais aussi des Serbes rouges et noir. On connaît en Chine les Miao rouges, noirs et verts. Toutes ces appellations pourraient avoir une origine turco-mongole, les Turcs associant les points cardinaux à des couleurs[7] avec différentes variantes :
Le territoire historique de la Rus incluait des territoires relevant actuellement de l'Ukraine, de la Biélorussie, de la Russie, et pour des superficies limitées, de la Slovaquie et de la Pologne.
Faute de définition officielle, le terme « Ruthénie » peut avoir différentes significations selon le contexte et l'époque de son emploi.
À l'époque moderne, la « Ruthénie » correspond approximativement aux territoires habités par des populations ukrainiennes de l'empire d'Autriche, puis d'Autriche-Hongrie, et revendiqués lors de l’effondrement de cet empire en 1918 par les Ruthènes de Lemko en Pologne, par les Ruthènes et Houtsoules de Hongrie et de Bucovine, et par les habitants de la Galicie orientale, avant de l’être par l'URSS au moment de la conclusion du pacte Hitler-Staline en 1939. Fin 1945, la plupart de ces territoires ont été intégrés à l’Ukraine soviétique, à l’exception des plus occidentaux (Lemko en Pologne et Slovaquie du nord-est) qui sont restés polonais et tchécoslovaques.
Dans un sens étroit, il est utilisé pour désigner l'extrémité orientale de la Tchécoslovaquie d'avant 1939, appelée Ruthénie subcarpathique, de population ukrainienne, annexée par la Hongrie en mars 1939 puis par l'URSS en 1945, actuellement l'oblast de Transcarpatie en Ukraine. Cette région aussi appelée Russie subcarpatique ou Ukraine transcarpatique, parfois Russynie. Des États éphémères, nommés République houtsoule et République carpato-ukrainienne, furent proclamés dans cette région en 1919 et 1939.
Au XIVe siècle, l’État Rus' se désintègre en principautés, Vladimir-Souzdal et la république de Novgorod dans le nord, sous l'influence mongole. En 1480, Ivan III met fin au joug tatar, et à la domination de la Horde d'or.
Plus tard, l'une des principautés successeurs de Vladimir-Souzdal, la Moscovie, prend le contrôle des principautés du nord de la Rus', et on continue à utiliser le mot Rus’ pour désigner l'État en question. Comme c'est un pays orthodoxe, celui-ci n'a que peu de contacts avec la papauté, et on utilise rarement le terme de Ruthénie pour le désigner. Les populations locales utilisent d'autres formes du nom Rus, dérivées du mot Rus, pour désigner leur pays, et quelques-unes de ces formes sont passées en latin et en français.
Les territoires de Galicie-Volhynie au sud tombent sous l'influence catholique polonaise et lituanienne, et c'est pourquoi ils sont habituellement désignés par le terme latin « Ruthénie », parce que le pape préfère cette forme. Il l'utilise par exemple lorsqu'il proclame l'un des rois locaux « Prince de Ruthénie ». Mais aussi d'autres formes sont utilisées en latin, en français et dans d'autres langues pendant cette période. C'est le moment ou émerge le mouvement littéraire Triade ruthène.
Les territoires du sud suivants ont leurs noms correspondant en polonais :
Vers 1918, les Galiciens abandonnèrent progressivement le nom de Ruthènes pour celui d'Ukrainiens. À cette date, seuls les ruthènes vivant en Ruthénie subcarpathique (à cheval entre l'Ukraine, la Slovaquie et la Pologne modernes, englobant les villes de Mukachiv/Moukatchevo/Munkács, Oujhorod/Ungvár et Presov/Pryashov (Priashouv)/Eperjes) ont conservé leur nom ancestral. Dès lors, les mots Ruthénie et ruthènes sont devenus synonymes de Ruthénie subcarpathique et de Rusyns (ou Russins).
Cette zone avait fait partie du royaume de Hongrie depuis la fin du XIIe siècle (Comitats de Šariš, Zemplinski, Ouj, Berehove, Sevljuš et Marmaroski) et avait été appelée « Ruszinföld » et plus récemment « Kárpátalja » et « Karpato-Rus' » : voir Ruthénie subcarpathique.
Après son incorporation dans la Tchécoslovaquie entre la Première Guerre mondiale et la Seconde Guerre mondiale, la Ruthénie subcarpathique proclame son indépendance le et prend le nom de république d’Ukraine carpathique, avec à sa tête Augustin Volochyne, mais est immédiatement envahie et annexée par la Hongrie[8].
