Saint-Louis (en wolof: Ndar), souvent appelée Saint-Louis-du-Sénégal, est une des plus grandes villes du Sénégal et, historiquement, l'une des plus importantes, comme en témoigne son inscription sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO. C'était avec Gorée, Rufisque et Dakar une des quatre communes de plein exercice du Sénégal qui envoyaient un député à la Chambre française depuis le XIXesiècle. Ces Quatre communes ne doivent pas être confondues avec les quatre vieilles colonies de pleine citoyenneté (Guadeloupe, Guyane, Martinique et La Réunion)[1].
Saint-Louis se trouve à l'embouchure du fleuve Sénégal, à 264 km[2] au nord de la capitale du pays, Dakar, près de la frontière avec la Mauritanie. Du fait de cette situation géographique, au moment de la création du comptoir français, elle est simplement appelée «Île du Sénégal», puis «colonie du Sénégal»; ce nom sera étendu à l'ensemble du Sénégal actuel après les annexions qui font suite à la conférence de Berlin. La République du Sénégal reprendra à son tour le nom du fleuve lors de son indépendance en 1960.
Saint-Louis fut la première ville fondée par les Européens en Afrique occidentale en 1659[3]. Établie par des marins de Dieppe (Normandie) sur l'île homonyme du fleuve Sénégal, longue de 2 km et large de 300 m, elle fut baptisée ainsi en l'honneur du roi de France régnant Louis XIV, au travers de son ancêtre et homonyme Saint Louis.
Un fort est alors construit sur une île inhabitée connue des habitants sous le nom Ndar en 1659[3]. En effet cette île est supposée hantée[3]. Aussi le Diagne de Sor, le chef local, la loue contre un paiement annuel relativement modeste. Les Français étaient présents en plusieurs petits comptoirs dans la région de la future ville de Saint-Louis depuis les années 1610-1620, où ils deviennent les Européens dominants[4]. Auparavant, la région était disputée entre les Portugais, les Hollandais, et les Français[5].
De 1793 à 1816, la ville de Saint-Louis, ainsi que toute la cote maritime du Sénégal sont occupés par les Britanniques, à la suite de l'exécution de LouisXVI. Au traité de Vienne, en 1815, le Sénégal est rendu aux Français, sauf la Gambie, qui devient une colonie britannique en 1815.
Le , l'aviateur français Jean Mermoz part de Saint-Louis-du-Sénégal afin de réaliser la première liaison postale transatlantique sans escale qui le mène jusqu'à Natal au Brésil. Le succès de ce vol permet à l'aéropostale d'établir de manière définitive une liaison aérienne régulière entre Toulouse et Santiago du Chili. L'Hôtel de la Poste situé entre le pont et la place Faidherbe y consacre un petit musée.
Elle reste un comptoir de commerce français important jusqu'en 1957.
La ville est de plus en plus menacée de disparition. Alors qu'elle est inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis l'an 2000, son patrimoine issue de la colonisation est fortement dégradé et n'est pas réparé[8].
Saint-Louis, qu'on surnommait la «Venise africaine» est classée au répertoire du patrimoine mondial par l'Unesco depuis l'an 2000. Elle s'est lancée dans un ambitieux programme de rénovation de ses anciens bâtiments et a commencé à transformer les entrepôts en restaurants et en hôtels.
La ville conserve de très nombreuses maisons, typiques de l'époque coloniale, avec leur façade de chaux, leur double toiture en tuile, leur balcon en bois et leur balustrade en fer forgé.
La musique jazz, amenée par les soldats américains, au moment de la Seconde Guerre mondiale, a fait éclore toute une génération de jazzmen africains. Le Festival international de Jazz de Saint-Louis a été créé en 1992.
Lors du défilé du Fanal, les habitants défilent au son des tam-tam, en portant des lampions qu'ils ont confectionnés et qui ressemblent à ceux que les esclaves du XVIIesiècle portaient pour éclairer les Signares jusqu'à la messe de minuit.
Depuis 2003 se déroule le Festival Rapandar, d'abord consacré au mouvement hip-hop sénégalais et aujourd'hui ouvert aux musiciens et groupes de rap africains ou internationaux, avec le message «citoyens africains, citoyens du monde: un échange culturel dynamique».
Saint-Louis a perdu son importance au moment de l'indépendance au profit de la nouvelle capitale Dakar qui de plus a attiré à elle tous ses intellectuels et tous ses fonctionnaires. La ville est alors tombée en léthargie[12].
