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œuvre de Leibniz, écrite en français en 1714 De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La Monadologie est une œuvre philosophique traitant de métaphysique écrite par le philosophe, mathématicien et savant polymathe allemand Gottfried Wilhelm Leibniz en 1714, en français.
Monadologie | |
Page manuscrite de la Monadologie. | |
Auteur | Gottfried Wilhelm Leibniz |
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Genre | Philosophie, métaphysique |
Date de parution | écrite en 1714 - édition posthume 1re édition en 1720 1re édition du texte original en 1840 |
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La place qu'elle occupe dans la carrière de Leibniz (qui meurt deux ans après sa rédaction), ainsi que la synthèse qu'elle opère des différents thèmes de la métaphysique leibnizienne, en font une œuvre majeure de cet auteur. Comme son titre l’indique, et comme Leibniz l’annonce dès le premier paragraphe, cet ouvrage a pour sujet la monade[1].
Comme beaucoup des textes philosophiques de Leibniz, la Monadologie n'est pas écrite dans le but d'une publication : c'est à Vienne, en 1714, que Leibniz compose la monadologie en vue d'offrir au prince Eugène de Savoie-Carignan un traité qui résumerait sa métaphysique[alpha 1]. Ceci explique le fait que le texte original français est longtemps resté inconnu.
En 1720, Heinrich Köhler traduit le texte en allemand et lui donne le titre que nous connaissons aujourd'hui[3]. L'année suivante parait dans les Acta Eruditorum sa version latine sous le titre Principia philosophiae [4]. Texte originellement français, c'est donc par des versions latines et allemandes qu'il sera connu jusqu'au XIXe siècle, puisque ce n'est qu'en 1840 que le texte original est publié par Erdmann[5], précédé des Principes de la Nature et de la Grâce, une autre œuvre écrite à la même époque que la Monadologie et confondue quelquefois avec elle[6]. Diverses éditions commentées ont paru par la suite[7].
Néanmoins, pour l'article « Leibnitzianisme, ou philosophie de Leibnitz » de l'Encyclopedie, Diderot retraduit le texte latin en français, mais dans ce contexte particulier l'œuvre originale ne se distingue guère d'une paraphrase fidèle[8].
La Monadologie présente une vue d'ensemble du système philosophique de Leibniz, tel qu'il le concevait à la fin de sa vie. Composée de 90 paragraphes, c'est un exposé de ses thèses fondamentales qui peut être divisé en trois parties :
Les premiers paragraphes établissent de manière rationnelle l'existence de la monade selon l'argumentation suivante :
Les paragraphes suivants s'attèlent à la définition positive de la monade :
Une fois posées l'ensemble de ces notions, Leibniz peut affiner sa réflexion en différenciant parmi les monades :
Cependant cette distinction ne doit pas être comprise comme une distinction de nature mais seulement comme une différence de degrés.
La différence entre les entéléchies (aussi appelées "monades brutes") et les âmes (ou "monades spirituelles") réside donc dans le fait que les perceptions des secondes sont accompagnées de distinction. Ceci signifie, en langage leibnizien, qu'elles sont accompagnées de conscience[10] : s'apercevoir signifie se rendre compte d'une perception. Leibniz utilise l'exemple de l'étourdissement (§20 à24) : lorsque nous sommes étourdis (par exemple lors d'un malaise), nous n'avons pas conscience des perceptions perçues ; mais ceci ne signifie pas qu'il n'y a pas de perceptions, car il arrive qu'en sortant de l'étourdissement, nous nous souvenions des perceptions de l'état précédent. C'est pourquoi on doit distinguer entre perceptions sans conscience de la perception, commune à toutes les monades, et perception accompagnée d'aperception, privilège des monades spirituelles.
Leibniz expose ici ces deux principes sur lesquels se fonde sa philosophie :
Cette distinction recouvre en fait une distinction modale : une vérité de raison est une vérité nécessaire absolument (un triangle a trois côtés), tandis qu'une vérité de fait (ex : César a franchi le Rubicon[11]) est contingente. La contingence ne signifie pas l'absence de raison : elle signifie que ce dont on veut rendre la raison n'est pas logiquement nécessaire (il n'est pas logiquement nécessaire que César franchît le Rubicon) et que sa cause (ou raison) réside dans un autre être. Or, si pour trouver la raison on évoque encore une autre vérité de fait, on accédera pas à une raison suffisante, puisqu'on cherchera encore la raison de cette nouvelle vérité contingente : c'est pourquoi « il faut que la raison suffisante ou dernière soit hors de la suite ou séries de ce détail des contingences » (§37). Pour trouver une raison suffisante, c'est-à-dire qui a sa raison en elle, on ne peut penser qu'un être nécessaire, ou cause de lui-même : la raison dernière est Dieu (§38).
En fait, ces paragraphes donnent une version de la preuve a posteriori de l'existence de Dieu que Leibniz avait déjà développée[12]. Dieu est donc la source de toutes les créatures (des existences) (§42) mais aussi des essences (§43). Suit immédiatement une nouvelle preuve de l'existence de Dieu qui repose cette fois sur le principe de contraction, et qui est la preuve a priori et que Kant nommera argument ontologique[13] : puisque Dieu est parfait, sa notion contient en elle le prédicat de l'existence (argument cartésien) ; si cette notion est possible (non-contradictoire), alors Dieu existe. Or "rien ne peut empêcher la possibilité de ce qui n'a aucune borne" (§45) : donc Dieu existe.
Le style serré de la Monadologie exprime mieux que nul autre le caractère si prenant de fiction métaphysique – d'aucuns ont pu dire : de poème – qu'a la philosophie de Leibniz. Profondément religieuse, elle pourrait être qualifiée, au moins autant que celle de Malebranche que l'on a ainsi définie, de rationalisme mystique. Avec l'occasionnalisme malebranchiste, avec le monisme de Spinoza (théorie de l'expression), elle constitue l'une des grandes options visant à surmonter le dualisme hérité de Descartes. Sous la forme systématique que lui donnera Christian Wolff, elle est apparue à Kant comme le type même du « dogmatisme », c'est-à-dire une pensée exclusivement déductive et logique. Sous la forme « populaire » des Essais de Théodicée[alpha 2], elle s'attirera les sarcasmes de Voltaire.
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