Le terme Rusyn désignait alors la langue et la nationalité des montagnards ukrainiens des Carpates. Le nom de « Ruthénie » signifiait alors Ruthénie subcarpathique, soit le nom désignant la région la plus à l'ouest de l'actuelle Ukraine.
Il resta une minorité ruthène dans le nord-est de la Tchécoslovaquie (maintenant en Slovaquie) après la Seconde Guerre mondiale. Les populations de cette région furent rapidement slovaquisées, parce que leur langue ressemblait beaucoup au slovaque, et parce que beaucoup refusèrent de s'identifier comme Ukrainiens, mais voulurent conserver le nom de Rusyns, Russins ou encore "Ruthènes".
Les Biélorusses s'appelaient souvent eux-mêmes « Lituaniens » parce qu'ils vivaient dans le grand-duché de Lituanie, et le nom de « Ruthènes » ne s'appliquait à eux qu'avec l'adjectif « blancs » (en allemand Weißreußen), par différence avec les « Ruthènes rouges » de Galicie (en allemand Rotreußen).
Peu après la Seconde Guerre mondiale, les Biélorusses de la région de Kresy (en Pologne d'avant-guerre) se sont retrouvés dans des camps de transit dans les zones occidentales de l'Allemagne d'après-guerre. À cette époque, la notion de nation biélorusse n'est pas très bien reconnue à l'Ouest. Alors, pour éviter d'être catalogués comme « Russes » et donc d'être « rapatriés » vers l'Union soviétique (qui avait annexé Kresy en 1940), ils utilisèrent les termes de Ruthènes blancs (Weißreußen), Blanco-ruthènes, et Kriviens. Ce dernier terme dérive du nom de l'ancienne tribu slave des Krivitches, qui habitait le territoire de la Biélorussie auparavant.
Le nom de « Ruthénie » survécut un peu plus longtemps comme dénomination désignant l'Ukraine. Lorsque l'Autriche-Hongrie prit le contrôle de la province de Galicie en 1772, les officiels autrichiens se rendirent compte que ses populations slaves orientales étaient différentes des Polonais . Le nom qu'ils se donnaient : Rusyny, sonnait comme le mot allemand utilisé pour les Russes : Russen, alors les Autrichiens adoptèrent la désignation de Ruthenen (Ruthènes), et continuèrent à l'employer jusqu'à la chute de l'empire en 1918, après quoi cette dénomination fut employée par les Tchécoslovaques, les Polonais et des Roumains, mais aussi par les intéressés eux-mêmes, peu soucieux d'être assimilés aux Ukrainiens soviétiques dont ils n'enviaient guère le sort (c'était la période de la Terreur rouge, de la collectivisation, de la grande famine et des purges).
À partir de 1840, les nationalistes ukrainiens avaient pourtant encouragé les populations à abandonner le nom de « Petits Russiens » (Malorussy ou Klein-Russen) au profit du nom d’« Ukrainiens »[réf. souhaitée].
Dans les années 1880 et 1900, en raison de la diffusion du nom « Ukraine » comme substitut de « Ruthénie » parmi les Ruthènes/Ukrainiens de l’Empire russe, le nom de « Ruthènes » se cantonna aux populations de l’Ukraine occidentale, une zone qui faisait partie de l’Autriche-Hongrie et où de nombreux locuteurs de l’ukrainien étaient catholiques de rite grec ukrainien.
Au début du XXe siècle, le nom d'« Ukraine » était néanmoins largement en usage en Galicie, et le nom de « Ruthénie » se cantonna à la zone au sud des Carpates, dans le royaume de Hongrie.
Dans l'historiographie moderne française, la Rus' de Kiev est le nom le plus courant pour l'ancien État slave oriental (en gardant la transcription avec l'apostrophe Rusʹ, pour écrire le signe mou, ь), suivi de la Russie de Kiev, l'ancien État de Russie, et rarement, la Ruthénie de Kiev. On l'appelle aussi la Principauté de Kiev, ou juste Kiev.
Mais en fait Rus' de Kiev possède deux sens :
Le dernier territoire fut divisé en plusieurs zones. Celui avec la plus grande influence était, au sud, celui de la Rus' de Halych-Volyn; et, au nord, celui de la Rus' de Vladimir-Souzdal et la république de Novgorod. La partie sud tomba sous l'influence catholique polonaise ; la partie nord, sous l'influence plus faible mongole, et devint une fédération lâche de principautés.