La communauté des pêcheurs de Saint-Louis est l'une des plus importantes de l'Afrique de l'Ouest et comprend plus de 4 000 équipages. Guet Ndar est le quartier des pêcheurs, où vivent plus de 25 000 personnes, sur une étroite langue de sable. C'est aujourd'hui la plus importante activité économique de la ville[13].
De 1996 à 2004, le nombre de chambres d'hôtels a doublé, selon le syndicat d'initiative[14].
La ville est reliée par le transport aérien avec l'Aéroport de Saint-Louis (Sénégal). Mais on y accède principalement par la route N2 venant de Dakar. Le réseau de bus et de taxi-brousse (7 places) y est particulièrement dense.
On y trouve également un centre de formation pour enseignants (Centre Régional de Formation des Personnels de l'Éducation CRFPE)[15].
Le quartier historique (l'île Saint Louis)[16], relié par un pont métallique à sept arches, le pont Faidherbe, aux quartiers de l'île de Sor. Les plans de ce pont sont attribués à tort à Gustave Eiffel. C'est l'entreprise Nouguier, Kessler & Cie, ancienne maison Joly, d'Argenteuil, qui en assura la réalisation. Il a été totalement rénové en 2015.
Le siège de la gouvernance est construit sur l'emplacement d'un ancien fort colonial dont quelques murs subsistent.
La statue en bronze de Louis Faidherbe par Crauck, fondue par Thiébaut en 1886 (352 kg), érigée de son vivant, en 1887, non loin du pont, place Faidherbe, ex place d'Orléans, autrefois «La Savane»[17],[18].
Abdoul Hadir Aïdara, Saint-Louis du Sénégal d'hier à aujourd'hui, Grandvaux, 2004, 143 p. (ISBN2-909550-43-5)
Camille Camara, Saint-Louis du Sénégal. Évolution d'une ville en milieu africain, Dakar, IFAN, 1968, 292 p. (édition d'une thèse soutenue en 1965 à Paris, 322 p.)
(en) Lucy Ann Gallistel Colvin, Kajor and its diplomatic relations with Saint-Louis-du-Sénégal, 1763-1861, PhD, University of Columbia, 1972, 460 p.
Serigne Matar Ka Devenir d'un patrimoine architectural et urbain d'une ville en mutation: Saint-Louis du Sénégal, thèse, Université d'Aix Marseille, 2012, 361p.
Nathalie Reyss, Saint-Louis du Sénégal à l'époque précoloniale. L'émergence d'une société métisse originale 1658-1854, thèse de 3ecycle, Université de Paris I, 1983, 2 t., VII + 270 p. et IV + 127 p.
Guy Thilmans, «L'église oubliée de Saint-Louis du Sénégal», dans Outre-Mers. Revue d'histoire, 2006, no350-351, p.193-236(lire en ligne)
Alain Sinou, Comptoirs et villes coloniales du Sénégal: Saint-Louis, Gorée, Dakar, Paris, Karthala, 1999, 344 p. (ISBN2865373932)
Abdoul Sow, L'île de Saint-Louis du Sénégal, formes spatiales et formes sociales: destinées d'une ville, thèse, Université Paris X-Nanterre, 2008, 345 p.
Mamadou Wade, Croissance urbaine de Saint-Louis du Sénégal de 1789 à 1902, thèse de 3ecycle, Université de Bordeaux III, 1982
François Zuccarelli, «Les maires de Saint-Louis et de Gorée de 1816 à 1872», in Bulletin de l'IFAN, série B, n° 3, 1973, p. 551-573
(en) Jones (Hilary), The Métis of Senegal. Urban life and politics in French West Africa, Bloomington and Indianapolis, Indiana University Press, 2013, XI + 276 p.
(en) Michael David Marcson, European-African interaction in the Precolonial Period: Saint-Louis-Senegal 1758-1854, PhD, Princeton University, 1976, IX-311 p.
(en) Karen Amanda Sackur, The development of creole society and culture in Saint Louis and Goree, 1719-1817, PhD, University of London, 1999, 351 p. (thèse disponible, gratuitement, sur inscription, auprès du service EThOS de la British Library: suivre le lien).
