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explorateur français en Afrique De Wikipédia, l'encyclopédie libre
René Caillié[1], né le à Mauzé-sur-le-Mignon[2] (Deux-Sèvres) et mort le à La Gripperie-Saint-Symphorien (Charente-Maritime), est un explorateur français, figure emblématique de l'exploration africaine. Il est surtout connu pour avoir été le premier Européen à atteindre Tombouctou et à en revenir vivant, un exploit qui a fait de lui une célébrité à son époque[3].
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René Caillié naît dans les Deux-Sèvres le à Mauzé-sur-le-Mignon[Q 1]. C'est un homme du peuple, fils d'un ouvrier-boulanger. Son père, François, est condamné à 12 ans de bagne pour un petit vol quatre mois avant sa naissance. Certains biographes[4], défenseurs de l'explorateur, clamèrent l'innocence de ce père, ce qui n'a pas été avéré. En revanche, la plupart des biographes[5] posent la volonté de redorer le blason familial comme l'un des motifs du voyage de Caillié. Il ne connaît pourtant pas son père qui meurt à 46 ans au bagne de Rochefort en 1808. À onze ans, il devient orphelin car sa mère, Élizabeth née Lépine, meurt en 1811, âgée de 38 ans. René et sa sœur Céleste, alors âgée de 18 ans, furent recueillis par leur grand-mère maternelle[Q 2]. Fasciné par la lecture de Robinson Crusoé de Daniel Defoe[6], il quitte Mauzé à l'âge de seize ans, à pied, pour la ville de Rochefort, distante de 40 km, avec 60 francs en poche reçus de sa grand-mère[Q 3].
Désirant parcourir des terres inconnues, il embarque comme membre d’équipage de La Loire, un des quatre navires de l'escadre de la frégate de La Méduse partie pour reprendre possession, selon les termes des Traités de Paris de 1814 et 1815[Q 4], de la colonie française de Saint-Louis du Sénégal alors aux mains des Britanniques. L'escadre quitte son mouillage près de l'Île d'Aix au nord de l’embouchure de la Charente le [Q 5]. La Méduse part en tête et échoue sur le Banc d’Arguin au large de la côte de la Mauritanie actuelle[Q 6]. Quelques survivants sont recueillis par les autres navires. Ce naufrage marqua les esprits et inspira la célèbre œuvre de Théodore Géricault, Le Radeau de La Méduse[Q 7]. Quand les trois bateaux restants arrivent à Saint-Louis, il s’avère que le gouverneur britannique n'est pas prêt à leur remettre la colonie. Ils poursuivent donc leur route vers le sud et mouillent au large de l'île de Gorée, près de Dakar.
Caillié passe quelques mois à Dakar, qui n'est alors qu'un village, avant de retourner par la mer à Saint-Louis[Q 6]. Là, il apprend qu'une expédition anglaise, menée par le Major William Gray, s’apprête à quitter la Gambie pour explorer l'intérieur du continent. Caillié s'élance le long de la côte avec deux compagnons pour offrir ses services, pensant faire les 300 km à pied, mais la chaleur et le manque d’eau sont trop épuisants. Il abandonne son idée et s’embarque plutôt sur un navire de commerce pour une traversée gratuite de l'Atlantique jusqu'en Guadeloupe[Q 8]. Sur l'île, il trouve du travail pour six mois, et lit le récit de l'exploration du Moyen Niger par Mungo Park dans ce qui est aujourd’hui le Mali[7]. Celui-ci avait été le premier Européen à atteindre le fleuve Niger et à visiter les villes de Ségou, Sansanding et Bamako. Un récit de son premier voyage (1795-97) avait été publié en français en 1799. Park se lança dans une seconde expédition en 1805, mais il mourut noyé lors de la descente de rapides sur le Niger près de Bussa, dans le Nigeria actuel. Un récit du second voyage avait été publié en anglais en 1815. Caillié rentre en France, puis repart pour le Sénégal en 1817 où il suit une mission à la recherche d'un prisonnier anglais, ce qui lui permet d'apprendre la culture africaine et la vie du désert. Atteint par la fièvre, en 1820, il rentre à nouveau en France dans un état de santé déplorable et part aux Antilles jusqu'en 1824 puis rentre à Lorient quelque temps et part à Bordeaux comme employé de maison.
En 1824, il retourne à Podor au Sénégal qui est alors un comptoir défendu par un fort construit en 1744 par Pierre Barthélémy et restera dans la mémoire des podoriens jusqu'au XXe siècle[réf. nécessaire]. Cette fois René Caillié envisage d’atteindre Tombouctou. La Société de géographie de Paris offrait alors une récompense de 10 000 francs au premier Européen à revenir de Tombouctou, que l’on imaginait être une ville aussi fastueuse et merveilleuse qu'à l'époque de Kanga Moussa.
Caillié s’installe chez les Maures braknas, au nord du fleuve Sénégal, dans l'actuelle Mauritanie, d'août 1824 à mai 1825, pour apprendre la langue arabe et la religion musulmane. Comme l'a fait Jean Louis Burckhardt (1784-1817) juste avant lui au Levant, il s'invente une nouvelle identité de musulman, qu'il endossera durant son voyage pour éviter de se faire tuer. Il présente son projet de périple à Tombouctou au gouverneur du Sénégal, mais ne reçoit aucun encouragement. Après avoir appris l'existence du prix offert par la Société de géographie au premier Européen qui pénètrerait dans la ville de Tombouctou rendue mythique par les récits des voyageurs arabes du Moyen Âge tels Ibn Battûta et interdite aux chrétiens, il décide de partir seul, par ses propres moyens, sans aide financière, sans escorte militaire, se faisant passer pour un humble lettré musulman. Il va en Sierra Leone où les Britanniques le nomment administrateur d’une plantation d’indigo, ce qui lui permet de gagner 80 livres sterling.