Les hiérarques byzantins imposèrent leurs noms en grec pour les zones nord et sud : respectivement Μακρα Ρωσία (Makra Rosia, Grande Russie) et Μικρα Ρωσία (Mikra Rosia, Petite Russie).
Au XIVe siècle, les souverains de la Moscovie (le grand duché de Moscou) réunit les zones du nord de l'ancienne Rus' de Kiev. Ivan III de Moscou fut le premier souverain local reconnu comme grand-duc de toutes les Rus. Ce titre a été utilisé par les grands ducs de Vladimir jusqu'au début du XIVe siècle, et le premier prince à le porter fut Mikhaïl Iaroslavitch de Tver. Ivan III fut décrit par l'empereur Maximilien Ier comme rex albus (le roi blanc) et rex Russiae (le roi de Russie). Plus tard, Rus' — en russe — a évolué vers une forme influencée par Byzance, Rossiya (Russie se dit Ρωσία [Rosia] en grec).
Les territoires du sud-ouest étaient englobés dans le grand-duché de Lituanie (dont le nom complet était grand-duché de Lituanie, de Rus' et de Samogitie). Le grand-duché de Lituanie était sous le pouvoir des Rus', il était habité en grande partie par les Rus' et ses nobles étaient d'origine Rus' et une variante de l'ancienne langue slave orientale proche du biélorusse est la seule langue qui reste dans les documents officiels datés d'avant 1697.
Les territoires du sud sous le pouvoir de la Lituanie ont des noms apparentés en russe et en polonais, respectivement :
Alors que les descendants russes de la Rus' se sont appelés eux-mêmes Rousskie, les habitants de ces pays se sont nommés eux-mêmes Roussyny, Ruthènes.
En 1654, selon le traité de Pereïaslav, les terres des cosaques zaporogues se trouvèrent sous la protection de la Moscovie, y compris l'hetmanat d'Ukraine de la rive gauche, et la région de Zaporijjia. En Russie, ces terres sont appelées Petite Russie (Malorossiïa). Les colonies installées dans ces territoires, cédés par les Ottomans le long de la mer Noire, étaient appelées Nouvelle Russie (Novorossiïa).
Dans les dernières décennies du XVIIIe siècle, l'Empire russe, la Prusse, et l'Autriche dépecèrent l'espace polono-lituanien en une série de partitions, et toutes les Rus' historiques, sauf la Galicie, firent partie de l'Empire russe.
Dans la période de renaissance culturelle après 1840, les membres d'une société secrète de Kiev, la « Fraternité des Saints Cyrille et Méthode », firent renaître le nom de Ukrayina pour la patrie du peuple de la « Petite Russie ». Ils choisirent un nom qui avait été utilisé au XVIIe siècle par les cosaques de l'Ukraine. Ce nom était apparu auparavant au XVIe siècle sur des cartes de Kiev et de la Rus' de Kiev. Ukrayina est un mot slave signifiant « Marche », déjà utilisé pour divers territoires frontaliers au XIIe siècle.
Au début du XXe siècle, le nom d’Ukraine fut largement reconnu et fut utilisé pour désigner l’hetmanat historique cosaque et comme nom officiel des états ukrainiens : République populaire ukrainienne (1917-1920), république populaire d'Ukraine occidentale (1918-1919) et république socialiste soviétique d'Ukraine (1924-1991).
L'utilisation du nom « Ruthénie » (Rus) se restreint à la Ruthénie subcarpathique (Karpats'ka Rus), au sud-ouest des Carpates dans le royaume de Hongrie où beaucoup de Slaves locaux se considéraient comme des Roussynes. La Ruthénie subcarpathique englobait les villes de Moukatchevo (en roussyn : Moukatchevo; en hongrois : Munkács), Oujhorod (en hongrois : Ungvár) et Presov (Pryashiv; en hongrois : Eperjes). Cette région hongroise que les historiens ukrainiens nomment Rus’ carpathique avait fait partie de la Rus' de Kiev jusqu'en 907 et était connue comme Hongro-Rus’, Carpato-Rus’, « Russie subcarpathique » (de l’allemand Karpathen-Russland) ou Zakarpathie.
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