Mémoires universitaires non publiés
Corinne L. Benveniste, Les relations Dakar - Saint-Louis. Le rail et la route, Dakar, Université de Dakar, 1967, 119 p. (diplôme d'études supérieures)
Saliou Diop, Les traitants Saint-Louisiens: genèse et évolution d'un groupe social, XVIIIeetXIXesiècles, Dakar, Université de Dakar, 1979, 110 p. (mémoire de maîtrise)
El Hadj Dioum, Les élections municipales de 1925 à Saint-Louis, Université de Dakar, 1978, 93 p. (mémoire de maîtrise)
Adbulaay Soxna Joop, La colonie française de N'Dar - Saint-Louis, de la fondation de l'habitation fixe à la faillite de la Compagnie du Sénégal (1659, fin du XVIIesiècle). L'impact global du mercantilisme colonial dans la concession du Sénégal, Université de Dakar, 1971, 323 p. (mémoire de maîtrise)
Ibrahima Ka, L'évolution sociale à Saint-Louis du Sénégal du XIXe au début du XXesiècle, Université de Dakar, 1981, 135 p. (mémoire de maîtrise)
Serigne Matar Ka, Dégradations et tentatives de réhabilitation du patrimoine architectural de Saint-Louis du Sénégal, Université d'Aix-Marseille 1, 2005, 102 p. (mémoire de maîtrise)
Mamadou Kane, L'esclavage à Saint-Louis et à Gorée à travers les Archives notariées: 1817-1848, Université de Dakar, 1984, 109 p. (mémoire de maîtrise)
Mamadou Kane, L'histoire économique de Saint-Louis à travers les archives notariées: 1817/1848. Enquête préliminaire, Université de Dakar, 1985, 29 p. (diplôme d'études approfondies)
Ngouda Kane, L'évolution sociale à Saint-Louis à travers les archives de police de 1900 à 1930, Université de Dakar, 1988, 120 p. (mémoire de maîtrise)
Thomas Maillard, La pérennité de l'horticulture périurbaine à Saint-Louis au Sénégal, Université Paris 8, 2011, 121p. (mémoire de Master 1)
Thomas Maillard, Pérennité, urbanité et citadinité de l'agriculture urbaine à Saint-Louis (Sénégal), Université Paris 8, 2012, 115p. (mémoire de Master 2)
Nathalie Reyss, La santé à Saint-Louis du Sénégal à l'époque précoloniale d'après les récits de voyages et romans: alimentation, hygiène et santé ou le métissage comme moyen de survie, Université Paris I, 1981, 42 p. (diplôme d'études approfondies).
Sylvain Sankalé, Une ancienne coutume matrimoniale à Saint-Louis du Sénégal. Le mariage «à la mode du pays», Université de Dakar, 1982, 78 p. (diplôme d'études approfondies en histoire du droit)
Seck Ndiaye, Ahmed Ndiaye Sarr, le cadi de Saint-Louis, Université de Dakar, 1986 (mémoire de maîtrise)
Abdoul Aziz Traoré, Les compagnies et le commerce à Saint-Louis à la fin du XVIIIe siècle, Université Paris I, 1979, 99-VI p. (mémoire de maîtrise)
Sylvaine Trioullier, Saint-Louis et la question maure (1895-1905), Université Paris I, 1972 (mémoire de maîtrise)
Guillaume Vial, Les signares à Saint-Louis du Sénégal au XIXesiècle: étude critique d'une identité métisse, Université de Reims, 2 vol., 1997, 407 p. (mémoire de maîtrise)
Oumar Amadou Wane, Monographie climatique d'une station synoptique: Saint-Louis (1946-1975), Université de Dakar: 1977, 127 p.
Filmographie
[vidéo] Samkat (Le dernier berger de Saint-Louis), court métrage documentaire réalisé par Oumar Ndiaye et le Club des Jeunes de Saint-Louis, 1999, 13'
[vidéo] Patchwork (Njakhass), de Oumy Ndour, 2007, 26'
[vidéo] La Brèche, de Abdoul Aziz Cissé, 2007, 40'
[vidéo] Thiam B.B., de Adams Sié, 2007, 26'
[vidéo] Les Maraîchers de Khor (Saint-Louis, Sénégal), court-métrage documentaire de Thomas Maillard avec le Pôle Image du département de Géographie de l'Université Paris 8, 2011, 5'
Plus ancienne ville édifiée par les colonisateurs français en Afrique de l'Ouest (1659), son nom Saint-Louis, Ndar en wolof, lui fut donné en l'honneur du Roi de France Louis IX (1226-1270).
Relation de la Nigritie, contenant une exacte description de ses Royaumes & de leurs Gouvernements, la Religion, les Mœurs, Coustumes & raretez de ce Païs. Avec la découverte de la Rivière du Senega, dont on a fait une Carte particulière»; Ed: E. Couterot, 92 pages (livre numérisé par Google)