Parti de Boké sur le Rio Nunez en Guinée, le , il se dirige vers l’est le long du massif de Fouta-Djalon, passe les sources du Sénégal et franchit le cours supérieur du Niger à Kurussa. Toujours vers l’est, il atteint Tiémé dans l'actuelle Côte d'Ivoire, où il est ensuite retenu cinq mois — gravement atteint du scorbut — ( - )[Q 9]. Il reprend alors son voyage vers le nord-est et atteint la ville de Djenné où il reste du 11 au . Il prend ensuite un bateau pour Tombouctou qu’il atteint le et est déçu de trouver une cité tombant quelque peu en ruine[9],[10]. Le , il se joint à une caravane traversant le Sahara pour aller au Maroc et atteint Fès le . C'est finalement cette ville qu'il qualifie de « la ville la plus belle qu'[il ait] vue en Afrique »[11]. De Tanger il s’embarque finalement pour la France.
Son retour en France en 1830, à travers le désert du Sahara puis le Maroc, est un véritable calvaire. René Caillié ne fut pas le premier Européen à entrer dans Tombouctou. Avant lui, Paul Imbert, poitevin comme lui, y pénétra en tant qu'esclave du pacha Ammar el Feta, à l'époque du sultanat de Zaidan el-Nasir, dans la première moitié du XVIIe siècle. Juste avant Caillié, un officier britannique, le major Alexander Gordon Laing, atteignit Tombouctou en , mais fut tué au moment de quitter la ville. Caillié est donc celui qui remplit la condition de revenir de Tombouctou et il reçoit de la Société de géographie le prix de 10 000 francs-or, ainsi que le Grand Prix des explorations et voyages de découvertes[12], partagé symboliquement avec le major Alexander Gordon Laing. Son exploit vaut aussi à René Caillié la Légion d'honneur et une pension.
Il publie en 1830 son Journal d'un voyage à Temboctou et à Jenné, dans l'Afrique centrale, précédé d'observations faites chez les Maures Braknas, les Nalous et autres peuples ; pendant les années 1824, 1825, 1826, 1827, 1828 (Paris, Imprimerie Royale, 1830), avec le concours d'Edme François Jomard, qui lui assurera une grande renommée[13]. Les Anglais ont contesté la véracité de ses écrits et de son voyage. Les attaques de ses détracteurs lui sont très pénibles, il clôt ainsi son journal : « Quoi qu'il en soit, j'avouerai que ces injustes attaques me furent plus sensibles que les maux, les fatigues et les privations que j'avais éprouvés dans l'intérieur de l'Afrique »[14]. Ses écrits sur Tombouctou seront confirmés par le voyageur allemand Heinrich Barth en 1858[15], encore que ce dernier soit très critique vis-à-vis de la qualité des observations de Caillié.
Caillié écrit à son arrivée en France « Ceux qui ont été longtemps absents de leur pays, et qui ont pu craindre de ne jamais y rentrer, ceux-là peuvent se faire une idée de ce que j'éprouvai en revoyant cette chère patrie ! »[16]. Le public l'oublie vite[9] et, alors qu'il est devenu maire de Champagne, il semble s'ennuyer sur son domaine de La Baderre (devenu l'Abadaire) sur la commune de La Gripperie-Saint-Symphorien[17]. Il rêve de partir une nouvelle fois en Afrique[9]. Il meurt sur ses terres le [Q 10], usé par son périple, des suites d'une maladie contractée en Afrique (sans doute d'une maladie du sang apportée par le paludisme) et est enterré dans la commune voisine de Pont-l'Abbé-d'Arnoult.
Le voyage de René Caillié a été interprété de différentes façons. Jules Verne le qualifie du « plus intrépide voyageur des temps modernes »[18] Il est admiré comme ouvreur de l'empire colonial français africain à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle ; ainsi, en 1885, ses biographes E. Goepp et E. Cordier écrivent ceci :
Il a été plus récemment considéré comme le premier « africaniste » : respectueux des hommes et civilisations qu'il a rencontrés, il dénonce l'esclavage et la condition des femmes[20].
Son récit de voyage (voir bibliographie), constitue une peinture minutieuse « des paysages naturel et culturel rencontrés »[21] : de la géographie des pays traversés, de leur faune et de leur flore, des mœurs de leurs populations, etc.
Sa ville natale, Mauzé-sur-le-Mignon, organise chaque année la Fête à Caillié et le Festival de l'Aventure individuelle où est décerné le prix René Caillié des écrits de voyages[22] ainsi qu'une bourse de l'aventure. Quoiqu'il ne soit plus très connu en France ailleurs que dans sa région natale, l'explorateur reste connu et étudié dans trois des pays qu'il a traversés : la Guinée, la Côte d'Ivoire et le Mali[23].
En 1982, une expédition de la Société de Géographie (Paris), à l’initiative d’Alain Kerjean, reconstitua le voyage de Caillié des côtes de la Guinée jusqu’à Tombouctou[24].
Une réédition en fac-similé a été réalisée par les éditions Anthropos en 1965.
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